Le commerce électronique en Algérie : état des lieux, freins et perspectives
Prepared by the researcher : Souad yahiaoui
Democratic Arab Center
Journal of Political Science and Law : Twenty-ninth issue – September 2021
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
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Résumé
Le commerce électronique est aujourd’hui un vecteur de croissance, de productivité́ et de compétitivité́, aussi bien pour l’entreprise, les particuliers, ainsi que pour le pays lui même dans son fonctionnement général. Son caractère transversal impacte tous les secteurs de l’économie. Il est également à l’origine des nouveaux secteurs innovants, et s’est transformé en un mode d’échange avec des implications qui vont bien plus loin que les technologies de l’information et de la communication telles qu’on les connaît. Notre article vise à analyser l’état des lieux de 2021, les opportunités de développement du commerce électronique en Algérie ainsi que les freins de ce dernier. Les résultats de cette recherche montrent que les obstacles du commerce électronique en Algérie sont essentiellement dus à la faiblesse du paiement électronique et des ressources humains qualifier dans ce domaine.
Introduction
Les technologies de l’information et de communications ne cessent de se développer et connaissent une grande mutation. Grâce à elles, à l’Internet, aux solutions de paiement dématérialisées, et ainsi qu’aux nouveaux outils de communication, les actes de commerce se sont grandement modifiés et ont provoqué un réel changement dans la plupart des secteurs commerciaux, économiques, et industriels.
De nos jours, le e-commerce est devenu un mode d’échange incontestable, il est élargi rapidement et prirent place en premier lieu dans le quotidien des nations développées où il a connu une expansion très rapide et un succès grandissant (Etats-Unis et l’Europe), par la suite dans les pays émergents (Chine). Dans les pays en voie de développement, le e-commerce accumule un grand retard.
En 2020, un contexte sanitaire est apparu en Chine a progressivement ralenti puis a bloqué des pans entiers de l’économie mondiale, plongeant le monde dans sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale (Banque Mondiale, 2020) . En effet, tous les secteurs ont été impactés d’où la nécessite de chercher de nouvelles méthodes pour travailler, gérer, s’informer, se former et un recours sans précédent pour les nouvelles technologies d’information et de communication.
Le lancement de la 3G et la 4G a renforcé l’opportunité de développement de e-commerce en Algérie. En effet une grande masse de la population en Algérie est désormais connectée à l’Internet, malgré les contraintes liées aux moyens de payement électroniques.
Dans ce contexte, nous allons présenter d’abord, un panorama conceptuel sur le commerce électronique : concepts et définitions, formes et acteurs. Ensuite, le passage de l’Algérie au e-commerce et nous allons présenter quelques indicateurs et chiffres relatifs au commerce électronique en Algérie : e-paiement, les plateformes numériques, les sites de vente en ligne et une analyse SWOT de ce secteur. Enfin, l’E-commerce en Algérie pendant la pandémie de COVID-19 et les freins de développement du e-commerce en Algérie. Nous allons essayer de répondre à la problématique suivante :
Quel est l’état des lieux du commerce électronique en Algérie et quel est l’impact de la pandémie de COVID-19 sur cette nouvelle forme du commerce ?
D’autres questions se posent aussi : qu’est-ce que commerce électronique ? Quels sont ses formes et ses outils ? Ya-t-il de législation qui protège le consommateur algérien à l’ère du numérique ? Quels sont les obstacles et les solutions possibles pour développer ce secteur vital ?
Pour répondre à nos questionnements, nous avons effectué une collecte de données issues principalement du GIE Monétique , site Builtwith et Wazar IT . Ensuite, nous avons analysé les données relatives au commerce électronique en Algérie (rapport et textes de loi) pour effectuer une analyse SWOT du e-commerce en Algérie.
1. E-Commerce : cadre conceptuel
Cette première section présentera les concepts et les définitions relatives au commerce électronique.
1.1. Que recouvre la notion de commerce électronique ?
Le commerce électronique peut-être entendu dans une acception étroite ou large. Selon l’UE : Lors de l’initiative européenne sur le commerce électronique en Europe, nous avons pu retenir la définition suivante : « l’e-commerce, fondé sur le traitement électronique et la transmission de données, couvre des activités très diverses qui vont du commerce de biens et services à la livraison en ligne d’informations numériques, en passant par les transferts électroniques de fonds, les activités boursières, les marchés publics… Ces activités peuvent être classées en deux catégories :
Le commerce électronique direct : c’est-à-dire la commande en ligne, le paiement et la, livraison de biens et services intangibles comme les logiciels informatiques ou les produits de loisirs.
Le commerce électronique indirect : c’est-à-dire la commande en ligne de biens tangibles devant encore être livrés physiquement et qui dépend donc de facteurs externes tels que l’efficacité du système de transport et services postaux.
Nous étudierons donc le commerce électronique et son environnement en considérant qu’il s’agit de « la vente, l’achat ou la fourniture de biens ou de services entièrement ou partiellement réalisés au moyen d’un réseau électronique et notamment l’Internet (e-commerce stricto sensu) et les réseaux mobiles (m-commerce) » Ducass et Kwadjane (2015). Le commerce électronique est en théorie aussi vaste que le commerce lui-même.
Nous distinguerons les types de commerce électronique en fonction des différents paramètres suivants :
En fonction du type de réseau d’accès : on parlera de m-commerce, lorsqu’il est effectué à partir d’un terminal mobile et d’e-commerce stricto sensu lorsqu’il est effectué à partir d’un accès fixe à Internet. E-commerce englobe les deux conceptions : en fonction de la nature des fournisseurs et des acheteurs, nous retiendrons la segmentation anglo-saxonne classique (B2B, B2C, C2C, etc.) ;
En fonction du caractère géographique : il est possible de distinguer le commerce de proximité, le commerce national et le commerce transfrontières ;
En fonction de la nature des biens échangés : il est possible de segmenter le commerce des biens de consommation, des biens intermédiaires et des services, en essayant d’identifier les services numériques et/ou les services rendus possibles par le numérique ;
En fonction des étapes d’achat ou de vente : nous distinguerons la recherche de clients, de fournisseurs et de produits sur Internet ou sur de places de marchés virtuelles, la commande électronique, la livraison, le paiement et le service après-vente.
1.2. E-business, E-commerce et E-marketing
Le premier concept implique l’utilisation d’intranets, d’extranets et d’Internet pour mener des activités commerciales. Ensuite, l’e-commerce implique l’achat et la vente de processus supportés par des moyens électroniques. Tandis que le marketing digital vise à se rapprocher des clients et mieux les comprendre, ajouter de la valeur au produit et élargir les canaux de distribution via le marketing par recherche, les médias sociaux et le marketing par affiliation font tous partie des stratégies. Par conséquent, le commerce électronique et le marketing électronique iront toujours de pair, car c’est finalement le marketing qui est nécessaire pour réaliser une vente. Le marketing digital fait partie intégrante du commerce électronique ou des affaires électroniques.
Figure 01 : Schéma récapitulatif de l’évolution du e-commerce
Source : https://www.researchgate.net/figure/Differences-between-Internet-marketing-EMarketing-E-commerce-and-E-Business-Source_fig1_228552449.
1.3. Les différents types d’échanges du commerce électronique
Le e-commerce est devenu un complémentaire à part entière du commerce physique et même un de ses leviers de croissance. Le commerce électronique intervient dans les divers domaines suivants :
• Echange électronique entre les entreprises privées et le gouvernement : B to G (Business to Gouvernement). ,,
• Le commerce électronique inter-entreprises : B to B (Business to Business) : Echanges économiques entre entreprises. Cette expression, qui désigne la vente par une entreprise de produits et de services à une autre entreprise et non au grand public, existait avant l’avènement du commerce électronique, mais c’est avec l’apparition de ce dernier qu’elle a largement été diffusée.
• L’échange électronique entre une entreprise et ses employés : B to E (Business to Employée) : a également émergé pour désigner la relation entre une entreprise et ses employés, notamment via la mise à disposition de formulaires à leur attention pour la gestion de leur carrière, de leurs congés ou de leur relation avec le comité d’entreprise.
• Le commerce électronique à destination des particuliers : B to C (Business to Customer). C’est ce type de commerce dont on parle le plus dans la presse. En réalité, le taux d’utilisation reste très faible, même si les potentiels de croissance sont très élevés. Les freins sont encore nombreux, en particulier vis-à-vis des moyens de paiement à distance.de musique, développement photo, service en ligne (banque, assurance, presse…)… etc.
• Le commerce électronique entre particuliers : C to C (Customer to Customer)
1.4. Les acteurs du commerce électronique
On peut distinguer deux catégories d’acteurs intervenant dans le processus du E-Commerce : le Front Office (parfois appelé également Front line) désigne la partie frontale de l’entreprise, visible par la clientèle. Le Back Office à l’inverse désigne l’ensemble des parties du système d’information auxquelles l’utilisateur final n’a pas accès. Il s’agit donc de tous les processus internes à l’entreprise (production, logistique, stocks, vente, comptabilité, gestion des ressources humaines…). La figure suivante énumère les principaux acteurs d’e-commerce :
Figure 02 Les acteurs du commerce électronique
Source : Ducass et Kwadjane (2015), P 15.
Les pouvoirs publics jouent ici le rôle de régulateurs du secteur, outre le fait qu’ils puissent être aussi acheteurs, dans le cadre des marchés publics, ou vendeurs, dans le cas de télé procédures, par exemple, la délivrance des visas en ligne.
Les producteurs, fournisseurs de produits ou de services, faisant l’objet du commerce électronique.
Les E.-commerçants. Ce sont eux les vendeurs de produits et de services en ligne. Ils jouent un rôle d’ensembliers pour coordonner les diverses fonctions classiques du métier de distributeur. Ils assurent la gestion au quotidien d’une plateforme de vente en ligne, avec sa mise à jour en temps réel, son exploitation, sa maintenance, sa cybersécurité, tout en assurant le support au client, les remboursements et les retours, etc.
Les fournisseurs de services de paiement. Il s’agit, en premier lieu, des banques qui délivrent et gère les chèques, les virements, les prélèvements, les cartes bancaires de crédit, de débit et prépayées, les opérations bancaires commandées à distance, les distributeurs automatiques bancaires (DAB) et les guichets automatiques bancaires (GAB). Il s’agit, en second lieu, des autres opérateurs de services de paiement qui n’ont en général pas le droit de créer de la monnaie, comme les opérateurs de services de télécommunication, qui offrent des possibilités de paiement par mobile. Et, en troisième lieu, les commerçants classiques qui peuvent être inclus dans des circuits du commerce électronique en délivrant les produits contre paiements en espèce à réception de la marchandise au vu de sa conformité à la commande.
Les distributeurs et les acteurs de la chaîne logistique incluant les transporteurs, les transitaires et les points de distribution terminaux qui, en l’absence d’une livraison au client final, réceptionnent les marchandises et les remettent aux clients. Les acheteurs qui sont en fait les clients et peuvent être des administrations (B2G), des entreprises (B2B) ou des particuliers (B2C et C2C).
2. Le passage de l’Algérie au commerce électronique
Le lancement du e-commerce nécessite une bonne plateforme en matière des TIC et le service internet. Ce type de commerce suppose l’échange entre deux parties par l’usage d’un réseau (Makhloufi et Belattaf, 2013).
Le marché mondial du e-commerce est en pleine croissance. D’après les chiffres de rapport Européen du e-commerce 2017, le nombre d’entreprises vendant en ligne augmente de 67 % jusqu’à 77 % entre 2010 et 2016 et Amazon reste le leader mondial avec 38.5 milliards d’euros en 2015.
Les statistiques de rapport mondial sur le commerce électronique B To C 2016, montrent que le chiffre d’affaire du e-commerce B to C est de 2,671 milliards de dollars en 2016 réparti comme suit : Asie-Pacifique avec 1,057 milliard de dollars, Amérique du Nord 644 milliards de dollars, l’Europe 505 milliards, Amérique latine 33 milliards de dollars, la région MENA 26 milliards de dollars, autres 8 milliards de dollars.
Loin de ce qui se fait à l’étranger, le e-commerce en Algérie « se fait timide » par rapport aux pays voisins. Le constat de terrain montre que le marché actuel se trouve dans un état embryonnaire malgré les initiatives d’un certain nombre d’entreprises. Selon les propos de M. Ould Moussa, « il est encore trop tôt pour parler de l’évolution de ce marché puisqu’il n’est pas encore sérieusement lancé ».
Des statistiques claires n’existent pas encore sur les différentes entreprises lancées sur le marché électronique. Selon les différentes observations, nous assisterons à l’apparition d’un nombre de sites tels que le site le plus populaire OUEDKNISS.com qui offre la possibilité de faire la publicité gratuite sur le site, le site eshop.com, Guiddini.com ; DZbomm.com qui représente des vendeurs des produits d’habillement, électro ménagé, etc. Dans l’absence de généralisation des moyens d’E.-paiement, ces sites recourent aux alternatives telles que le paiement par CCP ou le payement à la livraison.
2.1. La législation en matière du e-commerce et de la protection du consommateur en Algérie
Le commerce sur internet est conditionné à l’élaboration des règles précises sur la sécurisation des échanges et la protection des données personnelles.
Avant 2018, la législation algérienne ne couvre pas toutes les questions concernant l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et la communication et les transactions commerciales en ligne. Les lois existantes sont comme suit :
Décret exécutif n° 98-257 du 25 août 1998 définissant les conditions et les modalités de la mise en place et d’exploitation des services internet. Il a été le premier texte qui a fait allusion à la protection des données personnelles dans son article 14 « garder confidentielle, toute information relative à la vie privée de ses abonnés et n’en faire part que dans les cas prévus par la loi ».
La loi du 5 août 2000 fixant les règles relatives à la poste et les télécommunications ne définissait pas les données personnelles et ne prévoyait pas d’autorité de contrôle.
Loi 04/15 du 10 novembre 2004 relative aux atteintes aux systèmes de traitement automatisé de données (STAD) : Ce n’est qu’en 2004 qu’un texte va sanctionner l’intrusion dans les systèmes de traitement automatisé de données. L’Algérie a lancé un programme de lutte contre la cybercriminalité et l’installation du centre de lutte et de prévention contre ce type de crime.
La Loi n° 09-04 du 14 Chaâbane 1430 correspondant au 5 août 2009 portant règles particulières relatives à la prévention et à la lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication comprend dix-neuf articles répartis en six chapitres : Le premier définit l’objet, la terminologie et les champs d’application de la loi. Le deuxième chapitre porte sur la surveillance des communications électroniques à des fins préventives en tenant compte de la gravité des menaces potentielles et de l’importance des intérêts à protéger. Le troisième chapitre de cette loi comprend les règles de procédure relatives à la perquisition et à la saisie en matière d’infractions liées aux technologies de l’information et de la communication. Quant au quatrième chapitre, il fixe les obligations qui incombent aux opérateurs en communication électronique, notamment l’obligation de conserver les données relatives au trafic qui est à même de faciliter la détection des infractions et l’identification de leurs auteurs. Dans son cinquième chapitre, la loi prévoit la création d’un organe national ayant une fonction de coordination en matière de prévention et de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication. Dynamisation et de coordination des opérations de prévention contre la cybercriminalité, outre l’assistance des autorités judiciaires et des services de police judiciaires dans les enquêtes qu’elles effectuent au sujet de ces crimes. Le sixième chapitre, définit les modalités de coopération et l’entraide judiciaire internationale des infractions liées aux technologies de l’information et de la communication notamment quand ces infractions sont commises par des ressortissants et ayant pour cible les intérêts stratégiques de l’Algérie.
La loi n° 15-04 du 1er février 2015 relative à la signature et à la certification électroniques. Fixe les règles générales relatives à la signature et à la certification électroniques. Le ministère de la Justice assure la certification de la signature électronique au moyen d’un dispositif électronique sécurisé qui garantit l’identité de la personne à qui elle est destinée, la date de validité de la signature et les informations qui y sont contenues.
La loi n° 18-05 du 10 mai 2018 : Elle vise à entraîner le consommateur algérien à faire des transactions commerciales sur internet et par voie de conséquence à remplir des formulaires des fournisseurs ou différentes entreprises commerciales, de leurs données personnelles. Ces données personnelles sont des informations dont il faut prendre soin y compris dans un cadre commercial. Il convient aujourd’hui d’éduquer le consommateur algérien dans l’utilisation de ces nouvelles transactions commerciales dans le e-commerce. Cette loi comprend 50 articles répartis en 4 titres : Titre I : dispositions générales, titre II des pratiques du commerce électronique, titre III des infractions et des sanctions, titre IV dispositions transitoires et finales. La présente loi définit les conditions d’exercice de commerce électronique, les obligations relatives à l’e-consommateur ainsi que l’e-fournisseur. Elle cadre la publicité en ligne, d’ailleurs dans l’article 31, elle interdit « la prospection directe par envoi de messages par voie de communication électronique utilisant sous quelque forme que se soit, les coordonnées d’une personne physique qui n’a pas exprimé son consentement préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen ». Toute infraction à la disposition de cet article est punie d’une amende de 50 000 DA jusqu’à 500 000 DA.
Différents organismes sont chargés de la réglementation numérique et du système d’informations tels que le Ministère chargé de la poste et des technologies de l’information et de la communication, l’Autorité de régulation de la poste et des Télécommunications (ARPT), Centre de Recherche sur l’Information scientifique et Technique (CERIST).
3. E-commerce en Algérie perçu en 2021 : quelques indicateurs et chiffres
Cette section présentera quelques indicateurs illustrant l’état des lieux du e-commerce en Algérie à savoir : l’E.-paiement, les plateformes du e-commerce et les meilleurs sites en Algérie.
3.1. L’E-paiement en Algérie en 2021 : état des lieux
Le concept de paiement électronique a été utilisé explicitement dans la législation algérienne dans l’ordre 05-06 du 23 août 2005 relatif à la lutte contre le trafic (Djemmouai fatma Azouhra , 2017).
Les 16 banques participantes au réseau de paiement électronique sous le projet SATIM (Société d’Automatisation des Transactions interbancaires et de Monétique) sont31 : BNA, BDL, CPA, BADR, BEA, CNEP-Banque, CNMA, Algérie-Poste, Société Générale Algérie, BNP Paribas El Djazair, Housing bank, AGB, Natixis, Fransa-Banque, HSBC, ABC, ARAB Bank.
Le SATIM vise le développement des moyens de paiement électronique et accompagne les banques dans la mise en place des produits monétiques. Au cours de l’année 2015, le nombre de cartes bancaires remises par les banques atteignant 1 142 145 cartes fin 2015, contre 1 125 689 cartes fin décembre 2014. Cependant le nombre de cartes ayant effectués au moins une transaction ne représente que 287 051 en 2014. En effet, 1250 distributeurs automatiques de billets sont installés sur le territoire national (selon les données de SATIM ).
Dans le communiqué de l’association des banques et établissements financiers (ABEF) le service du paiement électronique (e-paiement) est officiellement lancé mardi 4 octobre 201632 par le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, du ministre délégué chargé de l’économie numérique et de la modernisation des systèmes financiers, Mouatassem Boudiaf, et du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal.
Le paiement électronique a connu une évolution importante en Algérie,
602 047 de transactions ont été effectuées en 2020 à travers les deux cartes de paiement CIB et EDAHABIA par rapport 7 366 effectuées en 2016 selon les chiffres déclarés par GIE Monétique .
L’algérien peut payer en ligne auprès Air Algérie, Société des eaux et d’assainissement d’Alger (SEAAL), et Amana Assurances , CNRC et acheter des unités téléphoniques des opérateurs téléphoniques : Mobilis, Djezzy, Oeredoo, en attendant que ce moyen se généralise auprès d’autres organismes.
Depuis le mois d’octobre 2016, le paiement sur Internet par carte CIB est officiellement opérationnel en Algérie. Dans une première phase, le service a été ouvert pour les grands facturiers : les sociétés de distribution d’eau, d’énergie (gaz et électricité), de téléphonie fixe et mobile, les compagnies d’assurances et de transport aérien et quelques administrations. Aujourd’hui, 71 Web marchands sont adhérents au système de paiement sur internet par carte interbancaire.
A ce jour le nombre global des transactions, depuis le lancement du paiement sur internet, est de 5 088 632.
Tableau 01 : la répartition par secteur d’activité des transactions de paiement sur internet avant le COVID-19 (2016-2019)
Année Télécom Transport Assurance Electricité Service Administratif Prestataires de Service Vente de biens Nombre Total des TRX Montant
2016 6 536 388 51 391 0 0 0 7 366 15 009 842,02 DZD
2017 87 286 5 677 2 467 12 414 0 0 0 107 844 267 993 423,40 DZD
2018 138 495 871 6 439 29 722 1 455 0 0 176 982 332 592 583,28 DZD
2019 141 552 6 292 8 342 38 806 2 432 5 056 0 202 480 503 870 361,61 DZD
Source : https://giemonetique.dz/qui-sommes-nous/activite-paiement-sur-internet/
Le tableau montre l’augmentation des transactions effectuées via Internet en nombre et en valeur depuis 2016 jusqu’à 2019. Cette croissance est due au développement de technologie d’information et de communication, la généralisation d’utilisation d’internet et le développement de la 4G en Algérie. Nous remarquons que le secteur des télécommunications a la grande part des transactions électroniques, car la plupart de celles-ci s’effectuent via les opérateurs télécoms.
Tableau 02 : la répartition par secteur d’activité des transactions de paiement sur internet pendant le COVID-19 et durant l’année 2020 :
Année 2020 Télécom Transport Assurance Electricité Service Administratif Prestataires de Service Vente de biens Nombre Total des TRX Montant
janv -20 102 047 2 831 1 230 2 260 48 3 742 9 112 167 191 820 684,25 DZD
Fév -20 93 441 3 111 1 262 2 875 51 4 645 0 105 385 180 287 439,76 DZD
Mars -20 170 041 1 813 737 5 487 274 8 545 0 186 897 261 823 601,74 DZD
Avril -20 314 385 60 247 2 609 42 6 597 5 323 945 324 872 004,49 DZD
Mai -20 406 677 178 58 4 101 49 9 871 23 420 957 428 631 852,78 DZD
Juin -20 335 424 585 63 13 591 90 28 914 16 378 683 493 795 529,69 DZD
juil -20 414 774 49 358 8 776 86 20 350 15 444 408 533 338 443,23 DZD
Août -20 411 463 89 87 9 130 176 24 304 32 445 281 512 636 249,00 DZD
Sept-20 423 235 62 73 8 511 1 471 24 114 31 457 497 579 448 168,16 DZD
Oct -20 457 180 44 502 7 451 287 20 619 33 486 116 544 290 201,63 DZD
Nov -20 526 282 18 99 10 176 65 429 28 543 30 630 577 693 185 435,69 DZD
Déc -20 555 335 2 510 129 10 709 392 32 931 41 602 047 679 597 464,38 DZD
Source : https://giemonetique.dz/qui-sommes-nous/activite-paiement-sur-internet/
Le nombre de transactions de paiement électronique en Algérie est en permanente croissance depuis janvier 2020 pour tous les secteurs d’activité notamment celui des télécommunications. A l’arrivée de la crise sanitaire, les chiffres sont devenus spectaculaires passé de 186 897 transactions en mars à 323 945 transactions en avril et depuis le nombre d’opérations de paiement électronique ne cesse d’augmenter. La figure suivante présentera la répartition par secteur d’activité des transactions de paiement sur internet en Algérie entre 2019 et 2020.
Figure 03 : la répartition par secteur d’activité des transactions de paiement sur internet en Algérie entre 2019 et 2020 :
Source : réalisé par nous même à partir des données du : https://giemonetique.dz/qui-sommes-nous/activite-paiement-sur-internet/
Le nombre des transactions ont augmenté entre 2019 et 2020 et les télécommunications contribuent avec les chiffres importants, car ces transactions sont effectuées essentiellement via les opérateurs de télécommunications.
3.2. Les plateformes E-Commerces les plus utilisées en Algérie
D’après le site Builtwith voici le classement des plateformes e-commerces utilisées en Algérie : il existe 599 Détections de commerce électronique en Algérie. Dernière mise à jour le 19 mars 2021. L’Algérie connaît un engouement croissant pour l’e-commerce ces dernières années, mais quelles plateformes utilisent les sites e-commerces algériens ?
Tableau 03 : Le top des plateformes numériques du e-commerce utilisées en Algérie 2021
Technologie Websites %
WooCommerce Checkout
155
25.88
PrestaShop
29
4.84
Magento
10
1.67
OpenCart
9
1.5
VirtueMart
9
1.5
Dokan Marketplace
9
1.5
J2Store
4
0.67
Wix Stores
3
0.5
Ecwid
3
0.5
SAP Commerce Cloud
3
0.5
HikaShop
2
0.33
CS Cart
2
0.33
Shopify
1
0.17
Squarespace Add to Cart
1
0.17
Zen Cart
1
0.17
OpenMage
1
0.17
Drupal Commerce
1
0.17
Spree
1
0.17
Amplience
1
0.17
Kibo
1
0.17
E-Ticaret
1
0.17
Source : statistiques fournies par le site : https://trends.builtwith.com/shop/country/Algeria. consulter le 21/03/2021 à 19.30 h
3.3. Les meilleurs sites de vente en ligne en Algérie (édition 2021)
Avec la croissance fulgurante des services Internet et notamment des sites e-commerce, la plupart des acheteurs vont souvent faire du shopping en ligne pour plusieurs raisons (commodité, meilleurs prix, choix varié…). Commençant donc par comprendre l’E-commerce et l’achat sur internet.
Selon Wazar IT , le Top 10 du commerce de détail B2C en Algérie avec le paiement électronique via carte CIB, à l’exclusion des hôtels, des services financiers est le suivant (selon le nombre de visites) :
1 – AirAlgerie.dz
2 – Mobilis.dz
3 -AlgerieTelecom.dz
4 – Ooredoo.dz
5 – L’Algérienne des eaux : ade.dz
6 – Sonalgaz
7 -Tassilialgerie.com
8 – Seaal.dz
9 – Axa.dz
10- Jumia.dz
3.4. L’analyse SWOT du e-commerce en Algérie
L’analyse SWOT permet d’identifier et d’analyser les points de force et de faiblesse, les opportunités ainsi que les menaces qui entourent le e-commerce en Algérie. Selon le tableau suivant :
Tableau 04 : analyse SWOT du e-commerce en Algérie
Force :
– Le commerce électronique ouvre un nouveau canal de distribution, un circuit complémentaire pour certains produits et services de l’entreprise ;
-Il permet d’envisager des politiques de fidélisation du client à travers une offre des services et à forte valeur ajoutée ;
– Il repousse à la fois les limites de la concurrence et active une nouvelle réflexion stratégique ;
– Les boutiques en ligne sont très faciles à créer et génèrent des revenus considérables pour un coût peu élevé, car elles sont ouvertes 24h/24, tous les jours de la semaine et ne nécessitent pas la présence d’une personne physique pour servir les clients ;
– Il donne la possibilité de réduire les publicités des produits en éliminant la marge laissée habituellement aux intermédiaires ;
– Le e-commerce est un extraordinaire outil de présélection ;
-L’e-commerce réduit la charge des infrastructures pour conduire des entreprises comme des configurations de magasins physiques et augmente le montant des fonds disponibles pour des investissements rentables. Faiblesse :
– Les freins au développement de l’e-commerce sont encore nombreux en Algérie, notamment à cause d’un taux de pénétration encore relativement faible et d’une résistance psychologique ;
-La dématérialisation du contact humain pose également problème chez le vendeur et notamment lors des ventes de particulier à particulier ;
-La vente ne peut se faire que par confiance mutuelle ;
-La résistance des intermédiaires qui craignent une destruction d’emplois assortis d’une perte de chiffre d’affaire ;
– Vol et piratage d’information ;
-Les moyens du paiement électroniques manquants.
Opportunités :
– Le commerce électronique donne aux clients la possibilité de rechercher des moins chers et des produits de qualité ;
– Le commerce électronique permet un à effectuer des transactions d’affaires 24 heures sur 24heures et même les jours fériés et week-end ;
– Pas de pression de la part des vendeurs ;
-Un gain de temps et une offre actualisée (on trouve les derniers modèles) ;
– La livraison à domicile demeure parmi les facteurs de motivation les plus appréciés par les cyberacheteurs particulièrement quand l’achat porte sur un produit relativement lourd et pour lequel la livraison représente une véritable valeur ajoutée ;
-Connaître de nouveaux produits ;
-Passé des commandes spécifiques. Menaces :
-Le manque de contact avec le produit ;
– Les détails et tarifs de livraison ;
-Les difficultés de recours en cas d’ennui ;
-Le manque de relations humaines et le sentiment d’isolement devant sa machine ;
-Les consommateurs estiment que leurs informations sont très confidentielles et ne se sont pas suffisamment rassurés pour les communiquer sur un site internet ;
-Les internautes sont très prudents face à l’achat en ligne et développent une grande réticence à son égard, surtout quand ils ne savent pas à qui ils ont à faire.
Source : réaliser par les auteurs à partir plusieurs sources.
4. L’impact du COVID-19 sur l’économie nationale et le e-commerce : Freins du développement du e-commerce en Algérie
Nous n’avons pas des chiffres officiels sur l’impact économique de la pandémie, mais les résultats des enquêtes réalisées par des organisations patronales indépendantes sont préoccupants, voire alarmants. Plusieurs secteurs d’activités sont en crise par exemple les transports, particulièrement aériens, le BTP, l’hôtellerie, la restauration et même les hydrocarbures.
Le rapport de Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance de l’économie algérienne à -5,5 % cette année, contre -5,2 % anticipée en juin. Les données du FMI montrent également que les indicateurs de l’Algérie sont au rouge pour les deux années suivantes. Les prix à la consommation devront passer de 2 % en 2019 à 3,5 % en 2020 et à 3,8 % en 2021, selon les prévisions du Fonds.
Ce déficit devrait se creuser l’année prochaine en s’établissant à 16,6 % du PIB en 2021. La hausse du déficit du compte courant et la balance des paiements devraient aggraver la baisse des réserves de change du pays sur la période 2020-2021.
Le marché de e-commerce en Algérie. Ce secteur souffre toujours des obstacles tels que la méfiance du consommateur algérien et le manque d’habitude d’achat en ligne malgré que ce dernier puisse être une alternative ou bien un complément à l’achat traditionnel surtout dans cette crise sanitaire mondiale ou la majorité des magasins sont fermés suite au confinement exigé par l’Etat algérien.
Le consommateur algérien n’achète pas en ligne pour différentes raisons : premièrement, la méfiance vis-à-vis de vendeur en ligne (la peur de l’arnaque et de fraude). Deuxièmement, la non-généralisation des moyens d’E.-paiement qui reste un obstacle majeur de e-commerce en Algérie. Troisièmement, la culture de l’internaute algérien (résistance aux changements technologique et complication d’utilisation de certains outils d’achat en ligne. Enfin, les sites de vente en ligne n’ont pas fait suffisamment d’effort pour tranquilliser l’algérien pour acheter en ligne en termes de communication.
Le commerce électronique souffre de plusieurs problèmes qui ne cessent de freiner toute évolution de ce secteur. On peut énumérer quelques entraves dans ce qui suit :
• L’abandon du programme national de la relance de l’économie numérique : La première fois que le gouvernement algérien a voulu établir une véritable politique nationale pour l’économie numérique date de 2008. Le ministère chargé des TIC a pris l’initiative d’organiser plusieurs rencontres avec les différents acteurs concernés en 2008 pour l’élaboration de ce programme intitulé « e-Algérie 2013 ». Deux ans après la date initialement prévue pour la mise en œuvre totale de toutes les actions du programme, aucun bilan officiel n’est publié.
• Une infrastructure faible pour le développement de l’économie numérique et de l’activité économique en général, est dépendant des infrastructures : de communication, de calcul, de stockage… On ne peut pas parler d’une économie numérique si on n’a pas une infrastructure numérique forte.
• Le numérique dans la législation algérienne : un grand vide juridique. L’Algérie connaît un grand vide juridique dans le domaine des TIC, la législation algérienne n’a pas encore mis à jour ses lois pour réglementer les nouvelles activités liées au numérique.
• Absence d’une réelle volonté politique : En surfant sur les différentes actions que mènent les ministères et organismes étatiques dans le domaine des TIC, on s’aperçoit vite du manque d’implication de l’Etat et de l’absence d’une réelle volonté politique de développer l’économie numérique en Algérie.
• Un système bancaire peu développé : Le système bancaire algérien est l’un des secteurs les plus menacés par l’informel. Ainsi que le fonctionnement des établissements financiers algériens se fait d’une manière tout à fait traditionnelle.
• Le paiement électronique reste une tâche très difficile.
Conclusion
Le pays n’est pas doté d’une stratégie claire et cohérente pour qu’une véritable société de l’information et qu’une économie numérique puisse se matérialisé (Mokrane Ali, 2015). L’Algérie semble subir les TIC comme un effet de mode plutôt que les adoptés comme un facteur déterminant offrant des opportunités de développement fort intéressant tel que e-learning et e-business (Chettab Nadia, 2004).
L’obstacle majeur aussi qui frein le développement du e-commerce en Algérie est le manque de confiance exprimé par les utilisateurs, en effet plusieurs facteurs demeurent essentiels pour aider le commerce électronique à prendre son envol et rattraper son retard et qui s’avèrent indispensables : comme les lois de protections des consommateurs, une culture encore discrète, la certification du site hébergeur, une labellisation des cartes de paiement, un comportement récalcitrant et la mentalité réservée des Algériens accentue cette confiance en vers les entreprises marchandes, or que cette confiance est considérée comme un élément fondateur de tout échange, un facteur essentiel pour la stabilité et la continuité des relations entre les parties dans le temps.
Pour finir on peut dire que le consommateur algérien est pour le développement du e-commerce en Algérie malgré toutes les entraves que rencontre le marché digital en termes d’infrastructure, de lois et de moyens notamment à cause des mesures du confinement sanitaire imposées par la pandémie de COVID-19, le taux d’implication des clients dans ce mode de commerce est prometteur, mais cela reste toujours peu par rapport l’ensemble des transactions que les Algériens effectuent dans leur vie quotidienne.
Dans ce contexte, les lois doivent évoluer afin de suivre le rythme de développement des entreprises algériennes et encourager la création des startups, et ainsi mieux protéger le consommateur algérien.
Bibliographie
1. Ducass, A., & Kwadjane, J. M. (2015). Le commerce électronique en Afrique : Maroc, Tunisie, Sénégal et Côte d’Ivoire. Recommandations pour l’intégration régionale en Méditerranée.
2. Chettab Nadia (2004), « Les NTIC et les pays du Maghreb : Effet de mode ou opportunités de rattrapage économique ? » colloque de la francophonie Ouagadougou, Burkina Faso.
3. Makhloufi A. et Belattaf M. (2013), « le commerce électronique en Algérie, vers de nouvelles formes de vente en ligne », actes du colloque international la société de l’information, perspective européenne et globale : la société de l’information et ses enjeux pour les entreprises, université de Katowice, Pologne
4. Mokrane Ali (2015), « Diffusion et impact des technologies de l’information et de la communication au sein des entreprises, éléments d’analyse empirique du cas de l’industrie manufacturières algériennes », thèse de doctorat en science économique université de Tizi Ouzou.
5. 2009 / 2014 : – للفترة دراسة تحلیلیة في الجزائر الفجوة الرقمیة واقع» , (2017) جموعي فاطمة الزهراء
1 العدد رقم: 04 ، المجلد اقتصادية دراسات مجلة
6. Rapport de FMI mois octobre 2020 « les perspectives économiques mondiales »
7. Rapport Européen du e-commerce 2017
8. Rapport mondial sur le commerce électronique B To C 2016,
9. Décret exécutif n°98-257 du 25 août 1998
10. Loi 04/15 du 10 novembre 2004
11. La Loi n° 09-04 du 14 Chaâbane 1430 correspondant au 5 août 2009 portant règles particulières relatives à la prévention et à la lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication
12. La loi n°15-04 du 1er février 2015 relative à la signature et à la certification électronique.
13. La loi n°18-05 du 10 mai 2018
Site web
1. https://www.banquemondiale.org/fr/about/annual-report
2. https://www.researchgate.net/figure/Differences-between-Internet-marketing-EMarketing-E-commerce-and-E-Business-Source_fig1_228552449.
3. https://giemonetique.dz/
4. https://builtwith.com/
5. http://www.wazar-it.com/about.html
6. https://www.satim.dz/services-cib/interoperabilite.html