Research studies

La ZLECAF : quelles perspectives pour une dynamique économique de l’Afrique

 

Prepared by the researcher

  • Kaoutar ROUGANI MARZOUKI – Doctorante chercheur en Droit Privé – FSJP- Université  Ibn Tofail / Kenitra
  • Prs : Abdelkader BETARI et Fatima Zohra AZIZI – Professeurs habilités – Institut Universitaire des Etudes Africaines, Euro-méditerranéennes et Ibéro-américaines – Université Med V de Rabat

Democratic Arab Center

Journal of Strategic and Military Studies : Eighteenth Issue – March 2023

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
 ISSN  2626-093X
Journal of Strategic and Military Studies

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Résumé de la communication

Certes, le succès de la Zone de libre Echange Continentale Africaine est étroitement lié à sa capacité à changer des vies, à réduire la pauvreté et à contribuer au développement économique en Afrique.

C’est un test décisif de l’engagement des pays africains en faveur de l’intégration économique. Ces pays, qui, pour réussir ce test, doivent mobiliser d’importants investissements intra-africains, dans des voies de communication et des réseaux de transports performants ; des investissements capables de créer des débouchés qui favoriseront l’industrialisation de l’Afrique grâce au développement des chaînes de valeur régionales.

En fait, Le but recherché par la ZLECAF est de promouvoir l’industrialisation de l’Afrique afin de réduire la place des matières premières qui représentent la majeure partie des exportations africaines. Ceci implique par la force des choses la diversification de la structure économique des pays africains et un soutien conséquent des petites et moyennes entreprises dans le cadre d’un processus d’industrialisation qui, au demeurant, reste l’une des conditions ciné qua non pour libérer l’imaginaire collectif et promouvoir la culture de la créativité et de l’innovation. Ces PME qui constituent 80% des entreprises africaines, seront encouragées par la ZLECAF dans la mesure où elles pourraient fournir des intrants pour les grandes entreprises industrielles.

La problématique de ce travail va pencher sur la contribution de la ZLECAF dans la promotion de l’industrialisation du continent et l’impact qu’aura cette dernière sur le monde des entreprises.

Face à ces perspectives et à autres, l’objectif de ce travail est :

  • de mettre en exergue les défis que doivent relever les pays africains pour épargner à ce continent de se contenter d’une mise à niveau de son sous-développement tout en continuant à gaspiller ses ressources et à réaliser un « manque à gagner » démographique déstabilisateur ( par opposition au dividende démographique ».
  • d’aborder et d’évaluer les conditions et les clés de réussite qui vont permettre à la ZLECAF, de contribuer à une dynamique de l’emploi et à un développement économique.
  • De mettre l’accent sur le rôle du Maroc dans ce nouveau cycle économique africain et son engagement dans ce nouveau modèle de co-développement.

Introduction

Les événements et les phénomènes de toute nature qui ont envahi notre planète ces derniers siècles ont affecté profondément, aussi bien positivement que négativement, les Etats et les nations. Le monde change, c’est incontestable. Ces multiples et divers changements mondiaux ont un impact sur le quotidien des peuples. Le changement à grande dimension le plus connu et encore en cours est le phénomène sans précédent de la mondialisation qui impose des défis multidimensionnels et oblige les décideurs à prendre des mesures adéquates. Avec l’avènement de la globalisation, les Etats ; en quête permanente de survie et de prospérité, recherchent la paix, le dialogue, le consensus et la coopération, au lieu de la guerre, des conflits et des disputes pour régler leurs différends. La réponse actuelle à la globalisation dont le début se situe au 19ème siècle, est l’« Intégration[1] » ou la « Régionalisation ».

Autre que le domaine politique, l’usage du concept de l’intégration économique et du terme « intégration » peut s’appliquer aux domaines économique, social et culturel. Pour ce qui est de l’intégration économique qui nous intéresse dans ce travail, il faut être prudent dans sa définition. Selon BELA BALASSA, il n’y a pas un sens clair de ce terme dans la littérature économique, il suppose que l’intégration économique est plus qu’une simple existence de relations commerciales entre économies nationales indépendantes[2]. De là, il définit l’intégration économique : « comme un processus, et comme un état de choses. Considérée comme un processus, elle comprend des mesures visant à abolir la discrimination entre les unités économiques appartenant à des Etats nationaux différents, considérée comme un état de choses, elle peut être représentée par l’absence de diverses formes de discrimination entre les économies nationales »[3]. En d’autres termes, l’intégration économique est plus qu’une simple coopération visant à mettre en place des actions pour traiter de questions spécifiques. C’est plutôt la mise en place de mesure, ou d’un vaste programme visant à créer une interdépendance économique qui, selon Claude Ake, consiste à décourager le comportement politique de désintégration[4]. Une zone de libre-échange préférentiel, une zone de libre-échange, une union douanière, un marché commun, une union économique monétaire sont les différentes formes ou les étapes de l’intégration économique. La mise en œuvre des mesures de cette dernière exige la mise en place d’autorité supranationale ou d’institutions comme la Communauté économique européenne (CEE).

Il est pertinent de souligner que le traité d’Abuja adopté par l’Union africaine en 1991 (03 Juin) et en vigueur depuis mai 1994, fut un tournant majeur dans l’histoire de l’intégration africaine dans la mesure où il a jeté les bases de l’établissement d’une communauté économique africaine prévue à l’horizon 2027. La mise en place des Communautés Economiques Régionales (CER) est une première étape de cheminement vers la Communauté Economique Africaine.

En fait, le traité d’Abuja, a établi une feuille de route pour la réalisation d’une union économique et monétaire en Afrique par un processus graduel de coordination, d’harmonisation et d’intégration progressive des communautés économiques régionales (CER) en six étapes s’étalant sur 34 ans. Si le traité a été critiqué pour ses objectifs ambitieux, il est rassurant de constater que des progrès significatifs ont été réalisés à ce jour : le processus a été retardé, mais n’a pas déraillé[5].

La première étape est maintenant terminée, avec huit CER officiellement reconnues par l’Union africaine. La deuxième étape n’a pas été entièrement achevée car les progrès réalisés par les CER et par les membres au sein des CER ont été inégaux (UA, CEA et BAD, 2017). La troisième étape, qui prévoit la mise en place complète des ALE et des Unions Douanières au niveau des CER en 2017. Cela ne s’est pas tout à fait produit. La ZLECAf a donc été conçue (à l’origine) pour combler cette lacune en consolidant les Accords de Libre Echange préexistants en un seul ALE panafricain. C’est également dans ce but que la zone de libre-échange tripartite (TFTA), qui réunit le COMESA, la CAE et la SADC, a été lancée en juin 2015[6]. Actuellement, le processus d’intégration se situe quelque part entre les étapes 3 et 4. Bien qu’une zone de libre-échange continentale (ZLEC) ne figure pas explicitement dans le traité d’Abuja, elle a été considérée comme une étape logique sur la voie d’une union douanière continentale.

Les ambitions de développement définies dans l’Agenda 2063 qui nécessitent des investissements étrangers et nationaux. Un climat d’investissement approprié, soutenu par des lois et des réglementations solides, des mécanismes d’application efficaces et des institutions fortes, peut canaliser et favoriser l’investissement responsable tout en minimisant les effets négatifs. Les investissements étrangers peuvent propulser l’industrialisation et la transformation structurelle du continent,  soutenir la croissance économique, et réduire la pauvreté, en permettant le transfert de technologies; en facilitant la diversification des exportations, en améliorant la productivité des entreprises, en établissant ou en renforçant des liens en amont et en aval et en soutenant l’intégration régionale et l’insertion dans les chaînes de valeur régionales et mondiales (CNUCED, 2013).

C’est dans cette perspective que la signature par plusieurs pays africains de l’accord de la ZLECAF, à Kigali, peut être perçu comme une avancée. Il vise à créer un marché commun de 1,2 milliard d’habitants, dont le PIB cumulé avoisinerait 3000 milliards de dollars. Un espace où enfin les Etats pourraient établir des règles favorisant les échanges intra-africains au service des productions africaines.

Comment la ZLECAF peut aboutir à une réelle intégration régionale, comment évaluer ses effets probables sur les perspectives d’industrialisation en Afrique, et quelles sont les chances du Maroc pour tirer profits de la concrétisation de cet accord ? Ce sont des questions parmi d’autres que ce travail essayera de porter des réponses

  • La nécessaire industrialisation de l’Afrique

L’industrialisation est un passage obligé vers le développement. Les politiques d’industrialisation de l’Afrique, surtout leurs résultats sur le terrain, ont fait l’objet de nombreuses réflexions qui ont trait à l’échec des entreprises publiques et privées, ainsi qu’à l’échec des gouvernements n’ayant pas permis de créer un environnement favorable au développement de l’industrie en Afrique et à l’accroissement de sa productivité.

L’appréciation des résultats totaux globaux indique que le constat général est un constat d’échec, hormis quelques industries qui ont bénéficié d’une protection naturelle. En effet, les industries (y compris les services) créées avant 1960 et même parfois celles impliquées après 1960, ont toutes fini par disparaitre[7].

Les rares entreprises qui ont survécu, en raison peut être de leur vocation de service public, ne doivent leur salut qu’au soutien des pays occidentaux ou alors à une quasi « recolonisation ».

Avant son effondrement ou après, il reste toutefois vrai que l’industrie africaine n’a jamais joué qu’un rôle marginal sur les marchés mondiaux.

Les ajustements structurels et les nouvelles politiques industrielles mises en œuvre n’ont, malheureusement, pas encore réussi à inverser totalement cette tendance. En plus d’autres causes immédiates de l’échec industriel :

  • Les choix stratégiques des Etats pour promouvoir une industrie moderne ont souffert de deux handicaps majeurs : ni le marché, ni les conditions locales n’ont été suffisamment pris en compte. Cette erreur grave dans les études a abouti à la création des entreprises non viables voire extrêmement fragiles.
  • Le coût élevé des investissements : investissements encouragés par les occidentaux pour vendre leurs équipements.
  • La mauvaise gestion des entreprises publiques ou semi-publiques. Résultant des interférences constantes de l’Etat et du jeu répété des solidarités africaines[8].
  • L’absence, pendant longtemps, d’un Etat de droit capable de créer les conditions favorables à l’émergence et au développement d’initiatives privées d’un part, de maintenir, d’autre part, un environnement stable.

Conséquences de cette situation :

  • La non-compétitivité sur les marchés régionaux et mondiaux ;
  • L’envahissement des marchés nationaux par des produits importés soit directement par les pays, soit par un pays voisin et transférés par le biais d’un commerce plus ou moins légal exercé par des commerçants informels efficaces et souvent dangereux pour l’économie.

Bien que l’environnement international soit relativement favorable au continent africain pour se projeter dans l’avenir et jeter les bases d’un développement autocentré ; son devenir dépend du degré de sa prédisposition à se prendre en main. Etant exclu qu’il ne peut accéder du jour au lendemain au club des industrialisés et eu égard à son état actuel, ce continent risque de se contenter d’une mise à niveau de son sous-développement tout en continuant à gaspiller ses ressources et à rater d’engranger le dividende démographique et donc le surplus économique.

Selon M. Chiguer[9], l’Afrique risque ; sans une prise de conscience des mutations que connait le monde et des enjeux de l’étape historique actuelle marquée notamment par l’émergence de la société du savoir et le recentrage sur la matière grise ; de succomber définitivement aux sirènes du Capitalisme financier pour finalement évoluer dans le sous-développement en remplissant au mieux un rôle de sous-traitant. L’Afrique doit comprendre que son avenir se joue entre la Capitalisme industriel et le Capitalisme financier. L’Afrique n’a de choix que de transformer ses faiblesses en forces et ses menaces en opportunités pour entamer son intégration au bloc des pays et régions en cours d’industrialisation. Si non, elle court le risque de devenir un marché pour écouler les produits du reste du monde. Le continent est considéré, d’ailleurs, comme une « nouvelle ligne de croissance mondiale ». Il abrite 11 économies sur les 20 qui réaliseraient la croissance la plus rapide du monde de 2016 à 2020. Certes, le taux de croissance moyen enregistré de 2000 à 2010 s’est relativement apprécié (5,5%), mais cette appréciation est limitée que se soit en termes quantitatifs dans la mesure où ce niveau est en deça du seuil ( 7% pour les pays en vue) à partir duquel il est possible d’entamer le structurel pour reconfigurer l’économique sur de nouvelles bases et créer les conditions pour libérer la société des forces qui la tirent vers le bas ; ou en termes qualitatifs puisque le taux enregistré s’est accompagné de l’aggravation des inégalités, de l’élargissement de la pauvreté (près de 2 personnes sur 3, soit 660 millions, vivent encore avec moins 2 dollars par jour) et de la persistance du chômage. La croissance sans le développement est une croissance qui érode la cohésion sociale et rend le démographique problématique[10].

Selon l’ONU[11], la population africaine passerait de 1,2 milliard d’habitants (2015) à 3 milliards en 2063. Sa part dans le total de la population mondiale atteindrait plus du 29% au lieu de 16% en 2015. « Plus remarquable encore est le fait qu’environ 46% de l’augmentation de 1,3 milliard de la main d’œuvre africaine au cours de cette période sera constitué de jeunes âgés de 15 à 34 ans » (Agenda 2063 – UA). C’est dire l’intérêt pour le continent africain à favoriser la transition démographique et à investir dans le Capital humain pour réaliser le dividende démographique[12] et créer les conditions en vue d’amorcer le processus de développement autocentré.

Si un grand pourcentage de jeunes ne peut pas trouver d’emploi et gagner un revenu satisfaisant, l’explosion démographique de la jeunesse va devenir une bombe démographique. Une grande masse de jeunes gens frustrés constituera probablement une source potentielle d’instabilité politique et sociale.

Toutefois, la croissance démographique ne saurait être vue comme un danger. Cette évolution augmente le nombre potentiel de travailleurs, de consommateurs et de capitaux. Si le nombre croissant de personnes en âge de travailler peut être pleinement employé à des activités productives et rémunératrices, le niveau du revenu moyen par personne devrait augmenter. La classe moyenne africaine passera de 375 à 500 millions de personnes. L’Afrique devrait donc investir et tirer parti de l’énorme potentiel de ses jeunes, ce qui représente l’une de ses ressources les plus importantes.

Un autre volet qui n’est pas moins important est celui de l’urbanisation accrue. Un grand nombre d’Africains sont en train de quitter les campagnes pour aller vivre en ville. En 2010, environ 36% de la population africaine vivait dans en zone urbaine. Il est prévu que le nombre passera à 50% et 60% d’ici 2030 et 2050 respectivement[13]. Cet exode exercera d’énormes pressions sur les villes et les cités. Tous ces nouveaux résidents urbains auront besoin d’un logement décent, d’électricité, de transports et de services sanitaires appropriés. Mais la croissance des villes africaines crée aussi les conditions pour catalyser la transformation structurelle des économies des pays. La population de plus en plus urbaine et en forte croissance stimulera la demande de biens de consommation, créant un marché de 250 milliards de dollars et de 1,5 milliards de consommateurs ce qui devrait croître à un taux annuel de 5% au cours des huit prochaines années[14]. L’urbanisation crée une demande – de biens alimentaires, de toutes sortes de produits et de machines. Cette montée de la demande doit être entendue, et les secteurs manufacturiers naissants des pays africains devraient intervenir et y répondre.

Au regard des enjeux démographiques, les décideurs dans les pays africains s’accordent sur la nécessité de transformer structurellement leurs économies par le biais de la diversification et de l’industrialisation.

La diversification économique peut stimuler la croissance économique, réduire la volatilité économique, créer des possibilités d’emploi et renforcer l’intégration dans l’économie mondiale.

Les politiques d’industrialisation doivent promouvoir les industries qui absorbent le plus grand nombre d’actifs, qualifiés et moins qualifiés, en tenant compte des mutations technologiques. L’effort doit en premier lieu porter sur le secteur manufacturier. La productivité y est plus élevée que dans l’agriculture de rente et les industries extractives, et l’industrie manufacturière peut absorber une plus grande variété de profils. De plus, les prix des produits manufacturés ont l’avantage d’être plus stables que ceux des matières premières.

En outre, les innovations issues de ce secteur vont stimuler non seulement les progrès technologiques dans la production mais également profiter au secteur des services[15].

Selon la base de données de la Banque Mondiale, l’industrie africaine ne génère en moyenne que 700 dollars de PIB par habitant, moins que l’Amérique latine (2500 dollars) et l’Asie de l’Est (3400 dollars). Or, la productivité des industries entraîne la productivité des autres secteurs comme on le constate dans les économies industrialisées. Les pays subsahariens ont vu leurs importations de biens et services en pourcentage du PIB passer de 22,7 % à 32,1 % entre 1960 et 2016 : de 7 milliards de dollars à 394 milliards de dollars. Le continent importe encore des biens dont le capital nécessaire à leur production reste dérisoire[16].

Toutefois, des avancées sont porteuses d’espoir, à commencer par l’augmentation du commerce intra-africain passé de 50 milliards de dollars en 2005 à plus de 120 milliards de dollars en 2015. L’ambition est de faire émerger les entreprises qui favoriseront l’essor d’un tissu de PME dynamiques en même temps que l’intégration régionale.

En fait, la promotion d’une politique de substitution des importations qui prône le processus d’industrialisation des pays industrialisés, permet à la population de faire face à ses besoins fondamentaux en favorisant l’essor d’un secteur privé local. Il s’agit ici des industries légères de biens de consommation au service du marché intérieur. Et les technologies nécessaires pour ces industries sont souvent accessibles.

Ensuite, il y a la promotion et la diversification des exportations qui s’appuient sur les industries locales de biens de consommation qui ont été construites. C’est à la suite de ces deux étapes que ces pays se lancent dans la promotion et le développement d’une industrie lourde en s’appuyant sur une politique de substitution aux importations.

Pour réussir, l’essor industriel de l’Afrique doit être pensé dans un cadre régional ou fédéral avec la mise en place de parcs industriels régionaux, de technopoles spécialisées, en accentuant des partenariats avec les pays industrialisés.

La décision des gouvernements africains d’établir une zone de libre-échange continentale donne, justement,  une chance aux pays africains de sortir de leur dépendance en matière de ressources et de devenir des économies diversifiées dynamiques et des lieux de production industrielle compétitifs ; en augmentant particulièrement et sensiblement les parts de l’industrie – surtout la production – en investissement national, en rendement et en commerce.

La mise en œuvre de cette zone permettra, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED)[17] ; d’accroître Le potentiel d’exportation au sein de l’Afrique à 9,2 milliards de dollars grâce à la libéralisation tarifaire partielle prévue pour 2025. Actuellement, il représente 16 % des échanges sur le continent, comparé à 63 % dans l’Union européenne et 57 % en Asie et dans le Pacifique. La réduction des barrières douanières et non tarifaires peut, de plus, attirer de nouveaux investisseurs tentés par un marché unique englobant 1,2 milliard de personnes, pour un PIB cumulé de 3 milliards de dollars (2,59 milliards d’euro).

Une coopération étroite entre les gouvernements, le secteur privé, les entités des Nations unies et la société civile sera nécessaire pour réaliser les ambitions et les perspectives de la ZLECAF dans ce sens.

  • ZLECAF et industrialisation inclusive en Afrique : quelles perspectives ?

Les efforts d’intégration africaine passent par l’industrialisation du continent, des efforts que toutes les instances institutionnelles de l’UA appuient fortement à travers sa priorité « Industrialiser l’Afrique », qui vise à développer et mieux intégrer les chaînes de valeurs industrielles[18].

C’est dans cette perspective que l’entrée en vigueur effective, le 1er janvier 2021, de la ZLECAF devrait renforcer la croissance économique et accélérer l’industrialisation[19].

Selon le Secrétaire général de la ZLECAF, l’Accord de Libre Echange Continental, n’est pas un simple accord commercial, c’est l’espoir des africains de sortir le continent de la pauvreté.

Cet accord devrait stimuler le commerce intra-africain, promouvoir l’industrialisation inclusive, créer des emplois et améliorer la compétitivité des industries africaines sur la scène mondiale. L’industrialisation aidera les pays africains à atteindre des taux de croissance élevés, à diversifier leurs économies et à réduire leur exposition aux chocs extérieurs. C’est pourquoi il faut impérativement que les pays s’entendent sur certaines des questions restantes telles que les règles d’origine[20], qui sont un élément clé du commerce international car elles sont la pierre angulaire d’un accord commercial préférentiel tel que La ZLECAF.

La mise en œuvre de cet accord vient consolider la vision du continent qui se veut un continent résilient et autonome tout en utilisant la plate-forme de l’intégration économique continentale. De grandes perspectives d’économies d’échelle et de gamme s’ouvriront, attirant des investissements accrus de la part des petites et grandes entreprises.

Alors que la ZLECAF entre en vigueur, le défi auquel fait face les entrepreneurs africains est de créer des emplois décents pour les 170 millions de jeunes Africains qui devraient entrer sur le marché du travail entre 2020 et 2030[21]. Le développement des compétences industrielles devient essentiel à cet égard.

D’après la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA)[22], si elle est correctement mise en œuvre, la ZLECAF créera un marché qui représentera près de 6,7 milliards de dollars en termes de consommation, ainsi qu’une augmentation du commerce intra-africain de 15 à 25%, soit un volume d’échanges qui pourrait atteindre 70 milliards de dollars à l’horizon 2040. Ainsi, les gains seront aussi bien pour les consommateurs que pour les entreprises manufacturières et de service du continent, en plus de stimuler la croissance du PIB de l’ordre de 1 à 6%[23]. Des analyses d’impact ex-ante font ressortir que dans son ensemble, le continent connaitra des gains en termes de bien-être avec l’effectivité de la zone de libre-échange [24]; et les surplus de bien-être les plus importants découleront de la suppression (ou tout au moins de la baisse significative) des barrières non tarifaires[25].

Toutes les retombées positives attendues suscitent beaucoup d’espoirs quant à la transformation structurelle des économies. Le développement des secteurs manufacturiers devrait doubler de volume et sa production annuelle devrait atteindre 1.000 milliards de dollars d’ici 2025 et créer plus de 14 millions d’emplois[26] ; ce qui compenserait les manques à gagner engendrés par la suppression des droits de douane et des barrières tarifaires et non tarifaires[27] ; quoique cette élimination prônée par l’Accord de Libre Echange va renforcer le commerce intra-africain.

Selon le rapport du Fonds monétaire international édité en 2019[28], il est essentiel ; dans le contexte de l’évaluation de la ZLECAF, de déterminer dans quelle mesure elle peut stimuler davantage le commerce intra-régional. L’un des piliers de la théorie du commerce est que les flux commerciaux augmentent avec la taille des pays, leur degré de développement et leur proximité géographique et culturelle. L’évaluation du degré d’intégration régionale en Afrique va se faire en mesurant l’incidence de ces caractéristiques sur les flux d’échanges. Ce faisant, elle s’inspire des travaux empiriques[29] sur le sujet et estime des équations de gravité[30] couvrant 148 pays entre 2000 et 2015, à l’aide de données sur le commerce des marchandises ventilées par secteur d’activité.

D’après les estimations avancées dans le rapport du FMI, les pays africains commerceraient moins que les pays d’autres régions. Autrement dit, outre leur taille et leur degré de développement, les économies africaines présentent des particularités en raison desquelles le niveau de l’activité commerciale est plus faible que dans d’autres régions. Ces particularités sont entre autres des facteurs structurels propres aux économies africaines et des facteurs liés aux politiques conduites (droits de douane, médiocrité de la logistique et des infrastructures, offre de crédit limitée, etc.). Il semble également ressortir de l’analyse empirique que certaines sous-régions et certains secteurs peuvent encore considérablement approfondir l’intégration commerciale. Plusieurs CER comme la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), l’Union du Maghreb arabe (UMA), le Marché commun d’Afrique orientale et australe (COMESA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) couvrent une majorité de pays africains tout en comptabilisant moins d’échanges commerciaux que les CER les plus performantes du continent ; il serait donc possible, semble-t-il, d’approfondir l’intégration commerciale dans ces sous-régions. Selon toujours les estimations empiriques, le commerce intra-régional des marchandises, telles que les produits alimentaires, les produits sylvicoles et autres produits primaires ainsi que les produits manufacturés, est moins important que ne le prévoit le modèle de gravité ; les échanges dans ces secteurs pourraient donc être davantage développés.

En dépit de l’effet positif sur le commerce des CER et des droits de douane préférentiels quasi nuls qu’elles appliquent, des déficits d’échanges commerciaux sont observés. Ils reflètent peut-être les goulets d’étranglement non tarifaires[31] qui subsistent dans ces communautés, ainsi que d’autres obstacles comme la disparité des régimes commerciaux, qui entrave les échanges entre communautés.

L’expérience des CER africaines apporte un éclairage sur les facteurs susceptibles d’influencer les échanges intra régionaux sur le continent. Le développement des flux commerciaux régionaux observé en Afrique depuis quelques décennies est allé de pair avec la création et l’extension de plusieurs CER, dont certaines appliquent des droits préférentiels presque nuls aux échanges entre leurs pays membres. À l’heure actuelle, la quasi-totalité des pays africains sont membres de communautés de ce type, et 75 % des échanges commerciaux intra régionaux se répartissaient entre 5 CER en 2017, la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) représentant à elle seule la moitié de ces échanges[32]. Toutefois, la baisse des droits de douane sur les échanges commerciaux au sein des CER africaines a eu des effets inégaux sur les flux commerciaux dans les sous-régions concernées, laissant entrevoir la présence d’obstacles non tarifaires importants. Dans la SADC, par exemple, les flux ont atteint des sommets après la réduction des droits de douane, et la part du commerce intracommunautaire a notablement augmenté. Dans d’autres CER, en revanche, la baisse des droits de douane ne s’est pas traduite par un gonflement des flux commerciaux sous-régionaux (par exemple dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, CEMAC). Il semble donc que des facteurs non tarifaires freinent le commerce, y compris le niveau élevé des coûts du commerce non liés aux droits de douane et la faible diversification des exportations. De fait, dans les pays membres des CER en question, les coûts non tarifaires qui pèsent sur le commerce sont parmi les plus élevés de la région et les exportations sont relativement peu diversifiées.

De surcroît, les échanges entre pays membres de CER différentes restent limités, sans doute en raison des taux de droits encore assez élevés auxquels ils sont soumis et qui avoisinent en moyenne 12 % à 15 %[33]. Le faible niveau des échanges commerciaux entre certains pays est peut-être également lié à un problème de longue date : de nombreux pays sont partis à plusieurs CER et accords appliquant des règles commerciales différentes (règles d’origine, par exemple), ce qui augmente le coût des transactions commerciales sur le continent.

Remédier à ces problèmes constitue à la fois un objectif et un défi pour la ZLECAF dont le rôle également ; réside dans une certaine mesure d’atténuer ce problème de fragmentation du marché africain, en intégrant toutes les CER dans l’espoir de venir à bout de cette problématique qui a caractérisé la plupart de ses relations commerciales avec elle-même et ses partenaires extérieurs[34]. Avec un marché unique, l’Union africaine espère favoriser un environnement commercial propice et durable pour la croissance des chaînes de valeur régionales, la réalisation du développement durable, le renforcement de la compétitivité globale et l’industrialisation et la diversification qui lui permettront de s’affranchir de la forte dépendance des produits primaires.

Force est de rappeler, dans ce sens, que la croissance du commerce intra-africain a contribué à promouvoir les secteurs d’exportation industrielle de l’Afrique depuis 2000. Les produits manufacturés représentent actuellement 36 % des exportations intra-africaines, contre 24 %[35] des exportations africaines vers le reste du monde. La libéralisation du commerce induite par la mise en œuvre de la ZLECAF peut stimuler davantage le développement des PME dans le secteur manufacturier à mesure que des possibilités d’accès à de nouveaux marchés et à des chaînes de valeur régionales apparaissent.

En outre, la ZLECAF comprend des dispositions qui sont conformes à l’impératif d’industrialisation inscrit dans le Développement Industriel Accéléré de l’Afrique (AIDA) de l’UA avec six objectifs clés :

  • Intégrer l’industrialisation dans les politiques nationales de développement ;
  • Maximiser l’utilisation des capacités productives et des intrants locaux ;
  • Ajouter de la valeur à des ressources naturelles abondantes ;
  • Développer les petites industries et les industries rurales ;
  • Tirer le meilleur parti des partenariats africains pour permettre le transfert de technologies
  • Établir et renforcer les marchés financiers et des capitaux.

Le protocole sur le commerce des services peut contribuer à stimuler le commerce intra-africain des services et à garantir aux fabricants africains des intrants à des prix compétitifs, renforçant ainsi l’efficacité et la compétitivité industrielles.

Les prochains protocoles sur l’investissement, sur la concurrence et sur les droits de propriété intellectuelle (DPI) peuvent donner un élan supplémentaire. Enfin, le protocole complémentaire sur la libre circulation des personnes, y compris les opérateurs économiques tels que les commerçants, les hommes d’affaires et les investisseurs, peut contribuer à catalyser les opportunités offertes par la libéralisation du commerce des biens et des services et la libre circulation des investissements afin de maximiser l’utilisation des capacités productives régionales dans le secteur manufacturier (CEA, UA et BAD, 2017).

Des études de simulation[36] mettent déjà en évidence les impacts de la ZLECAF sur la production industrielle et les perspectives d’industrialisation en Afrique. Par exemple, l’étude de la CEA montre que l’augmentation du commerce intra-africain qui en résultera sera plus prononcée dans les secteurs industriels, le commerce intra-africain de produits manufacturés augmentant à lui seul de 25 à 30 % – la plus forte augmentation parmi tous les secteurs – d’ici 2040 (CEA, 2018). L’étude du FMI révèle que plus de 60 % de l’augmentation des revenus suite à la mise en œuvre de la ZLECAF proviendra d’une production manufacturière plus importante, contre seulement 16 % pour le secteur agricole.

  • Maroc / ZLECAF : Quelle intégration ?  

Le Maroc qui compte sur les vertus des relations bilatérales dans son processus de retour à l’UA ou de son adhésion à la CEDEAO dans le cadre sa géostratégie en Afrique, devrait s’adapter aux impératifs de la ZLECAF. Il est question de construire une identité cohérente avec le nouveau rôle multilatéral du pays[37].

Or, force est de relever qu’en dépit des grands efforts diplomatiques déployés ces dernières années, le Maroc reste faiblement intégré au continent, selon l’avis publié du CESE[38] “La part de l’Afrique dans l’ensemble des exportations marocaines est à peine de 3,2%. Tandis que le niveau des importations, où la part des achats venant d’Afrique est à peine de 2,5%. Cette faible intégration en termes d’échanges commerciaux est un mal généralisé en Afrique. Elle concerne tous les pays.

Globalement, le niveau des échanges intra-africains est d’à peine 18%. Un chiffre dérisoire comparé au commerce intra-européen (67%), entre pays asiatiques (61%) ou entre les pays d’Amérique du Nord (50%).

En 2018 par exemple, les exportations marocaines vers le reste du continent ont porté essentiellement sur quelques produits ; les engrais, les conserves de poissons, les produits d’alimentation et très peu de produits industriels à forte valeur ajoutée (voitures, fils et câbles électriques). Les importations se sont constituées essentiellement de gaz et de pétrole. Et proviennent majoritairement des pays d’Afrique du Nord (l’Algérie principalement, la Tunisie et l’Egypte).

Au niveau des échanges, et pour des raisons de proximité géographique et facilité linguistique le commerce se fait toujours avec l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest et se fait très peu avec l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est, des régions qui présentent pourtant un grand potentiel.

Les investissements directs du Maroc en Afrique et leur nature montrent également que l’on est loin d’une intégration globale. Si ces investissements ont fortement augmenté entre 2013 et 2017, représentant désormais une valeur de 37 milliards de DH, la moitié de ces flux est concentrée sur le secteur bancaire, les télécoms et les assurances.

Et l’essentiel des IDE marocains en Afrique sont concentrés sur 6 pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Egypte, Maurice (en raison des facilités fiscales), le Gabon et le Cameroun. Cela fait du Maroc le premier investisseur en Afrique de l’Ouest, mais il demeure loin de l’intégration souhaitée sur l’ensemble du continent.

Plusieurs facteurs freinent l’intégration marocaine complète en Afrique, mais le facteur qui fait plus défaut, est celui de la diplomatie économique qui est insuffisamment outillée pour assurer le suivi des accords et des projets d’investissement[39].

Pour les spécialistes en affaires africaines, l’intégration doit forcément passer par la mise en place d’une stratégie africaine intégrée qui s’inscrit dans le plan de développement du Maroc. “Il faut que l’Afrique soit présente dans tous les plans sectoriels : industrie, agriculture, tourisme. Ces plans doivent cohérer à la stratégie africaine ».

Le Maroc qui s’apprête à s’ouvrir à cette zone de libre-échange africaine en cours de construction, certes, il ne pourra pas profiter pleinement de cette opportunité de libre-échange s’il reste dans des communautés en panne, comme l’UMA. “La ZLECAF s’appuiera sur les communautés régionales. Ce sont les pays membres des communautés les plus actives qui profiteront de cette zone de libre-échange. On ne peut pas rester dans une UMA inactive, d’où l’intérêt d’accélérer le processus d’intégration à la CEDEAO. »[40], En sus, les retards pris dans l’activation des multiples accords signés par le Maroc pénalisent le processus de l’intégration”.

Malgré ce schéma peu probant, force est de relever l’optimisme des opérateurs économiques marocains porté à l’égard des retombées potentielles de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF), notamment de la future baisse des droits de douane sur le continent et d’un marché consolidé. D’après la Directrice du bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) Afrique du Nord, la ZLECAF offre aux pays d’Afrique du Nord l’opportunité, longuement recherchée, de s’intégrer à l’économie continentale et, à travers cet espace, réaliser l’intégration de cette région.

Plusieurs études de la Commission économique pour l’Afrique, démontrent que le contexte est largement favorable au développement de chaînes de valeurs régionales dans des secteurs tels que l’industrie automobile, les industries extractives (pétrole et gaz), l’industrie textile (production de coton, tissus, vêtements et accessoires), les industries légères (électrique, électronique et plastique) ou encore l’industrie alimentaire. «Les opportunités de synergies sont également nombreuses dans les secteurs de services, du transport, de la distribution et de l’aéronautique».

La construction de cette ZLECAF prendra du temps et favorisera dans un premier temps les pays qui ont déployé des stratégies industrielles pertinentes, comme le cas du Maroc avec les écosystèmes automobile, aéronautique, textile et industrie pharmaceutique qu’ils rendront plus compétitifs.

Outre les droits de douane qui vont profiter à beaucoup de secteurs au Maroc, les opérateurs économiques marocains pourront s’approvisionner à moindre coût en matière première[41].

Hormis les bénéfices en amont, cette zone de libre-échange offrira en aval de nouveaux marchés car certains pays comme la Chine ou la Turquie ont des avantages préférentiels sur un certain nombre de marchés africains dont le Maroc ne dispose pas. Le fait de faire partie de la ZLECA va permettre d’accéder à des marchés sans droits de douane.

L’enjeu est de taille, Grace à cette ZLECAF, le marché africain constituera un marché d’approvisionnement à des prix compétitifs et un marché de commercialisation de produits industriels ou agricoles marocains. Ce qui va rendre l’économie marocaine plus compétitive sur le marché mondiale. Il y a donc moyen de construire des industries complémentaires pour augmenter, au niveau continental, le taux d’intégration et de valeur ajoutée africains. Pour mieux exploiter les complémentarités, il est nécessaire d’adopter des stratégies claires de co-investissement et de co-production qui visent la montée en gamme des filières dans les chaînes de valeur régionales et internationales et la recherche de débouchés continentaux.

La recherche de complémentarité doit poursuivre les objectifs à long terme en matière de développement durable et favoriser des investissements dans les secteurs stratégiques à fort impact social en termes d’amélioration des compétences et de création d’emplois de qualité pour les jeunes. L’orientation des IDE marocains devrait être guidée par ce principe et aller vers les secteurs clés du développement pour le Maroc et ses partenaires notamment en matière d’énergie, d’infrastructure, de transport et d’éducation.

Références Bibliographique

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  2. AVIS CESE. (2020), « L’intégration régionale du Maroc en Afrique Pour une stratégie au service d’un développement durable avec l’Afrique ». Auto-Saisine n°46/2020.
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  4. Banque Africaine de Développement. (2018), « Integration for Africa’s economic prosperity ». Perspectives Economiques Africaines.
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  6. CHIGUER M. (2018), « l’Afrique à l’heure de la grande transhumance du capitalisme industriel », Actes du colloques « l’Afrique, un continent en devenir » du 05-06 Octobre 2017 à Rabat, Maroc ; publications de l’Institut des Etudes Africaines, Série colloques (n°21).
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  13. Moise, T. K. (2011) : Union africaine et processus d’intégration :l’Harmattan.
  14. Nations Unies au Maroc .(2021), « Une industrialisation inclusive et durable à l’ère de la ZLECAF ».
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  16. Nelsen, B.F., and Stubb, A. C. (2003) : The European Union : Reading on the theory and practice of European integration.
  17. (2015), « Perspectives de la population mondiale » – révision.
  18. United Nations 2019 : African Continental Free Trade Area : Challenges and Opportunities off Tariff Reductions. Document du travail de la CNUCED 2017

[1] L’intégration prend en compte dans son ensemble le processus de coopération entre Etats, processus visant à établir un nouveau centre de prise de décision et un sentiment de communauté à l’intérieur d’un espace (région) particulier. Tandis que la régionalisation est plutôt la conception restreinte de l’intégration dans sa dimension économique.

[2] Moise, T. K. (2011) : Union africaine et processus d’intégration : l’Harmattan

[3] Nelsen, B.F., and Stubb, A. C. (2003) : The European Union : Reading on the theory and practice of European integration. Basingstoke : Lynne Rienner Publishers

[4] Ake, C. (1967) : A theory of political integration. Homewood, III. Dorsey Press.

[5] Rapport ARIA IX “Assessing Regional Integration in Africa IX” (CEA, 2019) fournit une analyse détaillée pour un ensemble plus large d’indicateurs.

[6] Les progrès sur l’accord de libre-échange se poursuivent parallèlement à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Rwanda, comme le montre la ratification de l’accord de libre-échange par le Rwanda en juillet 2019 – le cinquième pays à le faire.

[7] Djigui Camara, « Défis d’Afrique et stratégie gagnante » l’Harmattan,2012

[8] Exp ; poids du chef dans le groupe, nomination ou protection arbitraire d’un parent ou d’un ami même incompétent ou auteur de malversation financière, etc.

[9] Mohammed CHIGUER, Président du Centre d’Etudes et de Recherches Azizi Belal (CERAB)

[10] Mohammed CHIGUER : l’Afrique à l’heure de la grande transhumance du capitalisme industriel : série : colloques (n°21) : l’Afrique, un continent en devenir ; publications de l’Institut des Etudes Africaines, 2018

[11] ONU, Perspectives de la population mondiale – révision 2015

[12] Le dividende démographique peut être défini comme l’avantage susceptible d’émerger lorsqu’un pays jouit d’une proportion relativement grande de sa population en âge de travailler en raison de la baisse du taux de fécondité, et investit efficacement dans sa santé, son autonomisation, son éducation et son emploi à travers l’action publique et l’engagement du privé » (Agenda 2063)

[13] Rapport « Commerce intra- africain : la Banque Africaine de Développement souligne le rôle central des grandes villes du continent » Groupe de la Banque Africaine de Développement 22 Janvier 2021

[14] idem

[15] Selon les données d’Euromonitor International, le marché de la mode, par exemple, (vêtements et chaussures) en Afrique subsaharienne atteindra 31 milliards de dollars en 2050.  Mais encore faut-il que les États favorisent l’industrialisation de ces produits consommés localement. On peut aussi citer les industries halieutique et cotonnière, la fabrication de meubles, les biens intermédiaires comme le textile et le cuir, l’agro-industrie, les produits pharmaceutiques, l’industrie automobile, etc.

[16] 60 % des yaourts consommés en Afrique viennent d’Europe, 70 % de la tomate concentrée consommée en Afrique vient de Chine. De nombreux pays importent des œufs, du poulet, du riz, du lait en poudre, du miel, du papier, des chaussures, des cure-dents, etc. Base de données de la Banque Mondiale

[17] Cnuced « la contribution potentielle de la zone de libre-échange continentale africaine à une croissance inclusive » le développement économique en Afrique, Rapport 2021.

[18] Compte tenu de l’importance de l’industrialisation pour la transformation structurelle, le 20 novembre a été annuellement consacré à la Journée de l’industrialisation de l’Afrique (AID). À la lumière du lien entre l’industrialisation et le commerce, ainsi que le début des échanges dans le cadre de l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), cette journée présente une occasion de réfléchir sur les moyens d’accélérer l’industrialisation de l’Afrique et de rallier l’élan politique, les ressources, les partenariats et les alliances souhaités en vue d’une dynamique d’industrialisation africaine.

[19] Revue annuelle de la Banque africaine de développement de l’efficacité du développement (RAED) 2019 parue en décembre 2020.

[20] L’Organisation mondiale du commerce (OMC) définit les règles d’origine comme “les critères utilisés pour définir où un produit a été fabriqué” et sont importantes pour la mise en œuvre d’autres mesures de politique commerciale, notamment les préférences commerciales (règles d’origine préférentielles), les quotas, les mesures antidumping et les droits compensateurs (règles d’origine non préférentielles). Dans plusieurs cas, les droits et les restrictions dépendent de la source des importations.

[21] Rapport des Nations Unies au Maroc : Une industrialisation inclusive et durable à l’ère de la ZLECAF, 2021

[22] Larabi Jaidi (Dir) : Rapport annuel sur l’économie de l’Afrique ; Ed. Policy Center for the New South 2019

[23] United Nations 2019 : African Continental Free Trade Area : Challenges and Opportunities off Tariff Reductions. Document du travail de la CNUCED 2017

[24] Banque Africaine de Développement : Integration for Africa’s economic prosperity. Perspectives Economiques Africaines 2018

[25] Abrego & al. L’Accord de Libre-Echange Continental Africain : estimations des gains de bien-être à partir d’un modèle d’équilibre général. Documents du travail du FMI, 2019

[26] Larabi Jaidi (Dir) : Rapport annuel sur l’économie de l’Afrique ; Ed. Policy Center for the New South 2019

[27] Les barrières tarifaires sont essentiellement les droits de douane imposés à l’entrée des marchandises ou services et que les barrières non tarifaires sont toutes les autres barrières (les normes imposées aux produits, les quotas fixés pour l’import ou l’export de marchandises, etc.).

[28] Études économiques et financières, Perspectives économiques régionales : Reprise dans un contexte de grande incertitude. Édition française ; Avril 2019 Fonds monétaire international

[29] Système d’analyse et d’information commerciales (TRAINS) de la CNUCED ; estimations des services du FMI.

[30] Les effets économiques des zones de libre-échange sont généralement évalués selon l’une des deux approches suivantes : 1. Les évaluations ex-post cherchent à estimer l’impact observé d’un ALE en utilisant des méthodes économétriques, telles que le modèle de gravité ;  2. Les évaluations ex ante tentent d’estimer l’impact d’un futur ALE à l’aide de modèles de simulation, tels que les modèles d’équilibre partiel ou les modèles d’équilibre général calculable (EGC).

[31]Ainsi, l’un des plus grands défis pourrait résider dans la suppression des barrières non tarifaires, bien plus que celle des barrières tarifaires, car les premières représentent des barrières plus insidieuses, moins visibles. Et en termes de retombées, les gains attendus de la baisse des barrières non tarifaires seraient nettement supérieurs. Abrego & al. (2019) estiment qu’une baisse de 45% des barrières non tarifaires en région Afrique entrainerait une hausse de plus de 4% sur bien-être. Toutefois, la suppression des barrières non tarifaires relatives aux normes doit faire l’objet d’une attention particulière, parce que, généralement, les normes visent à protéger les consommateurs contre des produits ou marchandises de mauvaise qualité.

[32] L’analyse faite par un groupe d’économistes du FMI, se concentre sur cinq grandes CER qui couvrent l’essentiel du continent africain et ne se chevauchent que très peu. Il s’agit d’un sous-échantillon de nombreuses CER africaines (zones de libre-échange, unions douanières, unions monétaires, etc.) imbriquées les unes dans les autres.

[33] La base de données du FMI

[34] À titre d’exemple, les négociations des accords de partenariat économique avec l’Union européenne ont été menées avec différentes CER et d’autres ont été divisées en de nouveaux groupes comme le groupe Afrique de l’Est et australe (groupe ESA, sigle anglais).

[35] Nations Unies Institut Africain de Développement Économique et de Planification ; Mise en œuvre de la Zone de Libre-Echange Continental Africain. IDEP/CEA 2020

[36] Études économiques et financières, Perspectives économiques régionales : Reprise dans un contexte de grande incertitude. Édition française ; Avril 2019 Fonds monétaire international

[37] Mohamed HARAKAT : la nouvelle diplomatie économique en Afrique : paradigmes et modèles.Fondation Hanns Seidel 2020

[38] AVIS CESE ; L’intégration régionale du Maroc en Afrique Pour une stratégie au service d’un développement durable avec l’Afrique. Auto-Saisine n°46/2020

[39] Le Maroc d’ambassadeurs économiques et pas que de politiques. Des gens qui connaissent les réalités du terrain, le business. 350 projets ont été initiés en 2019 en Afrique, avec un taux de réussite de seulement 30%. Les investisseurs ont besoin d’accompagnement, de connaître le terrain où ils mettent les pieds ?

[40] Abdou Diop, président de la commission Afrique de la CGEM

[41] Par exemple le cacao dont la Côte d’Ivoire est premier producteur mondial. Aujourd’hui, l’absence des échanges entre les pays africains profite à d’autres pays européens, car le cacao ivoirien est exporté vers l’Europe puis revendu à des pays africains comme le Maroc, alors que ça pouvait être exporté directement vers ces pays. Idem pour le Mali, premier producteur de coton en Afrique, ce qui pourrait donner des idées aux opérateurs dans le domaine du textile marocain.

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