Research studies

Les PME au service du développement territorial

 

Prepared by the researcher  

Btissam BENFEDDOUL : Docteur au sein du laboratoire de recherche « territoire, environnement et développement », faculté des sciences humaines et sociales Ibn Tofail, Kénitra. Maroc

Rabia BOUANANI : Docteur, au sein du laboratoire de recherche « territoire, environnement et développement », faculté des sciences humaines et sociales Ibn Tofail, Kénitra. Maroc

Archane OUHAMOU : Docteur au sein du laboratoire de recherche « territoire, environnement et développement », faculté des sciences humaines et sociales Ibn Tofail, Kénitra, Maroc

Democratic Arab Center

International Journal of Economic Studies : Twenty-Second Issue – August 2022

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2569-7366
International Journal of Economic Studies

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Résumé

Dans cet article, on va mettre tout d’abord le point, dans le premier axe, sur le cadre théorique, concernant le développement territorial comme étant une finalité primordiale pour le pays. Ensuite, on va identifier les caractéristiques des PME et leurs places dans l’économie marocaine. Ensuite, on va expliquer le lien théorique entre les PME et le développement territorial, cet article a été l’occasion de traiter l’ambiguïté qui porte sur la définition du développement territorial et sur les PME. En effet, il a été constaté qu’il n’existe pas de définition unique et universelle des PME et elles sont classées selon un certain nombre de critère dont le critère quantitatif (nombre d’effectif des employés) qu’un ensemble des organismes l’utilisent. Par ailleurs, le développement durable se traduit par une responsabilité sociale et sociétale pour les PME. Elles contribuent à la protection et la durabilité de l’environnement notamment à travers la formulation d’une politique de recyclage des déchets par les PME.

Introduction

Le développement territorial fait indéniablement partie de l’environnement conceptuel de la période actuelle. L’accélération des mutations économiques et la persistance de la crise, ont amené les acteurs du développement à privilégier la dimension territoriale qui, au-delà des aspects économiques, prend en considération les autres dimensions sociales ; culturelles, historiques, environnementales, etc. La réémergence du territoire dans la société moderne ne constitue pas un retour vers le territoire traditionnel, mais une reconstruction du territoire dans un environnement différent.

A ce propos dans cet article on va essayer d’aborder dans un premier temps l’ambiguïté portante sur le concept du développement territorial. Ensuite, on va présenter une vision générale sur les acteurs du développement territorial. Comme c’est indiqué dans notre objet de recherche, on va se focaliser sur les PME, c’est pour cela une description et présentation sur les PME et leur part dans l’économie marocaine s’avère importante d’être traité dans ce chapitre. Dans une vision de la géo-économie, la notion de la proximité dans ses différents volets sera traitée dans notre chapitre pour bien illustrer le rôle de la proximité pour les PME dans le cadre d’un développement territorial. Enfin, dans le cadre d’une posture et approche de durabilité, on a traité la dimension de la RSE est ses aspects.

I – Le développement territorial une notion ambiguë

Il faut reconnaître que le terme de développement territorial est ambigu. Il l’est certainement à la fois par le corpus théorique dont il s’inspire et par l’incertaine délimitation du champ territorial qu’il concerne. Le développement territorial semble reposer davantage sur « une idéologie d’action, sur un engagement, que sur une véritable théorie »[1]. Il doit, donc, se découvrir une méthodologie et une doctrine. Mais cette insuffisance des fondements théoriques ne doit pas masquer l’importance des contributions actuelles des praticiens du développement territorial et le renouveau du débat sur le concept en question.cf

1-Territoire

La notion du « territoire » se diffère d’une discipline à une autre. Pour les géographes[2] JEAN, Yves, 2002, le territoire peut être défini comme : « un espace géographique qui regroupe en tout un système de production complexe, composé de plusieurs composantes interalliées qui travaillent ensemble »[3].  Selon les économistes, la notion du territoire renvoie aux ressources, à des entités socioculturelles et à la localisation sectorielle et industrielle.

Dans sa globalité, le territoire relie les sommets d’un triangle formé par l’espace (métrique et sensible), le système écologique et la société (culture, économie, politique…) dont la dimension politique est fort marquée par les différents acteurs : Etat, collectivités, société civile, entreprises…(Piot J.Y2003).

Figure 1: Les composantes du territoire

Source : Piot[4] J.Y2003

Le territoire s’appuie sur un espace socio-spatiale, appropriée et organisée qui relie la solidarité à la compétition. Il regroupe un ensemble des acteurs[5] de différentes disciplines, qui exercent un pouvoir, expriment des conflits, assurent une identité, altérité et la sociabilité. Cependant, le territoire est considéré comme un lieu de proximité de vie, de travail, de parenté et d’appartenance. Il est donc un facteur clé de développement.

Le territoire paraît, donc, offrir dans la société actuelle un niveau d’analyse sans doute plus porteur et plus pertinent qu’autrefois. Néanmoins, malgré la diversité d’approches théoriques que retient le concept, il y règne toujours une certaine ambiguïté.

2-Le territoire comme un indicateur au service du développement

Dans le temps et l’espace, le territoire est devenu un indicateur qui contribue à la production comme les autres indicateurs classique dans la théorie économique à savoir le capital, le travail et la terre.

Cependant, un ensemble de territoire ont la valeur et la qualité d’élaborer une masse de richesses et de potentialités qui permettent d’attirer les entreprises, les porteurs et promoteurs des projets, voire l’innovation à travers les économies d’échelle et d’agglomération toute en se basant sur la compétitivité et le label territorial.

Bien évidemment, le label d’un territoire reflète l’image favorable du territoire créée lors de l’histoire, d’une manière spontanée et avec les liens et les actions organisées et programmées par une communication territoriale afin de créer une image attrayante. Les mesures territoriales prises à travers les indicateurs et les ressources constituent une source de synergie et une variable de développement.

3-Développement territorial un concept multidimensionnel

Le développement territorial et les pratiques qui s’y rattachent ne renvoient pas forcément à des discours et des actions homogènes. Les stratégies de développement territorial peuvent varier d’un territoire à un autre et la signification du concept de développement territorial diffère selon les pays et les continents. Ainsi, aux Etats-Unis, et plus spécialement en Californie, on parle de développement agro-politain ou autocentré ; Friedman et Douglass le définissent comme l’expression de solidarité communaliste et d’autosatisfaction des besoins. Il s’agit d’une approche communautaire où la participation des citoyens est encouragée et souhaitée. La même notion est reprise en grande Bretagne et en Italie.

En France, les premières expériences de développement territorial apparaissent comme « une réaction collective et locale d’une population devant une menace de disparition ou de marginalisation ». Le concept du développement territorial enrichit celui du développement local par l’intégration de trois dimensions essentielles : les territoires, leurs parties prenantes et les usages des sols. Cependant, le développement local est défini comme « l’expression de la solidarité locale créatrice de nouvelles relations sociales qui manifeste la volonté des habitants d’une microrégion de valoriser les richesses locales, ce qui est créateur du développement économique » (Guigou J.L, 1983)[6].

Au Maroc, avec le mouvement de la décentralisation, amorcé au début des années 70 (deuxième loi organique de 1976), la notion du développement territorial a eu une notoriété certaine parmi les formules du renouveau de l’analyse et des stratégies de développement. Le développement territorial est défini comme une stratégie s’insérant dans le processus de développement conçu dans le cadre de son espace territorial autonomisé. Cette notion est prise en charge et pilotée par les acteurs locaux capables d’intégrer dans leurs projets les spécificités régionales et locales (économique, sociale et culturelle) ; les collectivités territoriales se sont vues, attribuer une place de choix en la matière.

L’ensemble de ces approches théoriques, nées des concepts d’autonomie, de territorialisation et de solidarité, allaient progressivement réduire l’ambiguïté que renferme la notion de développement territorial, en mettant la lumière sur l’une de ses principales composantes à savoir la composante socio-économique. De ce fait, le développement territorial se manifeste par une volonté affirmée de la population d’un territoire de mettre en valeur ses ressources humaines et matérielles pour entamer des initiatives et des actions collectives de développement. C’est une démarche qui pousse chaque citoyen d’un territoire, à devenir un acteur engagé de son avenir.

Le développement territorial peut être envisagé également sous l’angle de relations socio-territoriales. En ce sens, cette relation favorise le lien entre les acteurs dès lors qu’une politique se met en place. Ce développement de territoire repose sur un processus de mobilisation des acteurs, de participation des habitants et d’une recherche d’effets de synergie, où l’identification du territoire fait référence à l’identité commune d’une région, d’une localité, d’un pays contenant une relative unité économique, géographique et historique.

Le développement endogène se rapporte à des actions territoriales conscientes qui impactent sur la vision ou la localisation d’activités économiques. Par action consciente, il désigne d’entendre tout acte volontaire et réfléchi d’acteurs régionaux ou locaux. L’expansion économique du territoire s’en ressent. Elle peut toutefois également être influencée par des phénomènes involontaires à savoir « l’émulation » entre acteurs ou « l’atmosphère », résultant entre autres d’un état d’esprit commun aux acteurs.

Cependant, se met en œuvre la notion d’un développement susceptible de mieux répondre aux besoins exprimés des populations en recourant au mécanisme de concertation et de participation. De nouvelles attitudes se développent : une volonté affirmée d’ancrage territorial pour des individus désireux de mettre en valeur leurs ressources humaines, physiques, financières…, une mobilisation et une solidarisation des énergies. Si le développement territorial endogène présente une réponse opportune à la crise, il suppose la mise en œuvre d’une stratégie et d’un projet global accentués sur les potentialités territoriales et qui associent les aspects économiques, sociaux et culturels de développement. Comme l’adjectif « territoire » l’indique, la source du développement est avant tout vise à chercher à l’intérieur du territoire, et non par l’intervention d’un échelon de planification plus élevé, « Miser avant tout sur ses propres forces ! », voilà le leitmotiv entendu dans toutes les économies de marché.

Certes, on est face à un fait unanimement admis, à savoir : toute approche de développement territorial se veut globale c’est-à-dire qu’elle ne concerne pas que la dimension économique. Au contraire, ce sont les interfaces multiples entre le social, le culturel, le territorial, l’institutionnel, etc., qui fondent le développement territorial. C’est une catégorie « synthèse » où convergent de nombreuses analyses.

II- Les caractéristiques du développement territorial

Dans le cadre de ressortir la notion de développement territorial de son ambiguïté, nous nous référons au caractéristiques identifiées par X.Greffe. En effet, pour cet auteur, le développement territorial s’appuie sur une conception spatiale incertaine, sur une autonomie et sur une autosuffisance. Jouant le rôle entraînant des pouvoirs publics, le développement territorial peut être caractérisé par l’innovation, une synergie et une symbiose

1-Une réalité spatiale incertaine

« Le développement territorial met en cause des territoires dont la taille et le statut ne sont pas forcément en adéquation. …. Les espaces du développement local sont a priori des espaces vécus auxquels on associe une identité culturelle et une originalité économique.

…..Ils peuvent, ou non, correspondre à des entités publiques existantes et sont des espaces où la contiguïté peut déboucher sur la solidarité. Cette nécessité de porter une attention aux territoires locaux a souvent été critiquée par ceux qui y voient alternativement une apologie irraisonnée du petit, une mode intellectuelle, un espace où des catégories sociales, ayant perdu l’influence qu’elles avaient au niveau central, recouvreraient des miettes du pouvoir, une volonté de quadriller de manière plus fine l’espace social, etc. interprétations d’ailleurs contradictoires les unes des autres »[7] .

Les territoires du local se présentent souvent comme des entités spatiales aux contours plutôt indéfinis (pays, bassin d’emploi, bassin de vie) et qui ne correspondent pas facilement aux circonstances de base (communes, cantons, départements, régions).

2-Autonomie, Auto-suffisante, Auto-organisation

Le développement territorial s’appuie sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs, aux différents niveaux administratifs et territoriaux, pour inciter à des initiatives variées. La mono-activité est trop vulnérable aux risques de perte de débouchés externes, pour fonder un développement territorial soutenu et entretenu. D’où apparaît la nécessité d’assurer une certaine auto-suffisante et de disposer d’une capacité d’auto-organisation afin de générer un développement territorial durable.

3-Information, Invention, Innovation

Le développement territorial se manifeste aussi à travers la formation et l’information des acteurs sur les potentialités du territoire, ainsi que sur ses capacités d’invention et d’innovation dans de nouveaux débouchés, etc.  Les économistes européens, rassemblés dans le GREMI groupe de recherches économiques sur les milieux innovateurs), ont montré que l’incubation des interventions et les processus de diffusion de l’innovation s’opèrent initialement dans les milieux locaux relativement confirmés.

Cependant, si l’innovation se déroule dans ces milieux locaux clos dans les pays développés, c’est parce qu’ils se caractérisent par un éco-développement, qui leur permet de fonctionner d’une manière adéquate.  Ce qui n’est pas le cas pour les pays en développement où les milieux locaux sont sous-équipés et marginalisés.

4-Symbole, Synergie, Solidarité

Les stratégies du développement territorial proviennent aussi d’une synergie entre divers acteurs publics et privés, entre secteurs d’activités complémentaires, entre administrations de différents échelons territoriaux, etc. Cette association est favorisée par la proximité qui permet de développer des comportements coopératifs et de réaliser des intérêts mutuels et réciproques afin de partager une culture commune. Le climat de confiance qui résulte de cette proximité contribue à renforcer les liens d’entraide et de solidarité entre les différents acteurs du développement territorial.

Le développement territorial est créateur de richesse économique mais surtout des liens solidaires. Au-delà de son rôle dans la création d’emploi et la lutte contre l’exclusion, le développement territorial se présente comme un processus de diversification et d’enrichissement, qui met à profit les relations de proximité et de solidarité tissées par les populations d’un territoire.

III-Les acteurs du développement territorial

Les démarches du développement territorial font intervenir une importance masse d’acteurs économiques, sociaux et politiques dont les objectifs ne convergent pas nécessairement. Par ailleurs les outils et les méthodes d’interventions sur lesquels s’appuient ces agents peuvent être très variés et parois contradictoires.

En se référant à la typologie de Moulaert et Demazière (1996)[8], on peut énumérer les agents de développement comme suit :

Les entrepreneurs locaux qui s’identifient fortement à leur communauté ;

Les institutions socio-économiques : chambre de commerce, sections syndicales territoriales ;

Les mouvements sociaux et politiques ancrés dans les communautés territoriales ;

Les décideurs politiques aux différents niveaux de la hiérarchie spatiale (administrations territoriales ; organismes supranationaux comme la commission européenne) ;

Les institutions mixtes comme les agences de développement territorial gérées en partenariat entre le privé et le public.

Les initiatives de développement territorial se manifestent fréquemment sous forme de projets collectifs. Une identification des différents acteurs à ces projets et un renforcement des comportements de coopération entre ces acteurs sont des conditions primordiales pour le succès des projets élaborés et donc de la démarche de développement territorial. L’implication coordonnée de l’Etat, des entrepreneurs locaux et d’autres structures ne peut qu’améliorer la faisabilité des projets de développement territorial et leur donner une dimension importante, de sorte que leurs retombées bénéficient à l’ensemble des acteurs territoriaux. Alors, une bonne coordination des interventions des différents acteurs sur un territoire ne peut que contribuer à renforcer les initiatives de développement territorial. Elle est considérée comme la première condition de leur succès.

Les interventions des différents agents de développement territorial peuvent être indépendantes les unes des autres. Elles peuvent aussi s’arranger ainsi que se concurrencer entre-elles. L’existence, à des échelles diverses, d’un grand nombre d’interventions qui n’utilisent pas les mêmes instruments et qui n’ont pas forcément les mêmes objectifs, rend la coopération et le partenariat encore indispensables.

La nature des relations entre agents, leur fréquence et leur intensité jouent un rôle important dans la dynamique de développement. L’efficacité des opérations de développement territorial ne résulte pas d’une simple concentration d’activités ou d’acteurs différents partenaires publics et privés (Greffe X., 1984)[9].

Le discours sur le développement territorial impose, donc, une réflexion sur les acteurs qui produisent le développement territorial et surtout sur le dialogue entre ces acteurs et leur territoire. De même, si l’on observe le développement territorial, à bas d’entreprise, qui semble constituer l’actuelle phase d’expansion, c’est sur des systèmes proprement locaux et sur des réseaux professionnels caractérisés par une puissante logique territoriale que les évolutions se produisent.

1-Le rôle des pouvoirs publics dans la démarche du développement territorial

Le développement territorial demeure largement dépendant de l’action des pouvoirs publics. Leur responsabilité au sein de ce processus est grande car se sont souvent eux qui auront à cristalliser des projets, et à définir les moyens ou les relais financiers nécessaires. Ces projets concernent aussi bien des activités privées que l’économie sociale ou l’économie publique. Il s’agit le plus souvent d’un rôle de coordination indirecte : susciter la mise en présence de projets, leur orientation dans un sens adapté au développement du territoire et à la mobilisation des appuis financiers et humains correspondants.

Or, la réussite de ce rôle suppose la conjoncture des différents partenaires au sein de territoires. Il est normal que les pouvoirs publics territoriaux, garants de la cohésion d’un territoire, l’assument, ce qui ne signifie pas qu’ils en produisent directement les effets recherchés. Le partenariat reprend ici tout son sens. C’est pourquoi, les initiatives des pouvoirs publics en faveur du développement doivent être considérées à la lumière du partenariat entre agents privés et publics.

2-Un nouveau lien qui émerge entre les entreprises et leur territoire

Un territoire montre une incontournable dimension économique et sociale, à travers la population et le tissu des entreprises qui y évoluent. De ce fait, sont parties prenantes de sa configuration, des acteurs de la construction territoriale qui constituent tout un ensemble de réseaux.

«  L’économie de l’intelligence, des réseaux et des échanges qui est en train d’émerger, celle qui associe la conception et la fabrication, le produit et le service, celle qui suppose un système de partenaires publics et privés, celle qui multiplie les spécialistes et les fait travailler ensemble est fondamentalement une économie urbaine (…), les entreprises s’inscrivent dans un réseau mondial. Les liens internes aux entreprises s’allègent mais les liens externes, avec des fournisseurs ou des partenaires, se renforcent. L’économie devient un ensemble de cellules, de taille plus petite qu’autrefois, reliées entre elles en un vaste système par des liens plus ou moins intenses. Les réseaux de circulation des hommes, des marchandises et des informations sont vitaux pour la cohésion de l’ensemble. Qu’ils fonctionnent mal ou soient coupés et l’ensemble du système est paralysé »[10] .

Cependant, ces liens immergés décris en réseau au sein des sociétés locales contournent le marché et modifient l’approche traditionnelle des rapports inter-entreprises. Si la concurrence demeure la règle, elle s’aménage d’accepter des « solidarités d’entreprise ». Ces solidarités se développent aussi bien dans les grands groupes que dans les petites et moyennes entreprises.

En s’interrogeant sur la dynamique de réseaux locaux, il s’agit sans doute d’une action globale constatée un peu partout. Alors, la tendance à la flexibilité et à l’intensification des relations inter-entreprises est un fait reconnu et présent dans tous les tissus économiques.

3-La territorialisation des grandes entreprises

A l’ère des nouvelles politiques économiques, des stratégies de nombreux grands groupes internationaux vis-à-vis de leurs sous-traitants ont été modifiées. Cette nouvelle stratégie a été, par la recherche de productivité et de souplesse, un modèle à suivre.

La revalorisation de la sous-traitance est bien la trace que la flexibilité, le décloisonnement et la coopération industrielle prennent pied dans les stratégies de ces groupes. La flexibilité et la souplesse d’adaptation apparaissent, donc, décisives dans leur existence et leur développement. Cette flexibilité s’appuie sur une vision plus large : les grands groupes ont tout d’abord été amenés à gérer les conséquences sociales de leurs retraits de certains sites.  A ce propos, ils ont engagé de véritables politiques de reconversion, ils ont aussi développé des politiques de coopération avec des sous-traitants performants. De ce fait, la nécessité de construire des réseaux susceptibles d’améliorer leur interaction et leur coopération avec le tissu de PME qui les environne, s’avère d’une grande importance. En effet, en plus de l’appui financier qu’ils peuvent contribuer, les grands groupes peuvent, aussi, apporter un appui technique et scientifique, établissant ainsi un partenariat ouvert et efficace. Le mouvement de reterritorialisation des stratégies des grands groupes s’illustre par la volonté d’association avec leur milieu local : PME/PMI, centres de recherche, organismes de formation, collectivités locales.

Les grandes entreprises entament, en fait, une démarche de développement territorial qui ne doit rien à la philanthropie mais plutôt à une perception plus claire de l’enjeu que représente la richesse de l’environnement économique et particulièrement le tissu industriel local (Pecqueur B., 1989)[11] .

Ce phénomène de territorialisation décrit dans la littérature plutôt pour les grandes entreprises, sous semble devoir s’appliquer avec plus de force encore pour les PME, dont l’ancrage territorial est plus affirmé.

4-Les PME et le territoire

La volonté d’adaptabilité aux contraintes de la mondialisation des relations, qui rend chaque acteur économique de plus en plus dépendant des flux qu’il ne contrôle pas, ne concerne pas seulement les grandes entreprises, mais aussi les PME. Cette volonté s’exprime à travers le développement des relations de coopération et de solidarités territoriales qui favorisent l’émergence des réseaux locaux d’entreprises. Ces derniers, en détériorant l’isolement des entreprises, facilitent la circulation de l’information, renforcent les structures financières, partagent les coûts et les risques de la recherche et confrontent les modes d’organisation du travail et la gestion des rapports sociaux.

Antoine Ribaud définit ces enjeux de coopérations inter-entreprises comme suit : « Il faut donc rechercher les liens empiriques qui permettront de rendre les entreprises plus solidaires, et partager les expériences pour que les progrès techniques et sociaux se diffusent plus rapidement. Le problème n’est pas une absence de capacité de progrès (…). Le problème est plutôt de grouper les efforts et de créer des réseaux qui unissent les entreprises pour qu’elles soient plus nombreuses à progresser »[12].

A cet égard, l’introduction du territoire comme facteur de développement de la coopération inter-entreprise nous paraît tout à fait pertinent.

En effet, les PME ne fonctionnent pas isolément les unes des autres, elles appartiennent à un réseau de dimension territoriale. Elles font partie d’un territoire qui n’est pas composé par la simple juxtaposition d’unité de production, mais d’un ensemble de liens entre acteurs publics et privés.  Le territoire rassemble une culture, des structures économiques et des acteurs ayant une approche commune des problèmes et des opportunités territoriales. L’esprit d’entreprise, les comportements d’entreprise, la façon d’utiliser la technique sont autant d’éléments qui font partie intégrante du territoire.

Les PME se trouvent, ainsi, identifiée à une réalité éminemment territorialisée qui tire de son enracinement dans un environnement économico-social spécifique une grande partie des conditions de son propre dynamisme et de la poursuite de ses avantages comparatifs.

Cependant, associant une panoplie d’acteurs économiques, politiques et sociaux, le partenariat territorial se manifeste alors par une composante essentielle dans la promotion d’un développement territorial ou plus particulièrement dans la promotion d’une « économie-territoire ». Ajoutant aussi, que l’analyse sur les disparités spatiales s’est profondément renouvelée pour se focaliser sur la problématique du développement territorial et que le modèle dominant, s’est trouvé remis en cause, on a commencé à s’intéresser aux dynamiques des PME qui engendrent de nouvelles configurations spatiales, configurations qui sont liées à un phénomène de réseau tel que les systèmes productifs localisés.

IV-Aperçu global sur les PME au Maroc

Les PME au Maroc participent de manière positive à la croissance économique, à la création d’emploi… Néanmoins, leurs contributions restent largement en deçà des potentialités que ces PME peuvent faire valoir.

Cependant, l’Etat marocaine et tous les acteurs, conscients de la pertinence du rôle que joue le secteur privé dans le développement socio-économique, n’ont pas manqué de lui offrir le soutien et l’aide nécessaire tant au niveau de financement et de la formation qu’au niveau des infrastructures d’implantations et des incitations fiscales à l’investissement.

Une des premiers obstacles que l’on pourrait rencontrer lors de notre étude sur les PME marocaines, est l’ambigüité tout autour de leur définition. En effet, la charte des PME élaborées en 2002, retient deux indicateurs déterminant des PME, le premier s’appuie sur le nombre des employés permanents ( moins de 200 salariés) et le deuxièmes porte sur le chiffre d’affaires ou total bilan.

Cependant, l’ANPME (Agence Nationale pour la Promotion de la Petite et Moyenne Entreprise), et la CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc), ont élaboré une nouvelle définition à l’échelle nationale qui a un objectif double. Il s’agit de disposer d’une définition unifiée qui reflète la taille que les entreprises doivent avoir pour affronter la globalisation et contribuer à la cohérence du fonctionnement du dispositif d’appui aux PME.

Dans ce cadre l’analyse des PME marocaines doit être distinguée par rapport aux grandes entreprises. Ainsi que la fragilité de leurs structures et la faiblesse de leurs moyens. Les PME sont généralement plus touchées par les contraintes de leur environnement. A ce propos, la loi 53-00 de la charte de la PME est constituée. Elle présente un cadre de référence des actions menées par l’Etat en partenariat avec le secteur privé. Cette charte s’appuie sur un aspect juridique et institutionnel particulier en faveur des PME.

1-Dispositions générales

Selon le premier chapitre de la présente loi 53-00, les PME au Maroc se manifestent par les entreprises administrées directement par les personnes physiques qui en sont les propriétaires, copropriétaires ou actionnaires et qui ne sont pas détenues à plus de 25% du capital ou des droits de vote par une entreprise ou conjointement par plusieurs entreprises. En effet, ce seuil peut être dépassé si l’entreprise est détenue par :

  • Des fonds collectifs d’investissement
  • Des sociétés d’investissement en capital
  • Des organismes de capital risque
  • Des organismes financiers dûment habilités à faire appel à l’épargne publique en vue d’effectuer des placements financiers.
  • D’après le premier article de cette charte, il existe une certaine différenciation en terme des conditions entre les PME existantes et celles nouvellement créées à savoir :
  • Pour les PME existantes, avoir un effectif permanent ne dépassant pas 200 personnes et avoir réalisé au cours des deux derniers exercices, un chiffre d’affaire annuel hors taxe n’excédant pas 75 millions de dirhams. Lorsqu’il s’agit d’une PME qui détient directement ou indirectement plus de 25% du capital ou des droits de vote dans une ou plusieurs entreprises, il est fait addition des effectifs permanents et des chiffres d’affaires annuels hors taxes ou des totaux des bilans annuels de la dite PME et des autres entreprises précitées, sans toutefois que le total de chacun de ces critères dépasse les seuils fixés ci-dessus.
  • Pour les entreprises nouvellement créées, elles engagent un programme d’investissement initial global n’excédant pas 25 millions de dirham et respecter un ratio d’investissement par emploi de moins 250 mille dirhams. En effet, en entent par une entreprise nouvellement créée, toute entreprise ayant moins de deux années d’existences.

Cependant, l’appui à la création des PME comprend :

  • L’assistance au promoteur dans la conception et la réalisation du projet
  • Le soutien pour le démarrage et le développement des activités au cours des trois premières années de vie de l’entreprise.

2-Cadre institutionnel de promotion de la PME

Selon l’article 4 de la charte de la PME au Maroc, l’Agence National pour la Promotion de la PME « ANPME » a été créée. Il s’agit d’un établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

Cette agence s’occupe de toute convention dont l’objet est la promotion et le développement des PME. De plus, la réalisation des accords de partenariat avec les administrations, les collectivités locales, les établissements publics, les chambres et organisations professionnelles, les organisations à but non lucratif et les établissements d’éducation et de formation publics et privés.

Cependant l’ANPME est chargée de plusieurs tâches et missions comme prévu dans l’article 5 de la loi 53-00 à savoir :

Ø participer à la mise en œuvre, en coordination avec les départements ministériels concernés, de la politique de l’Etat en matière de promotion et de soutien de la PME

Ø Encourager par son assistance technique, les programmes de promotion de création d’entreprises initiés par les collectivités locales, les chambres et les organisations professionnelles, les établissements d’éducation et de formation publics et privés et les organisations privées à but non lucratif ;

Ø promouvoir au profit des PME, la prestation de services d’information, de conseil, d’assistance technique, d’expertise et de formation en matière de gestion et d’administration de l’entreprise, par les organismes publics et privés spécialisés ;

Ø Appliquer les orientations et les normes relatives aux programmes d’action en matière de prestations de services et en matière d’aménagement fonciers, conclure pour le compte de l’Etat les conventions visées aux articles 23 et 24 de la présente loi et s’assurer de leur exécution ;

Ø Assister les PME, en relation avec l’administration et les organismes publics concernés, dans les domaines de l’accès aux marchés extérieurs, de l’acquisition des nouvelles technologies et du développement de l’innovation et de la qualité ;

Ø Promouvoir au profit des PME la prestation de services d’expertise et de formation en matière de management de l’environnement ;

Ø Entreprendre toute action de sensibilisation, d’information et d’assistance auprès des administrations, des collectivités locales et des organismes publics concernés, en vue de promouvoir et faciliter l’accès des PME aux marchés publics, soutenir et appuyer l’action des PME dans ce domaine ;

Ø Apporter son assistance pour la constitution et le fonctionnement des associations, groupements et réseaux de PME ;

Ø Donner son avis sur les demandes de reconnaissance d’utilité publique présentées par les associations prévues à l’article 20 de la présente loi ;

Ø Entreprendre toute action de sensibilisation, d’information et d’assistance en matière de simplification et d’allègement des règles juridiques et des procédures administratives applicables aux PME ;

Ø Diffuser par tous les moyens appropriés, la légalisation et la réglementation applicable aux PME ;

Ø Collecter et diffuser l’information relative au rôle de la PME, à sa contribution à l’économie nationale et à l’évolution de son activité ;

Ø Suivre et évaluer les actions et programmes visant la promotion de la PME ;

Ø Etablir un rapport annuel sur l’état de la PME.

  • L’ANPME établit périodiquement un cahier des charges et sélectionne ses représentants en fonction de la qualité de leurs propositions de services et de ses besoins à l’échelon local, provincial ou régional.

3-Mesure d’aide à la PME

  • Le projet de la charte de la PME au Maroc propose un ensemble d’aides et de mesures incitatives pour l’accompagnement et la promotion des PME. Ces mesures pouvant être résumées comme suit :
  • Aides aux prestations de service, qui se manifestent par la prise en charge partielle des dépenses relatives aux prestations de services d’information, de conseil, d’assistance technique, d’expertise et de formation en gestion de l’entreprise. Ainsi que la prise en charge partielle des dépenses liées à la recherche de développement et de l’innovation, plus la prise en charge partielle des dépenses engagées pour la constitution des groupements et associations de la PME dont l’objet est l’accès à la commande publique et aux marchés extérieurs.
  • Aides au fonciers à travers la création de pépinières d’entreprises et de parcs technologiques en vue d’accueillir les PME innovantes ou utilisant des technologies avancées. Il s’agit aussi de la prise en charge partielle des dépenses liées à l’aménagement par les promoteurs des terrains et locaux professionnels destinés aux PME.
  • Accès aux marchés publics selon une réservation d’une part minimum de 20% au profit des PME et groupements de PME (directement ou par sous-traitance) dans les marchés publics.
  • Accès au financement, par la création de fonds de garantie et de cautionnement mutuel, la création de fonds collectifs et de sociétés d’investissement en capital, ainsi que des sociétés régionales de financement des PME destinées au financement des petites et moyennes entreprises et enfin la constitution d’organismes de crédit mutuel et coopératif.
  • Incitations fiscales qui se présentent d’après la charte de la PME à travers :
  • Réduction de 25% de l’IGR dans la limite d’un plafond de 20.000 DH pour les personnes physiques qui souscrivent en numéraire au capital d’une PME, d’une société régionale de financement, ou d’un organisme de financement en capital au profit des PME ;
  • Déduction du revenu net imposable à l’IGR dans une limite de 250.000 DH du montant des pertes en capital subies du fait de la cessation ou de la liquidation de l’entreprise dans les cinq années qui suivent sa constitution ;
  • Déduction par les personnes physiques ou morales des dons faits aux associations d’utilité économique pour les PME dans la limite de 50% de ces dons, et entre 1.5% et 3% du revenu imposable, selon qu’il s’agisse d’une personne physique ou morale ;
  • Exonération sur 10 années de la TVA sur matériels, outillages, biens d’équipement et prestations de service pour les groupements d’intérêt économique constitués exclusivement par des PME.

V- les caractéristiques et les difficultés des PME

1-Les caractéristiques des PME

  • Les PME se manifestent à travers une multitude de spécificités. D’après l’angle de leur taille, elles présentent une structure souple, mais sont fréquemment dépendantes de leur environnement et ont une activité vulnérable. De ce fait, les PME se doivent, comme les grandes entreprises, d’élaborer un diagnostic externe et interne, chose qui leur permettra d’identifier des opportunités de développement ou bien des menaces. Ce processus permet aux PME d’identifier leurs caractéristiques en termes de forces et de faiblesses.
  • 1-1-Les forces de la PME
  • D’une manière générale les PME constituent une structure simple et flexible chose qui leur permet d’être réactives à tout changement de l’environnement. Ces entreprises génèrent de faibles coûts de structure et cela leur offre l’opportunité d’avoir un avantage concurrentiel par rapport aux grandes entreprises. Toutefois, dans une étape d’expansion qui pourrait induire à des changements au niveau de la structure des PME, elles devront faire en sorte que ces coûts soient absorbés par les ventes futures. Cette adaptation est due aux niveaux hiérarchiques étant souvent très réduits, à la rapidité du processus de la prise de décision afin de régler les obstacles liés à l’activité. De même, l’information circule d’une façon plus efficace même si elle revêt un caractère informel. Au sein d’une PME, les employés peuvent être comme dans une grande entreprise. Cependant, ils peuvent se sentir plus impliquer dans la pérennité de la PME puisque cette dernière ne donne pas toutes les conditions d’une grande entreprise en cas de licenciement (reclassement, indemnités de licenciement par exemple). De surcroit, la taille de la PME permet aux salariés d’être majoritairement associés aux prises de décisions.
  • 1-2- Les faiblesses de la PME
  • Malgré que la taille de l’entreprise représente une force elle reste aussi un handicap. Toutefois, la PME est vulnérable de par son secteur d’activité. Dans le cas d’une PME mono-produit, l’effondrement de la demande impliquera directement une baisse des revenus que la PME ne pourra pas compenser par un autre produit. De plus, la PME qui s’accroche à un seul client, par exemple dans la grande distribution, ou bien à un seul fournisseur se trouve devant un risque économique très important. L’hostilité de la grande entreprise doit mener la PME à mettre en place une « veille » afin de garder sa position de leader dans son domaine d’activité. Cette « vieille » peut être couteuse à la PME. Cette dernière, peut aussi rencontrer des problèmes de financement liés à son développement.
  • Certes, les banques sont généralement circonspectes à accorder des crédits tandis que les PME ne sont pas adossées à de grands groupes. Notant aussi, qu’au sein d’une PME les salariés ont des mutations de carrière (verticales et horizontales) moins importantes que dans les grandes entreprises. Un changement pourrait les induire à assumer de nouvelles fonctions pour lesquelles ils ne sont pas formés et ainsi modifier le climat social. Donc la PME devra se baser sur ses forces et limiter l’impact de ses faiblesses en vue d’élaborer une stratégie adéquate avec son activité et sa position dans l’environnement économique.

 2-Les difficultés des PME marocaines

  • Face à l’évolution des PME marocaines une multitude de contraintes se présente souvent en deux facteurs à savoir :
  • 2-1- Facteurs intrinsèques
  • Ce genre de facteur n’incite pas le développement des PME locales. Cela se traduit par la fragilité de leurs structures et d’une sous-capitalisation presque généralisée[13]. Ainsi, Les PME ont un manque en termes des outils techniques et financiers. Pourtant elles disposent souvent d’un capital humain qui manque d’encadrement, de formation et de compétences. Cela est dû dans la majorité du temps à une sous-performance des PME marocaines, à un manque de compétitivité et un taux d’échec élevé.
  • 2-2- Facteurs externes
  • Les facteurs externes se manifestent généralement par les sources de faiblesse des PME qui pourraient également être dues aux lourdeurs administratives et à la fiscalité désavantageuse dont souffrent ces entreprises. Les problématiques liées aux financements sont également très importantes et souvent citées parmi les premiers challenges face aux développements des PME au Maroc[14].
  • Ces mécanismes n’encouragent pas le développement et l’évolution de la PME, et la poussent à se concentrer sur la survie au lieu d’innover ce qui est le contraire pour les pays développés.
  • Certes, que l’obstacle de financement présente la contrainte la plus dominante pour les PME marocaine, de même, il constitue l’élément majeur qui bloque leur croissance. Cela est expliqué par plusieurs variables à savoir :
  • La prudence des banques à financer les PME dans le cadre d’un besoin de liquidité et de concurrence ascendante surtout pour les crédits qui servent à financer les PME lors de leur création ou d’expansion.
  • Le manque de savoir ou d’information des entrepreneurs et dirigeants de PME de la plate-forme des produits financiers disponibles au sein du pays.
  • L’inadaptation des produits financiers aux besoins d’une grande population de PME, d’autant plus que la plupart des PME marocaines sont composées par des TPE (très petites entreprises).
  • L’existence d’une forte asymétrie d’information entre l’investisseur et la PME, ainsi que le manque de transparence lié dans la plupart du temps à la fragilité de la structure de cette dernière.

VI- La proximité est un élément de base des PME

La question de la proximité reste au cœur de l’approche en termes de PME, ainsi le concept de la proximité renvoie à de multiples formes de proximité. A cet égard, se pose une question : s’il n’y avait qu’une seule forme de proximité, elle ne constituerait pas un problème ? On la réduirait à une distance particulière et on chercherait à analyser son effet sur les mécanismes économiques comme l’analyse économique l’a fait jusqu’ici. Cette notion, d’usage courant est plurivoque et se décline en de trop nombreuses catégories de proximité. Cette déclination « bloquait » les analyses, qui ne pouvaient que la constater. « Pour passer à une problématique théorique de la proximité, il faut réduire le nombre de ses dimensions en précisant quelles sont les catégories pertinentes de la proximité » estime A.Rallet (2002)[15].

1- Proximité géographique

La proximité géographique traduit l’idée selon laquelle les interactions entre les PME sont localisées dans un espace-plan délimité, et renvoie à l’inscription spatiale de la production. Cependant, la proximité géographique est en effet, relative en tant qu’elle est un construit social qui dépend fondamentalement de l’échelle à laquelle on le définit, de facteurs subjectifs (les représentations qui varient selon les individus et les groupes), et qui dépend des autres formes de proximité. Elle favorise l’établissement de liens entre les PME. Elle permettrait le développement des liens de types organisationnel. On peut aussi associer à la proximité géographique- lorsqu’elle se circonscrit à un espace précisément délimité et stable à un lieu commun de représentation au sein duquel on identifie des aspects tels que la culture, les traditions, les valeurs, etc. comprise en ce sens, la proximité géographique pourrait expliquer certaines ressemblances entre les PME en terme de représentations.  En cela, la proximité géographique devient indissociable de la proximité organisée.

2-La proximité territoriale

La proximité territoriale constitue le cœur même de l’explication du fonctionnement des entreprises « sans préjuger de la taille respective des entreprises ». Cette proximité a des effets directs sur l’évolution des relations des PME, en permettant la récurrence des rencontres, elle favorise leur renforcement et leur complexification. De ce fait, il est possible de passer à des relations à implication plus forte au fil des rencontres et des échanges, ce qui est plus difficile à réaliser à distance, même si cela arrive lorsque les PME sont amenées à travailler fréquemment avec des partenaires extérieurs.

Par ailleurs, le territoire se présente comme étant une construction sociale permanente avec une appropriation constante. Il se construit ainsi grâce aux relations durables de proximité géographique développée entre une pluralité d’acteurs ; ces relations de « voisinage » peuvent mener à des actions concrètes voire à l’élaboration commune de normes[16].

3-La proximité et la centralisation de la gestion des PME

Le système de gestion des PME est intensément centralisé, voire même personnifier en la personne du dirigeant-propriétaire. Cette centralisation qui est adoptée par les entreprises en générale et les PME en particulier, du fait de sa dépendance à la taille de l’entreprise, se caractérise par une forte proximité entre le sommet stratégique et le centre opérationnel.

La proximité entre les fonctionnels et les opérationnels favorise les contacts directs et personnels et permet aux dirigeants de bien déterminer leurs objectifs et les atteindre.

Toutefois, certaines entreprises à cause de leur éloignement géographique des points de ventes, optent pour un management à distance afin de faciliter les tâches à leurs dirigeants qui se voient obligés de déléguer certaines tâches à des responsables locaux.

VII- Les PME dans l’économie nationale : Etat des lieux

Au Maroc, les PME constituent un poids prépondérant et significatif au sein du tissu économique, d’après lequel elles indiquent 95% selon les statistiques de confédération de la PME. Cette dernière occupe le centre critique de notre économie avec 40% de la production et 31% des exportations. Elle se trouve au sein de tous les domaines d’activité économique marocaine : l’agriculture, l’artisanat, le BTP, les commerces et enfin les services qui incluent le tourisme, les communications, les transports et les services financiers[17].

Au sein d’une économie en voie de développement comme le cas du Maroc, la PME consacre incontestablement une place prépondérante au regard de sa forte contribution à la promotion de dimension sociale et du développement économique.

1-La PME est comme facteur de croissance économique

D’après l’ANPME, les petites et moyennes entreprises se trouvent dans la majorité des secteurs d’activité économique avec un taux de 98%.

Graphique 1: La répartition de la contribution des grandes entreprises et les PME dans l’économie

Source : Inforisk (TILFANI, 2011)

Selon le graphique en haut, on constate que la majorité des entreprises sont des PME avec plus de 90% dans toutes les branches d’activité sauf celle de la production et de la distribution d’électricité, gaz et eau, où cette participation est uniquement de 50%.

Graphique 2: La contribution des PME dans la valeur ajoutée de l’économie marocaine

Source : Inforisk (TILFANI, 2011)

D’après Inforisk[18], « la participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale x est de 42% », il s’agit d’une contribution très variable. Selon le graphique ci-dessous, elle participe à hauteur de 78% pour le secteur de l’agriculture, alors que la production et la contribution de l’électricité, le gaz et l’eau ne représente que 8%. Par ailleurs, il faut indiquer que d’après l’étude établie par le ministère de l’Economie et de Finance, la participation des PME dans la valeur ajoutée national est estimée à 21%. Tandis qu’Inforisk signale que les résultats de cette étude ont été basés sur l’enquête de la direction de la statistique de 1995. De ce fait on peut déduire que le tissu des PME a augmenté tout au long de cette période.

Graphique 3: La part des PME de chaque activité industriel dans les exportations

Source : Inforisk (TILFANI, 2011)

Du point de vu des exportations, le graphique n°3 précise que les PME opérantes dans le secteur des industries textiles et cuir dominent avec un pourcentage de 46%. Suivies par les PME des industries agroalimentaires à hauteur de 39%, pour celles du secteur d’industrie chimique et para-chimique, elles présentent un pourcentage de 10% et en ce qui concerne les PME d’industrie mécanique et métallurgique ainsi que celles des industries électriques et électroniques présentent respectivement un pourcentage de 4% et 1% .

En se basant sur ces statistiques, on constate que les PME marocaines reflètent l’armature de toute l’économie nationale, cela à travers leur prédominance dans tous les secteurs d’activités, leur importante participation dans les exportations et les investissements nationaux, ainsi que leur rôle dans l’absorption du chômage.

Notamment, le développement économique équilibré se base essentiellement sur une politique d’aménagement du territoire, et cela ne peut être abouti qu’à l’égard du concours actif des PME dont l’installation au sein d’un tissu économique préexistant est plus facile que celle de la grande entreprise.  L’installation au sein de diverses régions du Maroc participera d’une manière efficace à la valorisation des richesses et des potentialités, ainsi elle contribuera à l’amélioration des conditions de vie des populations locales.

2-La PME est un facteur de promotion sociale

Pour s’affilier d’une façon efficace dans le processus de développement, les entreprises actuellement intègrent d’autres objectifs dans leurs stratégies. C’est la prise en compte de la dimension sociétale responsable. Cette entité peut être appréhendée comme l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leur relation avec leurs parties prenantes (employés, clients, médias, Etat, société civile ….). De plus la responsabilité sociales des entreprises a pour objectif de créer et contribuer à des situations où tout le monde est gagnant, les entreprises comme la société dans son ensemble, par exemple, en s’efforçant de recruter du personnel dans les groupes qui sont traditionnellement exclus du marché du travail, comme les personnes handicapées, les entreprises peuvent assurer la collaboration des salariés talentueux et motivés tout en contribuant simultanément à la cohésion sociale.

Dans le cadre d’une économie en voie de développement, notamment celle du Maroc, Les PME contribuent à la promotion d’emploi social.

Conclusion

Tout au long de cet article, on a essayé de traiter les deux variables centrales de notre recherche. La notion du territoire et de développement ont été abordée dans notre article à travers une présentation du territoire en général et leur contribution dans le développement. L’exploitation des richesses et potentialités d’un territoire contribuent dans son développement. Durant cet article, on a pu déduire que le développement territorial, s’appuie sur le fait que les potentialités présentent un facteur de différenciation des richesses, à valoriser par les acteurs en général, et les PME en particulier.  Donc, le territoire constitue un facteur de développement, il intègre l’économie, l’aménagement, la planification et la gestion, de ce fait, on a abordé des sciences du territoire pour les analyser et les développer.

Dans le cadre de garder et assurer la durabilité du développement d’un territoire, les PME comme acteur principal dans leur développement, intègre une démarche de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) dans la durée. En somme, les efforts déployés pour promouvoir la RSE au Maroc sont à encourager ; mais, il faut les renforcer par la sensibilisation des dirigeants, à la nécessité du respect de la loi, comme étape indispensable vers l’intégration de la RSE et également par un processus de diffusions et de partage d’informations d’où l’intérêt d’une démarche collective pour l’aide à l’intégration de la responsabilité sociale et sociétale par les PME.

Bibliographie

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  • ANTHEAUME Benoît, GIRAUT Frédéric (2002), Le territoire est mort Vive les territoires, Une (re)fabrication au nom du développement, institut de recherche pour le développement, Paris.
  • Bertacchini Y (2007), Intelligence territoriale. Le territoire dans tous ses états, Collection les ETIC, Presses Technologiques, Toulon
  • CARLES Joseph (2007), gouvernance des territoires et charte managériale, groupe territorial, collection -essais-
  • CHAUVEAU et JEAN-JACQUES Rosé (2003), l’entreprise responsable, édition d’organisation
  • DE LIMA Jandir Ferrera (2012), géo-économie et développement régional, édition publibook
  • DENIEUIL Pierre-Noel et MADOUI Mohamed (2011), entrepreneurs maghrébins : terrain en développement, édition Karthala et IRMC
  • DERYCKE P.-H. (1992), « Espace et dynamiques territoriales », Paris, Économica
  • FONTAN Jean-Marc, KLEIN Juan-luis et LEVESQUE Benoit (2003), reconversion économique et développement territorial, presses de l’université du Québec
  • Gollain, V, (2014), Réussir sa démarche de marketing territorial : méthode, techniques et bonnes pratiques, Territorial Éditions.
  • Greffe X,(1988), « Décentraliser pour l’emploi, les initiatives locales du développement », Economica
  • Guigou J.L (1984), « le développement local : espoir et freins » in Correspondance municipale, ADELS, n°246
  • JANIN Claude et autres (2011), l’ingénierie signe de l’intelligence territoriale, Economica collection Anthropos

[1] Bernard Pecqueur (2013), territorial development a new approach to development processes for the economies of the developing countries, interthesis volume 10 n°2, p-10.

[2] Auriac et Brunet.1986 ; le Berre, 1995 ; Di Méo, 1998 ; Lévy, 1999.

[3] Yves J(2002), la notion du territoire : entre polysémie, analyses critiques et intérêts In : lire les territoires

(En ligne). Tours : presses universitaires François-Rabelais, p-10

[4] Piot J-Y : Géographie, aménagement des territoires et géo gouvernance, thèse de doctorat de géographie, p-79

[5] Ellissalde Bernard (101), une géographie des territoires, l’information géographique, volume 66 n°3 p-195

[6] Guigou J.L (1984), « le développement local : espoir et freins » in Correspondance municipale, ADELS, n°246, p-3

[7] Greffe X, (1988), « Décentraliser pour l’emploi, les initiatives locales du développement », Economica.p.54

[8] Mulaert F., Demazière C., (1996), le développement économique local en Europe, dans Demazière C. (èds), du local au global. Les initiatives locales pour le développement économique en Europe et en Amérique, Paris, Le Harmattan, p.53-75

[9] Greffe X., (1984), op.cit

[10] Cette citation est empruntée au rapport rédigé par Bouvard L. et Calame P. en Mars 1988 à l’intention du ministère de l’Equipement de l’époque, cité par Pecqueur B. (1989, op.cit. P : 71)

[11] Pecqueur B. (1989), op.cit.

[12] Ribaud A. (1987) « modernisation, mode d’emploi », rapport au premier ministre, collection 10/18, LIGE, p-50

[13] St-Pierre, Josée, « La gestion du risque : Comment améliorer le financement des PME et faciliter leur développement », Éditeur: Presses de l’Université du Québec, Publication: 2004, p-22

[14] ECHAFI Mona et SLIK Salma, « Le financement des PME : étude empirique sur les PME marocaines », Institut Supérieur International de Tourisme de Tanger, 2009-2010, p10.

[15] Rallet A., (2002), L’émergence de la proximité, propos d’étape in Torre A. : Le local à l’épreuve de l’économie spatiale. Agriculture, environnement, espaces ruraux. Etudes et recherches sur les systèmes Agraires et le développement, P12.

[16] Fabienne Leloup, Laurence Moyart et Bernard Pecqueur, « la gouvernance comme nouveau mode de coordination territorial », 2005, p23

[17] CDVM, financement des PME au Maroc, mai 2011, p-26

[18] https://www.inforisk.ma/servlet/EspaceVisiteurServlet

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