Les écoles de la géopolitique : Du Friedrich Ratzel à Yves Lacoste
Prepared by the researcher – Nouriddin El Idrissi Etudiant Doctorant en sciences politiques et relations internationales contemporaines – Université Mohamed Ben Abdellah – Fès – Maroc
Democratic Arab Center
Journal of Strategic and Military Studies : Eighth Issue – September 2020
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
Résumé
Le concept de la géopolitique est l’un des concepts des sciences politiques et des relations internationales ayant suscité beaucoup de polémiques. En fait, plusieurs politologues et juristes ont octroyé des soubassements théoriques à leurs puissances étatiques pour manipuler ce concept dans un sens qui sert à légitimer leur expansionnisme territorial colonialiste au détriment des autres entités étatiques.
Cette étude s’est chargée d’élucider et d’expliquer cette manipulation aberrante de la géopolitique dès sa naissance à notre ère contemporaine, toute en s’inspirant des idées des précurseurs des grandes écoles de la géopolitique.
Après sa première utilisation par le suédois Kjellén, le concept « Géopolitique », sera abondamment repris par les théoriciens des sciences politiques pour s’en servir comme un moyen d’expansion surtout pour les puissances occidentales. Pour bien comprendre les contours de ce concept, son évolution dans le temps, ainsi que sa contribution à la légitimation des expansions des grandes puissances au détriment des autres pays, on parlera dans cette étude des principales théories ayant traité la géopolitique.
I/- L’école allemande de la géopolitique
La géopolitique, pour cette école fut théorisée par deux principaux avant-coureurs en la matière. Ce sont Friedrich Ratzel (1844-1904)[1] et Karl Haushofer (1869-1946)[2].
Ratzel, influencé par la théorie de l’évolution de naturaliste Charles Darwin[3], a étudié l’entité étatique en tant qu’un organisme évolutif en termes de croissance, maturité, vieillissement et la mort. Il a contribué à cette discipline par la publication en 1869 de son ouvrage « Etre et devenir du monde organique »[4]. Ce géopoliticien allemand, prétend que l’espace est la substance nourricière de l’Etat comme entité organique, et qu’il ne peut pas s’épanouir sans avoir expansé au détriment de ses voisins, c’est ainsi qu’il a introduit la notion de Lebensraum ou l’espace vital qui sera plus tard instrumentalisée par Adolf Hitler[5] dans ses ambitions expansionnistes territoriales.Ratzel, convaincu de la nécessité de l’élargissement des frontières de son pays pour répondre aux besoins démographiques croissants. Pour lui, la géopolitique se définit ainsi : « La science qui établit queles caractéristiques et conditions géographiques, et plus spécialement les grands espaces, jouent un rôle décisif dans la vie des Etats, et que l’individu et la société humaine dépendent du sol sur lequel ils vivent ayant son destin déterminé par la loi de la géographie ».[6]
En tant que membre fondateur du comité colonial allemand, Ratzel, a contribué aux travaux relatifs à l’extension impériale de son pays. Ainsi, il a pu écrire un ouvrage en 1901, intitulé « Au sujet des lois de l’expansion spatiale des Etas » pour défendre la légitimité de l’extension de la taille de son pays. Dans le même ouvrage, l’auteur a énuméré sept lois dites « universelles », et résumant sa conception de la géopolitique :
- La croissance spatiale de l’Etat dépend de son développement culturel ;
- L’extension de la taille de l’Etat est tributaire de sa puissance idéologique, commerciale et économique ;
- L’agrandissement de l’Etat pourra se faire par l’annexion de petites autres entités politiques ;
- La modification des frontières : Les frontières de l’Etat est un organe vivant dynamique et non pas statique ;
- L’expansion logique ; c’est-à-dire, l’Etat doit s’élargir en s’appropriant des territoires ayant des atouts vitaux (ressources énergétiques, accès à la mer, l’acquisition des plaines et des bassins fluviaux,…), ou aussi en s’accaparant des positions géographiques géostratégiques ;
- L’élargissement des frontières est favorisé par l’existence des civilisations limitrophes inférieure à celle de l’Etat envahissant ;
- La répétition des manœuvres des annexions des entités les plus faibles.
De ces principes, il ressort que le point focal de la géopolitique chez Ratzel est l’espace qui lie le peuple sur un sol commun ; les individus formant le peuple n’ont donc plus besoin d’être liés par la race ou la langue.
Les lois de la géopolitique ratzélienne peuvent être résumées en trois postulats. D’abord, l’Etat comme forme de vie, puis le sol terrestre est l’incarnation ultime de l’Etat, et enfin la croissance spatiale de l’Etat[7].
Pour Karl Haushofer[8], fortement influencé par son prédécesseur Ratzel, a tenté à travers tous ses travaux scientifiques[9], de répondre à la question suivante : Quelle hiérarchie sur la scène internationale et comment l’Allemagne peut devenir une grande puissance ?[10]
Pour répondre à cette question, le Général Haushofer, a fondé par ses ouvres scientifiques un courant d’idées géopolitiques en Allemagne. Ce disciple de Ratzel, choqué par la défaite de son pays en 1918 contre les Alliés, et surtout ému par le Diktat du traité de Versailles[11], a donné une connotation au concept de géopolitique qui pourrait servir son pays pour récupérer son espace vital perdu. En 1920, ce Général, déclarait : « la géopolitique sera et doit être la conscience géographique de l’Etat. Son objet est l’étude des grandes connexions vitales de l’homme d’aujourd’hui dans l’espace d’aujourd’hui (…) et sa finalité (…) est la coordination des phénomènes reliant l’Etat à l’espace »[12].
Dans le but de contrer géographiquement les puissances maritimes anglo-saxonnes, l’élève de Ratzel, a préconisé la division du monde en quatre zones d’influence, en suivant une logique de l’unité géographique, ethnique et civilisationnelle d’une communauté humaine sous une notion, alias « pan-idées » qui donne une suprématie à la dimension spatiale[13]. Ces zones sont :
- Une zone paneuropéenne : Dominée par l’Allemagne, et couvre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient ;
- Une zone panaméricaine : Concerne l’ensemble de l’Amérique, et contrôlée par les Etats-Unis ;
- Une zone panrusse ou Eurasie : Chapeautée par la Russie. Elle englobe l’Asie centrale et l’Asie du Sud. Sous réserve que la Russie renonce au communisme ;
- Une zone pan asiatique : Dominée par le Japon. Elle inclut l’Extrême-Orient (Chine), l’Asie du Sud-est et le pacifique Nord[14].
Figure n°01 :
Référence : ROPIVIA, Marc-Louis. GÉOGRAPHIE ET POLITIQUE EN AFRIQUE AU XXIe SIÈCLE Concepts opératoires et stratégies d’insertion dans l’espace mondial. [En ligne]. http://www.institut-strategie.fr/Strategique_80_Ropivia.htm. [Consulté le 04 avril 2018].
Selon cette carte qui représente la verticalité du système international, Haushofer entérine le postulat prescrivant la nécessité de la direction du monde par les puissances traditionnelles, qui sont pour les adeptes de ce système, les Etats-Unis, l’Europe, l’U.R.S.S. et le Japon.
D’un point de vue géopolitique, ce système préconise la division du monde en fonction de deux ordres de suprématies ; la première est celle de l’hémisphère nord sur l’hémisphère sud, et la deuxième, est celle de la région tempérée sur la région tropicale. Les deux ordres se convergent vers l’imposition d’un concret mondial selon lequel les peuples de la terre ne peuvent être conduits que par la race blanche et les résidants des zones tempérées.
Cette ségrégation du monde basée sur les critères climatique et spatiale, a exposé le postulat haushoferien lié au système international aux diverses critiques ; les plus pertinentes est celles de la vocation raciste de ce système de verticalité, de la caducité des idées qu’il porte surtout par le dépassement des frontières par la mondialisation, et de l’ébranlement de ce déterminisme géographique du Nord contre le Sud par l’apparition de nouvelles puissances dites « émergentes » et qui ne peuvent pas se laisser diriger par d’autres puissances ; c’est le cas exactement de l’Inde et du Brésil qui se situent dans la zone intertropicale et dans l’hémisphère austral, c’est donc l’horizontalité du système international qui l’emporte dorénavant sur sa verticalité défendue par Haushofer[15].
Ces reproches n’ont pas pu empêcher, Haushofer de se déclarer le représentant principal de la géopolitique allemande. Dans ce cadre, il atteste « Tout en n’étant pas le créateur de terme technique de géopolitique, je passe à bon droit pour le principal représentant de sa forme allemande »[16]. Dans cette citation, le Général allemand, reconnaît aussi les efforts déployés par ses prédécesseurs dans ce domaine et fait allusion aux fondateurs du concept de la géopolitique, en particulier son concitoyen et son exemple à poursuivre, Ratzel[17].
Les deux pionniers de l’école allemande de la géopolitique se sont efforcés pour trouver des substrats théoriques permettant la légitimation de l’expansionnisme spatial pour leur pays. C’est ainsi qu’ils ont puisé dans les mêmes sources théoriques et philosophiques pour dégager un certain parallélisme pour la construction de leurs postulats, on peut ainsi citer leurs points communs :
- La vision post-malthusienne qui met en étroite relation la population et les ressources naturelles ;
- La conception de la centralité de l’Etat pour Hegel ; pour ce dernier l’Etat est la réalisation ultime et la finalité de l’idée divine sur terre, il est aussi le produit final de l’évolution de l’humanité. Hegel, a écrit dans son ouvrage intitulé « Les principes de la philosophie du droit », « Il faut donc vénérer l’Etat comme un être divin-terrestre»[18] ;
- La théorie darwiniste sociale ou spencérisme[19] reposant sur le postulat affirmant que la lutte entre les hommes pour garantir leur survie est l’état naturel des relations sociales[20].
Malgré toutes les critiques lancées contre l’école géopolitique allemande. Il est primordial de signaler, d’une part, que nul ne peut nier l’apport théorique de cette école au profit des ambitions expansionnistes de leur pays sous le règne d’Hitler. C’est ainsi que Haushofer a admis, en se fondant sur sa conception de Deutschtum ou la « communauté de civilisation », l’attachement de l’Autriche et l’annexion des Sudètes[21] en 1938, et soutenu aussi le Pacte germano-soviétique de 23 août 1939, par lequel les deux pays se sont engagés à, entre autres, partager les sphères d’influence propres à chacun d’eux dans les pays qui les séparent (Scandinavie, pays Baltes, Pologne, Roumanie…). Notant que ce géopoliticien a refusé catégoriquement l’invasion de l’Ex-URSS. D’autre part, aucun ne peut attribuer aux idées des deux figures de proue de l’école géopolitique allemande, un caractère raciste. D’ailleurs, leurs pensées reposent surtout sur des fondements objectifs et scientifiques et ne donnent point d’importance au critère de la race, auquel se réfère Hitler pour supprimer les autres races, en particulier, les Juifs et les Slaves, pour élargir les frontières de son pays, toute en évoquant la supériorité de la « race aryenne »[22].
Pour démontrer sa vision géopolitique anti-raciale, le disciple de cette école allemande, le général Haushofer, espère que « Ce monde voit le dépassement de toutes les haines de race et de classe »[23].
II/-L’école anglo-saxonne de la géopolitique
Quant aux géopoliticiens anglo-saxons, ils s’intéressent à la domination des mers comme un tremplin garantissant le contrôle du monde et donc leur hégémonie par rapport aux autres puissances, surtout celles d’ordre géopolitique continental, à leur tête, l’Allemagne. Pour traiter les idées de cette école, les contributions théoriques de trois grands maîtres ; les Américains Alfred Thayer Mahan (1840-1914)[24], et John Spykman (1893-1943)[25], et l’Anglais Halford John Mackinder (1861-1947)[26], sont dignes d’être citées. Or, dans ce paragraphe, on se contentera de traiter les idées de Mahan comme exemple de l’école américaine et celles de Mackinder représentant l’école anglaise.
Mahan, le grand théoricien de la puissance maritime des USA et le « père » de leur géopolitique, a pu marquer largement la politique étrangère de son pays par ses apports théoriques.
Ce stratège américain fortement influencé par la domination et la grandeur de l’empire britannique, parle de cinq éléments expliquant la superpuissance de cet empire :
- Un commerce extérieur prospère ;
- Une marine marchande développée ;
- Une marine de guerre capable de protéger les flottes commerciales à travers le monde ;
- Des bases militaires suffisantes pour la maintenance et l’approvisionnement des navires commerciales ;
- Un empire servant à la fois comme source de matières premières pour la bonne marche du secteur industriel, et aussi comme un grand marché pour la commercialisation des produits manufacturés.
Partant de ces données empiriques, et s’inspirant de la fameuse phrase de navigateur Walter Raleigh[27] « Qui tient la mer tient le commerce du monde, tient la richesse du monde : qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même »[28]. L’amiral américain a tenté de tracer une feuille de route susceptible de permettre à son pays de supplanter aux anglais pour devenir une superpuissance mondiale. Il recommanda donc aux responsables américains ce qui suit :
- Pour le contrôle et la conquête des territoires maritimes : L’installation des bases navales, la construction des navires et des ports ;
- Pour l’endiguement des rivaux : Mahan a préconisé une alliance américaine avec la Grande-Bretagne pour empêcher l’expansion maritime de l’Allemagne, il a aussi proposé une alliance Etats-Unis-Europe contre l’expansionnisme japonais ;
- Pour la mainmise des points stratégiques : Il a recommandé la maîtrise des voies maritimes, des détroits et des canaux qui revêtent une importance stratégique[29], (exemples : Hawaii, Panama) ;
- Pour que les Etats-Unis puissent avoir une profondeur stratégique : Il a invité les autorités américaines à s’opposer à Carl Von Clausewitz[30]quand celui-ci prime la défensive sur l’offensive et les a incitées à renverser ce principe et donc prioriser l’offensive sur la défensive tout en projetant leurs puissances sur des théâtres autres que nationaux[31].
Par ces mesures, Mahan qui est très convaincu que le leadership mondial passe indubitablement par le contrôle de la mer tant dans une logique commerciale en temps de paix, que dans une autre de maîtrise des positionnements, des voies et des détroits stratégiques en temps de guerre, a essayé d’offrir à son pays entouré d’océans, une liberté de circulation et d’avoir la possibilité de contrôler des zones de passage et aussi de lui attribuer des capacités territoriales de se défendre et de s’élargir. En effet, il voit que la suprématie maritime de son pays ne pourra avoir lieu que par le commerce, le contrôle des mers et surtout des voies maritimes stratégiques. Ceci, il l’a bien exprimé dans sa célèbre citation « La puissance maritime tient en premier lieu au commerce et celui-ci suit les routes les plus avantageuses ; la puissance militaire a toujours suivi le commerce pour l’aider à progresser et pour le protéger »[32].
C’est ainsi que ce stratège naval américain, s’est montré opposant à la doctrine de Monroe[33] qui prive son pays de toute maîtrise des voies maritimes dans le continent américain, et qui, par contre, elle offre aux européens, en particulier les anglais, une large possibilité pour conquérir les marchés et s’approvisionner en matières premières[34].
Bref, Mahan, prédicateur de Seapower et auteur d’un nombre important d’écrits, les plus connus sont « The Influence of Seapower Upon History » (L’influence de la puissance maritime sur l’Histoire), et « The Interest of America in Seapower, Present and Future » (L’intérêt de l’Amérique dans la puissance maritime, le présent et le futur), a pu impacter la politique étrangère américaine par les idées que recèlent ses publications. Un exemple démontrant le poids du Mahan dans ce sens, est celui de la déclaration du sénateur Henry Cabot, le 02 mars 1895, « aucune nation ne pouvait être réellement grande sans être une puissance navale, et que sans la possession de Hawaii, il était inutile d’entreprendre la construction d’un canal transocéanique (à Panama) »[35]. Cette affirmation entérine bien l’influence exercée par le père de la géopolitique américaine sur les cercles décisionnels de son pays. Au-delà de cela, les écrits de ce géopoliticien se sont chargés de légitimer la politique expansionniste de Théodore Roosevelt, notamment lorsqu’il déclare « Je suis un impérialiste, simplement parce que je ne suis pas isolationniste[36]»[37]. Et aussi, quand il défend la thèse de « la supériorité de la civilisation occidentale » qu’il qualifie de « Oasis de civilisation dans le désert de la barbarie »[38].
En effet, la géopolitique d’un Etat pour l’amiral Mahan se construit par :
- La priorisation de l’industrialisation et de développement économique par rapport au volet militaire pour toute volonté de domination ; ainsi la victoire du Nord sur le Sud, s’explique pour Mahan, par la supériorité économique et industrielle ;
- La maîtrise des mers par la Grande-Bretagne lui a permet de devenir une puissance mondiale.
Pour le britannique Halford Johan Mackinder, très préoccupé par la montée de l’impérialisme française et l’apparition des USA comme une autre puissance expansionniste, ainsi que d’une éventuelle alliance entre les deux puissances continentales ; l’Allemagne et la Russie[39], s’est occupé de chercher et d’étudier les soubassements théoriques pouvant assurer la continuité de la suprématie de l’Empire de son pays.
Même qu’il rejette le terme « géopolitique »[40], ses idées et ses contributions prouvent qu’il est l’un des fondateurs anglo-saxons de cette science.
D’ailleurs, Mackinder conçoit le monde comme une masse faite d’un océan mondial, d’une île mondiale et de grandes îles périphériques. Ces composantes représentent, respectivement, les quotients de 9/12, 2/12 et 1/12 de la surface totale de la planète[41]. Pour lui, l’océan mondial ou The World Ocean désigne la surface maritime mondiale, c’est-à-dire les trois tiers de la planète. Quant à l’île mondiale (TheWorld Island), représente une masse terrestre importante, vue comme un ensemble, et qui englobe l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Par les grandes îles périphériques ou les Outlying Islands, Mackinder sous-entend, l’Amérique, l’Afrique, l’Indonésie et l’Australie[42].
A partir de ces trois grandes zones, Mackinder a pu déterminer le Heart-land ou littéralement « le cœur de la terre » ou encore « région pivot de la politique mondiale »[43], et précise-t-il « vaste aire [centrale] de l’Euro-Asie qui est inaccessible aux navires, mais qui dans les temps anciens se trouvait ouverte aux cavaliers nomades, et qui aujourd’hui est sur le point d’être couvert par un réseau de chemins de fer »[44]. Pour lui, c’est un espace géographique qui se trouve au cœur de l’Eurasie et comprenant la Russie actuelle, la Sibérie, le Caucase et une partie de l’Europe orientale[45]. Il est à noter que cette définition de pivot géographique est accompagnée d’une description des voies du transport, en considérant les nouveaux réseaux ferroviaires qui peuvent substituer aux voies maritimes, jadis vues comme l’apanage de l’hégémonie de l’Empire où le soleil ne se couche pas, comme une source de menace contre le monopole britannique de la puissance mondiale.
L’espace « cœur de la terre » est entouré selon la conception du géographe britannique par des reliefs montagneux comme l’Himalaya et des zones désertiques comme la Sibérie et le désert de Gobi[46], ces entraves naturelles, forment pour lui un « croissant intérieur » (inner crescent) qu’il faut bien en maîtriser les périphéries pour freiner toute tentative d’invasion extérieure[47]. Dit aussi « croissant marginal intérieur », c’est un espace du contact entre le continent et la mer et comprend essentiellement la péninsule ibérique, l’Italie, les Balkans, la Grèce, la Turquie, le Proche-Orient, le Golf arabo-persique, le Pakistan, l’Inde, l’Indochine et les îles chinoises du Sud[48]. Le croissant intérieur est donc composé de l’Europe, de l’Inde, de l’Asie du Sud-est et de la région qu’il nommait « Terre des Cinq Mers » ou « l’Orient le plus proche »[49]. Par conséquent, ce croissant forme une ceinture périphérique de la zone de l’Eurasie ou de Heart-land[50].
Un autre espace géographique qui revêt une importance prépondérante pour Mackinder et qui constitue un des principes de sa théorie est celui que forment la Grande-Bretagne, le Canada, les Etats-Unis, l’Afrique du Sud, l’Australie et le Japon ; c’est une aire géographique baptisée par le père de la géopolitique britannique le « croissant extérieur » ou outer crescent et qui la qualifie de « Océan, unique et continu, entourant toutes les terres » ; une telle zone indispensable pour le contrôle des stratégies navales. Les Etats compris par ce croissant, dessinent un « anneau de bases extérieures et insulaires pour la puissance maritime et le commerce, inaccessible à la puissance continentale de l’Eurasie »[51].
Pour une vision synoptique de la répartition géopolitique des espaces mondiaux, on s’inspirera ci-après, de la carte des sièges naturels de la puissance tracée par Mackinder.
Figure n°02 : La carte des sièges naturels de la puissance pour Mackinder
Référence : MACKINDER, Halford John. « The Geographical Pivot of History ». The Geographical Journal, vol. 23, 1904, p. 435.
En tant que membre actif au sein des « libéraux impérialistes »[52], il est évident que Mackinder s’efforcera d’allouer à son pays un guide géographique qui lui permettra d’endiguer toute autre puissance étrangère susceptible de le rivaliser dans sa position de superpuissance. Pour y arriver, ce député de Glasgow[53] à la chambre des communes entre 1910 et 1922, partait d’une thèse qui affirme que la domination du monde reviendra à celui qui contrôlera la masse continentale autour du pivot géographique de la planète et ceci dans un état du choc ou de confrontation dichotomique terre-mer[54].
Dans cette optique, il a publié plusieurs ouvrages et articles dans lesquels, il présentait et éclairait ses idées concernant la géopolitique ; les plus connus de ses œuvres scientifiques sont Democracy Ideals and Reality et The Geography Pivot of History. Ce dernier titre a été attribué par Mackinder à sa présentation dans une conférence en 1904 à la société royale de géographie de Londres. C’était une occasion pour exposer et expliquer, d’une part que l’évolution que connait le monde n’est qu’un corollaire d’une concurrence entre le pivot central ou les puissances continentales et les terres de l’anneau extérieur ; dites aussi les puissances maritimes[55]. D’autre part, la présentation visait le soulèvement des menaces potentielles qui peuvent mettre en cause la suprématie de l’Empire britannique ; et qui sont en nombre de trois selon l’article en question :
- La discontinuité ou la rupture entre la puissance maritime et celle continentale, cette situation est exacerbée par l’apparition de nouvelles voies du transport substitutives à celles maritimes, essentiellement les réseaux ferroviaires qui peuvent remplacer les échanges commerciales et les fonctions militaires longtemps monopolisées par la Grande-Bretagne ;
- L’expansionnisme continental de la Russie risque de lui permettre d’occuper la position stratégique dominée par l’Empire britannique. Pour montrer la gravité de cette donne, Mackinder a annoncé « Sa pression [La Russie] sur la Finlande, la Scandinavie, la Pologne, la Turquie, la Perse, l’Inde et la Chine remplace les raids centrifuges des hommes des steppes. Dans le monde entier, elle occupe la position centrale stratégique tenue par l’Allemagne en Europe »[56]. L’amiral britannique, par cette affirmation, il assimile le rôle joué par la Russie à celui des mongols[57] à l’ère de Ghenghiz Khan[58], quand les invasions de la Horde d’or[59] ont dépassé l’Europe pour occuper les steppes au nord du lac Aral[60] et de la Caspienne, et se sont élargies à l’ouest pour envahir les Carpates[61]. Le Perse, la Mésopotamie, la Syrie et la Chine septentrionale n’étaient pas épargnés de cette campagne mongolienne[62];
- L’éventualité d’une alliance entre les deux puissances continentales ; la Russie et l’Allemagne. Dans cette perspective, Mackinder parle d’un avenir catastrophique pour son pays, et présage-t-il « La rupture de l’équilibre de la puissance au profit de l’Etat-pivot, résultant de son expansion sur les terres périphériques de l’Euro-Asie, lui permettrait d’employer les vastes ressources du continent à la construction d’une flotte, et l’empire du monde serait alors en vue. Cela pourrait se produire si l’Allemagne venait à s’allier avec la Russie»[63]. C’est ainsi, qu’il préconise l’encerclement du cœur de la terre par les alliés de son pays, et le contrôle des mers et des terres littorales entourant la Russie (l’Europe de l’Ouest, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et de l’Est) par la Grande-Bretagne[64] ;
En effet, par cette théorie de Heart-land[65], Mackinder a tiré la sonnette d’alarme pour avertir les décideurs de son pays concernant les menaces qui guettent la continuité hégémonique de leur Empire, et surtout les inviter à ne plus se baser sur la puissance maritime pour la domination du monde. Mais, il faut se doter d’une puissance amphibie et donc joindre à la puissance maritime une autre continentale.
Considérant que la domination mondiale est la finalité, et que la maîtrise de Heart-land en est le moyen, le géographe Mackinder a tracé le chemin pour son pays pour arriver à l’objectif pré-cité en annonçant son fameux adage axiomatique :
« Qui domine l’Europe de l’Est[66]maîtrise le Heartland[67]. Qui domine le Heartland maîtrise l’île mondiale. Qui domine l’île mondiale maîtrise le Monde »[68].
Il est fort important de signaler que la délimitation de heart-land par Mackinder en 1904 dans son écrit « The Geographical Pivot of History » ou « Le pivot géographique de l’histoire », était un objet de révision à deux reprises par ce géopoliticien non « déterministe ».
D’abord, par sa publication en 1919, « Democratic Ideals and Reality, a Study in the Politics of Reconstruction », par laquelle a remplacé le concept de Pivot area ou le Herat-land par le Heartland[69] ou le cœur du monde avec une extension de la zone géographique concernée par ces dénominations. Puis, pour couvrir toute la région du globe, isolée des océans[70], il a suggéré par ce même ouvrage, une stratégie de containment[71] qui pourra empêcher toute alliance entre les Allemands et les Russes, en recommandant de créer une ceinture d’Etats entre la Russie et l’Allemagne.
Ensuite, en 1943, l’année de la deuxième révision, le géographe britannique, a contribué à l’enrichissement conceptuel de la géopolitique via un article titré ainsi « The Round World and the Winning of the Peace » et qui l’on peut traduire « Le monde sphérique et la conquête de la paix ». Par cet article publié dans la revue Foreign Affairs en 1943, Mackinder a réévalué les limites de Heartland qui correspondraient d’ores et déjà à celles de « Heartland russe », et plus précisément la partie exploitable du territoire soviétique, située à l’Ouest de la rivière Ienisseï[72]. Une autre contribution ajoutée par cet article à la géopolitique est celle du nouveau concept de « Midland Océan », c’est-à-dire l’Atlantique Nord comprenant selon Mackinder « une tête de pont en France, un aérodrome protégé par les flots en Grande-Bretagne et une réserve d’hommes entraînés, d’agriculture et d’industries dans l’Est des Etats-Unis et du Canada »[73]. Ce nouvel espace géographique de Midland, vise la création d’une autre puissance amphibie composée de l’Amérique du Nord, la Grande-Bretagne, et la France, et ce pour contrebalancer l’éventuelle puissance continentale de Heartland, que ce soit de l’Allemagne, de la Russie ou des deux puissances unies en une alliance. Par cette logique d’analyse, le géographe britannique a pu mettre la première pierre dans l’édifice théorique de l’OTAN[74].
III/- L’école française de la géopolitique
En France comme ailleurs, la discipline de la géopolitique fut longtemps marginalisée, diabolisée et même proscrite. Ceci est dû au fait que la majorité des politologues et de spécialistes de ce champ politique ont été étroitement liés et attirés par le pangermanisme, en plus de l’appréhension et de l’assimilation historique de la géopolitique en tant qu’une forme de nazisme qui s’en sert comme un instrument important de la légitimation de l’expansionnisme de l’Allemagne hitlérien.
En fait, les bases idéologiques françaises se penchent vers l’universalisme qui met en valeur la citoyenneté républicaine versus les références et les fondements idéologiques raciaux que privilégiait l’Allemagne nazie. Ce sont donc tous des motifs ayant un effet repoussoir contre le développement de la géopolitique en France. Du surcroît, la géopolitique a longtemps souffert de la connotation idéologique qui lui a été faussement attribuée pour signifier la rivalité opposant les deux blocs communiste et capitaliste. Toutefois, le déclenchement de la guerre (1978-1979) entre les deux Etats communistes ; la Chine et le Vietnam, l’effondrement des régimes communistes, la chut du mur de Berlin, ont constitué des catalyseurs en faveur de la résurgence de la géopolitique, et aussi l’apparition des contre-thèses qui démasquent la problématique territoriale que veut traiter la géopolitique et qui a été longuement occultée par les aspects idéologiques de cette même discipline.
Pour parler de l’école française de la géopolitique, il est judicieux de citer deux figures qui en sont les plus représentatives, Paul Vidal de la Blache (1845-1918)[75] et Yves Lacoste. Ils ont contribué à préciser la vision et le positionnement français vis-à-vis de cette discipline longtemps méprisée dans leur pays.
Paul Vidal de la Blache, est le fondateur des Annales de la géographie en 1882 et auteur de plusieurs ouvrages ; « Atlas d’Histoire et Géographie (Atlas général) » en 1894, « Tableau de la géographie de la France » en 1903, et « La France de l’est » en 1917. Cet auteur était très choqué par la défaite de son pays contre la Prusse dans la guerre franco-prussienne dite aussi la guerre de 1870, et qui s’est poursuivi par l’annexion de l’Alsace-Lorraine par le vainqueur germanophone via le traité de Francfort de 10 mai 1871, Paul Vidal de la Blache, s’est évertué à trouver des références logiques permettant d’entériner l’appartenance française de cette région amputée de la France et qui n’est y rattachée qu’après la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919.
D’ailleurs, dans sa publication de 1903, il a mis l’accent sur le caractère régional de l’étude géographique et la description de son pays région par région y compris l’Alsace-Lorraine. Chaque chapitre de son œuvre géographique est amorcé par une présentation géologique de la zone ou la région traitée, puis une description historique, et une étude des données naturelles, des modes de vie ; le tout dans le cadre des frontières dynamiques et variables. C’est ainsi qu’il affirme « L’histoire d’un peuple est inséparable de la contrée qu’il habite »[76].
Les idées de Paul Vidal dépassent largement la recherche des fondements inhérents à la géographie et garantissant l’unité de la France contre les occupations allemandes, pour affranchir une autre voie impérialiste qui quête à légitimer la colonisation de son pays des autres pays, en particulier, africains. En effet, ce géographe, a recommandé en 1911 la construction rapide de la grande voie impériale qui relierait l’Algérie à l’Atlantique par Fès, tout en arguant ceci ainsi : « c’est de l’Algérie que notre pénétration au Maroc tire sa légitimité et sa force… Le développement de notre colonie… est entré désormais dans une voie de progrès qui justifie les longs espoirs et les grandes ambitions ».[77]
Les réflexions de Paul Vidal ne sont pas indemnes de contradictions et de l’instrumentalisation dérivée de la géographie et de la géopolitique[78]. Notamment, en l’utilisant pour défendre deux approches complètement paradoxales ; il se sert de la géographie tantôt pour l’indépendance de son pays, et tantôt pour coloniser les autres pays.
Dans la même logique de ses pensées, par sa publication de 1917 « La France de l’Est » considérée comme le premier ouvrage géopolitique en France, Paul Vidal s’acharne dans ce travail de longue haleine à expliquer la justesse et la nécessité de rattachement de l’Alsace-Lorraine à la France. Cette fois en recourant à l’évocation des liens entre le développement économique et le réseau urbain et industriel. Un autre ajout de cet ouvrage, est le refus de la dépendance totale des politiques des Etats de la géographie physique, par contre il admet l’influence de l’homme sur le milieu et l’espace[79], et annonce-il « Une individualité géographique ne résulte pas de simples considérations de géologie, et de climat. Ce n’est pas une chose donnée d’avance par la nature. Il faut partir de cette idée qu’une contrée est un réservoir où dorment des énergies dont la nature a déposé le germe, mais dont l’emploi dépend de l’homme »[80]. En ce point, Paul Vidal se démarque et prend une distance de Ratzel qui prétend par sa vision « déterministe » que la nature pourra être une entrave incontournable à l’expansion humaine.
Pour redéfinir cette discipline et lui donner sa vraie connotation loin de toute aberration conceptuelle et toute instrumentalisation raciste ou impériale, le français d’origine marocaine, le Professeur Yves Lacoste, vu par plusieurs spécialistes de relations internationales et de la géopolitique comme étant un pionnier de la renaissance de la nouvelle géopolitique, non pas seulement en France, mais dans toute l’Europe, a pu créer un tournant décisif pour instaurer une nouvelle conception géopolitique.
La réapparition du concept de géopolitique pour Lacoste, a regagné sa position dans le champ international suite à la guerre opposant le Cambodge et le Viêt Nam entre décembre 1978 et janvier 1979. Suite à ce conflit entre deux pays communistes, Lacoste démontre l’invalidité de la thèse admettant la polarisation de l’affrontement entre les deux blocs idéologiques ; le communisme contre le capitalisme. En contrepartie, sa vision de la géopolitique se fonde essentiellement sur l’importance des espaces territoriaux comme un pivot et un objet central des rivalités et de conflits entre les Etats. Dans cette optique, le fondateur de l’Hérodote voit que le mot « géopolitique » a ressurgi pour désigner « des antagonismes moins idéologiques que territoriaux »[81]. Dans le cas présent, la guerre déclenchée entre les deux voisins communistes, a eu comme cause, la convoitise de chacun des deux pays de maîtriser et de contrôler une partie de delta de Mékong. Dans ce sens, Lacoste déclare « Le terme de géopolitique est sorti de l’ombre au moment de la guerre Vietnam-Cambodge, en 1979. Ce conflit stupéfait l’opinion publique qui ne comprend pas comment deux « frères communistes», solidaires contre l’impérialisme américain, pouvaient se faire la guerre uniquement pour un territoire (le delta du Mékong) »[82].
Yves Lacoste se différencie des autres écoles de la géopolitique et de ses prédécesseurs compatriotes français en la matière sur plusieurs points, la plus remarquable est que ce géopoliticien français contemporain ne tente guère d’impacter les décideurs politiques de son pays par ses idées, mais il se limite d’analyser les rivalités du pouvoir sur les différents territoires.
D’ailleurs, la géopolitique pour lui c’est « l’analyse des rivalités de pouvoirs sur des territoires »[83]. Un autre trait singularisant la géopolitique chez Lacoste concerne l’irruption de nouveaux problèmes géopolitiques qui s’inscrivent dans un cadre infra-étatique et au sein des Etats. Ainsi, des « territoires historiques ou symboliques » sont de plus en plus revendiqués par des groupes nationaux après la fin de la guerre froide. Pour lui, « l’effondrement des régimes communistes a révélé la multiplicité des revendications d’indépendance nationale et les contradictions territoriales »[84]. De surplus, il a pu ajouter une nouvelle notion, considérée comme élément crucial marquant sa vision afférente à la géopolitique ; il s’agit de la notion de la représentation. Il l’a définie ainsi « l’ensemble des idées et des perceptions collectives d’ordre politique, religieux ou autre qui anime les groupes sociaux et qui structure leur vision du monde »[85]. C’est donc une façon de voir, de concevoir et de juger les événements dans leur globalité, pour se positionner en termes de postures géopolitiques et pour s’aider à la prise de décisions. Toutes ces actions ont, par conséquent, un fondement qui intéresse les expressions idéologiques et religieuses toute en les dépassant pour s’inspirer des imaginaires collectifs qui sont l’essence de la notion de la représentation chez ce géo-politologue. Une telle représentation ne signifie pas seulement les enjeux territoriaux, objets de rivalités. Mais, elle désigne exactement les perceptions et les imaginaires cognitifs collectifs qui se forment cumulativement au fil du temps et qui peuvent agglomérer plusieurs aspects ; culturel, historique, ethnique et géographique chez les acteurs vis-à-vis de ces enjeux territoriaux. Autrement dit, Lacoste fait appel, en plus de la géographie, à l’histoire qui englobe ces aspects, pour identifier la géopolitique. Dans ce cas, Lacoste dit-il « Ces rivalités ne sont pas explicables seulement par l’enjeu que représente ce territoire mais aussi par les représentations des protagonistes. Pour cela, il faut faire appel à l’histoire »[86].
Bref, pour Lacoste, la géopolitique, quoi qu’il en soit les prétextes, ne doit pas être vue comme un outil au service du colonialisme, d’impérialisme et d’expansionnisme. Toutefois, cette discipline, pour lui, est et doit être une science et un savoir qui peut nous fournir des démarches analytiques, scientifiques et méthodiques. C’est ainsi qu’il voit la géopolitique « un savoir penser l’espace terrestre et les luttes qui s’y déroulent »[87].
Les contributions d’Yves Lacoste à la discipline géopolitique peuvent être résumées en quatre principaux apports :
- L’invention du principe de représentation comme paradigme d’analyse ;
- L’introduction du rôle des médias dans la perception d’une situation géopolitique par l’opinion public et, dans l’influence sur la prise des décisions politiques ;
- L’apport du concept de « géopolitique interne» comme une incarnation des problèmes nationaux et ceux des minorités[88].
- L’évocation de nouveaux acteurs, autres que l’Etat, dans la discipline géopolitique.
Conclusion
Après ce survol du passé et du présent de la géopolitique portant sur l’analyse de trois écoles ; allemande, anglo-saxonne et française, on a pu déduire que la géopolitique classique ou des fondateurs comprenant les deux premières écoles et l’un des premiers géopoliticiens de l’école française ( Paul Vidal de La Blache ), est longtemps outillée par les nazis, à tel point qu’elle a eu un flirt avec le nazisme, et a eu comme objectif principal la légitimation de l’expansionnisme allemand, surtout par l’invention du concept de Lebensraum ou l’espace vital Par Haushofer. Pour les anglo-saxons, la géopolitique a été manipulée pour avoir une hégémonie maritime dans un premier temps, puis pour s’assurer d’une domination amphibie avec Mackinder. S’agissant de l’école française, il s’est avéré qu’elle est scindée en deux courants. Le premier, qui constitue une sorte de prolongement des idées de deux écoles devancières en termes de l’impérialisme. Tandis que le deuxième courant dit « la géopolitique d’aujourd’hui », représenté par Yves Lacoste, a marqué un tournant décisif dans la conception française de la géopolitique qui s’éloigne et critique les visées coloniales et expansionnistes des Etats, et se rapproche des revendications des minorités, des groupes infra-étatiques, se dote d’un paradigme d’analyse obéissant aux représentations collectives des acteurs à l’égard des enjeux objets de conflictualité ou de rivalité, qui peuvent être dans un cadre du territoire local, étatique, interétatique, supra-étatique, régional, et global.
Les références bibliographiques :
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[1]Est un géographe, ethnographe et inventeur de la géopolitique allemande.
[2] Un des pionniers théoriciens allemands en géopolitique.
[3] Né en 1809 en Angleterre et mort en 1882. Sa théorie consiste à affirmer que tous les êtres vivants sont le résultat d’une longue série de modifications biologiques qu’on appelle évolution. Cette théorie qui se fonde surtout sur la lutte pour l’existence et la sélection naturelle, s’oppose clairement à celle de la création par Dieu.
[4] CHAUTARD, Sophie. L’indispensable de la géopolitique. Levallois-Perret : Studyrama, 2006, p.19.
[5] Un homme d’Etat allemand. Né le 20 avril 1889 en Autriche-Hongrie (Autriche actuellement). Fondateur du nazisme et chancelier de troisième Reich du 30 janvier 1933 au 30 avril 1945, date de son suicide.
[6] BONIFACE, Pascal.La géopolitique : 42 fiches thématiques et documentées pour comprendre l’actualité. Paris : Eyrolles, 3ème édition, 2016, p.13.
[7] KOURIMA, Abderrahim. L’école géopolitique allemande. Mémoire pour obtention de DESA en relations internationales. Université Hassan II, faculté de Droit, Casablanca. 2007, s.p. [En ligne]. https://www.memoireonline.com/01/09/1813/m_lecole-geopolitique-allemande4.html. [Consulté le 01 avril 2018].
[8] Est né le 27 août 1869 à Munich. L’un des fondateurs de la géopolitique allemande, et a crée en 1924 la revue dite « Zeitschrift für Geopolitik » ou « Journal de géopolitique » pour exposer et présenter la conception Allemagne de la géopolitique. S’est suicidé le 10 mars 1946.
[9] Parmi ses travaux publiés : « Weltpolitik Von heute » ou la politique mondiale d’aujourd’hui, « Grenzen in ihrer geographischen und politischen Bedeutung » (Les frontières dans leur signification géographique et politique), et « Japan baut sein Reich » (le Japon construit son empire).
[10] GEOLINKS. Karl Haushofer. [En ligne]. http://www.geolinks.fr/biographie/karl-haushofer/. (Le 13 novembre 2013). [Consulté le 04 avril 2018].
[11] Est un traité de paix signé le 28 juin 1919 entre l’Allemagne et les Alliés, et en vertu duquel les vainqueurs de 1ère guerre mondiale ont imposé des sanctions contre l’Allemagne vaincu (réparations économiques, restrictions de capacités militaires, et délaissement de ses colonies).
[12] MAOUNDONODJI, Gilbert. Les enjeux géopolitiques et géostrategiques de l’exploitation du pétrole au Tchad. Louvain-la-Neuve : Presses universitaires de Louvain, 2009, p.77.
[13] KOURIMA, Abderrahim. Op.cit., s.p. [En ligne].
[En ligne]. https://www.memoireonline.com/01/09/1813/m_lecole-geopolitique-allemande7.html. [Consulté le 05 avril 2018].
[14] PENDOUE, Materne. Op.cit., p.37.
[15] ROPIVIA, MARC-LOUIS. Géopolitique et géostratégie : L’Afrique noire et l’avènement de l’impérialisme tropical gondwanien. Cahiers de géographie du Québec, 30(79), 1986, p.8.
[16] KOURIMA, Abderrahim. Op. cit., [En ligne]. http://geopolitics.unblog.fr/2008/10/27/lecole-geopolitique-allemande/. (Le 27 octobre 2008). [Consulté le 26 mars 2018].
[17]Ibid., [En ligne]. https://www.memoireonline.com/01/09/1813/m_lecole-geopolitique-allemande6.html. [Consulté le 05 avril 2018].
[18] 24hgold. Hegel et la divinisation de l’État. [En ligne]. http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-hegel-et-la-divinisation-de-l-tat.aspx?contributor=Damien+Theillier&article=3853266430G10020. (26 mars 2012). [Consulté le 05 avril 2018].
[19] Pour qualifier la théorie évolutionniste chez Herber Spencer. Ce dernier est né le 27 avril 1820 et mort le 08 décembre 1903. Etait un philosophe et sociologue anglais.
[20] KOURIMA, Abderrahim. Op. cit., [En ligne]. https://www.memoireonline.com/01/09/1813/m_lecole-geopolitique-allemande6.html. [Consulté le 05 avril 2018].
[21] Régions frontalières de Tchèque, avec une superficie d’environ 28 500 Km². Le terme désigne les zones à majorité germanophones de Moravie et de Bohême.
[22] CHAUTARD, Sophie. Op. cit., p.23.
[23] GRAZIANI, Tiberio. « La leçon de Haushofer et la présence discrète de Giuseppe Tucci ». In : JIBRIL, Daoud (dir.), Eurasia. Vol.II, n°03. Comité de Kildare : Avatar éditions, juin 2008, p.12.
[24] Historien et stratège naval américain.
[25] Géographe américain.
[26] Géographe britannique.
[27] Est un britannique, né en 1954. Etait un explorateur, poète et député au parlement du Royaume d’Angleterre. Accusé de conspiration contre le roi et de trahison, fut décapité le 29 octobre 1618.
[28] TANGUY, Struye de Swielande. La politique étrangère américaine après la guerre froide et les défis asymétriques. Louvain-la-Neuve : Université́ catholique de Louvain, 2003, p.63.
[29] CHAUTARD, Sophie. Op. cit., p.24.
[30] Carl Philippe Gottieb Von Clausewitz, né le 01 juin 1780 en Prusse. Est un officier général et théoricien militaire. Auteur de divers écrits, le plus connu et le plus important c’est un ouvrage dit « de la guerre » dans lequel il traite la stratégie militaire.
[31] P. Clément. « La pensée géopolitique américaine », p.5. [En ligne].
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[32] CHAUTARD, Sophie. Géopolitique du XXe siècle et du nouvel ordre mondial. Levallois-Perret : Studyrama, 2005, p.107.
[33] Ensemble de principes définis par le président américain James Monroe lors de son message annuel au congrès en décembre 1823. Et notamment, résumés dans sa formule « Aux Européens le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde ».
[34] P. Clément. Loc. cit.
[35]Ibid., pp. 7-8.
[36] Isolationnisme est une doctrine de politique extérieure qui associe un non-interventionnisme militaire et un protectionnisme économique.
[37] BONIFACE, Pascale. La géopolitique : Les relations internationales, p.22. [En ligne]. https://www.eyrolles.com/Chapitres/9782212549928/Partie-1_Boniface.pdf. [Consulté le 11 avril 2018].
[38]Ibidem.
[39]عماد يوسف. تركيا: إستراتيجية طموحة وسياسة مقيدة. مقاربة جيوبوليتيكية. مركز الإمارات للدراسات والبحوث الإستراتيجية. أبو ظبي، الطبعة الأولى، 2015. ص.21.
[40]VENIER, Pascal. « La pensée géopolitique de Sir Halford Mackinder, l’apôtre de la puissance amphibie ». In : Hervé Coutau-Bégarie et Martin Motte (dir.), Approches de la géopolitique, de l’Antiquité à nos jours, Paris, Economica, 2013, p.484.
[41] PENDOUE, Materne. Op. cit., p.38.
[42] KOMMEN, Becirovic. BLED, Jean Paul. Les Balkans, la Guerre du Kosovo : comment en sortir?Forum tenu le 29 novembre 1999 au Palais du Luxembourg, au Sénat à Paris. Lausanne : Age d’Homme, 2000, p.141.
[43] VENIER, Pascal. Op. cit., p.491.
[44] MACKINDER, Halford John. « The Geographical Pivot of History ». The Geographical Journal, vol. 23, 1904, pp. 432-434.
[45] KOMMEN, Becirovic. Op. cit., p.140.
[46]Une vaste région désertique séparant la Chine et le Sud de la Mongolie.
[47] CHAUTARD, Sophie. Op. cit., p.26.
[48] KOMMEN, Becirovic. Loc. cit.
[49] C’est-à-dire l’Asie du Sud-ouest toute en englobant la Méditerranée, la mer Noire, la Caspienne, le golfe Persique et la mer Rouge.
[50] VENIER, Pascal. Op. cit., p.498.
[51]Ibid., pp.498-499.
[52]CHAUTARD, Sophie. Op. cit., p. 25.
[53] Ville la plus grande et plus peuplée de l’Ecosse.
[54]Ibid., pp.25-26, passim.
[55] MAOUNDONODJI, Gilbert. Op. cit., p.72.
[56]MACKINDER, Halford John. Op. cit., p.436.
[57] VENIER, Pascal. Op. cit., p.492.
[58] Né vers 1155/1162 dans la province de Khentii en Mongolie. Il est le fondateur de l’Empire mongol. Mort en août 1227.
[59] Est un empire turco-mongol (1243-1502) gouverné par une dynastie issue de Gengis Khan.
[60] Est un lac partagé entre le Kazakhstan au Nord et L’Ouzbékistan au Sud.
[61] La partie orientale des montagnes situées au centre de l’Europe, et qui sont partagées par l’Autriche, la Slovaquie, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, l’Ukraine, la Roumanie, et la Serbie.
[62] MACKINDER, Halford John. Op. cit., pp.430-431, passim.
[63]Ibid., p.436, passim.
[64] Institut européen des relations internationales. EURASIE : Enjeux globaux, géopolitique continentale eurasienne et géopolitique mondiale océanique. [En ligne].
http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2015/janvier/eurasie. (29 janvier 2015). [Consulté le 14 avril 2018].
[65] Cette théorie a connu des modifications, en particulier, en termes de redéfinition de Heatland par Mackinder dans son ouvrage « The Round World and the Winning of the Peace » ou « Le monde sphérique et la conquête de la paix », publié en 1943.
[66] Biélorussie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Moldavie et Ukraine.
[67]جاسم سلطان.الجغرافيا والحلم العربي القادم: جيوبوليتيك عندما تتحدث الجغرافيا. تمكين للأبحاث والنشر. بيروت، يناير 2013. ص.63.
[68]MACKINDER, Halford John. Democratic Ideals and Reality.London : Faber and Faber, 2014, p.194.
[69] Par son ouvrage « Democratic Ideals and Reality, a Study in the Politics of Reconstructionpuis », Mackinder entend par le Heartlandl’ensemble des bassins versants eurasiatiques qui ne s’écoulent que vers l’océan Arctique ou vers les mers d’Aral et de la Caspienne, autrement dit le Heartland est la mer Baltique, la partie navigable du Danube inférieur et moyen, la mer Noire, l’Asie mineure, l’Arménie, la Perse, le Tibet et la Mongolie.
[70]FREDERIC, Lasserre. La géopolitique matérialiste, ou la tentation modélisatrice. Survivance contemporaine de vieilles chimères. [En ligne]. https://journals.openedition.org/belgeo/15754#quotation. (31 décembre 2001). [Consulté le 18 avril 2018].
[71] Cette stratégie consiste à faire balkaniser l’Europe orientale, priver la Russie de son glacis baltique et ukrainien, empêcher la domination des mers intérieures (Mer Baltique et Mer Noire), contenir la Russie et le bolchévisme en Asie.
[72]Est un fleuve de Sibérie en Asie. A une longueur de 4 093 Kilomètres, et atteint 5 075 kilomètres si on considère que la Selenga est sa source.
[73] VENIER, Pascal. Op. cit., p.496, passim.
[74]عماد يوسف. تركيا: إستراتيجية طموحة وسياسة مقيدة. مقاربة جيوبوليتيكية. مركز الإمارات للدراسات والبحوث الإستراتيجية. أبو ظبي، 2015. ص.25.
[75] Géographe français.
[76] Ribeiro Orlando. « En relisant Vidal de la Blache ». In: Annales de Géographie, t. 77, n°424, 1968, p.644.
[77] Sanguin André-Louis. « Vidal de la Blache et la géographie politique (Vidal de la Blache and political geography) ». In: Bulletin de l’Association de géographes français, 65e année, 1988-4 (septembre), pp. 329-330.
[78] Même que le terme géopolitique n’est pas utilisé par Paul Vidal de la Blache, toutefois ses réflexions et ses idées s’inscrivent dans la discipline de la géopolitique.
[79]CHAUTARD, Sophie. Op. cit., p.29, passim.
[80] Ribeiro Orlando. Loc. cit.
[81] LACOSTE, Yves. Dictionnaire de géopolitique. Paris : Flammarion, 1995, p.14.
[82] Entretien réalisé par Carole Condat et Élisabeth Morlin. Yves Lacoste répond aux questions de Carole Condat et Élisabeth Morlin : Un géographe franc-tireur. [En ligne].
https://www.snes.edu/IMG/pdf/interview_yves_lacoste.pdf. [Consulté le 26 avril 2018].
[83]BONIFACE, Pascale. La géopolitique : Les relations internationales. Op. cit., p.12.
[84] LACOSTE, Yves. Op. cit., p.17.
[85] MAOUNDONODJI, Gilbert. Op. cit., p.135, passim.
[86] Entretien réalisée par Carole Condat et Élisabeth Morlin. Loc. cit.
[87]GHANI, Chebini. Essai d’analyse des enjeux géopolitiques des hydrocarbures. Mémoire pour l’obtention de Master en sciences économiques. Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Soutenue le 09 octobre 2016, p.25.
[88] MAOUNDONODJI, Gilbert. Op. cit., p.83, passim.