Morocco :An inekhaustible pool of emigration
Le Maroc : Un bassin intarissable d’émigration
Prepared by the researcher – M’Hamed LAZAAR
Democratic Arab Center
Journal of African Studies and the Nile Basin : Eleventh issue – April 2021
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
Journal of African Studies and the Nile Basin
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ABSTRACT
With a current population estimated at 36 million people, Morocco appears to be unable to retain its population within national borders.
The manifest development of international emigration, which has been observed since the 60’s of the twentieth century, remains the best social response to a particularly difficult social situation. Drastic measures taken by rich countries to make their frontiers more closed have not discouraged Moroccans from leaving their country. In fact, Morocco is not different from countries rejected by their youth. According to the opinion of a large part of the young generation, to leave, to go elsewhere is perhaps the only solution to fulfil one’s dreams. And that is why they leave their country with hopes of success. Unfortunately, these hopes are sometimes transformed into real human tragedies.
Introduction
Avec plus de 36 millions d’habitants, le Maroc qui recèle de nombreuses richesses semble impuissant à retenir ses populations sur son territoire. L’immense étendue du Royaume(71million ha,3500klm des côtes) donne à ses fils un sentiment d’exiguïté tellement étouffant ,qu’ils préfèrent mourir noyés à la recherche d’autres espaces .D’horizons divers ,par leurs catégories sociales et par leurs origines géographiques , avec une prédominance de jeunes urbains(hommes et femmes ) ,l’objectif pour les uns est d’accéder à la forteresse européenne et pour les autres de découvrir un autre monde, plus lointain, prometteur qui leur permet de vivre mieux.
Le présent article abordera quelques aspects récents de l’émigration marocaine dans un contexte interne et externe très agité. Après un bref rappel de l’évolution de l’émigration marocaine à l’étranger et l’extension de son champ migratoire, on évoquera ensuite la persistance des facteurs répulsifs au Maroc .Enfin, on abordera l’insuffisance et l’inefficacité des politiques de réformes engagées par le Royaume, caractérisé par des inégalités socio-économiques et spatiales profondes.
-Le Maroc : réservoir migratoire intarissable
Partir ailleurs, tout en continuant à alimenter les destinations traditionnelles d’immigration, est une stratégie adoptée par de nombreux marocains cherchant à améliorer leur condition de vie. Ce choix est révélateur de l’insuffisance de la croissance économique, des inégalités sociales manifestes et de la politique économique et sociale adoptée par le jeune Etat indépendant. Rappelons toutefois que le départ des Marocains vers les pays de la rive nord de la méditerranée fut étroitement lié à la colonisation française et espagnole au début du 20 siècle et renforcé à partir des années 60 par la politique du Royaume qui envisageait l’émigration comme une solution provisoire ,reflet de l’incapacité du marché de travail national à absorber une population active en augmentation continue .
Au Maroc, l’émigration des actifs fut considérée, dès le premier plan quinquennal 1960-1964 comme signalé plus haut, une solution provisoire aux problèmes de l’emploi et de l’insuffisance de la croissance. Ainsi, se sont développés les départs vers la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et plus récemment vers l’Espagne, l’Italie et les pays arabes producteurs du pétrole. Dans un premier les flux à destination les pays de l’Europe Occidentale étaient essentiellement d’origine rurale et encadrés par des accords bilatéraux. Depuis, le nombre des départs est en augmentation continue, tout en enregistrant un essor exceptionnel dans la première moitié des années 70. Bien qu’en 1974 , les pays européens durcissent leurs politiques migratoires, limitant l’autorisation de séjour aux citoyens de l’UE, aux personnes hautement qualifiées , au regroupement familial ,aux étudiants et au droit d’asile, le nombre de Marocains a continuellement augmenté . Car le verrouillage des frontières n’a pas empêché le développement de l’émigration clandestine et le maintien de recrutement officiel des travailleurs saisonniers sachant que l’appel à ces derniers a gardé son dynamisme jusqu’à présent, bien que l’effectif demandé demeure quantitativement limité et il touche les jeunes (hommes et femmes) d’origines urbaines en particulier.
Quant à l’Espagne et l’Italie, peu attractives aux étrangers et aux marocains dans les années 60 et70, leur attractivité ne s’est manifestée qu’après leur adhésion à l’UE. Depuis, la présence des Marocains est devenue plus visible. Avant 1986, le peu de Marocains qui s’y installaient ne comptaient pas y rester et considéraient les pays de l’Europe du Sud et plus particulièrement l’Espagne comme pays de transit vers les voisins du nord. La mobilité entre les deux pays était libre. Il suffit d’avoir un passeport pour circuler librement. Mais le durcissement du contrôle des frontières et l’obligation du visa pour les Marocains a obligé les immigrés à prolonger leur séjour[1]. Cette évolution traduit également le progrès manifeste de la démocratisation de la société et de la croissance économique soutenue en Europe du Sud où de nombreux signes indiquent qu’elle est entrée dans une nouvelle phase migratoire caractérisée par une tendance vers un espace d’immigration. En témoignent le développement de phénomène de retour des nationaux et l’arrivée des flux migratoires étrangers à la recherche du travail. Ainsi se sont intensifiés les départs des Marocain dans les années 90 vers les pays de l’Europe du Sud en général et plus particulièrement vers l’Espagne et l’Italie. Les flux urbains ont connu un essor sans précédent et ce malgré l’obligation du visa et la fermeture des frontières. Il s’agit en effet des flux à caractère clandestin, avec une participation particulière des femmes jeunes et moins jeunes, mais aussi des enfants non accompagnés. Les diplômés, les fonctionnaires, les artisans et les commerçants y participaient également. Il en résulte une fixation rapide et soutenue des milliers de Marocains en Espagne (plus de864646 personnes installées régulièrement au premier janvier2020, soit une augmentation de 3,6%, par rapport à 2019[2]) et en Italie (plus de 443147personnes titulaires d’un permis de séjour, au premier janvier 2018 et plus de 121381 mineurs marocain[3]). A ceux-ci s’ajoutent les sans-papiers dont le nombre est difficile à chiffrer, sachant que la plus grande majorité de la communauté marocaine installée en Espagne et en Italie était en situation irrégulière, mais elle a bénéficié des différentes opérations de régularisation, organisées par les deux pays en faveur des étrangers illégaux[4] .
Progressivement et à partir des années 80 de nouvelles destinations sont apparues comme l’Amérique du Nord, le Canada, les Pays d’Afrique et du Golfe, producteurs de pétrole. Bref, l’espace migratoire des Marocains a connu un élargissement sans précédent. L’émigration est devenue un phénomène sociétal majeur, avec une participation particulière des villes où aucune catégorie sociale n’est épargnée. L’effectif de la communauté marocaine à l’étranger est passé de 1,7 millions en 1998 à environ 5 millions actuellement(2019), selon la déclaration du chef du gouvernement[5], soit 14% de l’ensemble de la population nationale. Cet effectif englobe les départs réguliers, mais aussi les flux clandestins, toujours, très actifs et la croissance naturelle de la diaspora. Aujourd’hui, le Maroc donne l’impression d’un réservoir migratoire intarissable.
Si la deuxième moitié de la première décennie du 21eme siècle marque un ralentissement sensible des flux en raison de la crise économique qui a touché de plein fouet l’économie des pays d’immigration et son corollaire la montée du chômage, plus particulièrement chez les immigrés, les difficultés sociales et économiques auxquelles étaient confrontées la diaspora n’ont pas provoqué un retour massif dans leur pays d’origine. Les retours étaient très limités : 210000migrants de retour seulement en 2014 contre 165000en 2004[6]. Ce chiffre est insignifiant par rapport aux 5 millions de ressortissants marocains à l’étranger.
Les Marocains ont préféré de rester là où ils résident, tout en développant de nouvelles stratégies. En témoigne leur recours massif à l’acquisition de la nationalité des pays de séjour. Ils étaient 66800, en 2019, soit un peu moins de 67200 en 2018 et 67848 bénéficiaires enregistrés en 2017, selon l’Eurostat.
Cette évolution constitue un signal d’alarme pour les responsables du secteur. Ces derniers ont pris conscience que la stratégie développée depuis des années et qui consiste à la mise en place des mesures relatives à l’encouragement des transferts n’était pas la bonne réponse sociale à une situation sociale qui ne cesse de se dégrader. L’attachement de fait de la diaspora à son pays, ne s’est pas traduit par un retour massif (environ 150000 ouvriers et 60000 qualifiés selon les chiffres révélés par le ministre de la communauté marocaine à l’étranger en 2017). En causes les carences de la politique migratoire nationale qui s’intéresse davantage aux remises des émigrés plutôt que de se préoccuper des souffrances des expatriés et de leurs attentes. Ce constat manifeste, reflet d’une vision simpliste de la question migratoire, ne favorise pas une mobilisation massive de la diaspora en faveur du développement de leurs régions d’origine. Les mesures prises récemment[7] restent toujours aussi inefficaces qu’insuffisantes. Ni l’appel à la diaspora pour contribuer au développement du pays de départ, ni la mise en place de la 13eme région pour faciliter, inciter et encourager les expatriés à investir au Maroc, ni la célébration de la journée nationale de l’émigré et l’organisation des rencontres avec les élites diasporique n’ont changé sensiblement l’attitude des émigrés vis-à-vis de leur pays. L’attachement manifeste de la diaspora à son pays d’origine ne peut en aucun cas cacher le caractère répulsif du Royaume. Les efforts de développement engagés dans le pays en relation avec les réformes entamées depuis le début du 21eme siècle sont loin de favoriser la rétention des Marocains et la stimulation du retour de la diaspora. Les Marocains rêvent toujours de l’émigration et ceux qui sont déjà installés à l’étranger et plus particulièrement en Europe préfèrent y rester, sans rompre les liens avec leur pays. Il est très significatif de rappeler qu’entre 1992 et 2001, environ 430000maocains vivant à l’étranger ont obtenu la nationalité d’un Etat membre de l’UE[8]. En 2018, sur un ensemble de 670000 étrangers ayant obtenu la nationalité d’un pays de l’UE ,67200 étaient des Marocains contre 18400 Algériens. Ces chiffres confirment la tendance observée depuis plusieurs années et renforcée davantage durant les deux premières décennies du 21 siècle, reflet des mutations profondes de la diaspora marocaine et de sa nouvelle stratégie : assurer la libre circulation à l’intérieur de l’espace européen et entre les deux extrémités de la chaîne migratoires, bénéficier des services sociaux dans les pays de l’U.E et garantir l’avenir des enfants, sont autant d’éléments de cette stratégie. C’est pourquoi pour de nombreux marocains et marocaines, partir vers l’Europe, l’Amérique, le Canda et dans une moindre mesure vers l’Afrique et les pays du Golfe, signifie une occasion exceptionnelle pour concrétiser leur rêve. Une échappatoire. Ce qui explique la continuité des départs défiant la politique migratoire sélective des pays d’immigration et le durcissement du contrôle des frontières.
Le recul significatif des départs lié à la crise économique mondiale de 2008 était provisoire, limité dans le temps, car les flux ont repris massivement avec la reprise économique en Europe. De plus en plus de jeunes, hommes et femmes, qualifiés et moins qualifiés, pauvres et moins pauvres, cherchent à partir quel que soit le prix. Pourquoi donc cette rage de partir ne faiblit pas ? Aujourd’hui, tous les observateurs et les faits montrent que l’émigration au Maroc est loin de tarir. Cette évolution risque de s’aggraver davantage avec le passage du Royaume, caractérisé par l’insuffisance du niveau de développement économique et social, à une terre de transit pour les migrants de l’Afrique Subsaharienne et les victimes de l’instabilité des pays arabes.
–L’émigration marocaine : augmentation soutenue et variété des lieux de destination
Aujourd’hui ,le Maroc compte environ 5millions de personnes vivant ailleurs (48% sont des femmes) ,soit 14% de l’ensemble de la population, dispersées sur les cinq continents du monde , avec une concentration particulière sur l’espace européen (80%),12% se répartissent entre les différents pays arabes, et un peu plus de 6% s’installent aux Etats unis et au Canada . Environ 20% des marocains du monde sont nés dans les pays d’immigration.
Au niveau national, l’émigration est devenue un phénomène sociétal majeur. Toutes les régions du Royaume sont concernées, avec une participation particulière des régions de Sous-Massa, de l’Oriental , de Tanger –Tetouan- Al-Hoceima et de Khnifra –Beni mellal . Dans ces régions, rares sont les ménages aussi bien dans les campagnes que dans les villes qui ne comptent un ou plusieurs de leurs membres (hommes et femmes) à l’étranger. La proportion de femmes émigrées accompagnées ou seules, notamment dans le milieu urbain a connu un essor considérable. Il en est de même pour les mineurs non accompagnés et les jeunes diplômés. Selon la Fédération des technologies modernes, environ 8000 diplômés ont quitté le Maroc vers l’étranger en 2017.Des sociétés étrangères et plus particulièrement françaises n’hésitent pas à prendre contact direct avec les établissements de formation au Maroc pour proposer des offres intéressantes aux jeunes désireux d’émigrer.
Qualitativement, le contenu de la diaspora est en pleine évolution, à côté des ouvriers non qualifiés, majoritaires, on compte de plus en plus d’hommes et de femmes qualifiés, diplômés ou ayant un niveau d’instruction relativement élevé. Bref, on retrouve le simple ouvrier, la femme non mariée ou femme au foyer, de hauts cadres, des commerçants et des chefs d’entreprises. Selon le ministre de la communauté marocaine à l’étranger, le nombre de jeunes marocains à l’étranger, ayant un niveau bac plus cinq dépasse les 40000 et l’effectif de médecins est d’environ 7000 . Un peu plus de 900 mille occupent des postes de gestion et ils contribuent au développement des pays où ils résident ajoute-t-il[9].La communauté marocaine est relativement jeune :70% ont moins de 45 ans , 20% des Marocains du monde sont nés dans les pays d’immigration et 44% ont acquis la nationalité du pays de résidence, souligne- t-il . En France comme en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne la communauté Marocaine figure parmi les communautés étrangères, les plus présentes sur les registres des demandeurs de la nationalité. Les données du tableau relatives à l’acquisition des Marocains de la nationalité espagnole ces dernières années sont très significatives
Tableau no 1
Evolution des Marocains vivant en Espagne ayant obtenu la nationalité espagnole entre 2005 et2020
2005 | 5555 | 2013 | 46574 |
2006 | 5690 | 2014 | 35000 |
2007 | 7864 | 2015 | 19904 |
2008 | 8615 | 2016 | 28505 |
2009 | 6683 | 2017 | 17082 |
2010 | 10703 | 2018 | 15398 |
2011 | 14473 | 2019 | 25544 |
2012 | 16547 | 2020 | 24500 |
Source : INS
De 2005 à 2020, environ 288637 Marocains ont acquis la nationalité espagnole selon INS. Sur un ensemble de 150944 étrangers naturalisés en Espagne en 2016, 24% étaient des Marocains, suivis des Boliviens et des Equatoriens. Cette tendance à l’acquisition de la nationalité des pays de séjour par les ressortissants marocains est observée également en Belgique , en Italie aux Pays-Bas et en France. En 2016 ,35212 Marocains ont acquis la nationalité Italienne contre 32752 en 2015, soit une augmentation de 2460 en chiffre absolu, selon l’ ISTAT.
En Belgique et aux Pays-Bas où le nombre de Marocains naturalisés est très important, la communauté marocaine manifeste une grande capacité à s’intégrer dans ces pays comme en témoigne sa participation à la gestion des affaires publiques. De même, elle est très active dans le domaine associatif. L’augmentation sensible du nombre d’association créée par les ressortissants marocains installés dans ces deux pays est une réalité incontestable. Les mariages mixtes sont un autre signe d’intégration à souligner également. Partout on constate la consolidation de la présence des Marocains dans les pays de résidence.
En revanche, le retour définitif dans le pays d’origine demeure limité dans l’ensemble comme nous l’avons signalé plus-haut, tout en enregistrant une augmentation plus au moins importante à partir des pays de l’Europe du Sud durant les années de la crise[10].En Espagne et en Italie, le retour a concerné plus de jeunes et parfois des familles entières, mais une bonne partie de cette population a ré émigré après la reprise de la croissance en Europe du Sud. Pour les jeunes rentrés d’autres pays d’immigration, une bonne partie d’entre eux le retour était à cause de l’expulsion faute de papiers ou en raison de leur incapacité à s’adapter à leur nouvel milieu de résidence; tandis qu’une autre catégorie de jeunes rentrés est constituée de diplômés des universités européennes qui se trouvent contraint à quitter le pays après l’obtention de leurs diplômes. Une fois rentrés dans leurs pays, faute d’un environnement adéquat, un bon nombre d’entre eux n’hésitent pas à se relancer dans de nouvelles aventures migratoires, tenter leur chance à l’étranger. Ainsi, ils contribuent à alimenter le flux des départs (réguliers et irréguliers) des actifs vers des destinations diverses en raison de la faible capacité d’absorption du marché du travail national pour les uns et la recherche d’un environnement favorable pour les autres. En fait, au Maroc, de l’avis d’une grande partie de jeunes, s’en aller, partir ailleurs est peut-être la seule solution pour assurer l’avenir et réaliser les rêves .Rappelons, après avoir connu un recul sensible pendant la crise profonde qui a touché l’économie européenne, les départs des Marocains ont repris massivement en 2017.En témoignent les chiffres révélés par les ministères de l’Intérieur Italien et Espagnol .Selon les statistiques Italiennes,4597 émigrants marocains ont été secourus au large de la méditerranée en 2017, parmi eux 858 sont arrivés en Italie pendant le mois de juillet[11]. Le Maroc se trouve en tête des dix premiers pays exportateurs des émigrants illégaux y compris les Etas instables politiquement comme la Série et la Somalie. Sur un ensemble de 93369 émigrés illégaux arrivés sur les côtes Italiennes en 2017, 4,9% étaient des Marocains .Tous sont passés par la Lybie pour rejoindre l’Italie. Quant aux flux des Marocains vers l’Espagne, pratiquement insignifiants depuis une quinzaine d’année, sont de retour. En 2017,19668 migrants irréguliers seraient arrivés sur la péninsule Ibérique. Ce chiffre a été multiplié par 3% par rapport à l’année 2016.Contrairement à ce qu’ écrivait Laila Delezenne en 2013 « vers la fin de l’émigration marocaine vers l’Espagne »[12].
Le flux des Marocains vers l’Espagne a largement repris. Cette reprise est confirmée par le Directeur de l’Agence « Frontex » qui a constaté une nette augmentation des clandestins marocains, arrivés à la frontière espagnole[13].Cette évolution ne peut être liée seulement à la crise rifaine, comme prétendaient certains analystes[14]. Les événements du Rif ont poussé, certes, les jeunes à quitter leur région, connue traditionnellement par sa forte contribution à l’émigration vers l’Europe, mais ne peuvent pas expliquer cette tendance manifeste aux départs , constatée dans les différentes régions du Royaume ,sans pouvoir les quantifier et identifier suffisamment l’origine géographique des clandestins marocains arrivées sur les côtes espagnoles depuis les frontières marocaines .En revanche, ce qui est vrai , c’est la recrudescence des départs enregistrés en 2017. L’effectif des migrants marocains arrêtés par le Guardia civil espagnol alors qu’ils tentaient d’accéder aux côtes espagnoles est très significatif. Pour la seule nuit du mercredi 24 août 2017 ,600 personnes d’origine marocaine, réparties sur 15 embarcations ont été arrêtées par les autorités espagnoles en méditerranée, sans compter ceux qui ont réussi à échapper aux contrôles .Il s’agit d’un nombre important qui rappelle les chiffres enregistrés dans les années 90, marquées par l’essor considérable de l’émigration clandestine des Marocains vers l’Espagne. Sur les 27810 émigrés débarqués illégalement sur les côtes espagnoles en 2017, 22% d’entre eux étaient de nationalité marocaine, d’après le ministre de l’Intérieur Espagnol[15], contre 10231 en 2016 et 6650 en 2009 souligne –t-il. Les autorités espagnoles ne cachent pas leur inquiétude du retour en force des clandestins marocains en 2018.Selon les chiffres révélés récemment, le nombre de Marocains arrivés à Ceuta entre janvier et avril 2018, a été multiplié par quatre. Entre le 1janvier et 14 novembre, 2018, sur un ensemble de 55949 immigrés clandestins arrivés sur les côtes espagnoles, 90%d’entre eux étaient d’origine marocaine[16].Il s’agit d’une augmentation d’environ 142% par rapport à la même période de l’année 2017souligne le quotidien. A noter que pour lannée2017, selon le rapport de l’OCDE de2018, 71000 Marocains ont accédé au territoire de l’OCDE[17]. En effet, le Maroc n’est pas si éloigné des pays déboutés par ses jeunes. Un sondage récent en date du 18/04/2018, réalisé par le site Rekrute.com a révélé que la majorité des Marocains préfèrent travailler à l’étranger et que 91% sont prêts à quitter leur pays pour travailler et s’installer ailleurs. Pour ce qui est des destinations préférées le Canada vient en tête : 37% souhaitent partir et vivre au Canada, surtout les jeunes instruits et les cadres qui occupent déjà un poste au Maroc, Suivie de la France.
– Mal de vivre dans mon pays, ailleurs ça sera sûrement mieux
Selon le rapport de la Banque Mondiale de 2018, la population marocain en âge de travailler augmentant de 300 000 par an, les 129000 emplois crées chaque année ne suffisent pas, reflet de l’incapacité de l’économie marocaine à absorber les actifs. C’est pourquoi le rêve de partir ailleurs prend une dimension particulière chez les jeunes. Cette réalité est le produit de la combinaison de facteurs complexes qui poussent les gens à l’émigration. Car ils vivent mal dans leur pays soulignent-ils. Il suffit d’entamer une discussion avec les jeunes pour comprendre que s’en aller est peut-être la seule solution. Pour les uns vivre une expérience à l’étranger, est une chance pour lutter contre la pauvreté, l’exclusion, la vulnérabilité et se hisser socialement. Et pour les autres est une occasion pour se libérer et profiter de multitudes opportunités offertes par les pays de destination. D’où la généralisation des départs qui ne concernent pas seulement les pauvres, les chômeurs et les vulnérables, mais ils touchent également d’autres catégories sociales relativement stables économiquement et socialement. Pour y parvenir certains d’entre eux empruntent parfois des itinéraires, trop risqués qui peuvent leur couter la vie. L’augmentation du nombre de morts enregistrés au large de la méditerranée est une réalité incontestable. Pour la seule année 2017, 222 personnes ont perdu la vie en méditerranée occidentale, lorsqu’elles tentaient de rejoindre l’Espagne [18] . Ce chiffre est faible par rapport à 4000 morts enregistrés à l’Est et dans la partie centrale de la méditerranée ,près des côtes italiennes d’après Frontex .La dégradation des conditions de vie au Maroc, l’insuffisance des réformes et le manque de perspectives incitent de plus en plus les jeunes à partir .Très rares sont les semaines, les mois ,parfois les jours qui passent sans que les médias transmettent des informations relatives à l’arrestation des candidats à l’émigration ou la mort de personnes tentant de rejoindre l’Europe.
En effet, depuis des années, le Maroc connaît une croissance exsangue. A rappeler, la proportion des actifs 15-59 ans atteint 62% et le nombre de jeunes 15-34 ans représente 34% de la population marocaine, selon le recensement de la population de 2014, soit environ 11,7 millions, parmi eux 51% sont des femmes .Selon la Banque Al Maghreb, le taux de croissance a atteint 4,2% en 2017, contre 3,4% prévu pour l’année 2018[19]. Le taux de chômage est supérieur à 9,6% ,en légère baisse par rapport à 2016 :10%.Cette proportion est beaucoup plus élevée chez les jeunes diplômés, puisqu’elle atteint 34%.Le problème crucial de l’économie marocaine , peu diversifiée, est son étroite dépendance des aléas climatiques. Il convient de rappeler qu’au Maroc, l’agriculture représente17% du PIB et emploie entre 42 et 44% de la population. D’où les conséquences sociales néfastes provoquées par les années moins pluvieuses .La réponse sociale classique à la détérioration de niveau de vie de la population liée à l’insuffisance des précipitations, est l’intensification de l’exode rural. Le rythme actuel de la croissance ne peut absorber les actifs en augmentation continue, sous l’effet de la transition démographique, explique Akesbi .Selon ce chercheur, seule une croissance stable de 7% réduira sensiblement le fléau du chômage dont souffre le Maroc .Mais le dysfonctionnement de l’Etat entrave la réalisation d’une croissance soutenue et durable. L’augmentation de la dette (extérieure et intérieure), le recul de l’emploi dans le secteur industriel, la faiblesse des investissements, l’insuffisance des réformes et des politiques du gouvernement, le malaise social et la déficience du système de l’enseignement sont autant d’éléments de la triste réalité du Maroc aujourd’hui. Il en résulte l’extension sans cesse des poches de pauvreté et l’augmentation des ménages vulnérables. Selon le hcp, près de 5 millions de marocains vivent au-dessous du seuil de pauvreté, avec 12Dh seulement par jour. Plus significatif encore, 50% souffrent de la vulnérabilité, ils vivent avec un revenu un peu plus de 4667Dh par an, soit un revenu légèrement en hausse par rapport au seuil de la pauvreté, et ils peuvent basculer subitement vers la pauvreté. Le manque, la privation et l’exclusion sociale sont des qualificatifs récurrents dans les réponses des gens lorsqu’on leur demande de décrire leur quotidien. Nous vivons mal dans notre pays expriment-ils. C’est pourquoi ils n’hésitent pas à prendre le risque de partir, même s’ils savent que leur futur ne sera pas aisé. Certes, en Europe tout n’est pas rose. Ils prennent les risques frôlant le suicide. Pour nombreux d’entre eux, il s’agit d’un choix difficile, étant donné que « l’immigration choisie » adoptée par la plupart des Etats riches et en manquent de main d’ouvre, est loin de répondre aux attentes de tous ceux qui veulent partir légalement vers les pays prometteurs. Toutefois, si les cadres et les candidats les plus qualifiés (ingénieurs, médecins, informaticiens…) arrivent facilement à obtenir le visa qui leur permet l’accès aux territoires des pays d’immigration, ce n’est pas le cas pour les plus démunis .Selon des données récentes, 27% des diplômés marocains, formés à l’université ou dans
les écoles supérieures d’ingénierie et autres, quittent le Royaume à destination des pays des plus attractifs comme le Canada et la France .Les résultats de l’étude internationale réalisée par les deux bureaux d’Etudes Américains(BCG et The Net wok ) dans 198 pays, ont montré que 80% des actifs marocains souhaitent quitter le Royaume, contre une moyenne internationale de57%[20] . Pour y parvenir, les jeunes prennent les risques de l’émigration clandestine .Ils le quittent avec l’espoir de réussir. Malheureusement, cet espoir de mieux vivre ailleurs et de réussir sa vie, se transforme en véritable drame humain pour les uns et en calvaire pour certains d’autres. Mais les cas de réussite, faut-il le reconnaître, après un voyage, parfois trop risqué, ne manquent pas, ce qui encourage les éventuels candidats à l’émigration clandestine à ne pas abandonner leur projet, tant que leur pays de naissance ne leur offre que peu d’opportunités et favorise les plus riches et les diplômés des hautes écoles étrangères au détriment des illettrés et des diplômés des universités nationales.
Au Maroc, malheureusement, les évolutions récentes indiquent que les signes de l’amélioration, tant attendus, de la situation socio-économique ne sont pas au rendez-vous à court terme. C’est l’inquiétude qui règne. Les réformes formelles engagées depuis le début du millénaire sont loin de répondre aux attentes de la majorité de la population .Pour beaucoup d’entre elle, la désillusion est très grande, le fonctionnement de l’Etat, la fraude fiscale, le favoritisme, la corruption, les disparités sociales, les faibles évolutions des salaires, le dysfonctionnement du
Système de l’enseignement, de santé et la défaillance de la démocratie créent un dégoût et une défiance vis -à –vis de l’avenir. Les jeunes jugent mort tout espoir de changement profond. La réponse sociale à cette évolution négative est de fuir son pays, partir, quitter, est peut être la meilleure solution. De l’avis de nombreux citoyens, ailleurs, leur vie sera forcément meilleure que celle qui sera menée au Maroc .Ils auront des opportunités qu’ils n’auraient jamais eues au Maroc, pensent-ils .La –bà, où tout semble possible, même si vous êtes illettrés, vous n’avez pas un bon diplôme, vous pouvez être embauchés. Les postes qualifiés de trois D ( dur, dirty, dangereux) ne manquent pas estiment-ils . C’est pourquoi ils envisagent de partir à tout prix. En témoigne l’augmentation sensible de départ de Marocains vers l’Espagne ces dernières année, plus de 100000 entre 2014 et2017.Ils étaient 39843 arrivées en 2017 contre 19919 en 2014,23960 en 20115 et 23889 en 2016, selon le rapport statistique annuel de l’Institut Espagnol [21],sans additionner ceux qui ont pris la destination d’autres pays à la recherche de ce qu’ils n’ont pas chez eux.
– Rejoindre l’Europe à tous prix
Pour faire face au renforcement des mesures du contrôle des frontières européennes, les candidats à l’émigration ne cessent de multiplier les tentatives et d’emprunter des voies, parfois trop risquées pour y accéder. Certains choisissent les voies classiques (le recours aux passeurs actifs dans de nombreuses villes portuaires comme Tanger, Larache, Al-Hoceima, Nador, Dakhla et Laayoun , proposant la traversée à bord des embarcations de fortune, la falsification des papiers, le mariage blanc à distance ,facilité par un proche dans le pays d’immigration…).Quant aux autre préfèrent la destination de la Turquie devenue le grand carrefour pour des millions de migrants fuyant les pays déstabilisés de la région avant de reprendre l’aventure pour rejoindre l’espace européen. Les Marocains demandeurs d’asile récemment en Allemagne font partie de cette catégorie. Pour rappel, la présence des Marocains installés illégalement en Allemagne n’a pas tardé de créer une crise diplomatique entre les deux pays lorsque le gouvernement Allemand a demandé au Maroc de rapatrier ses ressortissants .D’ autres jeunes marocains sont passés par la Libye avant de prendre la mer à bord des embarcations de fortune vers l’Italie, voyage de tous les périls. En Libye, les autorités sont parfois très sévères à l’égard des migrants : arrestation, incarcération des centaines de candidats dans des camps, qualifiés d’enfer en raison du traitement inhumain des immigrés.
A noter que le traitement inhumain des Marocains en Libye n’est pas un cas isolé. Dans ce pays déstabilisé, devenu espace de rencontre pour les migrants africains en route pour l’Europe, il n’est pas étonnant de constater que des migrants sont vendus aux enchères comme esclaves par les passeurs, pour des sommes allant de 500à 700 dinars libyens [22].Cette pratique ,révélée par les journalistes du CNN, devenue fréquente en Libye et dénoncée par l’Organisation internationale pour les migrants , témoigne de la détérioration des conditions de détention des migrants ,qualifiées d’inhumaines. C’est pourquoi les chefs d’Etats africains de leur côté, réunis à Abidjan, lors du sommet Union-africaine-Union européenne le 29 et 30novembre2017, n’ont pas hésité à dénoncer cette situation. C’est une situation humiliante et inacceptable que vivent nos ressortissants sur le territoire libyen soulignent-ils. Notre silence sur ce qui se passe à nos captifs en Lybie est une honte. La libération totale de tous les détenus sur l’espace libyen ne devrait pas attendre soulignent-ils. Pour rappel, les conditions d’insécurité et d’instabilité qui règnent en Libye en cette deuxième décennie du 3eme millénaire, ont transformé le pays en carrefour pour des milliers des subsahariens, des nord-africains et des ressortissants des pays arabes déstabilisés par la guerre et qui cherchent à traverser la méditerranée pour l’Europe. Car les difficultés rencontrées dans leurs pays les poussent à l’exode, même clandestin .En Libye, les conditions sont favorables pour accéder à l’espace Schengen, accès facilité par l’essor remarquable des réseaux de passeurs. Certes, les Marocains à l’instar des autres candidats à l’émigration, risquent tout pour cette aventure et ils savent que leur futur ne sera pas aisé .Mais ils n’hésitent pas à prendre des risques frôlant la mort et parfois la disparition. Qu’importe le risque le plus important est d’y arriver. Devant les choix difficiles, il vaut mieux avancer, soulignent-ils. Ils veulent partir à tous prix. Ils multiplient les tentatives à l’aide ou sans passeurs .Ceux qui ont choisi de passager par la Libye, utilise la route maritime qui relie la Turquie à la Grèce, continuent le chemin vers l’Europe en empruntant le passage entre la Libye et l’Italie, surtout la Sicile. Selon le Ministre de l’Intérieur Italien ,4190 Marocains ont débarqué illégalement sur les côtes italienne entre le mois de janvier et fin juillet 2017, parmi eux 866 ont demandé l’asile politique, soit la moitié, à peu près, de ceux qui ont fait la même démarche en 2016 explique-t-il [23]. Les Marocains continuent à émigrer. Le flux des Marocains est loin de se tarir soulignent les prévisionnistes. En Outre les jeunes qui ont pu entrer légalement dans« la forteresse européenne » n’hésitent pas à prolonger leur séjour, une fois le visa ou le contrat de travail expiré. C’est le cas par exemple de 5000 saisonnières marocaines en Espagne qui ont préféré la fuite une fois leur contrat expiré, pour reprendre le terme utilisé par le journal Elpais[24]. Ce phénomène s’est produit également chez certains sportifs , étudiants ou chez de simple citoyens qui ont profité de leur séjour en Russie lors de la coupe du Monde pour y rester dans le but de rejoindre l’espace Européen .Il s’agit des faits incontestables et il me semble inutile de multiplier les exemples pour justifier une réalité incontestable .Le désamour pour le pays est le sentiment manifeste chez une bonne partie de Marocains. Selon une enquête très récente réalisée par l’Economiste-Sunergia , 4 marocains sur 10 affirment être prêt à quitter le pays si une opportunité se présent. 59% des jeunes (15-24 ans) , cherchent à quitter leur pays .Ils semblent avoir perdu espoir en le Royaume .Les femmes sont celles qui ont exprimé le plus l’envie de partir .Près de 5 sur 10 envisagent cette option si l’occasion se présentait ,contre 31% pour les jeunes masculins[25],Partout, les jeunes hommes et femmes manifestent un désamour pour le Royaume , ils ne sont plus confiants en leur avenir ,comme en témoigne cette citation forte de la maman de Hayat Belkacem tuée par balles, alors qu’elle tentait de rejoindre clandestinement la rive nord « la vie d’un être humain ne vaut plus rien dans ce pays .Si tu te révoltes contre la misère en te jette en prison , si tu essaies de le fuir ,on te tire dessus »[26]. La mort tragique de cette jeune fille qui voulait aider sa famille à échapper à la misère ne va pas dissuader les jeunes de partir ,car ils se sentent exclus, et pensent « avoir très peu de chance de réussir » souligne Jean Zaganiaris[27] .Tous les indicateurs ne sont pas favorables pour assurer un avenir meilleur .C’est pourquoi, les jeunes ,hommes et femmes, préfèrent mourir par balles en mer plutôt que de vivre au Maroc.
Arrestation le 4-1-2020 de 26 marocains originaire de Guelmim tentant de rejoindre clandestinement les Îles Canaries .Hespress 5 novembre 2020
Comment leur ôter cette idée de la tête quand ils voient des diplômés –chômeurs par centaines se faire tabasser devant le parlement. Cette image récurrente amplement commentée par la presse, montre l’incapacité des décideurs à trouver une solution adéquate pour une situation sociale qui risque de s’exploser. Aujourd’hui, au Maroc, ce ne sont pas seulement les pauvres, les moins démunis qui cherchent à fuir le pays. Mais l’obsession de quitter est constatée chez les jeunes à l’échelle de toutes les régions marocaines, avec une motivation particulière chez les jeunes du centre, révèle l’enquête Sunergia citée précédemment. A noter qu’entre le premier janvier et fin août 2018 :8200 cadres supérieurs,2300 enseignants-chercheurs,2300 ingénieurs, 630 médecins , 370pharmaciens et 450 informaticiens ont quitté le Maroc[28] .
Cette hémorragie affaiblit davantage le Royaume , confronté à des problèmes du sous-développement. Ainsi perdure son caractère répulsif. A titre illustratif, sur un ensemble de 57000 immigrés clandestins arrivés en Espagne en 2018,soit le double enregistré en 2017, 21% d’entre eux étaient de nationalité marocaine .Les Marocains étaient en tête des clandestins , suivis par les Guinéens : 20,8% rapporte El pais du 5-1-2019.
Conclusion
L’insuffisance de la croissance, l’augmentation continue des jeunes actifs sous l’effet de la transition démographique et l’inefficacité des réformes socio-économique et politique engagés au Maroc laissent penser que les départs ont peu de chance de se tarir. La propension à émigrer constatée depuis des décennies est appelée à se renforcer dans les années à venir. Etant donnée les importants écarts de revenus entre les deux rives de la Méditerranée, le chômage généralisé des jeunes et plus particulièrement des jeunes diplômés, la pauvreté, le retour de la croissance dans les pays de l’Union européenne, mais aussi le vieillissement accentué de la population des pays du nord, les mouvements migratoires sont certainement appelés à augmenter à terme. Pour rappel, environ 300000 jeunes arrivent annuellement sur le marché du travail au Maroc, alors que le nombre d’emplois crées varie entre 100.000et 130.000 et que le taux de chômage des jeunes dans le milieu urbain dépasse dans certaines villes 45%. Le durcissement des politiques migratoires européennes contribuera, certes, à réduire le nombre des migrants qui tentent d’accéder légalement à leur espace, mais ne pourra en aucun cas juguler les flux clandestins favorisés par le développement des réseaux migratoires très actifs au sud de la méditerranée où les potentiels migratoires demeurent très important. Les multiples tentatives, des Marocains et Subsahariens, de rejoindre la rive nord de la méditerranée, constatées durant les derniers mois de l’an 2018 confirment la continuité des flux, tout en défiant les mesures draconiennes européennes visant à rendre les frontières de l’UE, de plus en plus étanches. Le Maroc où le potentiel migratoire est inépuisable devrait jouer un rôle essentiel en mettant en place des réformes profondes et des investissements productifs importants capables de retenir les Marocains dans leur pays et d’encourager la diaspora à contribuer au développement de son pays.
Notes et bibliographie
AKesbi, Najib., et autres 2017 : l’économie politique du Maroc , Fondation Hanns –Seidel
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–Baumard,Marline.,2019 :Six leçons sur les migrations africaines, le Monde 18sept 2019
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-Bouhlahcen Ali.,etTaki Mohamed., (2014) :Cartographie des projets de réintegration économique de MRE de retour et mecanismes d’appui à leur réinsertion socioprofrssionnelle et la réinsertion socio-économique de leurs enfants ,MCMREAM,OIMMaroc et ASSociation Migration internationale.
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– Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Etranger, Les Marocains de l’Exterieur 2013
-Guardien Britannique citée par Dalil Rif,4août2017
-Ministre de la communauté marocaine résidant à l’étranger, point de presse, Hespress 2 aout 2017
-INS Institut National de la Statistique Espagnol2020
-ISTAT (Institut National de la Statistique Italien)2017
– Kebbaj,Omar.,2018 : Hrig Tetouan une ville en colère ,Tel quel n 830, du 26octobre au 1 novembre
-La Croix,19-11-2017
-Lazaar, M.,2004 : l’émigration récentes des Rifains vers l’Espagne et ses effets socio-économiques et spatiales dans la province d’Al’Hoceima ,thèse d’Etat en géographie, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah ,Fac des Lettres et des Sciences Humaines, Dhar El Mah raz « en arabe »
-Le Desk,16juillet 2017
-L’Enquête Sunergia, L’Economiste n5392,14 novembre 2018
-Premiers Résultats de l’Enquête du Haut-Commissariat au Plan sur la Migration Internationale au cours de 2018-2019
Simon ,G.,1986 : La nouvelle donne migratoire en Europe du Sud,REMI ,vol2 , n1.
www.yabiladi.com 23/7/2019
[1] -Simon G., 1986: La nouvelle donne migratoire en Europe du Sud , REMI, Vol2, no1
-Lazaar M.,2004 : L’émigration récente des Rifains vers l’Espagne et ses effets socio-économiques et spatiales dans la province d’Al-Hoceima , thèse d’Etat en géographie, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (en arabe)
[2] -INS, Institut National de la Statistique
[3] -Ministero del Lavoro e delle politiche sociali : La communauté marocaine en Italie ,Rapport annuel sur la présence des migrants,p.4
[4] -La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’étranger : Les Marocains de l’Extérieur 2013
[5] -Hesperess,2 Août 2019
[6] -Rapport de recherche : Favoriser la reintégration sociale et professionnelle des migrants de retour Nord-Africains :Une comparaison des cas du Maroc et de la Tunisie,rapport prépré par le CIFOIT et FIERI,OCDE,2017
7-Depuis 2017,le ministre de la communauté marocaine a entrepris plusieurs actions dans le but de mobiliser les compétences MRE, à travers la création de réseaux thématiques de professionnels qualifiés comme réseau d’avocats et des professionnels du secteur des nouvelles technologies aux côté de l’Allemane. En Espagne , la création d’un réseau de compétences dédié aux chercheurs et aux professeurs .En 2018, une rencontre était organisée aux coté des ingénieurs travaillant dans le secteur d’aéronautique au canada et ce dans le but de promouvoir l’investissement au Maoc. En Afrique , l’année 2021 ,a vu le jour du premier forum des compétences marocaines en Afrique , tenue àAbidjan.145 cadres, chercheurs, entrepreneurs ont participé à cette rencontre
[8] -Marocains de l’Extérieur 2013,la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Etranger ,p.73
[9] -Hespress,2août2017
[10] -Bouhlahcen Ali. et Taki Mohamed.,(2014) :cartographie des projets de réintégration économique des MRE de Retour et mécanisme d’appui à leur réinsertion socioprofessionnelle et la réinsertion socio-éducative de leurs enfants ,MCMEAM, OIM Maroc et Association Migration Internationale,p.36
[11] -Bladi,21juillet 2017
[12] -Delezene Laila.,2013,Vers la fin de l’immigration marocaine en Espagne ,Cellule de recherche ,Université ,Lille 3.fr/axe –de N/er, in Revue ,Hommes et Migrations .Fr, Numéro/Diaspora Marocaine
[13] -HUFFpost Maoc25/6/2017
[14] -Guardien Britannique , cité par Dalil Rif,24 août2017
[15] -Akhbar Alyaoum,n2482 ,3/12/2017
[16] -El Pais 20/11/2018
[17] -Maryline Baumard,le Monde ,18sep2019
[18] -Alyaoum24,3/1/208
[19] -Akesbi Najib .et autres 2017 :L’économie politique du Maroc, Fondation Hanns-Seidel
[20] -Alyaoum24,10/7/2018
[21] -Alyaoum24,2/7/2018
[22] -Le Monde Diplomatique, novembre 2017
[23] -Le Desk,16 juillet 2017
[24] – Cité par Lakom ,27 octobre 2018
[25] -L’économiste, n5392,14/11/2018
[26] -Tel quel , n 830,26 1novembre2018
[27] -L’économiste,n 5392,op cit
[28] -Lakom ,27 octobre218