Research studies

Les cours particuliers ou l’école parallèle en Tunisie

 

Prepared by the researche : Zaibi Samira Directrice principale dans le secteur de l’enseignement secondaire public – Sfax – Tunisie

Received: 01/04/2024, Accepted: 30/05/2024, Published: 30/06/2024

Democratic Arabic Center

International Journal of Educational and Psychological Studies : Twenty-fifth Issue – June 2024

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2569-930X
International Journal of Educational and Psychological Studies

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Résumé

Cet article essaie d’analyser, brièvement, le phénomène des cours particuliers en Tunisie, qui ne cesse de s’élargir et continue à menacer le principe de gratuité de l’enseignement dans les établissements publics. L’idée principale qui mobilise ce court travail est l’existence d’une relation étroite entre la crise du système éducatif et l’épanouissement d’un secteur sous terrain des cours particuliers.  Ce texte, en adoptant la définition élaborée par Dominique Glasman des cours particuliers, met en question le traitement politique du phénomène   exprimé dans le décret gouvernemental n° 2015-1619 du 30 octobre 2015 précisant les conditions de la pratique des cours particuliers. La recherche conclut que ce décret a accéléré l’épanouissement   de ce secteur des cours particuliers, l’accentuation des inégalités scolaires et la dégradation de la   mixité sociale à l’intérieur des établissements scolaires publics.

Introduction

Depuis des décennies, l’école publique en Tunisie souffre d’une crise multidimensionnelle se traduisant par les phénomènes de décrochage scolaire, de la violence à l’intérieur des espaces éducatifs et par la faiblesse des taux de réussite dans les concours nationaux. Un tel état a poussé les parents à chercher d’autres solutions pour garantir un niveau satisfaisant à leurs enfants. Parmi ces solutions on trouve l’enfui   vers l’enseignement privé ou / et la demande des cours particuliers pour combler les lacunes de l’enseignement étatique. Ainsi, le recours aux cours payants traduit l’ampleur de la crise du système scolaire tunisien devenant incapable de garantir une instruction adéquate aux élèves ce qui provoque l’épanouissement d’un secteur parallèle de cours particuliers devenant un grand marché incontrôlable. Cet article est une contribution à l’analyse qualitative du phénomène devenant très répandu dans les grandes villes comme Tunis, Sfax et Sousse. Ce secteur se nourrit d’une part de l’échec scolaire (Glasman, 2004, p. 2)   et d’autre part de la fragilité de l’état socio-économique des enseignants.  Le phénomène est assez complexe pour être contourné dans un article. Nous nous contentons alors de le définir, d’analyser ses causes et ses conséquences sur la mixité sociale et présenter brièvement le contenu du décret gouvernemental n° 2015-1619 du 30 octobre 2015 précisant les conditions d’organisation des leçons de soutien et des cours particuliers dans les établissements scolaires publics.  L’article part d’une hypothèse supposant que la crise de l’enseignement public en Tunisie demeure une crise des choix politiques dépassant les aspects techniques et pédagogiques.

 1-Les cours particuliers ? 

Les cours particuliers selon la définition du sociologue Dominique Glasman sont « des cours donnés à titre payant, en dehors des heures scolaires, dans les disciplines académiques que les élèves apprennent à l’école. » (Glasman, 2004, p. 53) Ces cours sont donnés par « des prestataires qui peuvent être des enseignants ou des étudiants, le faisant à titre individuel ou dans le cadre d’une structure commerciale qui les salarie ou les met en relation avec les clients. Les cours se donnent sous forme individuelle, au domicile de l’élève ou du prestataire, ils se donnent aussi à de petits groupes de cinq ou six élèves, dans la salle de séjour d’un enseignant à la retraite ou dans les locaux d’une entreprise spécialisée, ils peuvent aussi prendre place dans une salle de classe de l’école, après les heures scolaires. » (Glasman, 2004, p. 53) Les activités ayant comme but l’épanouissement de l’élève tels les cours de musique, de chant, de théâtre, de poterie, et les entrainements sportifs sont exclues, selon Glasman, du champ des cours particuliers.

La demande successive des cours particuliers dans la majorité des pays du monde est un phénomène complexe qui pourrait être expliqué par plusieurs facteurs en relation avec les changements vécus dans tous les domaines et services. Ces changements accélérés pourraient être l’une des causes de la crise de l’école ordinaire en général. En fait, la carte socio-économique du monde se transforme selon les nouvelles ressources de richesse.  Par conséquent, les notions de chômage, de certificat, d’illettrisme et de l’intellectuel sont en métamorphose.

Tout est en mouvement rapide. Les frontières géographiques deviennent transparentes sous le pouvoir des médias et des réseaux sociaux. Les séparations entre les différentes disciplines tendent à   s’écrouler grâce aux démarches interdisciplinaires. Le rôle de l’école, des enseignants, des parents et de tous les intervenants dans l’instruction est en changement. L’image de l’école et de ses missions n’est plus la même. Les relations au sein de la famille changent ; le temps libre de ses membres, le régime alimentaire, les vacances et les choix vestimentaires. Ces besoins deviennent l’affaire de nouvelles institutions différentes de la famille et l’école puisque ces anciennes   institutions de socialisation, sont aujourd’hui incapables de répondre à tous les besoins de l’enfant concernant les apprentissages d’où le recours à d’autres acteurs en dehors du réseau institutionnel classique.

Ce qui est nouveau dans ce champ ce n’est pas la pratique des cours particuliers mais c’est sa systématisation   qui les transforme d’un marché noir dans lequel se nouent des relations directes entre la famille et l’enseignant à des entreprises qui réalisent des profits considérables.    Dans un article sur les cours particuliers, Houssonloge parle d’un grand marché avec un potentiel énorme et donne l’exemple de l’organisme belge Educadomo, créé en 2005, avec 15000 coaches. Cet organisme a pu dispenser 50 000 heures de cours de soutien ou parascolaires en 2008 à des élèves dans 2400 familles belges.  (Houssonloge, 2008, p. 2)

 Les cours particuliers qui s’épanouissent en Europe, s’exercent d’une façon informelle et se développent surtout en Europe du sud. Par contre, ils sont moins répandus dans les pays scandinaves. Ils s’épanouissent en général dans les pays dont le système scolaire souffre d’une crise qui se traduit dans les pourcentages élevés d’échec et de décrochage scolaire comme la Tunisie. (Chaoued, 2015, p. 34)

2- La crise de l’école publique en Tunisie nourrit un grand secteur de cours particuliers

Les cours particuliers en Tunisie est un phénomène qui reste réduit jusqu’aux années quatre-vingt. Ces pratiques deviennent très répandues dans les grandes villes et surtout dans les milieux favorisés. D’ailleurs en Tunisie, on est parmi les grands consommateurs de ce type des cours en Afrique selon une étude de l’UNESCO (Ben Raies, 2018). Les cours particuliers se déroulent en groupes restreints d’élèves ayant des niveaux semblables. Ils sont animés généralement par les enseignants de l’école publique qui trouvent l’occasion de se libérer des manuels scolaires, généralement mal conçus, et des contraintes pédagogiques ordinaires. Ils mettent l’accent sur la pratique en se basant sur des séries d’exercices. Ils visent   essentiellement à préparer l’élève à résoudre les problèmes et connaitre les trucs et les astuces des épreuves afin d’obtenir de meilleures notes.

 Le système scolaire tunisien basé sur l’accumulation des connaissances ne donne pas assez d’importance   à la dimension relationnelle et communicative entre les différents intervenants. En effet, Les programmes surchargés, le contrôle continu, l’absence d’une formation socio-psychologique des enseignants, l’architecture inadéquate des établissements, le stress et les problèmes de violence scolaire empêchent les enseignants de fonder une   relation productrice entre enseignant, élève et savoir. Un tel état est l’une des causes de l’échec scolaire et de l’épanouissement de ce secteur des cours particuliers même dans les établissements publics de l’élite. (Chabchoub, 2015, pp. 44-45)

Les études scientifiques sur les directeurs des établissements scolaires dans le monde arabe sont presque absentes (Akkari & Essahab, 2019, p. 68). Malgré l’importance de leur rôle au sein de l’institution, ils sont recrutés en Tunisie, d’une manière floue, suivant un compromis entre le ministère et le syndicat des enseignants.  Face à des tâches variées pédagogiques, administratives, financières et autres, ces directeurs se trouvent obligés de se retirer en essayant de remplir les tâches administratives en relation directe avec leurs supérieurs.  Leur statut   reste fragile entre le national et le régional d’une part et entre l’organisation, la direction, l’évaluation et la planification d’une autre part. (Le livre blanc, projet de réforme du système éducatif en Tunisie, 2016, pp. 61-62)

Les surveillants qui jouent un rôle important dans l’encadrement et l’intégration des élèves sont souvent recrutés pour des critères sociaux. En général, ils commencent leur carrière après des années de chômage et se trouvent dans un milieu délicat qui admet   des compétences dans le domaine de la psychologie de l’adolescence et de la communication.  L’état actuel des écoles publiques se distinguent par l’absence de la communication transversale entre les intervenants puisque le directeur, les enseignants et les surveillants se trouvent incapables de fonder une vie scolaire pour l’épanouissement de l’élève à cause d’un système éducatif sélectif, stressant et inéquitable. (Zaibi, 2022, p. 84)

La floraison des cours particuliers s’explique   par le manque de confiance qu’éprouvent les parents   envers l’établissement pour pouvoir mener l’élève à réussir dans les concours nationaux. Ce facteur est en relation étroite avec la crise de l’école qui devient incapable d’accomplir ses missions. Elle s’explique aussi par la détérioration du pouvoir d’achat de la classe moyenne dont les enseignants font la grande partie. Cela pousse une partie de ceux qui enseignent des matières principales à chercher un complément salaire en dispensant ces leçons. Certains parmi eux poussent les élèves à demander ce service bien qu’ils n’en aient pas besoin. (Chabchoub, 2015, p. 44)

L’école devient un lieu de rencontre, parfois, formel et incapable de soutenir les élèves en difficultés. Ces derniers se trouvent poussés ou bien à abandonner l’école s’ils sont issus des milieux défavorisés, ou à regagner un centre de soutien, une école privée, une école libre ou même des cours à domicile pour combler les lacunes et se préparer à l’évaluation s’ils ont les moyens financiers nécessaires pour payer les cours particuliers.   Cette voie « mine le système et conduit à la production d’élèves passifs, incapables de se débrouiller, de faire le moindre effort, de produire la moindre pensée, la moindre critique, la moindre analyse. Il fait des élèves des handicapés sociaux non autonomes. » (Ben Raies, 2018)

 3-Les cours particuliers, l’égalité des chances et la mixité sociale

 Les cours particuliers définis comme des activités pour l’école en dehors de l’école (Glasman, 2004), sont organisés dans des lieux différents, souvent incontrôlables. Il s’agit d’ateliers où se vend un savoir fragmenté par matière, lent et individualisé dans le but de fournir au consommateur les possibilités d’améliorer ses résultats. Selon le travail de terrain de Glasman, (Glasman, 2004, pp. 70-71) les cours particuliers ont mené 2/3 des consommateurs à améliorer leurs résultats scolaires. Signalons qu’améliorer ses résultats à court terme ne signifie pas forcément être capable de s’améliorer indépendamment au futur (Houssonloge, 2008, p. 5).    Le recours aux cours particuliers renforcerait les chances des élèves issus des milieux favorisés à réussir et à accéder aux filières nobles.     Le système scolaire tunisien qui suit les pas du système français dans ses dysfonctionnements, a poussé les familles dans cette voie à la recherche de la réussite et l’obtention des diplômes, à tout prix pour les catégories aisées. Ces dernières se dirigent vers les établissements privés luxueux différents des établissements privés des pauvres    communément appelés « écoles libres ». Ces établissements « libres » sont ouverts pour les redoublants et demeurent la destination des élèves moins privilégiés. L’épanouissement des sociétés des cours particuliers et des établissements éducatifs privés et « libres » témoignent les tendances de privatisation de l’enseignement en Tunisie qui suivent des pas successifs de l’implicite à l’explicite. (Zaibi, 2022, p. 125)

Le recours aux cours particuliers suppose la présence d’une autre école parallèle difficile à contrôler. Il s’agit d’un réseau semblable aux réseaux sociaux, difficile à cerner et dont les acteurs sont en mouvement incontournable. Les pratiques des acteurs dans ce champ sont influencées par plusieurs facteurs comme le milieu socio-économique de l’établissement initial, le statut social de l’enseignant et les attentes de l’élève et sa famille.

 Plusieurs établissements scolaires en Tunisie vivent cette dualité : une institution formelle et une autre qui fait son ombre, cela fait partie de l’informel ou du secteur sous terrain dont le gain est le vecteur principal, le gain matériel pour l’enseignant et le gain symbolique pour l’élève. Un marché libre qui éloigne surement les élèves des milieux défavorisés qui se trouvent une autre fois marginalisés dans l’autre école ou l’école parallèle.

L’exemple de la ville de Sfax parait pertinent pour penser à ce phénomène. Les grands lycées comme le lycée pilote, le lycée de Megdiche, Elmaazoune, le lycée de garçon, le collège pilote, le collège Ali Elbalhawène sont des lieux où s’épanouissent les marchés des cours particuliers sous les yeux des inspecteurs pédagogiques et administratifs. Ces derniers savent évidemment qu’il s’agit d’un phénomène résultant de fausses politiques éducatives. (Le livre blanc, projet de réforme du système éducatif en Tunisie, 2016, pp. 58-59-)

 Les cours particuliers ont des conséquences néfastes sur l’égalité des chances et la mixité sociale. Ils suscitent des tensions entre les enseignants qui n’ont pas les mêmes possibilités pour bénéficier d’un complément salaire et fragilisent l’image de l’école et de tous ses acteurs. Ils minimisent les chances des élèves pauvres dans la concurrence scolaire et élargissent le décalage entre les bons et mauvais élèves (Houssonloge, 2008, p. 5). Enfin, ils défigurent les résultats des établissements. Ainsi le classement des institutions ne prend pas en considération l’effet des cours particuliers hors de l’école sur les résultats, par conséquent les établissements dont les élèves sont assez riches pour bénéficier de ces avantages sont considérés les meilleurs bien qu’ils ne fournissent aucun effort complémentaire pour mériter le bon classement. (Plan stratégique sectoriel éducatif, 2016, p. 14) « Si l’on peut comprendre que face à l’échec scolaire, des parents recourent à des cours particuliers, le développement de sociétés commerciales qui pourraient être aidées par des avantages fiscaux est inquiétant et en contradiction avec un enseignement qui se prévaut d’offrir les mêmes chances de réussite pour tous » (Houssonloge, 2008, p. 6).

  4-Le décret gouvernemental n° 2015-1619 du 30 octobre 2015 précisant les conditions d’organisation des leçons de soutien et des cours particuliers dans les établissements scolaires publics : un souci fiscal (Zaibi, L’école publique tunisienne en pleine vague de privatisation, 2024, p. 199)

Le ministère de l’éducation, en Tunisie, a pris des mesures afin d’organiser la pratique des cours particuliers en 2015-2016 avec l’ancien ministre de l’éducation Néji Jalloul. Ce décret gouvernemental interdit aux enseignants des établissements publics de donner des cours particuliers en dehors de leurs institutions éducatives initiales et implique des sanctions pour les enseignants contrevenants allant jusqu’au licenciement. En même temps, il organise les cours particuliers à l’intérieur des établissements en précisant les conditions concernant les coûts, le nombre de groupe autorisé pour chaque enseignant, l’horaire, la manière de partage des bénéfices entre les différents acteurs et le rôle de l’Etat ainsi que l’autorité financière de contrôle.

Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée le jeudi 13 septembre 2018, Hatem Ben Salem a rappelé l’interdiction de dispenser des cours particuliers et a bien rassuré les parents que des cours de soutien scolaire seront permis et dispensés par des diplômés soumis à des contrats. Le ministre ignore parait-il que les familles exigent généralement des enseignants expérimentés pour leur confier la préparation de leurs enfants aux examens   et ils veulent souvent que ces enseignants soient correcteurs des épreuves dans les concours nationaux.

 Le but est de lutter contre l’évasion fiscale puisqu’il s’agit     d’un grand marché noir qui pourrait fournir à l’Etat de nouvelles ressources financières. A travers ces mesures, le ministère encourage la pénétration de la logique ainsi que les pratiques du marché dans les écoles publiques dans une vision politique qui favorise la privatisation du secteur de l’enseignement. Le décret qui interdit aux enseignants du secteur public de dispenser ces cours en dehors des établissements éducatifs publics n’a pas le but de supprimer ces activités mais plutôt de les réorganiser surtout que le volume de leur revenu a atteint entre 500 et 800 milliards par an selon les estimations du ministère de l’éducation.  Dans un communiqué publié le 09/10/2017, l’Organisation Tunisienne d’Orientation du Consommateur (OTOC) a remarqué que « si les cours particuliers sont soumis aux impôts, cela permettrait à l’Etat d’engranger 300 millions de dinars annuellement en recettes fiscales. »    

 A travers ce décret, le ministère « ne doit pas s’attendre à ce que ces mesures permettent d’améliorer le niveau de l’école tunisienne ou qu’elles vont offrir aux élèves qui souffrent d’un retard dans l’une des matières les possibilités de remédier à ce retard parce que ces mesures sont des mesures économico-éducatives en vue de combattre l’évasion fiscale d’une part et refréner la hausse des prix d’autre part, ces mesures ne sont nullement destinées à réduire l’échec scolaire lequel exige un soutien et un suivi de proximité selon les besoins. »  (Ben Salah, 2017)

5- Les résultats de la recherche : le traitement politique du phénomène enfonce la crise de l’enseignement public en Tunisie (Zaibi, L’école publique tunisienne en pleine vague de privatisation, 2024)

Le projet de réforme éducative lancé en 2015 par le ministère de l’éducation a prouvé les tendances de privatisation de l’enseignement. A l’absence d’un accord sur le modèle sociétal voulu, le projet a été rejeté et le ministère se contente de prendre des mesures pour régler quelques secteurs tels que les cours particuliers. Ces mesures restent partielles et ne touchent pas aux causes du phénomène. La préoccupation des gouvernements n’est pas de garantir l’égalité des chances ni de maintenir la mixité sociale à l’intérieur des institutions scolaires mais plutôt de trouver une nouvelle source financière. Parmi les conséquences de ce traitement l’apparition de nouvelles entreprises de cours particuliers en invitant les meilleurs enseignants du secteur public et en vendant leurs services aux catégories favorisées d’élèves ce qui permet d’accumuler les faveurs des plus favorisés et affaiblit les chances des moins favorisés.

6-Conclusion :

 L’épanouissement des cours particuliers en Tunisie est l’une des conséquences de la crise du système scolaire, accentuée par des mesures inadéquates comme le décret gouvernemental n° 2015-1619 du 30 octobre 2015 précisant les conditions d’organisation    des cours particuliers dans les établissements scolaires publics. Ce décret, dont l’objectif est de régler un secteur qui pourrait fournir à l’Etat une nouvelle ressource financière, a autorisé la création des sociétés commerciales des cours particuliers qui ont augmenté le prix de ces services et ont accéléré les inégalités des chances face à l’école. L’élargissement des disparités entre les différentes catégories sociales et entre les régions du pays face à la réussite scolaire et l’obtention des diplômes prestigieux continue à toucher au principe de la mixité sociale au sein des établissements scolaires publics. Ces mesures prouvent une tendance de privatisation de l’enseignement de la part des gouvernements politiques depuis les mouvements de 2010-2011.

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