L’emprunt des termes arabes dans l’architecture de l’Andalousie
The borrowing of Arabic terms in the architecture of Andalusia
Prepared by the researcher – Chergui Senouci Mustapha / Maitre de recherche-A- Centre National des Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques-Tlemcen-
Democratic Arab Center
Journal of cultural linguistic and artistic studies : Sixteenth Issue – December 2020
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
Journal of cultural linguistic and artistic studies
Abstract
Like the other languages that exist in the world ,the castellan has to loan some terms from the arabic language in the field of architecture in times of the Muslim conquest of Andalusia because of the scientific and technical superiority of civilization to which the terms are taken. We notice that languages cannot satisfy to themselves as far as the lexis are concerned and cannot fulfill all the needs of communication . It is considered as an act that remedies to the shortage of the language receiver.
Consequently ,the usefulness of loan arabic words in andalusian architecture is a compulsory process as a means of enriching the spanish language.
INTRODUCTION
Les hommes de sciences ont consacré énormément de recherches quant à l’étude de l’Andalousie aussi bien sur le plan sociopolitique qu’anthropologique.
Les historiens se sont également intéressés à cette étude tout comme José Antonio dans son livre intitulé « Histoire de l’Andalousie » ; et dans lequel il trace les différentes étapes par lesquelles est passée l’Andalousie musulmane.
Il ne faudrait pas non plus oublier l’étude systématique qu’avait faite Dozy Reinhart dans son ouvrage « Histoire des musulmans d’Espagne ». Comme il serait utile de citer l’étude architecturale qu’avait entreprise Marianne Barrucand dans son ouvrage « L’architecture maure en Andalousie », où elle discute d’une architecture mauresque qui demeure issue d’un processus d’échanges et de fécondation commun de l’islam ; et c’est le cadre dans lequel arabes, berbères, espagnols sont venus se fondre pour produire d’inégalables chefs d’œuvres (Barricand, 1992: p8)
Néanmoins, rares sont les recherches qui décrivent la sociologie du langage de l’Andalousie au temps de la conquête musulmane ; et surtout quand il s’agit de l’emprunt lexical arabe conçu dans le domaine architectural. Peut-être que cela est dû au manque d’intérêt qu’on accorde à la situation linguistique dans la péninsule Ibérique de cette période ; et que la recherche empirique tend à s’épanouir uniquement dans le domaine historique.
Cependant, il ne fait aucun doute que la langue est le moyen incontesté, non seulement de communiquer et de faire passer son message, mais également un des facteurs infaillible contribuant à l’intégration sociale. Car la langue n’est pas une abstraction qui flotterait au-dessus du monde social ; mais elle est un élément émanant des rapports sociaux, puisqu’elle est considérée dans les sociétés humaines ce qui permet le mieux de lever voile à l’histoire et civilisation d’une nation ; car comme disait Claude Levi Strauss dans son ouvrage (tristes tropiques)« Qui dit homme dit langage et qui dit langage dit société ». (Lévi Strauss, 1958)
Les anthropologues affirment qu’il existe une étroite corrélation s’opérant entre culture et langue. On reconnait l’appartenance ethnique d’une personne grâce aux rites et aux coutumes dont elle fait usage au sein de la société à laquelle elle appartient.
L’importance de la recherche :
C’est la raison pour laquelle, il serait impératif d’accorder de l’intérêt aux expressions langagières utilisées par la société andalouse au temps de la conquête musulmane dans le simple dessein de percer les mystères d’une civilisation très riche par ses sciences et ses savoirs. Une civilisation où islam et chrétienté ont mené un combat sans merci ; mais où se sont aussi épanouies des formes de vie commune ; en dépit de toute l’intolérance dont étaient capables les deux religions et les deux cultures.
Problématique de la recherche :
Pareille à toutes les langues qui ont existé et qui continueront à exister dans le monde, le Castillan s’est trouvé devant la nécessité d’emprunter quelques lexiques à la langue arabe ; et ceci provient de la simple raison de la supériorité technique et scientifique de la civilisation à laquelle les mots sont empruntés.
En effet, les arabes, héritiers entre autres de la culture grecque ont été très en avance sur leur temps dans le domaine de la médecine, de l’alchimie, des mathématiques, de l’astronomie et de l’architecture.
Certes, ce sont les termes surtout techniques, ainsi que des appellations d’ordre architectural qui ont été emprunté à la langue arabe. Les questions qu’on se pose sont les suivantes :
1)Faut-il considérer les emprunts lexicaux arabes dans l’architecture andalouse comme des intrus dans la langue d’accueil, ou au contraire comme une contribution à l’enrichissement du vocabulaire du Castillan ?
2)Pourquoi les termes conçus dans l’architecture de l’Andalousie ont-ils trouvé une facilité à s’intégrer dans le parler quotidien des espagnols ?
–Certaines hypothèses à la problématique :
1) – L’instauration d’un territoire islamisé en Europe du sud s’étendit sur plusieurs siècles au terme de nombreux processus d’hybridation, d’acculturation et d’échanges. Ce qui permet à la langue arabe de contribuer à créer une identité arabo – musulmane commune aux habitants d’andalous.
2) – La présence musulmane dans le sud d’Espagne donna naissance à une culture originale faite d’héritages croisés issus du monde arabe, latin, juif et grec. L’assimilation de ces diverses influences à travers la langue arabe a concerné autant les biens matériels qu’immatériels.
3)-Une grande partie de transferts de savoir du monde musulman au monde latin s’est effectuée par le biais de la traduction de l’arabe, notamment par l’école de Tolde et les traducteurs juifs de la langue arabe.
Or, les termes arabes conçus dans l’architecture andalouse font partie de cet héritage culturel et civilisationnel.
Par conséquent, l’intégration de ces termes dans les interactions verbales de la société espagnole s’est faite machinalement sans qu’elle ne provoque un dysfonctionnement des actes du langage.
Katherine Kerbat Orechioni s’est exprimée à ce propos en affirmant que l’analyse des interactions verbales a pour objectif de décrire le fonctionnement de tous les types d’échanges communicatifs ( conversations familières , mais aussi interactions d’une société à l’autre selon l’âge , le sexe, l’origine raciale ou géographique des interlocuteurs (Orechioni : p209 ).
Histoire brève de l’Andalousie :
Le 28 Avril 711, Tarek Ibn Zay ad, chef militaire berbère au service de la dynastie Omeyade de Damas débarqua sur la péninsule Ibérique près d’un mont que les musulmans surnommèrent Djebel TAREK, (Gibraltar) en sa mémoire.
L’Espagne dominée alors par les Wisigoths (418 – 711) devint El Andalous ; et passa sous domination musulmane. L’Andalousie constitue une communauté autonome du sud de l’Espagne. Elle représente 17,3 % du territoire Espagnol. C’est donc la plus grande des régions espagnoles ; et sa superficie dépasse de beaucoup celle d’un pays comme la Belgique.
L’Andalousie compte huit provinces dont Almeria- Cadix –Cordoue – Grenade – Huelva –Jaén –Malaga et Séville.
L’Andalousie est le fruit d’interaction entre les différentes aires culturelles, musulmanes, juives et chrétiennes.
– Quelques Spécificités de l’architecture Andalouse :
L’invasion musulmane du Sud espagnol qui aurait pu sembler à priori une véritable tragédie, est en réalité le point de départ d’une époque de splendeur qui permet aux andalous, confrontés à l’idéal esthétique de l’islam de manifester toute leur créativité. Les huit siècles d’occupation musulmane en territoire espagnol vont imprégner l’art andalou qui va s’attribuer quelques caractéristiques que l’on ne retrouve chez nul autre courant artistique de l’époque.
L’austérité des murs extérieurs des palais andalous dissimule des intérieurs d’une beauté insoupçonnée. Les Hispano – musulmans ont parvenu à associer art et technologie d’une infinie variété. L’architecture islamique d’Espagne présente des traits spécifiques qui en feraient tout au cours de son existence une entité particulière dans l’ensemble de l’architecture andalouse.
C’est surtout son isolement géographique qui explique son évolution stylistique particulière ; ainsi que son profond conservatisme (Barricand, 1992 : p217).
–L’emprunt linguistique :
La sociolinguistique a énormément contribué au développement des sciences humaines tant son champ d’investigation est très vaste et exhaustif.
Certes, l’emprunt lexical fait partie des investigations de la sociolinguistique et dont la tâche est de décrire le langage tel qu’il est véhiculé dans son contexte social sans y prêter ni moral ni jugement. Les linguistes ont défini l’emprunt lexical par rapport à l’intégration à une langue un élément d’une langue étrangère que la langue dite langue d’accueil n’a pas en sa possession (Mounin, 2004 : p124).
On observe souvent que les langues ne peuvent se suffire à elles même ; c’est-à-dire qu’elles ne peuvent répondre à tous les besoins de communication de leurs utilisateurs sans emprunter à d’autres langues. Rien de plus normal en effet que des mots d’une langue contribuant à dynamiser un autre système linguistique en s’ajoutant aux ressources de celui-ci.
Les raisons de l’emprunt sont étroitement liées aux conditions sociohistoriques particulièrement politiques et économiques qui ont un grand impact sur l’évolution des situations sociolinguistiques.
– Quelques emprunts lexicaux arabes utilisés dans l’architecture de l’Andalousie :
[ Alhambra] : C’est l’un des monuments majeurs de l’architecture islamique et l’acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen (Larousse, 1997 : p44).C’est un ensemble fortifié qui se situe sur une colline dominant la ville de Grenade, et qui fait face au quartier populaire et pittoresque de l’albacin. L’étymologie du mot vient de la langue Arabe Al Qualat Hamra (القلعة الحمراء) C’est-à-dire le château rouge. Comme il peut s’agir également d’une référence à Mohamed Ben Nazar dit El Ahmar « Le rouge », à cause de sa barbe rousse ; le fondateur de la dynastie des Nasrides qui débarqua à Grenade en 1238 et fonda le site. Du point de vue de la linguistique, le mot « Alhambra » a subi une altération sur le plan phonologique. Son intégration dans la langue espagnole s’est faite en fonction des normes de la sociolinguistique, en prenant en considération la syntaxe, la morphologie et la phonétique.
Compte tenu de la difficulté de son articulation , les espagnols avaient opté à modifier la prononciation du mot en substituant la prononciation du mot (Alhambra) par (Alhambra) en faisant introduire la lettre “B“ au milieu du mot afin de lui donner une connotation espagnole . L’altération phonétique des mots est un phénomène assez courant dans le processus de l’emprunt lexical ; tout comme le terme (Sefr) qui veut dire en arabe zéro et qui se prononce chiffre en Français pour désigner un nombre.
[MEDINA Al Zahra] ou médina Azahara , en arabe
(مدينة الزهراء),était une cité califate construite à partir de 936 par les Omeyyades d’Espagne sous le règne de Abderrahmane III en l’honneur de sa favorite femme prénommée la resplendissante . Cette ancienne ville –palais est aujourd’hui un site archéologique en cours de restauration. Il n’en reste qu’un vaste espace de ruines.
La Médina Alzahra était embellie par un immense jardin et vergers, fruit de connaissances en botanique et système d’irrigation des arabes à cette époque. Les trois terrasses marquent l’organisation du palais. La terrasse la plus élevée est réservée au palais califat.
Les deux autres accueillent les bâtimentsadministratifs, la mosquée, le souk, les habitations des commerçants et fonctionnaires. Sur le plan de la linguistique, l’appellation[MedinaAlzahra] est composée de deux noms qui sont Medina et qui veut dire en langue arabe la vieille ville par opposition aux quartiers neufs et modernes .
[Alzahra] c’est un prénom qu’on donne aux filles arabes. Il est précédé par le suffixe [AL] qui dans la grammaire arabe rempli le rôle de l’article défini.
[ Alcazaba] : Dans le dictionnaire espagnol arabe le mot signifie la citadelle, en arabe القلعة (Estefan & Michel, 2006 : p44). C’est l’un des lieux d’intérêt historique et culturel. Après l’Alhambra de Grenade, c’est la plus grande construction arabe d’Espagne. Située sur une colline, les vues qu’elle offre sur la ville sont inégalables . C’est le premier calife du royaume d’El Andalous Abderrahman III qui en commanda la construction en 935. Dotée de murailles et de tours, mais aussi de squares, de maisons et d’une mosquée.l’Alcazaba est destinée à accueillir le siège du gouvernement local ; de la ville d’Almeria. En 955 , Almeria gagne le Statut de médinagrâce au calife Abderrahmane III .
[ ALCAZAR] : C’est un palais fortifié construit à Séville par les omeyyades à partir de 844 sous le règne de l’Emir Abd al Rahman II . Ce monument fut modifié à plusieurs reprises durant la période musulmane notamment sous Almohades.
Au cours de l’histoire, sa construction a fait appel à différents styles architecturaux du style Islamique de ses premiers habitants au style Mudéjar et gothique de l’époque postérieure à la conquête de la ville par les troupes castillanes. Au cours de nombreuses rénovations, sont venus s’ajouter des éléments de style renaissance et baroque. L’enceinte a habituellement été utilisée comme logement des membres de la famille royale. En 1972 l’ensemble fut déclaré patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Dans le dictionnaire espagnol arabe, Alcazar signifie palais royal (Estefan & Michel, 2006 : p44).
Sur le plan de la phonétique, la prononciation du mot [Al Cazar ] a subi une altération dans le parler des espagnols étant donné le phonème « Kaf »« ق »n’existe pas dans leur prononciation. Or, il a été substitué par son équivalent le phonème (K), qui donne la prononciation Alcazar au lieu(القصر).
[Arabesque] : c’est un ornement végétal que l’on pourrait qualifier de « naturalisme abstrait » . L’arabesque est donc un dessein « géométrique » dont l’élément principal est une tige qui s’étend comme une ligne continue, en faisant des tours , sans limite de croissance tout au long de la superficie du dessein . La symétrie et l’harmonie avec lesquelles l’arabesque couvre les espaces sont basées sur les mêmes principes mathématiques qui régissent la décoration géométrique pure. Les formes végétales se dénaturalisent et se convertissent en un motif répétitif et géométrique. L’arabesque est l’un des motifs les plus fréquents observés sur le stuc qui décorent les mûrs de l’Alhambra (Andalousie Culture et histoire, 2012).
[Azulejos] : un( azulejos) en Espagne désigne un carreau ou un ensemble de carreaux de faïence décorés. Ces carreaux sont ornés de motifs géométriques ou de représentations figuratives. On les trouve aussi bien à l’intérieur de bâtiments qu’en revêtement extérieur de façade. Cet art s’est développé en Andalousie au XV siècle. Il reste de nos jours un art vivant dans le sud de l’Espagne. Le mot (azulejos) vient de l’arabe (alzulaydj), petite pierre polie et non de la langue Espagnol Azulqui veut dire bleu.
La technique de l’email opaque est apportée par les Maures lors de leur occupation et se développe dans toute la péninsule Ibérique. D’abord non figurative (interdiction de figuration dans les préceptes de l’Islam Sunnite. La décoration d’Azulejos ne le devient qu’à partir de l’époque de renaissance.
[Mudéjar] : Les mudéjars désignent dans l’Espagne du moyen âge les musulmans établis dans les royaumes chrétiens. Les Mudéjars sont supposés se convertir à la fois catholique ou bien quitter la péninsule par un décret du 14/02/1502.
C’est un style architectural artistique qui s’est développé principalement dans la péninsule Ibérique à la fin du XIX siècle. Il fait partie des courants orientalistes de l’architecture historiciste dominant en Europe à cette époque. Le nouveau style fut utilisé particulièrement pour des constructions à caractère festif et de loisir, comme des salons de fumeurs, de casinos, des gares ou des saunas.
Ce style architectural est exclusivement né en Andalousie de la rencontre des arts islamiques et chrétiens. Il se caracterise par des éléments architecturaux combinant mosaïques et motifs géométriques, plafonds en bois coupoles hémisphériques (Espagnol, 2008 : p 1245).
Sur le plan structural, la dernière syllabe du mot (Mudejan) (n) a été substituée par la syllabe (n) dans les interactions quotidiennes des espagnols.
Dans le dictionnaire El Manhal , le mot Mudejar est dérivé du verbe arabe (Mudejan) مدجن)) qui veut dire domestiqué ou apprivoisé . Cela a un lien très étroit avec le sens du mot domestiqué qui fait référence aux musulmans ayant adopté le mode de vie des espagnols en vue de leur intégration dans la société chrétienne.
[Mozarabes] Les Mozarabes désignent dans l’Espagne du moyen âge les chrétiens établis en Andalousie et qui conservent leur religion sous la domination musulmane mais adoptèrent la langue et les coutumes arabes. C’est un nom donné aux chrétiens d’Espagne soumis aux musulmans (Dictionnaire de référence de la langue Française-le nouveau petit Littré-, 2009 : p1316).
Arabophones pour la plupart, ils sont à l’origine de nombreux échanges culturels entre le monde Islamique et la chrétienté. Ils inventent un art original, l’art mozarabe mêlé d’influences wisigothiques.
Du point de vue de la linguistique le terme (mozarabe) est dérivé de la langue classique Arabe du mot arabe (عرب) ; et à quoi on avait ajouté le préfixe (most) en se conformant aux normes de la morphologie . Ce qui a donné le mot (mostarabe) (مستعرب) par analogie aux mots:/يجيب /مستجيب/ ;/yajib/ /mostajib/ /يفيد/ (مستفيد) youfid /motafid/ .
Cependant, compte tenu de la rapidité de la prononciation du mot , les Espagnols ont eu tendances à recourir à l’élision qui consiste à aspirer le phonème (T) (ت) se trouvant après le phonème (S) .
[ Minaret] Le mot minaret est généralement tiré de l’arabe (Manara) : Phare et tour vigie pourvu d’un feu allumé qui servait à diriger les bateaux à bon port . Comme on peut le constater, le terme s’appliqua tout d’abord aux tours à feu avant de désigner les tours près des mosquées. C’est l’élément architectural des mosquées dépassant dans sa hauteur tous les autres bâtiments qui consiste à fournir un point élevé au muezzin pour les cinq appels à la prière (Kouici : p48).
[ Muqarnas] [مقرنص] : Il s’agit d’éléments décoratifs en forme de nids d’abeilles et réalisés en stuc peint, en bois , en pierre ou en brique . Ces éléments dégringolent en stalactites ou garnissent les voûtes ou l’intérieur des coupoles de nombreux bâtiments musulmans. Ils servent aussi d’éléments de transition harmonieuse entre la partie haute d’une salle carrée, et une coupole qui la surmonte.
Du point de vue de la linguistique , le terme Muqarnas tire son étymologie probablement de l’arabe du mot (Karsan) (قرصان) qui signifie « Pirates des mers » (Issam :p 922)(13).Cependant , le mot a subi ce qu’on appelle en linguistique une interversion . C’est à l’action d’altérer l’ordre des lettres dans le mot. On a changé la dernière syllabe (san) par (nas) ; et ensuite on y ajouté le préfixe (M) . Ce qui a donné le mot Muqarnas .
En raison de la coquète des musulmans de la péninsule Ibérique , certains citoyens espagnols étaient contre cette intrusion qu’ils avaient considéré comme une invasion, surtout les mozarabes qui avaient gardé leur foi chrétienne ; mais qui connaissaient parfaitement la langue arabe .
Peut être que la rancune qu’ils avaient envers les musulmans les avaient incité à associer cet œuvre architectural avec des actes de pirateries.
[Zakhrafat] Le mot est d’origine arabe qui veut dire ornement,embellissement ou décor . Il ne fait aucun doute que les musulmans d’Espagne étaient réputés dans l’art de la décoration architecturale, surtout quand il s’agit des mosquées. Chose qui avait permis une facilité au mot de s’introduire dans le registre lexical espagnol et Français vu son originalité à l’époque de la conquête musulmane de la péninsule Ibérique. Le mot (Zakhrafa) figure dans le Saint Coran dans sourate« Zoukhrouf » ” سورة لزخرف “, les versets 34 et 35. الآية 34 و 35.
وَلِبُيُوتِهِمْ أَبْوَابًا وَسُرُرًا عَلَيْهَا يَتَّكِئُونَ وَزُخْرُفًا وَإِن كُلُّ ذَٰلِكَ لَمَّا مَتَاعُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَالْآخِرَةُ عِندَ رَبِّكَ لِلْمُتَّقِينَ . (سورة لزخرف الآية 34 و 35)
[Bâb El Mardum] : C’est une mosquée transformée en église.(Bâb El Mardum) par référence au nom de la porte de ville proche ; toujours visible aujourd’hui. Une inscription sur la façade principale permet de doter la construction de la mosquée en 390هجرية hégire soit en 999 après J.C. Elle est aussi appelée mosquée du Cristo de la Luz . C’est sans doute l’un des bâtiments les plus intéressants de la ville de Tolede et un exceptionnel témoignage d’art califate.
Le plan de la mosquée est assez original, un carrée de 8 mètres de coté, surmonté de neuf petites coupoles soutenues par des arcs reposant quatre piliers centraux. L’ouverture sur la rue se fait par trois arcatures outrepassées, et on note la présence d’un décors de motifs géométriques et d’inscriptions coufiques réalisés en jouant sur la disposition des briques.
Conclusion :
Nul ne peut nier l’héritage culturel qu’avait légué la civilisation arabo-musulmane à l’occident ; et notamment en Andalousie surtout quand il s’agit de l’art architectural. En effet, l’architecture arabo musulmane en Andalousie est d’une telle splendeur qu’elle fut indéniablement partie du patrimoine culturel de l’humanité. Certes, ce savoir architectural avait donné l’émergence d’une fusion entre les deux cultures musulmane et occidentale.
Par conséquent , l’emprunt des termes arabes dans le registre lexical espagnol d’architecture avait subi ce que les linguistes appellent , le processus d’intégration dans la langue d’accueil ; et ce n’est d’ailleurs ni une intrusion , ni une aberration ; mais au contraire c’est considéré comme un comblement lexical des lacunes que peut avoir la langue d’accueil dans certains domaines , puisque les langues ne peuvent suffire à elles-mêmes ; car les mots sont étroitement liés à un système de représentation de chaque groupe ou communauté . Et ce système de représentation se traduit par une culture, des croyances et une manière collective de vivre . L’utilité de l’emprunt de mots arabes dans le domaine architectural, en tant que processus d’enrichissement de la langue espagnol reste toutefois incontestable.
Bibliographie
- القرآن الكريم ( رواية حفص عن عاصم)
- Dictionnaire de référence de la langue Française-le nouveau petit Littré-. (2009). Paris: editions Garnier.
– Andalousie Culture et histoire. (2012, mai 17). Consulté le 10 10, 2020, sur Thèmes et motifs décoratifs de l’ architecture musulmane (3/3): http://andalousie-culture-histoire.com/themes-et-motifs-decoratifs-de-larchitecture-musulmane-33/
– Barricand, M. (1992). Architecture maure en Andalousie. cologne: Taschen.
– Espagnol, L. (2008). Dictionnaire espagnol Français .
– Estefan, C., & Michel, I. (2006). El Diccionario espagnol arabe. Beirut: Dar el kotob El ilmiah.
– Issam, N. (s.d.). Dictionnaire Nour Eddine ELwassit Arabe-arabe. Beirut: dar El kotob El ilmiah.
– Kouici, l. (s.d.). Léxique d’architecture. Alger: office des publications universitaires .
– Larousse. (1997). Dictionnaire Encyclopédique illustré .
– Lévi Strauss, C. (1958). Tristes tropiques. éditions Plan.
– Mounin, G. (2004). Dictionnaire de la linguistique. Quange.
– Orechioni , K. (s.d.). les cultures de conservation. Sciences Humaines, pp. 200-219.