Research studies

Entrepreneuriat Féminin Au Maroc : Atouts, Contraintes et perspectives de développent durable

 

Prepared by the researche

  • Nouhaila El Yazidi  –Etudiante chercheuse au cycle de doctortat, Université Mohamed V, Rabat, Maroc
  • Karima El Ghazouani – Professeur de l’enseignement supérieur, Université Mohamed V, Rabat, Maroc

Democratic Arabic Center

Journal of Afro-Asian Studies : Twenty-Third Issue – November 2024

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2628-6475
Journal of Afro-Asian Studies

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Résumé

Dans cet article, nous traitons les atouts et les contraintes qui entravent le développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc en s’appuyant sur un questionnaire destiné auprès de 100 femmes entrepreneures de la région Rabat-Salé-Kénitra. A la lumière des résultats obtenus, nous avons constaté que les femmes chefs d’entreprises bénéficient d’un environnement entrepreneurial moins favorable. Leur position sur le marché du travail et les inégalités qui subsistent entravent la montée de leurs activités. En effet, ces femmes rencontrent beaucoup de difficultés qui apparaissent assez différenciées selon qu’il s’agisse de la phase de démarrage ou de la phase de gestion quotidienne de l’entreprise. De ce fait, plusieurs atouts y compris la persévérance, la compétence et le leadership s’avèrent indispensables pour que ces puissent réussir leurs activités.

1. INTRODUCTION
De nos jours, l’entrepreneuriat féminin est devenu un enjeu pour plusieurs pays. Les capacités des femmes à générer de la croissance économique et des emplois justifient amplement l’intérêt qu’elles suscitent. En effet, les femmes ont toujours joué un rôle économique important dans nos sociétés même si leur contribution au développement économique n’a été que récemment reconnue et valorisée.
Toutefois, les femmes entrepreneures sont peu nombreuses au Maroc, contrairement à ce qu’on peut remarquer dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Ainsi, les résultats de l’étude « l’évaluation du développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc » réalisée entre 2014 et 2015 par la Bureau international de Travail (BIT), en partenariat avec le ministère du Travail et de l’insertion professionnelle, révèlent que les femmes marocaines entrepreneures représentent 10% à 12% du nombre total des entrepreneurs au niveau national, mais cette proportion masque la réalité de la dynamique entrepreneuriale féminine, principalement à cause du poids de l’informel.
Afin de pallier à cette situation, le Maroc s’est résolument engagé dans un processus de développement économique et social, en mobilisant toutes ses ressources pour promouvoir et favoriser la création d’entreprise par les femmes. Dans cette optique, plusieurs mesures d’accompagnement visant à améliorer les conditions de vie des femmes marocaines et favoriser leur autonomisation en les soutenant dans la concrétisation de leurs projets ont été mises en place. Ces mesures sont d’ordre politique (stratégies et programmes tels que« Min Ajliki », « Ilayki »,
«Infitah pour Elle » etc.,) et institutionnel (la création de nombreux organismes œuvrant pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin au Maroc comme l’Association des Femmes Entrepreneurs du Maroc (AFEM), l’Association Point de Départ (ESPOD), l’Observatoire Nationale pour l’Amélioration de l’Image de la Femme dans les Médias, l’Observatoire nationale de Violence à l’Egard des Femmes, etc).
Néanmoins, en dépit des efforts déployés, l’entrepreneuriat féminin au Maroc est traité souvent comme un constituant implicite du volet du développement des droits économiques des femmes au sein des politiques et stratégies plus vastes pour la réalisation et la protection des droits des femmes. Il n’est pas traité comme un levier de la croissance économique nationale qui nécessite une politique et une stratégie qui lui sont propres.
De surcroît, les femmes marocaines ne disposent pas des mêmes chances que les hommes. Elles se trouvent confrontées à de nombreuses contraintes relatives au lancement de leurs activités économiques. Il s’agit en particulier de contraintes d’ordre psychologique, socioculturel, administratif et financier.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le présent article qui a pour objet de mettre en évidence les différents obstacles qui handicapent l’entrepreneuriat féminin ainsi que les différentes initiatives et mesures engagées par l’Etat pour lutter contre la situation de marginalisation auxquelles sont confrontées les femmes marocaines en vue de réaliser une croissance basée sur les principes d’égalité et de parité. Cela nous amène à se demander:
Quels sont les contraintes, les atouts et les mesures d’accompagnement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc?
Cette question centrale se décompose en sous questions suivantes :
• Quels sont les atouts et les facteurs motivationnels de l’entrepreneuriat féminin ?
• Quelles sont les contraintes liées à l’entrepreneuriat féminin ?
• Quelles sont les mesures initiées par l’Etat visant à encourager l’entrepreneuriat féminin ?
• L’entrepreneuriat féminin contribue-t-il à la réduction du chômage féminin?
• Quelles pistes stratégiques pourraient s’avérer utiles voire indispensable pour assurer un développement harmonieux, équilibré, compétitif et durable de l’entrepreneuriat féminin ?

Afin de répondre aux interrogations posées, nous avons structuré cet article autour de deux parties principales. La première est consacrée au cadre théorique dans lequel nous avons procédé à une revue de la littérature en rapport avec l’entrepreneuriat féminin. La deuxième partie est dédiée au cadre pratique dans lequel nous avons présenté et interprété les résultats obtenus chez les femmes entrepreneurs.

2. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Tout travail scientifique exige l’usage d’une démarche méthodologique qui puisse permettre au chercheur de collecter, d’analyser et d’interpréter les données recueillies. C’est dans ce cadre que nous avons fait recours aux méthodes et techniques suivantes :

 La recherche documentaire : Elle a permis de collecté des informations importantes de point de vue méthodologique afin de développer la problématique posée tout en consultant des ouvrages et des documents officiels.
 Enquête par questionnaire : Il s’agit de distribuer un questionnaire auprès de 100 femmes entrepreneures en vue de collecter des données et des informations inhérentes à notre recherche
 La méthode analytique : Elle nous a permis d’analyser profondément les données recueillies par le biais du questionnaire pour pouvoir en tirer une conclusion fiable. C’est grâce à cette méthode que les graphiques ont été analysés et interprétés.
 La méthode descriptive qui a rendu possible la description des caractéristiques de nos enquêtes.

3.CADE THEORIQUE
Toute problématique de recherche doit d’abord s’inscrire dans une perspective théorique globale à partir de laquelle un cadre théorique spécifique relatif à l’objet d’étude sera conçu. Dans ce sens, il est judicieux d’expliciter, à la lumière de la littérature disponible, les théories qui se rapportent à notre sujet.

3.1. DEFINITION DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ
La définition de l’entrepreneuriat féminin n’est pas une chose facile étant donné que les définitions sortent de diverses écoles de pensées ainsi que de différents domaines de recherche permettent difficilement un accord définitif sur une définition distincte de la femme entrepreneure.
Dans ce sens, plusieurs définitions de la femme entrepreneure ont été élaborées. Selon Belcourt, Burke et Lee-Goselin, l’entrepreneure est «cette femme qui recherche l’épanouissement personnel, l’autonomie financière et la maitrise de son existence grâce au lancement et à la gestion de sa propre entreprise » [1]. C’est pour cela que Chalal la qualifie d’une « personne qui déplace des ressources économiques d’un niveau de productivité et de rendement donné à un niveau supérieur lui permettant au moins de se maintenir mais surtout de se développer sur le plan économique et social» [2].
Au Maroc, l’Association des femmes chefs d’entreprises (AFEM), en tant que première instance associative marocaine qui s’intéresse et encourage l’entrepreneuriat féminin, définit la femme chef d’entreprise comme étant « une femme occupant l’une des fonctions suivantes: président directeur général, vice-président directeur général, président du conseil de surveillance, président ou membre du directoire, administrateur directeur général, directeur général, directeur général adjoint, gérant ou cogérant».
L’entrepreneuriat féminin au Maroc est également entendu comme l’acte de création ou de développement des entreprises par les femmes dans le cadre de la politique de l’égalité [3] menée par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Cette vision de l’entrepreneuriat féminin est stimulée par quatre logiques différentes:
• La volonté de l’intégration de l’entreprise féminine dans le circuit économique (secteur formel ou secteur informel).
• Le choix délibéré du statut d’entrepreneur (employeur ou indépendant).
• Une trajectoire transmissible de l’entrepreneuriat dans le cadre familial.
• La nécessité de satisfaire les besoins personnels ou familiaux, ou la recherche de l’aboutissement d’un cursus d’éducation et de formation, ou encore un besoin d’accomplissement sur le plan personnel.

3.2. APPROCHES DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ
Trois grands courants de pensée féministe ont permis l’éclosion d’une connaissance de l’entrepreneuriat féminin [4], à savoir :
 L’approche fonctionnaliste : Elle est appelée aussi l’approche radicale, différentialiste ou essentialiste, cette approche se base sur une vision naturaliste des rôles sexués : Il existe des différences entre les hommes et les femmes, qu’il convient d’explorer [5]. Des différences psychologiques et émotionnelles ancrées dans le rôle de la reproduction de l’espèce humaine. En effet, l’expérience physique de la conception, de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement procure aux femmes une grande sensibilité et moins de raisonnement, ce qui constitue la fondation de l’oppression des femmes, et l’individualisme des hommes. Ainsi, les femmes a priori, seraient moins capables ou moins compétentes que les hommes pour l’entrepreneuriat, a priori perçu et a fortiori construit comme une activité masculine [6].Toutefois, cette approche a fait l’objet de nombreuses critiques notamment celles relatives à l’utilisation d’instruments de mesure dits «masculins» pour évaluer les traits psychologiques, la personnalité et les valeurs individuelles et une définition de la réussite entrepreneuriale à partir de critères essentiellement masculins.
 Les approches féministes : Dans cette approche, on distingue le féminisme libéral et le féminisme social :
 Le féminisme libéral : Il est basé sur le postulat que les hommes et les femmes sont égaux et qu’ils sont des êtres rationnels capables de faire des choix raisonnés. En effet, les femmes qui sont aussi capables que les hommes de réussir dans les activités entrepreneuriales, font l’objet de discriminations et sont désavantagées en matière d’accès aux ressources (financement, formation, réseaux, etc.) et d’opportunités, ce qui explique les différences en matière de performance. La principale critique de cette approche est qu’elle néglige sciemment « la sphère familiale », qui est un élément fondamental explicatif des différences.
 Le féminisme social : Il est inspiré des nouvelles approches par le genre, ce courant part du principe que les femmes entrepreneures possèdent des attributs uniques et précieux pour le monde de l’entrepreneuriat, identifiés comme des ressources plutôt que comme des freins. Cette approche étudie les différences hommes-femmes comme des constructions sociales et culturelles [7] en se basant sur l’observation et l’analyse des processus de socialisation, d’où un intérêt à se focaliser sur le style de gestion de chaque groupe sans préjuger de la supériorité d’un groupe par rapport à l’autre.
 Le féminisme socioconstructiviste ou poste structuraliste : Il est impulsé par la volonté de dépasser une démarche ontologique et un positionnement positiviste, qui ont marqué la recherche sur l’entrepreneuriat féminin. Le courant socioconstructiviste vient défendre un nouveau paradigme où la norme masculine est mise en évidence et dénoncée [8], tout en s’inscrivant dans la même logique que le féminisme social, à travers l’analyse des conditions et des pratiques qui produisent le genre. Ainsi, le chercheur interroge les facteurs historiques, culturels, législatifs et institutionnels dans la recherche sur l’entrepreneuriat féminin. Le genre est appréhendé comme un « concept relationnel », il peut se réaliser de diverses manières en fonction du contexte [9], Certes cette approche considère le phénomène en profondeur, mais elle ne demeure pas sans limites. En réalité, ce courant repose sur l’hypothèse que les femmes entrepreneures constituent un groupe homogène ignorant ainsi certains groupes distincts socialement par des facteurs tels que le statut social, l’âge, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle [10].

3.3. LE MODELE 5M DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ
La littérature récente plaide pour un design de recherche multidimensionnel qui englobe l’ensemble des variables exerçant une influence sur la pratique entrepreneuriale chez les femmes. A cet égard, plusieurs chercheuses se sont penchées sur l’élaboration d’une grille d’analyse pour mieux comprendre l’entrepreneuriat féminin. Dans cette optique, Brush, De Bruin et Welter ont élaboré la théorie des 5M.
Inspiré du modèle des 3M de Timothy Bates et de la théorie institutionnelle, avancé comme essentiel pour le lancement et le succès des entreprises, Brush, De Bruin et Welter proposent un nouveau modèle qui appréhende le phénomène entrepreneurial féminin de façon holistique. En partant du postulat que l’entrepreneure est socialement encastrée, il convient donc de mettre les normes, les valeurs et les attentes externes au cœur de leur compréhension du phénomène. Non seulement, ils proposent une adaptation des 3M, à savoir Monnaie (Money), Marché (Market) et M (Management), à la singularité de l’entrepreneuriat féminin mais proposent une extension du modèle à 5M en introduisant les «Maternité» et « Méso/Macro environnement » (fig 1).

Fig 1 : Le modèle « 5m » de l’entrepreneuriat féminin

La Maternité renvoie à une métaphore représentant la famille,

attirant ainsi l’attention sur le fait que la famille pourrait avoir un impact plus important sur les femmes que les hommes. Toutefois, le Méso-Macro environnement est une composante qui intègre, au-delà du marché et des institutions, les attentes de la société, les normes culturelles et les structures. Le macro environnement comprend généralement les politiques nationales, les stratégies, les influences culturelles et économiques ; tandis que le Méso environnement reflète les spécificités régionales, politiques, économiques et parfois même culturelles.

4. ANALYSE ET SYNTHESE DES RESULTATS
Les résultats bruts d’une recherche, en eux-mêmes, n’ont pas d’utilité pour le lecteur étant donné que leur valeur réside dans leur analyse et leur interprétation. C’est dans cette optique que cette partie va porter sur la présentation et l’analyse des résultats des réponses des femmes entrepreneures qui ont accepté de répondre à notre questionnaire.
 Avez-vous été à l’origine de la création de votre entreprise ?
L’analyse du graphique ci-dessus révèle que les femmes
entrepreneures enquêtées ont été à l’origine de la création de leur entreprise dans 88,70% des cas.
 Si Non, Avez-vous un lien de parenté avec la personne qui a créé cette entreprise L’analyse du graphique ci-dessus fait ressortir que parmi les femmes entrepreneures qui n’ont pas créés elles-mêmes leur entreprise, 33,30% déclarent avoir un lien de parenté avec le fondateur.

 Qu’est-ce qui vous a incité à créer votre propre entreprise ?

L’analyse du graphique ci-dessus montre que les facteurs qui incitent les femmes entrepreneures à créer leurs propres entreprises sont nombreux. Il s’agit essentiellement du désir de lancer le défi de réussite dans la vie (cité par 75% des enquêtées). En revanche, les autres facteurs sont la compétence dans le secteur d’activité (28,10%), l’investissement (18,80%), gagner beaucoup d’argent (12,50%), la démission d’ancien travail ou retraite (10,90%) ainsi que répondre aux besoins matériels de la famille (9,40%).
 Quel est le secteur d’activité de votre entreprise ?

L’analyse du graphique ci-dessus révèle que 43,10% des femmes entrepreneures enquêtées exerce leurs activités dans le secteur des services alors que 21.6% d’entre elles sont au commerce, 11 .8% au secteur du textile et habillement, 9,80% au tourisme, import/export et l’industrie et 8% sont au secteur de l’éducation.
 Quelle forme juridique avez-vous choisi pour votre entreprise

L’analyse du graphique ci-dessus révèle que plus de la moitié de notre échantillon (67%) révèlent que la forme juridique choisie pour leur entreprise est SARL, tandis que 17% déclarent qu’ils ont une entreprise individuelle. Seul 7% des femmes entrepreneures affirment qu’elles ont opté pour la SA comme forme juridique pour leur entreprise
 Avez-vous rencontré des obstacles lors de la création de votre projet ?
L’analyse du graphique ci-dessus révèle que 71% de notre échantillon ont rencontré des obstacles lors de la création de leur entreprise.
 Si oui, quels types d’obstacles avez- vous rencontré en tant que femme ?
L’analyse du graphique ci-dessous fait ressortir que 59% des femmes entrepreneures enquêtées révèlent que la lenteur et lourdeur de procédures administratives constituent le principal obstacle rencontré, suivie par les problèmes liés à l’acquisition d’équipements de matériel de production (43%), l’accès au financement (39%) et au marché (28%). De même, les problèmes de trouver un local et le manque d’accompagnement sont présents respectivement par 32% et 26% de notre échantillon.
 Quels sont selon vous les trois atouts indispensables d’un chef d’entreprise ?
L’analyse du graphique ci-dessous fait ressortir que 53% des femmes entrepreneures sondées révèlent que le sérieux et la compétence sont les atouts indispensables d’un chef d’entreprise. De même, 50% affirment que la persévérance est le facteur clé du succès. En revanche, le relationnel commercial (39%), le leadership (36%), la créativité (34%), le goût du risque (26%) et l’expérience (23 %) demeurent également parmi les atouts nécessaires de la femme entrepreneure.

 Estimez-vous que votre activité est rentable actuellement ?

L’analyse du graphique ci-dessous montre que 54,70% des entrepreneures enquêtées affirment que leur activité est rentable actuellement contre 45,30%.
 Si oui, quels sont les facteurs qui ont accéléré la dynamique de rentabilité ?

L’analyse du graphique ci-dessus révèle que 53% des femmes entrepreneures qui ont affirmé que leur activité est rentable actuellement évoquent que le sérieux et la patience constituent le facteur principal de cette rentabilité. De même, le respect des engagements (48%), le réseau relationnel (39%) et le travail d’équipe (28%) semblent être des facteurs de la rentabilité des activités des femmes entrepreneures enquêtées.

 Si non, quels sont les causes de blocage et de défaillance ou au moins les limites ?
L’analyse du graphique ci-dessus montre que 60% des femmes entrepreneures enquêtées révèlent que la propagation de la pandémie COVID-19 constitue la cause principale de blocage et de défaillance de leurs activités. En revanche, d’autres causes sont évoqués notamment les problèmes liés au démarrage de l’activité (20%), le contexte peu favorable et concurrence anarchique (16%) ainsi que la hausse de prix et la rareté des matières premières dans le marché marocain (4%).
 Etes-vous satisfaite de votre statut en qualité femme entrepreneure ?
L’analyse du graphique ci-dessus montre que 78,70% des femmes entrepreneures sondées sont satisfaites de leur statut en qualité de femme entrepreneure alors que 21,30 d’entre elles sont moyennement satisfaites de leur statut entrepreneurial.
 Pensez-vous avoir réussi dans votre projet ?

L’analyse du graphique ci-dessus montre que 86%des femmes entrepreneures enquêtées affirment qu’elles ont réussi dans leurs projets.
 Si oui, quelles sont les réelles et principales raisons de la réussite ?

L’analyse du graphique ci-dessous fait ressortir que les raisons de réussite des femmes entrepreneures enquêtés dans leurs activités sont nombreuses. En effet, 44% révèlent que la persévérance et la rigueur constituent les principales et les réelles raisons de leur réussite, 18% affirment que le sérieux et la compétence, 13% indiquent que la confiance en soi et 10% dévoile que la volonté tandis que 13% évoquent respectivement que l’autonomie (6%), la créativité (4%), la

passion et la prise du risque (3%) et la flexibilité, leadership et la dynamique de l’équipe (2%) représentent les causes de leur réussite.

 Si non, quelles sont les raisons de votre insatisfaction?

L’analyse du graphique ci-dessus montre que les raisons de l’insatisfaction des femmes entrepreneures apparaissent plus ou moins différenciées. la difficulté d’atteindre l’objectif visé constitue la principale avec 40% des enquêtés. L’instabilité du marché due à la pandémie de COVID-19 est également important puisqu’il a été cité par le 40% des enquêtées.

Les contraintes spécifiques au moment de la création de l’entreprise et la difficulté de trouver des profils qui partagent le même objectif sont évoquées respectivement par 20% et 10%.

 Comment avez-vous financé votre projet

L’analyse du graphique ci-dessus fait ressortir que 39% de notre échantillon ont pu financer leur projet grâce au prêt bancaire tandis que 38% ont eu recours à l’épargne et 32% au prêt familial.

Avez-vous bénéficié de mesures d’accompagnement mises en place par l’Etat ?

L’analyse du graphique ci-dessus révèle que 77% des femmes entrepreneures ayant répondu à notre questionnaire n’ont pas bénéficié de mesures d’accompagnement mises en place par l’Etat. Seul 23% affirment qu’elles ont tiré profit de ces mesures.
 Si oui, quelles sont ces mesures ?

L’analyse du graphique ci-dessus fait ressortir que les mesures d’accompagnement dont bénéficient 23% des femmes entrepreneures sont de nature diverse. En effet, 56% d’entre elles ont bénéficié de séances d’encadrement et de formation. Alors que 44% d’entre elles ont tiré profit de programmes et stratégies sous forme d’investissement et de financement.
 Comment voyez-vous les perspectives de développement de votre entreprise ou le cas échéant les limites de ce développement?
L’analyse du graphique ci-dessus révèle que plus de la moitié de notre échantillon (59%) révèlent que les perspectives de développement de leur entreprise pourraient être assurées à travers la compétitive tandis que 31% et 24% évoquent respectivement que le développement de leur entreprise pourrait être atteint soit travers une politique extravertie vers l’étranger (exploration des marchés internationaux) soit via l’accaparement des parts dans le marché national.
 Quelles sont les limites ou les obstacles de développement de votre projet ?

L’analyse du graphique ci-dessus montre que la majorité des femmes chefs d’entreprises enquêtées estiment avoir rencontrées des difficultés particulières. Ces difficultés apparaissent très accentuées et très nombreuses à savoir, la crise économique citée par 56% des femmes entrepreneure, le manque de ressources financières (52%), le manque de ressources humaines qualifiées (43%), l’insuffisance en matière d’accompagnement et de formation ainsi que l’indisponibilité du matériel (17%) et les obstacles juridique (2%).
 À la lumière de votre vécu professionnel entrepreneurial, comment vous voyez l’avenir de l’entrepreneuriat féminin au Maroc ?

L’analyse du graphique ci-dessus révèle que 37% de notre échantillon révèlent que l’avenir de l’entrepreneuriat féminin au Maroc est sur la bonne voie, 31% affirment que ce secteur est promoteur et devrait être régulé alors que 10% évoquent que ce secteur est décadent
 Selon votre dernière réponse: Quels sont les facteurs ayant conduit à cette déduction?

L’analyse du graphique ci-dessus fait ressortir que les facteurs ayant conduit à la déduction du secteur de l’entrepreneuriat au Maroc sont nombreux à savoir, le manque de soutien et d’encouragement de la femme entrepreneure cité par 40% de notre échantillon, le blocage que rencontrent les femmes pour accéder aux postes de décision évoqué par 30%, la discrimination sexiste dans la plupart des institutions indiqué par 20% ainsi que la compétitive entre les femmes et les hommes signalé par 10%.

 Quels sont les axes stratégiques que vous jugeriez utiles, indispensables pour assurer un développement équilibré, et durable de l’entrepreneuriat féminin ?

L’analyse du graphique ci-dessus fait ressortir que plusieurs axes stratégiques ont été recommandés par notre échantillon à savoir, la facilitation de l’accès aux programmes de financement (35%), le développement des ressources humaines (20%), la promotion de la participation des femmes dans toutes les instances de décision (16%), la promotion de la justice sociale et régulation des marchés (12%), la promotion d’une bonne gouvernance pour bien développer l’économie nationale (10%) ainsi que la création d’une caisse pour la gestion des risques (7%).
Conclusion
Le présent article avait pour objectif de mettre en évidence les atouts et les contraintes de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, en particulier dans la région de Rabat. Cherchant à éclairer notre problématique, nous avons fait usage à plusieurs techniques et méthodes à savoir, la méthode analytique, descriptive et statistique ainsi qu’aux techniques documentaire et de questionnaire pour faciliter la récolte des données. Nous avons ainsi tiré un échantillon de 100 femmes entrepreneures. Après le traitement des résultats, nous avons abouti aux constats suivants :
Tout d’abord, les femmes chefs d’entreprises au Maroc bénéficient d’un environnement entrepreneurial moins favorable. Leur position sur le marché du travail et les inégalités qui subsistent entravent la montée de leurs activités. En effet, ces femmes rencontrent beaucoup de difficultés qui apparaissent assez différenciées selon qu’il s’agisse de la phase de démarrage ou de la phase de gestion quotidienne de l’entreprise. De telles difficultés sont relatives de façon plus générale à la micro, petite et moyenne entreprise, du secteur formel comme du secteur informel, et d’autres relatives à la situation des femmes de façon plus spécifique dans l’économie et dans la société marocaine notamment, les difficultés d’accès à l’information, au financement et au marché, lenteur et lourdeur des procédures administrative, les contraintes d’ordre social liés à la condition de la femme, notamment perception de l’entourage, problèmes liés à l’acquisition d’équipements de production et du foncier.
Ces facteurs, conjugués au manque de soutien et d’encouragement de la femme entrepreneure, le blocage qu’elle rencontre pour accéder aux postes de décision, la discrimination sexiste dans la plupart des institutions ainsi que la compétitive entre les femmes et les hommes conduisent incontestablement à la déduction du secteur entrepreneurial au Maroc.
Par ailleurs, un grand nombre de ces femmes ont recours à l’entrepreneuriat comme alternative au salariat. D’autres préfèrent créer leur entreprise et d’être leur « propre chef » au lieu d’être employées dans le secteur public ou privé. Les raisons qui les incitent à créer leur propre entreprises sont nombreux à savoir, la compétence dans le secteur d’activité, l’investissement, les besoins matériels de la famille, le défi de réussite dans la vie, la démission d’ancien travail ou retraite. Toutefois, la plupart des femmes sont insatisfaites de leur activité. Les causes essentielles de cette insatisfaction résident dans la difficulté d’atteindre l’objectif visé, l’instabilité du marché due à la pandémie de COVID-19 et les contraintes spécifiques au moment de la création de l’entreprise. Dans ce contexte, la persévérance, le sérieux, la compétence, la persévérance, le relationnel commercial, le leadership, la créativité, le goût du risque et l’expérience demeurent des atouts indispensables d’une femme chef d’entreprise pour qu’elle puisse réussir son activité.
Conscient des enjeux et du potentiel économique des femmes entrepreneures, le Maroc a mis en place un ensemble de mesures d’appui en matière de soutien, d’accompagnement et d’information. Néanmoins, ces mesures demeurent très insuffisants et que le pourcentage de femmes parmi leur bénéficiaires, est relativement faible. L’un des principaux motifs de cette faible participation est l’ignorance de l’existence de ces programmes d’assistance non financière.
En effet, l’accompagnement des femmes porteuses de projet reposait sur double processus d’appropriation. La femme porteuse de projet doit s’approprier les outils de gestion que lui réclament les portants de projet. Ce processus qui n’est pas spécifique à la femme porteuse de projet, est souvent complexifié dans son cas du fait de l’absence de garantie pour le crédit, apport personnel difficile à collecter, environnement hostiles pour la création. Parallèlement, le conseiller fait lui un travail d’appropriation en adaptant son offre au porteur de projet qu’il conseille.
Enfin, il est indéniable que la promotion de l’entrepreneuriat féminin au Maroc ne peut être assurée sans l’élaboration d’un modèle de développement économique. Un tel modèle se concrétise à travers plusieurs axes stratégiques à savoir, la facilitation de l’accès aux programmes de financement, le développement des ressources humaines, la promotion de la participation des femmes dans toutes les instances de décision tant au niveau économique (chambres et associations professionnelles, administrations publiques, etc.) que politique (collectivités locales ..), la promotion de la justice sociale et régulation des marchés, la promotion d’une bonne gouvernance pour bien développer l’économie nationale ainsi que la création d’une caisse pour la gestion des risques. De même, la création et la multiplication de réseaux de femmes entrepreneurs apparaît essentiel dans ce domaine afin de renforcer leurs compétences en terme de productivité économique par l’échange de services et la création d’une chaîne. Le réseautage contribuerait également à développer leur pouvoir de lobbying sur le plan local, régional, national voire international. Ces réseaux feraient la promotion de cet entrepreneuriat et du rôle économique et social qu’elles jouent auprès des instances de décision et auprès du public.

REFERENCES

[1] Belcourt, Burke M , Lee-Gosselin J. Hélène « Une cage de verre : les entrepreneures au Canada». CCCSF, Ottawa 1991, p 101.
[2] Chalal. F « les femmes entrepreneures à Bejaïa : Réalité et perspectives », 4 ème journée internationale sur l’entrepreneuriat des jeunes, Université Biskra, 2013, PP1-2.
[3] Zaam H. « L’entrepreneuriat féminin au Maroc », Faculté polydisciplinaire de Tétouan, Université Abdelmalek Essaidi, Tanger-Tétouan, 2013.
[4] Constantinidis C ,« Femmes entrepreneures », in Pierre-Marie Chauvin et al., Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Références », 2015, p 287.
[5] Lebègue, T. « Le processus entrepreneurial des femmes en France », Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion Université du Brest, 2011, p 99.
[6] Constantinidis C ,« Femmes entrepreneures », in Pierre-Marie Chauvin et al., Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Références », 2015, p 300.
[7] Lebègue, T. « Le processus entrepreneurial des femmes en France », Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion Université du Brest, 2011.
[8] Constantinidis C ,« Femmes entrepreneures », in Pierre-Marie Chauvin et al., Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Références », 2015, p 295.
[9] Constantinidis C ,« Femmes entrepreneures », in Pierre-Marie Chauvin et al., Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Références », 2015, p 296.
[10] Constantinidis C ,« Femmes entrepreneures », in Pierre-Marie Chauvin et al., Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Références », 2015, p 297.

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