Contribution de la famille dans la préservation de la culture et l’identité du MRE : Cas de la communauté de la Région de l’Oriental marocaine résidente à l’étranger
Prepared by the researcher
- – BENAICHA Benyouness – Docteur en Géographie. Faculté des lettres et Sciences Humaines, Université Mohamed Ier, Oujda, Maroc
- – SBAI Abdelkader – Professeur universitaire. Université Mohamed Ier, Oujda, Maroc
- – BENRABIA Khadija – Professeure universitaire – Université Mohamed Ier, Oujda, Maroc
Democratic Arab Center
Journal of Strategic and Military Studies : Eighteenth Issue – March 2023
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
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Résumé
Entre l’immigré et son pays d’origine, restent toujours des liens d’ordre social, économique, et émotionnel. Les institutions sociales, telles que la famille, jouent un rôle primordial dans la préservation de ces liens. En se basant sur une méthodologie de recherche qui combine le quantitatif et le qualitatif, cet article cherche à étudier l’identité et la culture marocaine dans un territoire migratoire en extension permanente. Il cherche à étudier aussi, le rôle de la famille marocaine dans la préservation de cette identité et cette culture d’origine. En même temps, il présente quelques défis que la famille peut rencontrer dans l’accomplissement de ces tâches envers les nouvelles générations.
Introduction
La sédentarité de la communauté marocaine et la succession des générations à l’étranger, ont fait apparaître quelques défis sociaux relatifs aux pays d’origine, telle que, la question de la conservation des liens culturaux et identitaires entre les Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) et le Maroc. Le défi devient critique surtout avec la deuxième, la troisième et la quatrième génération. Cette relation est impérative du point de vue du pays d’origine, vu qu’actuellement, on parle des Marocains Du Monde (MDM). Pourtant, la relation reste un grand défi à gérer, notamment devant les interactions qu’affronte la communauté marocaine à l’étranger.
Le migrant international marocain (homme et femme), se trouve dans une situation très complexe. Il est sous l’influence de deux grands pôles d’attraction: le pays d’accueil et le pays d’origine. Cette situation, est critique surtout pour les nouvelles générations, auxquelles l’identité se forge par des interactions culturelles divergentes et non compatibles entre le foyer et la société d’accueil.
En effet, la famille reste toujours la première institution sociale qui forge l’identité de l’enfant, et joue un rôle fondamental dans la transmission de la culture d’origine aux nouvelles générations. Pourtant, la famille immigrante trouve des difficultés pour exercer ces tâches, à cause de la particularité engendrée par la migration.
La problématique
Cet article essaie de montrer le rôle de la famille, en tant qu’institution sociale dans la conservation des liens culturaux et identitaires des MRE de la Région de l’Oriental, ainsi que les défis que cette institution peut affronter.
Les hypothèses
– La famille est une institution de préservation des liens des MRE avec leur pays d’origine ;
– La famille affronte des défis dans sa conservation des liens des MRE avec leur pays d’origine.
Questionnement
– Comment la famille intervient pour conserver les liens culturaux et identitaires des MRE ?
– Quels sont les défis qu’affronte la famille marocaine à l’étranger pour conserver les liens culturaux et identitaires des MRE ?
Méthode de recherche
Afin de répondre à la problématique, nous allons nous appuyer sur les résultats obtenus durant la préparation d’une thèse sur les défis de l’émigration marocaine en Europe originaire de la Région de l’Oriental (Benaicha, 2021). Nous avons effectué une recherche documentaire, élaboré un questionnaire destiné aux MRE de la Région de l’Oriental résidant en Europe, des entretiens avec les MRE, et avec les présidents des associations de deux mosquées, en Espagne et en France, et l’élaboration d’un focus groupe en Espagne.
I – La préservation de la culture et de l’identité marocaine
La culture et l’identité marocaine s’épanouissent dans un environnement marocain, dont les interactions s’effectuent entre le territoire et la population. Pourtant, ces interactions deviennent complexes lorsque, le territoire est étranger, et les marocains constituent juste une très petite communauté à coté d’autres. En effet, nous allons aborder, l’interaction entre le champ migratoire et la culture et l’identité marocaine, ainsi que le rôle de la famille émigrante dans la préservation de l’identité et de la culture marocaine à l’étranger.
1- Les interactions entre la migration, la culture et l’identité
1-1- L’identité : un concept très complexe
L’identité est un concept très complexe. Il est défini comme «la capacité à être (soi-même) et à se définir (par rapport à l’autre)»[1], ce qui fait que l’identité s’impose par rapport à l’autre. Au 20ème siècle, cette notion a donné naissance à deux patriotismes:
– un patriotisme lié à une terre par la filiation, ici l’identité a été liée à la patrie.
– un patriotisme désigné par l’adhésion (volontaire) à un ordre politique (régime).
La notion de l’identité, peut être vue aussi comme «une construction syncrétique et complexe. Elle est l’ensemble disparate recouvrant des éléments d’ordre subjectif, social, culturel, religieux, ethnique, géographique, etc. De ce fait, elle évolue et se régénère dans le temps en fonction de plusieurs facteurs»[2]. Ce qui fait que l’identité ici est vue comme une construction ou un produit de confusion d’un ensemble d’éléments, sociaux, culturels, religieux, géographiques… L’identité se caractérise, par l’évolution dans le temps et dans l’espace, et combine le passé, le présent et l’avenir[3].
En effet, on peut dire que les différents éléments se rassemblent afin de forger l’identité de l’être humain. Avant d’atteindre le stade de la prise de décision, de faire le choix et de s’imposer socialement, ce dernier passe par plusieurs étapes, dont les institutions sociales jouent un rôle important dans sa construction identitaire et sociale.
1-2 : L’identité du marocain dans un large champ migratoire
1-2-1 : Un champ migratoire marocain étendu
Le concept du «champ migratoire» est apparu afin de refléter la relation entre la migration et l’espace parcouru par les migrants d’un pays donné, «Les concepts de champ migratoire et d’espace migratoire sont apparus dans la littérature scientifique française au cours des années 70. Utilisés d’abord par les démographes et les géographes, ils ont été repris ensuite par les autres disciplines (sociologie, droit, anthropologie, politologie), et passent peu à peu dans le discours des acteurs institutionnels»[4]. En géographie, le champ reflète un espace.
La carte ci-dessous montre la répartition des MRE sur le territoire de l’UE en 2015 selon les statistiques de l’OIM. Le champ migratoire marocain dans cette partie de l’Europe indique que les MRE se concentrent au Sud-Ouest de l’Europe, dans certains pays bien déterminés: la France, l’Espagne, l’Italie.
Source : www.iom.int
Carte 1 : Le champ migratoire marocain dans l’UE en 2015
On constate de la carte 1, que les marocains s’installent sur tous les pays de l’UE. Ils se concentrent également en Europe de l’Ouest, notamment en France et en Espagne.
Au fil du temps, le migrant marocain a construit une large liaison avec son espace de migration. Il a tissé des relations sociales avec la communauté migratoire et avec la population locale des pays d’accueil, ainsi qu’avec le territoire lui même. Le migrant international marocain se trouve dans l’obligation de maintenir habituellement des relations avec deux espaces différents, celui d’origine et celui de résidence.
Généralement, l’Europe et surtout les pays constituant l’UE et l’espace Schengen représentent un espace migratoire dit «champ migratoire traditionnel» de l’émigration internationale marocaine. Les membres de la communauté marocaine résidante dans cet espace sont connus par leur grande mobilité spatiale, soit au niveau du territoire du même pays ou d’un pays à l’autre, surtout, dans et entre les pays traditionnels de l’émigration internationale marocaine à savoir, la France, la Belgique, l’Allemagne et les Pays Bas. Ce qui fait, que l’étude de la communauté marocaine en Europe de façon générale, trouve sa place actuellement plus que l’étude de celle-ci dans un espace géographique très étroit lié à un seul pays, car, on entend parler récemment de l’identité européenne et du citoyen européen.
Sous l’effet de la crise économique internationale de 2008, la situation et devenue assez délicate pour un grand nombre de migrants internationaux marocains, car, la crise avait engendré une nouvelle mobilité spatiale, surtout pour ceux qui résident dans les pays infectés par la crise économique internationale, tels que l’Espagne et l’Italie. Cette nouvelle mobilisation a imposé au migrant de maintenir des relations entre différents espaces : pays de la première résidence, de la deuxième résidence ainsi qu’avec le pays d’origine. La grande mobilité des marocains sur le territoire du même pays les oblige parfois, à garder leurs relations avec les différentes régions du même pays.
Afin de détecter la mobilité des MRE dans leur champ migratoire européen, nous avons interrogé ces immigrés sur les premiers pays de leur résidence et les pays où ils résident actuellement. Les résultats obtenus sont présentés dans la figure 1.
Source : travail personnel (Questionnaire destiné aux MRE, 2016-2017)
Figure 1 : Pays de la première et l’actuelle résidence des MRE enquêtés
La figure 1 montre que la France demeure le premier pays de la première et de l’actuelle résidence des MRE, vu que 47,3% des MRE enquêtés résident actuellement en France. Ce pays constitue, la première résidence de 39% de ces enquêtés. La France est suivie par l’Espagne qui constitue le pays de résidence de 20,9% des MRE enquêtés. Par contre, ce pays était la première résidence de 31,3% des MRE contactés. Nous constatons que la Belgique occupe la troisième position dans les pays d’accueil des MRE. Par contre, elle partage la troisième position avec les Pays-Bas en tant que pays de première résidence avec 8,2% des MRE enquêtés pour chacun. Ce dernier pays constitue le quatrième pays de résidence des MRE enquêtés. Nous constatons aussi que l’Allemagne est un pays de résidence de 6,6% des MRE contactés, par contre, il constitue le pays de la première résidence de 4,4% de ces MRE.
Ce que nous pouvons déduire de façon générale de cette figure, c’est que les MRE se déplacent dans leur champ migratoire. Ainsi que, les pays traditionnels de la migration internationale marocaine –la France, la Belgique, les Pays Bas, l’Allemagne- constituent des pays de dernière installation des MRE. Par contre, les nouveaux pays de l’émigration internationale marocaine tels que, l’Espagne et l’Italie, constituent encore des pays de transit pour la migration internationale marocaine, même s’ils sont les pays d’accueil d’un nombre important des MRE. Cela revient à l’économie et le système social de ces deux derniers pays qui ne donnent pas aux immigrés internationaux les opportunités de la stabilité définitive.
Par ailleurs, durant le remplissage des questionnaires en Europe, un migrant a évoqué que « j’ai émigré la première fois vers les Pays-Bas, puis je me suis déplacé vers l’Allemagne et finalement je me suis installé en France ». Un autre migrant marocain a affirmé que « j’ai émigré la première fois en 1971. J’ai passé 8 ans en situation irrégulière en Allemagne. Je suis retourné au Maroc et j’ai passé 10 ans, puis, j’ai émigré clandestinement une deuxième fois vers l’Allemagne. Je suis venu en Espagne où j’ai régularisé ma situation durant la campagne de régularisation de 1991, dès lors, je vis ici en Espagne ».
Le champ migratoire marocain a connu une sorte d’élargissement rapide et progressif, soit au niveau des pays d’installation, soit au niveau des régions de départ. Il a donné lieu à la création du concept «Diaspora marocaine». À l’échelle internationale, les MDM s’installent sur le territoire de plus de 100 pays. Au niveau national, l’émigration a touché toutes les régions marocaines. Elle est devenue une culture qui couvre tout le territoire marocain et touche toutes les catégories sociales (homme et femme, jeune et âgée).
Les migrants marocains s’installent sur le territoire du même pays, avec des différences en nombre d’une région à une autre, ce qui fait que «le champ migratoire des Marocains, … est aujourd’hui plus vaste, plus ouvert que celui des Algériens ou des Tunisiens qui demeurent concentrés sur un nombre réduit de pays, dont la France.»[5]. Selon Catherine WINTOLES DE WENDEN, « 95% des Algériens en Europe sont en France, 70% des tunisiens aussi, 80% des Grecs, 72% des turcs, 68% des Polonais et des Ex-Yougouslaves vivent en Allemagne »[6].
Tableau 1 : Répartition des MRE dans leur champ migratoire européen en 2015
Pays | Nombre | Pays | Nombre |
France | 926 466 | Pologne | 318 |
Espagne | 700 000 | République tchèque | 300 |
Italie | 425 238 | Irlande | 275 |
Pays Bas | 172 291 | Luxembourg | 246 |
Allemagne | 144 552 | Hongrie | 200 |
Belgique | 93 012 | Island | 166 |
Royaume-Uni | 23 512 | Roumanie | 107 |
Suède. | 9233 | Bulgarie | 85 |
Danemark, | 5632 | Slovaquie | 52 |
Finlande | 2480 | Croatie, | 29 |
Grèce | 2076 | Slovénie | 23 |
Autriche | 1926 | Estonie | 14 |
Portugal | 1 206 | Lettonie | 9 |
Source : www.iom.int
On constate du tableau 1 que la communauté marocaine réside sur tout le territoire de l’UE. La masse de cette communauté est répartie de façon inégale entre les pays de l’Union. Avec cette grande répartition sur le territoire européen, les marocains parviennent à tisser des relations sociales, culturelles et commerciales assez larges (mariages, fêtes religieuses, actions de solidarité, partage des espaces sociaux, etc.).
Ce champ migratoire marocain est devenu plus docile, plus accessible et plus accueillant pour les nouveaux arrivants. Il a permis l’épanouissement de certains services commerciaux, religieux et sociaux, tels que: les boutiques qui vendent des produits d’origine Marocaine, les cafés, les mosquées, les associations, les écoles pour apprendre la langue arabe aux enfants des MRE, etc. Ce facilite une bonne installation et une intégration rapide.
1-2-2 L’identité du migrant sur le territoire d’accueil
L’identité internationale de l’immigrant marocain est une identité muable, car elle est un champ d’interaction de plusieurs facteurs, ceux liés au pays d’accueil et ceux liés au pays d’origine. Le migrant est une personne qui émigre à un territoire d’accueil, avec une charge identitaire produite sur le territoire d’origine. Cette charge identitaire, reflète son appartenance à un espace, à une ethnie, à une religion et à une culture donnée. L’immigrant, va affronter avec cette charge une nouvelle société d’accueil composée d’un mélange identitaire.
Certes, l’interaction du marocain à l’étranger avec la société d’accueil permet de distinguer trois types de marocains, il s’agit du:
- Marocain né et résident sur le territoire national.
- Marocain né sur le territoire marocain et réside à l’étranger.
- Marocain né et résident sur un territoire d’accueil.
Dans ce cadre, et dans l’objectif de bien déterminer cette interaction entre les marocains et leurs pays d’installation, l’appellation des ces derniers a connu plusieurs mutations. D’abord, ils étaient désignés par les Travailleurs Marocains à l’Etranger (TME), puis les Résidents Marocains à l’Etranger (RME), la Communauté Marocaine à l’Etranger, les Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) et actuellement les Marocains du Monde (MDM). Ce qui fait, que la vision nationale, à cette communauté change d’une période à une autre. Elle a fini une nomination qui reflète l’identité internationale des MRE.
1-2-3 La société d’accueil influence l’identité du migrant marocain
Dans le champ migratoire, se pose un grand point d’interrogation sur la relation entre le territoire et l’identité. C’est-à-dire, est ce que l’identité est liée à un espace géographique bien déterminé? Autrement dit, est ce que le territoire est juste un support ou c’est un producteur de l’identité?
La proximité géographique et historique entre le Maroc et l’Europe, a renforcé l’épanouissement et l’élargissement du champ migratoire marocain dans ce continent. Elle a aussi, facilité un approvisionnement successif et progressif de la communauté marocaine par des nouveaux émigrés réguliers et irréguliers.
À propos de la relation entre l’identité et le territoire, nous constatons que dans le cas de la diaspora marocaine, l’identité collective prend plus d’ampleur que l’identité individuelle. À l’étranger, pour désigner l’origine d’une communauté issue de toutes les régions et provinces du Maroc, on évoque la notion de «marocain», ce qui signifie que l’identité est liée davantage au territoire marocain en général. En effet, «évoquer une identité collective à partir du territoire suppose une adhésion de chacun à cette conscience spatiale partagée»[7]. Certes, les marocains deviennent conscients davantage de leur identité collective, vu qu’à l’étranger, la communauté immigrante trouve sa place dans la structure de la société d’accueil, et l’identification des immigrés se base sur le pays d’origine et non sur la région, la province ou la ville d’origine. De là, nous pouvons dire qu’à l’étranger le territoire marocain devient un support de l’identité marocaine collective.
Dans le pays d’accueil, plusieurs identités partagent le même territoire, pourtant, le degré d’appartenance à ce territoire n’est pas le même d’un individu à un autre. Tant que la personne est immigrante, l’appartenance est individuelle plus que collective
Dans la même famille immigrante, nous pouvons rencontrer des membres dont l’appartenance au territoire d’accueil est plus avancée par rapport aux autres. L’attachement à la société, aux normes, à la culture, aux habitudes de ce territoire d’accueil est différent entre les membres de cette même famille. Cela influence évidement la question de la citoyenneté de chacun dans la famille immigrante. Ce degré d’appartenance était à l’origine de la surgie de la notion de la deuxième, la troisième et la quatrième génération dans la communauté marocaine à l’étranger, car, au sein de la société marocaine, ce genre de distinction n’existe pas (carte 2).
Source : Entretien avec un MRE résident actuellement en France (2017)
Carte 2 : Le changement de l’identité selon la situation administrative de chaque membre de la famille émigrante dans les pays d’accueil
La carte 2 montre un exemple vif de l’impact de la situation administrative sur l’identité de l’émigrant marocain. Cette situation est différente selon le membre de la famille, la période d’émigration et le territoire d’accueil.
Après sa migration à la région de Murcia (la première région d’accueil espagnole) en 1999, le père était un migrant marocain avec carte de résidence. Sa femme a eu la même situation administrative après un regroupement familiale en 2002, c’est-à-dire, une migrante marocaine avec carte de résidence espagnole.
Leur premier enfant est né sur le territoire espagnol en 2003, ce qui lui donne une situation administrative différente de celle de ses parents. Il possède la nationalité de ses parents par le droit du sang et la nationalité espagnole par le droit du sol.
La petite famille déménageait en 2007 vers la Catalogne (la deuxième région d’accueil espagnole), à cause de la crise économique qui a touché le secteur de la construction dans lequel le père était salarié.
En 2008, la famille a eu un deuxième enfant. Il sera, lui aussi, marocain et espagnol. Administrativement, cet enfant est lié à sa région de naissance (Catalogne). Par contre, sa sœur aînée est liée à la première région d’accueil (Murcia).
En 2014, la situation administrative du père a changé après l’obtention de la nationalité espagnole par le biais de la naturalisation. Ce qui fait, qu’il est devenu espagnol d’origine marocaine. Cette nouvelle situation lui permettait de quitter l’Espagne et de ré-émigrer vers la France dans la même année.
En France, sa situation administrative a complètement changé. D’un point de vue administratif, il est citoyen communautaire, c’est-à-dire un espagnol avec carte de résidence française. Son identité marocaine est carrément absente ici. Les deux enfants ont la même situation administrative que le père. La femme est aussi devenue communautaire après l’obtention de la nationalité espagnole en 2016. Delà, on peut déduire que cette famille en France, est une famille espagnole et non marocaine.
En 2015, un troisième enfant est né sur le territoire français. Cet enfant possède une situation administrative complètement différente des autres membres de la famille. Il est espagnole par le droit du sang, français par le droit du sol et marocain par l’origine de ses parents. Ce qui fait, l’appartenance réelle de cette famille est à quel territoire ? Et pour le troisième enfant, est ce qu’il est français ou espagnole ou marocain ?
2 : La famille immigrante, un socle pour préserver la culture et l’identité
Il est primordial d’évoquer le rôle de la famille dans la construction et la préservation de la culture et l’identité de l’individu. Pourtant, il est essentiel, avant tout, de s’interroger sur la notion de la famille dans le pays d’accueil: de quelle famille s’agit-il? Est-ce que la famille immigrante est capable de préserver et de défendre son originalité? Est-ce qu’elle ne va pas s’incliner devant les pressions de la société d’accueil?
2-1 : La diversification de la famille marocaine immigrante
Pour se construire, la famille immigrante doit obéir à deux régimes législatifs, celui du pays d’origine et celui du pays d’accueil. Elle se trouve donc, dans l’obligation de se soumettre aux lois du pays d’accueil. Les relations entre genres et les relations parents-enfants sont gouvernées par les lois internes. Ces lois sont appliquées bien sûr, sur la famille quelle que soit son origine, autochtone ou immigrante,
La préservation de la culture et de l’identité d’origine reste une affaire interne, qui se déroule au sein de la famille. Le rôle de cette dernière se base sur l’éducation et la socialisation de l’enfant. Les parents transmettent leurs normes identitaires et celles de leur pays d’origine à leurs enfants. Dans cette institution, émerge le premier sentiment de l’existence sociale, et vers elle, se construit le premier sentiment de l’appartenance chez l’enfant. La transmission des normes d’origine qui façonne l’identité de l’enfant, est influencée par certains facteurs. Il s’agit en premier, lieu de la perception des parents aux normes et aux valeurs d’origine, et en deuxième lieu, du changement de normes et de convictions des parents sous l’effet de la migration et l’interaction avec d’autres identités immigrantes. En troisième lieu, il s’agit du degré d’insertion des parents dans la société d’accueil. La deuxième et la troisième génération sont plus intégrées dans la société d’accueil que la première génération.
Dans ce sens, les participants au focus groupe organisé en Espagne, le 06/11/2016 à 15h00, à la ville d’Igualada dans la province de Barcelone, région de Catalogne, ont évoqué quelques difficultés. Ils sont affrontés par les familles marocaines en ce qui concerne la transmission des normes et des valeurs d’origine. Ils ont évoqué que «pour l’enfant, les parents sont toujours une référence, un exemple à suivre, pourtant, l’enfant émigré perd rapidement cet exemple, lorsqu’il découvre à un âge très précoce que sa propre culture est plus avancée que celle de ses parents, ce qui fait que l’enfant ne croit plus à ce qu’ils lui disent». Cela, revient selon les participants à «…la faiblesse dans la méthode suivie par les familles immigrantes pour faire passer leur culture d’origine à leurs enfants. Parfois, les enfants posent des questions difficiles à répondre surtout pour des parents non instruits tel que: que signifie Dieu, c’est quoi la pudeur (hchouma)».
D’un autre angle de vue, il faut noter, que les émigrés internationaux marocains n’appartiennent pas à la même origine régionale. Ce qui fait que, même l’identité marocaine n’est pas une identité unique, vu que l’origine régionale de ces derniers est différente. En effet, nous avons essayé de détecter l’impact de la sédentarité dans le pays d’accueil sur la culture des MRE à partir de la connaissance des langues utilisées davantage au sein de leurs foyers.
Tableau 2 : Langues parlées au sein des foyers familiaux des MRE enquêtés
Langue parlée | Nombre | % |
Arabe | 119 | 65,4% |
Langue du pays d’accueil | 102 | 56,6% |
Amazigh | 36 | 19,8% |
Toutes | 8 | 4,4% |
Sans réponse | 4 | 2,2% |
Source : travail personnel (Questionnaire destiné aux MRE, 2016-2017) (Question à choix multiple)
On peut déduire du tableau 2, que la langue parlée qui se positionne en premier rang dans les foyers des MRE contactés est la langue arabe avec 65,4%, et dans le deuxième rang, nous trouvons la langue du pays d’accueil avec 56,6%, et au troisième rang, il y a l’Amazigh avec 19,8%.
On constate, que la langue du pays d’accueil trouve sa place au sein de la famille marocaine en Europe. L’utilisation de cette langue, revient à plusieurs facteurs, d’abord, elle est la langue de conversation habituelle hors du foyer, elle est aussi la langue des administrations, du travail, de l’école, du marché…, elle est partout. Avec le temps, quelques expressions et actions quotidiennes, même, de la famille émigrante seront exprimées en langue du pays d’accueil, ce qui augmente le degré de la régression de la langue du pays d’origine.
2-2 : La culture marocaine restreinte au foyer
En ce qui concerne les lieux de pratique de la culture marocaine, les participants au focus groupe organisé ont affirmé que «dans les pays d’accueil, la culture d’origine trouve sa place uniquement dans la famille et non dans la société, ce qui mène les deuxièmes et les troisièmes générations à perdre certaines de leurs particularités d’origine »[8]. Delà, la transmission de la culture reste close dans les foyers, même si ces derniers affrontent une forte pression de la culture de la société d’accueil, qui est devenue un rival pour celle d’origine.
Source : Travail personnel (Questionnaire destiné aux MRE, 2016-2017
Figure 2 : L’existence ou non d’un salon marocain dans les foyers des MRE enquêtés
Afin de connaître la solidité du lien de l’émigré marocain avec sa culture d’origine, l’enquête réalisée auprès des MRE a révélé que 67% d’entre eux ont un salon marocain dans leurs foyers. Par contre, 31,3% ont répondu négativement à la question (Figure 2).
L’existence du salon marocain au sein du foyer reflète la relation entre l’émigré et sa culture d’origine, vu que, les foyers ne sont pas préparés pour ce genre d’ameublement. Cependant, à la maison de l’émigré, le salon, la cuisine, les rideaux, les tables artisanales, les banquettes, les objets du bain – savon Beldi,… tous ces objets reflètent l’attachement de l’émigré à sa culture d’origine. Le commerce de ces objets dans les pays d’accueil est très florissant. A titre d’exemple, on peut visiter les bazars marocains au Boulevard Voltaire à Asnières sur Seine en Ile de France, à Bruxelles en Belgique, à Crevillente en Espagne (Photo1).
Photo1 : Les bazars marocains à Crevillente en Espagne
Source : Cliché personnel, Crevillente, Espagne, Le 20 Janvier 2019
La photo 1, montre un des boulevards de la ville de Crevillente en Espagne où s’installe un nombre important de bazars et de restaurants marocains qui prennent des noms écrits en arabe, tel qu’il est montré sur la photo. Dans ce boulevard, s’installe aussi une mosquée qui prend le nom de (la mezquita IMAM MALIK).
Il faut mentionner que certaines maisons des MRE contiennent deux salons, un salon marocain et un autre européen.
Photo 2 : Salon d’une famille émigrante en France
Source : Photo prise par le chercheur, Château Thierry, France, le 20 Aout 2017
La photo 2 représente un salon d’une famille marocaine émigrante en France, dont le père est marocain né et grandi au Maroc. Il a émigré clandestinement vers l’Espagne en 1997, à l’âge de 28, où il a été régularisé en 2000. Il s’est marié avec une marocaine née au Maroc et ayant grandi en France après un regroupement familial en 1971. Elle avait 6 ans, ce qui a permis au mari de se régulariser cette fois-ci en France. Leurs enfants sont tous nés dans ce pays et portent sa nationalité. Le salon montre un grand attachement de cette famille à la culture marocaine. Il faut souligner aussi que leurs enfants sont inscrits à l’école de la mosquée de la ville. Pourtant, ils ne parlent pas parfaitement bien la langue arabe, vu que la mère ne parle pas parfaitement bien cette langue.
On a observé en France aussi, que les voitures des immigrés sont généralement connues par la présence de certains objets qui reviennent au pays d’origine, des fois, les MRE mettent des petits drapeaux Marocains ou des chapelets.
On a remarqué, que la célébration de certaines cérémonies, telles que les mariages et les fêtes religieuses a une allure purement d’origine. Le côté vestimentaire et culinaire est fortement présent durant ces cérémonies, à titre d’exemple, la Djalaba pour les hommes et la Takchita, le Caftan et le henné pour les femmes. Certains marocains, ont créé des entreprises de services dédiés à ce genre de cérémonies, tel que les traiteurs et les Negafas.
2-3 : La télévision un outil de préservation des liens
Il est évident que la socialisation d’une personne, passe dans différentes institutions, tels que : la famille, la société, l’école, la mosquée, et se réalise par différents moyens, comme le travail, la radio, les réseaux sociaux, les chaînes télévisées… Dans ce sens, nous avons interrogé les immigrés marocains enquêtés sur les chaînes télévisées qu’ils préfèrent regarder chez eux (tableau 3).
Tableau 3 : Les chaînes préférées par les MRE enquêtés
Chaînes | % |
Les deux (marocaines-étrangères) | 39% |
Les chaînes du pays d’accueil | 30,2% |
Les chaînes Marocaines | 26,9% |
Sans réponse | 3,8% |
Total | 100% |
Source : Travail personnel (Questionnaire destiné aux MRE, 2016-2017)
Le tableau 3, montre que 39% des MRE enquêtés suivent les émissions des chaînes du pays d’accueil et des chaînes marocaines, par contre nous constatons que 30,2% des enquêtés préfèrent regarder les chaînes du pays d’accueil, et 26,9% préfèrent des chaînes marocaines.
Le suivi des MRE aux émissions des chaînes des pays d’accueil, réduit le degré du contact des enfants avec la culture de leur pays d’origine. En plus, il existe un autre facteur qui réduit éventuellement le contact de ces enfants avec leur culture d’origine. Il s’agit de l’utilisation abusive de l’internet qui affecte même la relation familiale.
Il faut souligner que la transmission de la culture d’une génération à une autre, dans les pays d’accueil, se heurte à des difficultés, telles que «Pour les marocains de la deuxième génération, ils n’ont pas la capacité et les outils pour faire passer correctement leur culture à leurs enfants»[9], car, se sont des parents qui sont nés sur le territoire d’accueil et leur confrontation avec la culture d’origine est limitée au foyer. En fait, leur culture est déjà hybride.
Il existe un autre facteur, qui a aussi plus d’importance dans la transmission de la culture d’origine. On peut le résumer dans le fait que «les parents parfois sont incapables de passer convenablement la culture du pays d’origine»[10], vu leur ignorance, ou à cause du travail qui réduit le temps passé avec les enfants, surtout dans le cas du travail des deux conjoints.
II – Les défis de la préservation de la culture et l’identité chez le migrant marocain
1 – L’occidentalisation des familles
Le souci de perdre le contrôle sur les membres de la famille était l’un des facteurs de l’immigration individuelle et leur aspect masculin et temporaire chez la première génération marocaine. La peur de l’occidentalisation était très élevée chez cette génération, puisque ces immigrés étaient surtout des hommes célibataires. Dans leur conception, la vie sociale dans les pays d’accueil n’était pas conforme avec leur mentalité conservatrice. Elle était vue comme une menace pour la famille marocaine. Cette perception à l’occident a été un obstacle devant la migration féminine.
Sous l’effet de la familiarisation avec les coutumes et les valeurs de ce «nouveau monde», et avec les avantages offerts pour les immigrés en famille, un grand nombre d’entre eux ont changé d’avis, en décidant de ramener leurs familles à l’étranger. Ce phénomène est devenu très remarquable en France après la loi française qui a donné aux immigrés le droit de ramener leurs familles (la circulaire du 5 Juillet 1974), ainsi qu’en Belgique et aux Pays-Bas.
À cette époque, les retombées de l’occidentalisation étaient très graves sur les familles immigrantes d’origine arabe et musulmane à cause de l’absence d’un capital social migratoire, qui aide les nouveaux immigrés à s’intégrer dans la société d’accueil, sans perdre leur culture d’origine. Ce qui a créé l’instabilité, les conflits conjugaux et les divorces au sein de la famille immigrante.
La famille immigrante dans les pays d’accueil occidentaux, avait connu une sorte de révolution interne, au moment où un capital social relatif à l’immigration a commencé à s’établir. Une plateforme culturelle liée au contexte de la nouvelle situation et au statut migratoire est en train de se construire. Au fur et à mesure, «leur séjour se prolonge et leurs pratiques sociales et culturelles se structurent en fonction de la spécificité de l’environnement»[11]. Cela, va conduire à la construction d’un sentiment de double appartenance, une double nationalité et une double identité. On peut constater l’effet de la sédentarité, à partir de la croissance du taux des noms musulmans par rapport aux nouveaux nés en France entre 1977 et 2016 (Cartes : 3 et 4)
Carte 3 : Taux d’octroi de prénoms musulmans en France en 1977 (%)
Carte 4 : Taux d’octroi de prénoms musulman en France en 2016 %
On constate que le taux des noms musulmans en France, a beaucoup progressé entre 1977 et 2016. On remarque qu’en 1977, le Rhône (69), était le département qui a enregistré un taux élevé, 9% des noms musulmans, le même département a enregistré en 2016, 23,5%.
2- Le déracinement, une contrainte de la préservation de l’identité et la culture
La relation du migrant avec son pays d’origine régresse avec le temps. Les liens avec le pays d’origine perdent leur perfection avec l’âge. Les premières années passées sur le territoire de destination représentent la période où le degré des liens est très élevé. Cette relation se dégrade en parallèle avec le degré d’intégration du migrant dans la société d’accueil: l’importance des liens tissés avec les autres immigrés et avec les autochtones. Nous pouvons constater le déracinement des MRE à partir de la fréquence de leurs visites au Maroc (figure 3).
Source: travail personnel (Questionnaire destiné aux MRE, 2016-2017)
Figure 3: La fréquence des visites des MRE enquêtés au Maroc
La figure 3 montre que 36% des MRE enquêtés visitent le Maroc, une fois par an, et 24% le visitent plusieurs fois par an. 29% visitent le Maroc une fois tous les deux ans. Ceci diminue, par la suite, le rapport du migrant avec la société d’origine. Nous trouvons aussi que 7% de ces MRE enquêtés visitent le Maroc rarement. Il y a une proportion très faible de 2% qui visite le Maroc une fois tous les 3 ans et la même proportion dépasse les trois ans pour visiter son pays d’origine. Avec le temps, la faiblesse du nombre de visites au pays d’origine, augmente fortement la possibilité de déracinement.
Les facteurs de la faiblesse ou du recul du nombre de visites au Maroc sont multiples. Il s’agit en premier lieu de la mort des parents des migrants, surtout, ceux de la première génération et le mariage des MRE de la deuxième et la troisième génération dans les pays d’accueil.
En ce qui concerne la deuxième génération[12], sa relation avec le pays d’origine est déjà très faible et limitée, vu sa naissance dans les pays d’accueil et sa grande socialisation et familiarisation avec cette société. Avec la mort des parents, les rapports du migrant avec le pays d’origine diminuent, et la fréquence du contact régresse davantage jusqu’à sa disparition totale, ce qui produit une sorte de déracinement de la deuxième génération qui va persister avec les générations d’avenir.
3- La préservation de la culture et l’identité des enfants dans le mariage mixte
Le mariage mixte est parmi les contraintes qui heurtent la préservation de la culture d’origine dans les pays d’accueil. Le nombre de couples à l’étranger, dont un conjoints est marocain est en croissance permanente, surtout en France «Aujourd’hui un français sur trois se marierait avec une personne étrangère»[13], le recours des MRE de la première génération au mariage mixte est dit à la recherche de la régularisation, et pour la deuxième génération, il revient à la familiarisation de cette catégorie avec la culture de la société d’accueil. En effet, la relation entre les premières générations et la population locale est très limitée. Par contre, la deuxième et la troisième génération ont tissé des relations sociales dès la maternité, ce qui facilite le mariage mixte entre les jeunes issus de l’immigration et les jeunes autochtones. Les retombées de ce genre d’union sur le couple, sur les enfants et sur la relation de ces derniers avec le pays d’origine d’un des deux parents sont très différentes.
Le mariage mixte est parmi les contraintes affrontées par un certain nombre de Marocains résidant à l’Etranger et surtout en Europe. Les retombées de ce genre de mariage sont très compliquées sur le couple, sur les enfants, les petits enfants et sur la relation de ces derniers avec leur pays d’origine.
Les chercheurs surtout en sociologie remarquent une sorte de différence au niveau du mode de vie, entre un couple composé d’un marocain et une étrangère et un couple composé d’une marocaine et un étranger.
Ils constatent que le couple dont la femme est d’origine marocaine garde et conserve parfaitement bien ses liens avec la culture d’origine, et cela se voit dans l’organisation du foyer et dans les relations sociales avec le pays d’origine. La femme garde dans son foyer un environnement inspiré de la culture marocaine. Une situation qui permet aux enfants de se familiariser avec la culture d’origine. Les visites annuelles au Maroc et l’appropriation de la langue maternelle au foyer, contribuent fortement à la construction de l’identité des enfants.
Par contre, les couples où le mari est marocain, la préservation de la culture marocaine au sein du foyer est assez limitée. Elle se penche davantage vers la disparition. Cela, nous pouvons le détecter dans la manière de ménager le foyer, des plats préparés à manger, des ustensiles, etc.
La langue pratiquée à la maison est la langue du pays d’accueil (langue maternelle), vu que, la plupart du temps, les enfants ont un contact direct avec leur mère plus qu’avec leur père. Cette situation augmente les opportunités de l’appropriation de la culture maternelle. Ce qui engendre par la suite chez les enfants, une rupture avec la culture du pays d’origine du père. Dans ce cas, la notion du pays d’origine ou du «bled» commence à s’affaiblir. Par contre, la relation avec le pays de résidence se développe fortement et les enfants sentent leur appartenance aux pays où ils vivent, étudient et tissent des relations sociales. La plupart du temps, dans le mariage mixte, les enfants ont un contact direct avec leur mère plus qu’avec leur père, ce qui augmente les opportunités de l’appropriation de la culture maternelle.
Conclusion
Finalement nous pouvons dire que, la préservation de la culture et de l’identité marocaine à l’étranger est une affaire très complexe, elle concerne en premier lieu la famille, car, celle-ci est la première institution sociale qui façonne l’identité de l’individu. Elle possède aussi les outils nécessaires et susceptibles de faire apprendre aux nouvelles générations les costumes et la culture d’origine. Nous avons vu que la famille trouve des difficultés afin d’accomplir ces tâches à l’étranger envers les nouvelles générations, telles que, l’occidentalisation, le mariage mixte, et le déracinement.
Pourtant, il faut prendre en considération que la préservation de l’identité et de la culture marocaine à l’étranger, ne concerne pas uniquement la famille. Par contre, elle concerne de façon directe l’Etat marocain, ainsi que d’autres institutions sociales comme la mosquée et l’école.
Bibliographie
– ADEK Mostafa, (2014) : «Vers une identité planétaire», Rapport de colloque «la modernité et l’identité culturelle: quel rapport?» coordination de Okacha BEN ELMOSTAFA, CERHSO, Oujda.
– BENAICHA Benyouness (2021) : Les défis internes et externes actuels de la migration internationale marocaine: Cas de la Région de l’Oriental. Thèse de Doctorat. FLSH, UMP. Oujda.
– BERNARD Guillaume, DESCHODT Jean-Pierre et VERPEAUX Michel, (Janvier 2011) : Le dictionnaire de la politique et de l’administration. Presse universitaire de France, Paris.
– GENEVIEVE Vinsonneau, (2002) : « Le développement des notions de culture et d’identité : un itinéraire ambigu », Article, Revue : Carrefours de l’éducation, vol. 14, N° 2.
– GUERIN-PACE France et GUERMOND Yves, (4 /2006) : «Identité et rapport au territoire», Revue Espace géographique, édition BELIN, Paris..
– HAMAD BERKOUCHI Mohammed, (2003) : «La diaspora marocaine: une chance ou un handicap?», édition EDDIF Casablanca.
– SIMON Gildas : «Penser globalement les migrations», article http://www.revue-projet.com/articles/2002-4-penser-globalement-les-migrations/.
– WINTOLES De WENDEN Catherine, (2009) : «la globalisation humaine» Edition, Presses Universitaires de France.
– VAN EeCKHOUT Laetitia, (Janvier 2007): «L’immigration», Edition Odile Jacob, la documentation Française.
– www.fdesouche.com
[1]– BERNARD Guillaume, DESCHODT Jean-Pierre et VERPEAUX Michel (Janvier 2011): Le dictionnaire de la politique et de l’administration. Presse universitaire de France, Paris, P: 131.
[2]– ADEK Mostafa (2014) : «Vers une identité planétaire», Rapport du colloque «La modernité et l’identité culturelle: quel rapport?» coordination de Okacha BEN ELMOSTAFA, CERHSO, Oujda. P: 23.
[3]– GENEVIEVE Vinsonneau (2002) « Le développement des notions de culture et d’identité : un itinéraire ambigu », Article, Revue : Carrefours de l’éducation, vol. 14, N° 2, , pp. 2-20.
[4]– SIMON Gildas «Penser globalement les migrations», Article http://www.revue-projet.com/articles/2002-4-penser-globalement-les-migrations/. Le 30 juin 2015 à 11h 27.
[5]– SIMON Gildas, Idem
[6]– WINTOLES De WENDEN Catherine : «La globalisation humaine». Edition, Presses Universitaires de France, 2009, p: 52.
[7]– GUERIN-PACE France et GUERMOND Yves: «Identité et rapport au territoire», Revue Espace géographique, édition BELIN, Paris, 4 /2006, P: 289.
[8]– Focus groupe 2016.
[9] – Focus group 2016
[10] – Idem
[11]– HAMAD BERKOUCHI Mohammed: «La diaspora marocaine: une chance ou un handicap?», édition EDDIF Casablanca, 2003, P : 15
[12] – Lorsqu’on évoque la deuxième génération, on désigne les descendants de la première génération dans un pays d’accueil.
[13] – VAN EeCKHOUT Laetitia: «L’immigration», Edition Odile Jacob, la documentation Française, Janvier 2007, P: 49