Research studies

Perspectives et prospectives de la gestion des crises sanitaires en Afrique

Perspectives and prospects for regionalization of health crisis management in Africa

 

Prepared by the researcher :Dr. HANJIR Jaouad – Docteur en Droit Public –Faculté des Sciences juridiques, économiques et Sociales de Meknès- Maroc

Democratic Arabic Center

Journal of Constitutional Law and Administrative Sciences : Twenty-two Issue – February 2024

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2626-7209
Journal of Constitutional Law and Administrative Sciences

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Résumé

Cet article explore l’évolution de la sécurité internationale dans la période post-bipolaire et met en lumière les limites des mécanismes traditionnels des Nations Unies, qui se concentrent principalement sur les menaces militaires contre les États. Les changements dans les relations internationales ont déplacé l’origine des conflits de l’ordre international vers les frontières des États, entraînant une régionalisation progressive de la sécurité. La gestion des crises est devenue le pivot de la gouvernance internationale, visant à rétablir la normalité dans les domaines sécuritaire, politique, sanitaire et économique.

L’article se focalise sur la gestion des crises sanitaires et examine les acteurs internationaux, en mettant particulièrement l’accent sur les organisations régionales, leurs mécanismes et les défis auxquels elles sont confrontées. La question centrale porte sur la conciliation entre la nécessité croissante de la gestion des crises au niveau régional et ses limites potentielles. Les critères, conditions et caractéristiques de l’action régionale dans ce domaine sont analysés, en particulier en ce qui concerne les organisations régionales africaines et leurs ressources et capacités pour garantir la sécurité sanitaire dans leurs régions.

La réponse à cette question est basée sur l’expérience pratique, car la gestion des crises dans les relations internationales a présenté des défis et des anomalies.

Abstract

This article explores the evolution of international security in the post-bipolar period and highlights the limitations of traditional UN mechanisms, which focus primarily on military threats against states. Changes in international relations have shifted the origin of conflicts from the international order to the borders of states, resulting in a progressive regionalization of security. Crisis management has become the pivot of international governance, aiming to restore normality in the security, political, health and economic spheres.

The article focuses on health crisis management and examines international actors, with particular emphasis on regional organizations, their mechanisms and the challenges they face. The central issue is the reconciliation between the growing need for crisis management at the regional level and its potential limitations. The criteria, conditions and characteristics of regional action in this area are analysed, in particular with regard to African regional organisations and their resources and capacities to ensure health security in their regions.

The answer to this question is based on practical experience, as the implementation of crisis management in international relations has presented challenges and anomalies.

Introduction

L’approche globale de la sécurité dans la période post-bipolaire a montré que les mécanismes traditionnels des Nations Unies, qui se limitent aux menaces militaires contre les États, ont échoué[1]. Les évolutions des relations internationales ont déplacé la source de conflits de l’ordre international vers les frontières des États.

Dans cette optique, le domaine de la sécurité, autrefois principalement du ressort des Nations Unies, a subi des changements profonds en raison des bouleversements sur la scène internationale, conduisant à une régionalisation progressive.

La gestion des crises, est devenue l’activité la plus visible de la gouvernance internationale. Elle est devenue le principal domaine d’action des Nations Unies et de nombreuses organisations régionales, tout en étant au cœur des politiques de sécurité de nombreux États[2].

En tant que réaction face à des situations troublées nécessitant des mesures d’exception, la gestion de crise inclut la prévention et la résolution des crises, la gestion des conséquences humanitaires des crises, ainsi que le maintien de la paix dans des environnements post-conflit[3].

La gestion des crises est une activité opérationnelle impliquant le déploiement de ressources humaines et matérielles en réponse à une crise, généralement suite à un accord politique. Elle se distingue de la gestion politique des crises, qui relève principalement de discours et d’actions diplomatiques[4].

La compréhension de la gestion des crises internationales est complexe, dépendant des acteurs impliqués et sujette à des divergences d’interprétation[5]. Les organisations internationales ont évolué dans leur rôle sur ce front, reflétant les besoins changeants de sécurité de leurs États membres. Les organisations régionales et multilatérales sont devenues des acteurs clés dans la gestion des crises, bien que la nature des crises puisse varier (économique, financière, sanitaire, écologique, etc.).

Cette étude se concentre spécifiquement sur les crises sanitaires et vise à analyser la gestion des crises, en mettant l’accent sur les acteurs internationaux, en particulier les organisations régionales, leurs mécanismes et les défis auxquels ils sont confrontés.

La problématique qui se pose dans ce sujet est celle de savoir comment faire pour concilier entre la nécessité croissante de la gestion des crises dans le cadre régional et les limites de cette action régionale. Autrement dit, quels sont les critères, les conditions et les caractéristiques de l’action régionale dans ce domaine ? Et ces organisations régionales en particulier africaines sont-elles les ressources et les capacités requises pour assurer la sécurité sanitaire dans leurs régions ?

La réponse à cette problématique ne peut se faire qu’en référence à la pratique contemporaine, car si la naissance théorique de ce nouveau concept de gestion des crises a été dystocique, sa mise en œuvre dans les rapports internationaux a entrainé plusieurs aberrations.

L’étude s’articule en deux paragraphes. Il s’agit dans le premier paragraphe de poser le cadre conceptuel de la régionalisation de la gestion des crises, d’analyser ses fondements et ses caractéristiques, ainsi que les mécanismes sécuritaires développés par les organisations régionales africaines. Alors que le deuxième paragraphe sera consacré à une appréciation critique de l’action des organisations régionales en particulier africaines. L’objectif ici est d’analyser le développement des capacités et les réalisations des organisations régionales, ainsi que les contraintes et dilemmes auxquels ces organisations régionales sont confrontées.

Paragraphe1 : Les caractéristiques de la régionalisation de la gestion des crises

En réalité, la régionalisation de la gestion des crises sanitaires comporte deux aspects interdépendants. L’un offre les bénéfices de proximité (A), tandis que l’autre présente les désavantages de renoncer à l’universalité (B) et des potentialités de l’action propre (C).

Atouts de l’action régionale

Dans l’ordre international actuel, la gestion des crises par les organisations régionales tire ses principes dont les préceptes, et les atouts que présente l’action régionale. Il est quasiment une évidence que lorsqu’une organisation régionale prend en charge une crise au sein de sa propre zone, elle tire profit des avantages de la proximité géographique[6].

Cette proximité géographique et la réduction du nombre d’États impliqués favorisent une réactivité accrue dans la préservation de la paix régionale, un élément souvent essentiel au succès de ces opérations.

Contrairement à la situation lorsque l’OMS intervient dans une crise, la proximité géographique avec la zone de crise accroît la probabilité d’une forte motivation marquée de la part des organisations régionales. Cette différence est particulièrement notable une fois la crise circonscrite et stabilisée[7].

Ainsi, au sein d’une organisation régionale, on peut s’attendre, au consensus entre les États membres, à un passé partagé, voire à une vision relativement homogène des problèmes régionaux. En effet, ce consensus des parties prenantes à l’intervention d’un tiers est un élément fondamental de succès dans la résolution des crises. Dans de nombreux cas, ce consensus sera plus facile à obtenir si on partage des traits culturels, linguistiques ou religieux. Dans cette optique, les avantages de l’organisation régionale sont indéniables.

Dans certains cas, l’OMS peut être tellement stigmatisée par l’organisation régionale, perçue comme moins intrusive.

La pratique démontre qu’une des conditions du succès d’une opération réside dans le désengagement des puissances tierces, bien que celles-ci ne soient pas directement parties prenantes à la crise, elles observent attentivement l’évolution du crise qui se situe dans leur sphère d’intérêt. Le cadre d’une organisation régionale semble ainsi approprié aux puissances qui ne sont pas parties prenantes à la crise en cours[8].Haut du formulaire

L’action régionale peut présenter plusieurs atouts importants dans la gestion des crises sanitaires. Voici quelques-uns des avantages de l’action régionale dans ce domaine :

Proximité géographique : Les organisations régionales se trouvent généralement à proximité des pays membres, ce qui leur permet de réagir rapidement en cas de crise sanitaire. Cette proximité facilite le déploiement rapide d’équipes médicales, de fournitures médicales et d’autres ressources essentielles.

Connaissance des réalités locales : Les organisations régionales ont une meilleure compréhension des réalités locales, des systèmes de santé et des besoins spécifiques de leur région. Elles sont mieux placées pour adapter les interventions en fonction des contextes nationaux.

Coordination des réponses : Les organisations régionales peuvent jouer un rôle central dans la coordination des réponses des États membres à une crise sanitaire. Elles peuvent faciliter la coopération entre les gouvernements, les autorités sanitaires et d’autres acteurs clés.

Mobilisation des ressources régionales : Les organisations régionales ont la capacité de mobiliser des ressources financières, logistiques et humaines au niveau régional. Elles peuvent créer des mécanismes de financement conjoint pour faire face à la crise.

Normes et protocoles communs : Les organisations régionales peuvent élaborer des normes et des protocoles communs en matière de gestion des crises sanitaires. Cela garantit une approche cohérente et harmonisée au niveau régional.

Surveillance épidémiologique régionale : Les organisations régionales peuvent partager des informations sur les tendances épidémiologiques dans la région.

Diplomatie sanitaire régionale : Les organisations régionales peuvent exercer une diplomatie sanitaire en collaborant avec d’autres régions du monde pour lutter contre les pandémies et les maladies transfrontalières. Elles peuvent jouer un rôle de médiation dans les négociations internationales.

Communication et sensibilisation : Les organisations régionales peuvent mener des campagnes de communication et de sensibilisation à l’échelle régionale pour informer la population sur les symptômes et les ressources disponibles en cas de crise sanitaire.

Renforcement des capacités : Les organisations régionales peuvent mettre en œuvre des programmes de formation pour le personnel de santé et les systèmes de santé nationaux.

Intégration des systèmes de santé : Les organisations régionales peuvent promouvoir l’intégration des systèmes de santé nationaux pour une meilleure efficacité et une meilleure coordination en cas de crise. Elles peuvent encourager le partage des ressources et des compétences.

En résumé, l’action régionale présente des avantages significatifs dans la gestion des crises sanitaires en raison de sa proximité géographique, de sa connaissance des réalités locales, de sa capacité de coordination, de sa mobilisation de ressources et de son rôle dans l’élaboration de normes régionales. Pour exploiter pleinement ces atouts, il est nécessaire de renforcer la coopération et la préparation au niveau régional.

Faiblesses de l’action régionale

En plus des aspects positifs associés au rôle des organisations régionales, il est clairement perceptible qu’il existe une préoccupation constante visant à préserver à la fois la primauté des organisations internationales en matière de la sécurité internationale, ainsi que leur monopole de légitimité internationale.

Il est important de noter que l’efficacité de l’intervention dans une crise dépend du degré de coopération qu’elle peut obtenir des parties en conflit. Cette condition ne peut être remplie que si l’organisation intervenante adopte un comportement strictement impartial par les parties concernées[9].

Cependant, le contexte régional présente des défis pour répondre à cette condition. Il est à noter que, même en tant qu’acteurs secondaires par rapport aux organisations internationales, la plupart des organisations régionales n’ont pas un rôle significatif dans ce processus[10]. Par conséquent, les principaux États membres Étant donné qu’elles ne sont généralement pas totalement impartiales en raison de leurs intérêts régionaux, il est difficile de les considérer comme remplissant le rôle de tierce partie impartial.

Cet argument est justifié par le fait que la majorité des organisations sont dominées par un État, comme c’est le cas de la CEDEAO dirigée par le Nigeria, par exemple. De plus, leur capacité d’action est souvent limitée.

En outre, les organisations régionales ne possèdent une légitimité comparable à celle des organisations internationales. Cette légitimité découle de la Charte des Nations Unies elle-même, et également renforcée par l’expérience considérable acquise par l’ONU depuis ses premières opérations sous l’égide de Lester B. Pearson[11].

Enfin, une limitation majeure de la gestion d’une crise par ces organisations réside dans son incapacité à influencer des facteurs externes à sa propre aire géographique. Il arrive fréquemment que des éléments décisifs pour résoudre une crise se trouvent en dehors du champ d’action.

Les organisations régionales peuvent faire face à diverses faiblesses dans la gestion des crises sanitaires. Voici quelques-unes des principales faiblesses de l’action régionale dans ce domaine :

Manque de coordination : Les organisations régionales peuvent souffrir d’un manque de coordination entre les États membres, ce qui rend difficile la mise en œuvre de mesures de gestion des crises sanitaires cohérentes et harmonisées. Les différences dans les politiques nationales de santé peuvent entraver une réponse collective efficace.

Ressources limitées : De nombreuses organisations régionales, en particulier dans les régions en développement, peuvent manquer de ressources financières, techniques et humaines pour faire face à des crises sanitaires majeures. Cela peut entraver leur capacité à fournir une aide adéquate aux pays membres.

Manque de normes et de protocoles communs : L’absence de normes et de protocoles communs au niveau régional peut rendre difficile la coordination des actions. Les pays membres peuvent avoir des approches différentes de la gestion des crises sanitaires, ce qui peut entraîner des conflits et des retards.

Lenteur décisionnelle : Les processus de prise de décision au sein des organisations régionales peuvent parfois être lents et bureaucratiques. En cas de crise sanitaire nécessitant une réponse rapide, cette lenteur peut avoir des conséquences graves.

Défis politiques : Les enjeux politiques entre les États membres peuvent entraver la prise de décision et la mise en œuvre d’actions efficaces. Les rivalités politiques et les conflits internes peuvent compliquer la coopération régionale.

Dépendance à l’égard d’acteurs externes : Certaines organisations régionales dépendent fortement de l’aide et de l’expertise d’acteurs externes, tels que l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette dépendance peut limiter leur autonomie et leur capacité à agir de manière indépendante.

Insuffisance de surveillance et de collecte de données : Certaines organisations régionales peuvent manquer de capacités de surveillance épidémiologique et de collecte de données, ce qui rend difficile la détection précoce des épidémies et la prise de mesures appropriées.

Manque de mécanismes d’alerte précoce : Les organisations régionales peuvent ne pas disposer de mécanismes d’alerte précoce efficaces pour signaler les menaces sanitaires émergentes. Cela peut entraîner un retard dans la réponse aux crises.

Manque de capacités de déploiement rapide : Les organisations régionales peuvent ne pas avoir la capacité de déployer rapidement des équipes médicales et des ressources dans les zones touchées par une crise sanitaire. Cela peut entraîner une réponse inadéquate.

Respect insuffisant des recommandations : Les pays membres peuvent parfois ne pas respecter les recommandations et les directives de l’organisation régionale, ce qui affaiblit la capacité de cette dernière à contrôler la propagation de la maladie.

En résumé, les organisations régionales peuvent être confrontées à des défis importants dans la gestion des crises sanitaires, notamment des problèmes de coordination, de ressources limitées, de décision politique, de dépendance à l’égard d’acteurs externes et d’autres obstacles. Pour surmonter ces faiblesses, il est essentiel de renforcer la coopération régionale, d’élaborer des protocoles communs, d’investir dans la préparation et la surveillance, et de promouvoir une réponse collective efficace.

Potentialités de l’action propre

Les organisations régionales ont pour principal objectif de maintenir la paix en apaisant les tensions et en prévenant les conflits régionaux. Face à leurs limitations en termes de ressources, ces organisations régionales cherchent progressivement à se doter d’institutions pour répondre à de nouveaux objectifs. Elles ont ainsi mis en place des mécanismes de gestion des crises, fortement inspirés des structures internationales, qui comportent un certain nombre de principes et d’objectifs communs avec l’ONU, tout en ayant des aspects politiques et institutionnels propres et complémentaires.

Dans le contexte international, les États se regroupent pour faire face à une multitude d’enjeux divers. Ces regroupements peuvent avoir pour objectif la gestion des crises. Dans ce cas, il est crucial de veiller à ce que leurs actions ne soient pas en conflit avec les compétences des organisations internationales.

Ainsi, certains États membres d’organisations régionales se sont fixé des objectifs tels que la prévention, la gestion et le règlement des crises internes[12].

La construction de ces mécanismes de gestion des crises a été marquée par un équilibre délicat entre le régionalisme et l’universalisme, visant à concilier la sécurité internationale avec la sécurité régionale. En résulte une répartition naturelle des responsabilités : les crises de moindre importance pouvant être résolues par des organismes régionaux, c’est-à-dire du niveau local, tandis que les crises majeures doivent être résolues au niveau mondial[13].

Les organisations régionales ont un rôle potentiellement crucial à jouer dans la gestion des crises sanitaires. Voici quelques-unes des potentialités de leur action propre dans ce domaine :

Coordination des réponses régionales : Les organisations régionales peuvent coordonner les réponses des États membres face à une crise sanitaire, en favorisant la coopération, l’échange d’informations et la mise en commun de ressources. Elles peuvent faciliter la communication entre les autorités sanitaires des pays membres pour une réponse plus efficace.

Mobilisation des ressources : Les organisations régionales ont la capacité de mobiliser des ressources financières, logistiques et humaines au niveau régional pour répondre aux besoins de gestion de la crise. Elles peuvent contribuer à l’achat de matériel médical, au déploiement de personnels de santé et à la mise en place d’infrastructures temporaires.

Élaboration de politiques communes : Les organisations régionales peuvent élaborer des politiques communes de prévention, de contrôle et de réponse aux crises sanitaires. Elles peuvent créer des normes et des lignes directrices régionales pour assurer une approche cohérente et harmonisée.

Surveillance épidémiologique régionale : Les organisations régionales peuvent mettre en place des systèmes de surveillance épidémiologique pour détecter rapidement les épidémies et les maladies contagieuses. Elles peuvent également faciliter le partage d’informations sur les tendances épidémiologiques dans la région.

Formation et renforcement des capacités : Les organisations régionales peuvent organiser des programmes de formation pour le personnel de santé, renforcer les capacités des systèmes de santé nationaux et promouvoir la recherche scientifique régionale sur les maladies infectieuses.

Diplomatie sanitaire régionale : Les organisations régionales peuvent exercer une diplomatie sanitaire en collaborant avec d’autres régions du monde pour lutter contre les pandémies et les maladies transfrontalières. Elles peuvent jouer un rôle de médiation dans les négociations sur l’accès équitable aux vaccins et aux traitements.

Communication et sensibilisation : Les organisations régionales ont la capacité de mener des campagnes de communication et de sensibilisation à l’échelle régionale pour informer la population sur les mesures de prévention, les symptômes et les ressources disponibles en cas de crise sanitaire.

Intégration des systèmes de santé : Les organisations régionales peuvent promouvoir l’intégration des systèmes de santé nationaux pour une meilleure efficacité et une meilleure coordination en cas de crise. Elles peuvent encourager la mise en place de mécanismes de partage des ressources et des compétences.

En somme, les organisations régionales ont un potentiel significatif pour contribuer à la gestion des crises sanitaires en favorisant la coopération, la coordination et la mise en commun des ressources au niveau régional. Leur efficacité dépendra de leur capacité à mobiliser les États membres, à élaborer des politiques cohérentes et à agir rapidement en cas de besoin.

Paragraphe 2 : Appréciation critique de l’action des organisations régionales africaines

L’engagement accru des organisations régionales dans la gestion des crises sanitaires, motivé par leur nouvelle mission en matière de sécurité sanitaire, nous amène à analyser la portée, les limites et les perspectives de leurs actions. En d’autres termes, cette section vise à évaluer les résultats de leurs interventions et à tirer des profits de l’expérience de la gestion des crises à l’échelle régionale, tout en explorant des pistes de réflexion pour améliorer les futures actions et interventions régionales.

La complexité des crises en Afrique, la multiplicité des foyers de crises sanitaires, et les évolutions favorables de l’environnement international ont ouvert de nouvelles perspectives vers l’établissement progressif de communautés régionales axées sur la sécurité sanitaire.

Ainsi, deux aspects permettent de mesurer les perspectives du gestion des crises dans le cadre régional en particulier en Afrique, d’une part, les mécanismes de construction d’un ordre sécuritaire régional (A) et d’autre part, Les limites juridiques et structurelles de l’ordre juridique régional africain (B).

Les mécanismes de gestion des crises des organisations africaines à l’épreuve de la crise COVID 19

La crise de la COVID-19 a eu un impact majeur sur les organisations à travers le monde, y compris en Afrique. Les mécanismes des organisations africaines ont été mis à l’épreuve par cette pandémie. Voici quelques points clés à considérer lors de l’analyse de cette situation :

Sensibilisation et préparation limitées : Avant la pandémie, de nombreuses organisations africaines manquaient de préparation en matière de gestion des crises sanitaires. Cela a compliqué leur réaction initiale à la COVID-19.

Réactivité gouvernementale : La réponse des gouvernements africains à la COVID-19 a été variée, avec des mesures allant de la fermeture totale des frontières à des stratégies plus souples. Les organisations ont dû s’adapter rapidement aux mesures gouvernementales et aux changements fréquents de réglementation.

Impact économique : La pandémie a eu des répercussions économiques graves en Afrique, touchant la viabilité financière de nombreuses organisations. La gestion des crises a donc dû se concentrer sur la survie financière, la gestion des coûts et la diversification des sources de revenus.

Soutien international : Les organisations africaines ont bénéficié du soutien international sous forme d’aide financière, de fournitures médicales et de formations pour faire face à la pandémie. La gestion de ces ressources et leur utilisation efficace ont été des défis.

Communication transparente : La communication avec les employés, les clients, les fournisseurs et d’autres parties prenantes a été cruciale. Les organisations ont dû être transparentes sur leurs plans de continuité des activités, leurs politiques de sécurité sanitaire et leurs décisions commerciales.

Réorientation stratégique : Certaines organisations ont dû repenser leurs modèles commerciaux pour s’adapter à la nouvelle réalité imposée par la pandémie. Cela a nécessité une gestion agile et la capacité à prendre des décisions stratégiques rapides.

Respect des valeurs et de l’éthique : La pandémie a soulevé des questions éthiques concernant le traitement des employés, des clients et des fournisseurs. La gestion de crise a dû s’assurer que les valeurs et l’éthique des organisations étaient préservées.

Résilience à long terme : La COVID-19 a montré l’importance de la préparation à long terme pour faire face à des crises futures. Les organisations africaines ont dû réfléchir à leur résilience future et à leur capacité à gérer d’autres crises potentielles.

En fin de compte, la gestion de la crise de la COVID-19 a mis en lumière à la fois les vulnérabilités et les capacités des organisations africaines en matière de gestion des crises. Elle a également souligné l’importance de la collaboration entre les gouvernements, les organisations privées, les ONG et la communauté internationale pour faire face à de telles situations. Les leçons tirées de cette crise peuvent servir de base pour renforcer la préparation et la résilience des organisations africaines face à des défis futurs.

Les limites juridiques et structurelles de l’ordre juridique régional africain

Le nombre croissant de crises sanitaires graves dans la région africaine justifie la montée en puissance des organisations régionales en tant qu’acteurs clés de la sécurité sanitaire. Dans une région où les crises sont interconnectées, les dynamiques à l’intérieur et à l’échelle régionale exigent une réponse tenant compte de ces complexités, ce qui nécessite le renforcement des capacités des organisations[14].

Ce processus de revitalisation implique une répartition révisée des compétences, d’une part, entre l’Union africaine (UA) et les États membres, et d’autre part, entre les divers organes au sein des organisations régionales ainsi qu’avec d’autres organisations internationales et sous-régionales africaines.

Néanmoins, les évolutions des organisations régionales ne peuvent occulter les erreurs et les lacunes dans les politiques collectives de sécurité mises en œuvre. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces organisations agissent en fonction des intérêts des pays membres qui les dirigent. Il est important de souligner que les États membres gardent une place prépondérante dans le fonctionnement des organisations régionales, car celles-ci dépendent des ressources fournies par les États. Dans la mesure où les États ne perdent pas leur souveraineté au profit de la personnalité juridique internationale de l’organisation, une intervention d’une organisation régionale africaine peut être interprétée comme une action menée par les États pour défendre leurs intérêts particuliers.

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Souvent, chaque État, considérant le maintien de la paix comme une ressource politique, cherche à dominer l’arène régionale en faisant valoir son rôle de décideur suprême. Contrairement à un État, une organisation internationale ne peut agir que dans les domaines autorisés par les États qui l’ont créée et avec les moyens qui lui ont été accordés[15].

Dans le contexte de l’Union africaine (UA), au-delà de ses frontières internationales, elle est fortement influencée par les gouvernements des États. Elle ne peut prendre des initiatives autonomes sans le consentement des États membres.

Cette situation n’est pas unique et se retrouve au sein de nombreuses organisations internationales, où des querelles de leadership et des prises de position nationales ont souvent eu lieu. La pratique contemporaine a montré que la construction régionale reste difficile en raison de la prééminence des organes politiques sur ceux chargés de représenter les intérêts de la communauté[16].

Au cours de multiples sommets consacrés aux crises au fil des années, les principaux acteurs, à savoir les chefs d’État, ont souvent ralenti les évolutions potentielles en ne soutenant pas pleinement certaines décisions et résolutions, entravant ainsi les opportunités de véritables avancées régionales.

D’après de nombreuses analyses, le principal obstacle à l’augmentation du pouvoir décisionnel régional, échappant au contrôle des États membres, réside dans le manque de volonté politique de ces derniers. Lors d’enquêtes menées dans certains pays africains et au sein des institutions des organisations régionales, la question des faiblesses de ces organisations a révélé que le problème du manque de volonté politique arrive en tête, bien avant d’autres préoccupations telles que la disponibilité de ressources financières et logistiques[17].

Dans la pratique, la relation entre les organisations internationales et les organisations régionales africaines est donc soumise à un double impératif : d’une part, la première est subordonnée à la seconde, et d’autre part, une complémentarité opérationnelle est nécessaire.

Un des échecs des organisations régionales africaines dans la gestion des crises est le fait qu’elles n’ont pas vraiment mis en place les moyens nécessaires pour atteindre leurs objectifs, malgré l’importance de ces questions dans leurs activités. Elles se trouvent souvent prises entre la nécessité de maintenir la paix et le respect de la souveraineté des États, entre l’impuissance et la réticence à agir.

Cette situation a souvent conduit à écarter les organisations régionales et sous-régionales au profit des puissances étrangères, en vertu de l’idée que les engagements pris dans le cadre de ces accords ne devaient pas compromettre les conventions ou les accords conclus avec des États tiers.

Conclusion:

En résumé et malgré la mise en place des mécanismes sanitaires, les organisations régionales africaines, à cause des restrictions mises à leurs capacités de conduite et le manque de capacités de gestion des situations de crises potentielles et d’instruments favorisant un traitement global, n’ont pas réussi à devenir un acteur crédible et reconnu de la sécurité sanitaire. Mais, Elles peuvent faire mieux et contribuer encore davantage dans une région où les crises se caractérisent par leur soudaineté et l’urgence des interventions.

Ainsi, si on note progressivement que les organisations régionales africaines ont été décriées parce qu’elles sont marquées par une fluctuation entre l’interdépendance et l’autonomie et entre le traitement cas par cas et l’expérimentation.

En dépit de l’unicité et de la relative autonomie des organisations régionales en Afrique que nous avons précédemment soulignées, ainsi que des défis politiques, financiers et logistiques auxquels elles sont confrontées, les États africains ont reconnu l’importance de collaborer collectivement pour sécuriser la région face aux crises. Ces crises ne mettent pas seulement en danger la stabilité du pays où elles se produisent, mais elles ont également des répercussions néfastes à l’échelle régionale.

L’importance accordée aujourd’hui à la régionalisation de la gestion des crises prend de plus en plus de l’ampleur dans la scène internationale, au point de créer des organisations régionales garantissant la résolution des crises dans le respect des normes international. La conséquence qui en découle est que l’évolution rapide des mœurs et des mentalités sur le continent africain appelle des réponses urgentes pour la gestion des crises. De ce fait, leurs exigences appellent des réponses adéquates, faute de quoi on assistera à la multiplication des crises sanitaires qui sont aujourd’hui le véritable défi auquel l’Afrique doit faire face.

BIBLIOGRAPHIE

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[1] BATTISTELLA (Dario), Théories des relations internationales, 2ème Ed., Paris, Presses de Science Politique, 2006, p.12.

[2] HEIDERICH (Didier), « la gestion de crise à un demi-siècle », in magasine de la communication de crise et sensible, Naves France, Editions de l’Observatoire International des Crises, 2008, p.2.

[3] AMBROSETTI (David), « Les organisations internationales au cœur des crises », in Crises et organisations internationales, Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 9 – 14.

 [4]إدريس لكريني، ادارة الأزمات في عالم متغير: المفهوم والمقومات والوسائل والتحديات، سلسلة دراسات سياسية، المركز العلمي للدراسات السياسية،الأردن،2010 ،ص20.

[5] TARDY Thierry, Gestion de crise, maintien et consolidation de la paix : Acteurs, activités et défis, 1ère Ed., Bruxelles, De Boeck Université, Coll. Crisis, 2009, p.10.

[6] Ibid., p.66.

[7] LIÉGEOIS (Michel), «Opérations de paix : la question de la régionalisation », in Guide du maintien de la paix 2005, Montréal, Athéna Éditions, 2004, pp. 17-33.

[8] Idem., p.22.

[9] LIÉGEOIS (M), op.cit., p.68.

[10] DOMINIQUE (David), « La Communauté entre guerre et paix », In Politique Etrangère, France, Arès, Vol.58, n°1, 1993, p.79.

[11] LIÉGEOIS (M.), op.cit., p.68.

[12] NOVOSSELOFF (Alexandra), « La coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les institutions européennes de sécurité : Principes et perspectives », in Annuaire Français des Relations Internationales, vol. 2, 2002, p.595.

[13] Idem., p.595.

[14] SALL (Alioune), Les mutations de l’intégration des Etats en l’Afrique de l’Ouest: une approche institutionnelle, Paris, l’Harmattan, 2006, p.79 et ss.

[15] GAUDEZ (Florence Deloche), JACQUOT (Sophie), Observatoire des instances européennes: Que fait l’Europe, Paris, les Presses de Science Politique, 2009, p.13.

[16] DAILLIER Patrick, PELLET Alain, Droit international public, Paris, Ed. Librairie générale de droit et de jurisprudence, 2009, p.170.

[17] Enquêtes menées auprès des bureaux de la CEDEAO au Burkina Faso et au Niger en 2008.

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المركز الديمقراطى العربى

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