Research studies

Contribution à la connaissance de la maison traditionnelle moyenne du secteur sauvegardé Constantinois

 

Prepared by the researcher – Dr. AZAZZA Hafiza Faculté d’Architecture et d’Urbanisme – Université Salah Boubenider. Constantine3

Democratic Arab Center

Journal of cultural linguistic and artistic studies : Eighteenth Issue – April 2021

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
 ISSN  2625-8943

Journal of cultural linguistic and artistic studies

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Résumé

« Dar El M’Zabi » est une maison traditionnelle de la vieille ville  de Constantine, elle-même centre historique érigé depuis 2005 en secteur sauvegardé. Ce nouveau statut fait acquérir à cette  maison « modeste » une valeur patrimoniale justifiée par sa  participation dans la composition homogène  et l’unité architecturale et esthétique  pour lesquelles fut créer la dite prescription.  Cependant nous avons constaté lors de l’étude de sa réhabilitation, l’insuffisance voire la carence des informations sur cette architecture domestique inconnue et sous-évaluée, au point d’être boudé par  la littérature scientifique. Notre article adopte ainsi la méthode descriptive pour établir  une  monographie qui  rend  compte de l’état des savoirs  sur la maison,    sert  de support d’identification et   de  connaissance des autres édifices similaires  et aider au comblement du vide documentaire.

INTRODUCTION

On a souvent assimilé l’architecture domestique de la vieille ville à son aspect exigu, insalubre et non pratique. Cependant, et  dès qu’on enlève    le masque de précarité on découvre  des matérialités qui prouvent  que dans cette architecture  tout est   pensé  et conçu pour que  l’utile prime sur l’esthétique pour des raisons de respect des principes religieux, et que le fonctionnel   réponde   au nécessaire pour assurer la praticabilité de l’ensemble tout en restant à l’échelle de l’homme et évitant le  superflus.

Le constat amère du rythme accéléré des déperditions de la matière  du bâti du secteur sauvegardé impose l’archivage systématique de toute action dessus.  Cette conviction nous motive pour documenter les données rassemblées et produites sur la maison lors de son projet de réhabilitation.

Il s’agit dès lors pour nous de répondre au questionnement :

Quel est l’apport de Dar El M’Zabi pour la connaissances de la maison traditionnelle modeste   du secteur sauvegardé  constantinois ? Quelles en sont ses caractéristiques architecturales et constructives ?

Pour répondre à un tel questionnement il importe d’établir   un constat de l’état actuel de la demeure qu’il faut ensuite    interpréter   à la base d’une description  au détail prés  (Pérouse de Montclos, 2003, p. 24).

Ainsi nous joignons la description par le texte et la description par la photographie et le dessin pour transcrire la maison aussi totalement et aussi objectivement que possible.  Si le relevé   rend surtout compte des organisations internes et des structures,   l’image adosse   l’observation   qui permet de dégager les conclusions objectives.

LE SECTEUR SAUVEGARDE « REGIME D’EXCEPTION »   QUI CONFRONTE

L’« IDEALITE » A LA « REALITE ».

Composée de deux termes, l’appellation de « secteur sauvegardé » désigne une   subdivision d’une zone urbaine  faisant émerger  une partie d’une ville historique reconnue  tissu urbain riche et cohérent, composé de maisons anciennes. Le qualificatif   « sauvegardé » veut exprimer l’objectif de la subdivision  en question par rapport au   mérite de préservation. La notion recouvre ainsi toute entité urbaine investie d’une reconnaissance obligeant sa protection.

De création française, la   notion désigne au pays de sa naissance, une zone urbaine soumise à des règles particulières en raison de son « caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d’un ensemble d’immeubles bâtis ou non »[1].

Hors de la France et de son continent,  l’Algérie  est l’un des pays qui reconduit l’esprit de la loi dans ses formes parfois et son contenu. La notion est raccordée au  contenu physique et l’exceptionnalité des caractéristiques des  : « ensembles immobiliers urbains ou ruraux tels que les casbahs, médinas, ksours, villages et agglomérations traditionnels,  caractérisés par leur prédominance de zone d’habitat, et qui, par leur homogénéité et leur unité architecturale et esthétique, présentent un intérêt historique, architectural, artistique ou traditionnel de nature à en justifier la protection, la restauration, la réhabilitation et la mise en valeur »[2]

L’émergence d’intérêt manifeste pour les tissus urbains du passé par leur érection en  « secteur  sauvegardé » est  en apparence et dans les faits, survenue pour réfréner  le processus de  destructions massives qui menaçaient l’existence des quartiers entiers.    Reconnus successivement  liés à une « architecture d’accompagnement »[3], puis plus récemment,  à une  « architecture ordinaire »[i] les quartiers anciens ont connu     un  total désintéressement, pire encore on les tenait  paradoxalement responsables de tous les maux de la ville, ce qui justifiait les intentions de leur effacement.

Le secteur sauvegardé de la vieille ville de Constantine est créé par le Décret exécutif n° 05-208 du 26 Rabie Ethani 1426 correspondant au 4 juin 2005 portant création et délimitation du secteur sauvegardé de la vieille ville de Constantine. Son article 2 en définit les limites[ii].

« Dar el M’Zabi » fait partie de cette entité urbaine en présentant les traits communs des autres demeures de son type.

QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES ARCHITECTURALES ET CONSTRUCTIVES DE « DAR EL M’ZABI »?

Le Numéro  municipal 28  de la rue Abdellah Bey sise vieille ville de Constantine, désigne une maison de type traditionnel servant de lieu d’hébergement ou de résidence de transit (provisoire).  Communément connue sous le nom de  « Dar el M’Zabi » en raison de son usage qui consiste à abriter les membres de la communauté mozabite venus à Constantine pour  des raisons de travail, la maison est aussi baptisée « Dar el Achira »,  et  autrefois « Dar Bendali ».

Le caractère transitaire de « Dar El M’zabi » la fait  rapprocher d’un hôtel plutôt que d’une maison. L’instabilité des occupants ne permet pas, de surcroit,  de déduire ou d’attribuer des caractéristiques sociales à la dite maison et s’oppose à toute constitution d’indicateurs sociaux relatifs à ses habitants. Néanmoins le caractère principal qu’on peut retenir est la prédominance, voire l’exclusivité du sexe masculin dans la population de transit à cette maison, son activité effective et  son origine.

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Photos 1,2,3,4   : Vues sur le tunnel Benbadis, façades sur rue Abdelleah bey et intérieur de la maison .

Source : de l’auteur

SITUATION

« Dar El M’Zabi »  est située au quartier Souika, unité urbaine 21, zone B. Elle fait ainsi  partie de l’ilot 132 implantée sur la rive  Nord de la rue Mellah Slimane. Elle fait donc partie du de la partie basse de la vieille ville, et s’ouvre sur deux espaces publics, à savoir la rue Abdellah bey et l’impasse Benbadis. Cette implantation lui permet de disposer de fenêtres sur  une  façade principale et d’être accessible à partir d’un Sabat.

1 Figure 1 : Situation de la maison dans le secteur sauvegardé et dans l’ilot.

Source : de l’auteur

Sur le plan  cadastral,   elle  est mitoyenne à la maison  n°26  (parcelle 1795) au Nord Ouest, à la n° 28 ( parcelle 1791)   au Sud ouest,  par les n° 36 et 34 (1788 et 1789), au Sud et la rue Abdellah bey à l’Est.

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Figures  2 et 3  ; Plan cadastral de la vieille ville. Parcelle « dar El M’zabi ».

Source : Service du cadastre. Section G

HISTORIQUE DE LA MAISON

Cet aspect de la recherche  doit  ordinairement s’appuyer sur   une recherche bibliographique et documentaire conséquentes. Aux informations recueillies devraient s’ajouter des décapages systématiques  des surfaces des murs jusqu’à leur  matrice, des angles de leur intersection à d’autres   murs et  aux  planchers,  en plus des sondages en infrastructure (fondations). Les résultats de ces travaux de reconnaissance permettront  d’asseoir les informations recueillies des premiers indices  archivistiques.

Cependant et comme l’édifice est assez modeste, le recours aux fouilles archéologiques aurait pu compenser l’absence  d’indices  concrets pour retracer l’historique de la bâtisse (Guillaume Jean, 1988, p. 88)[iii]. Cette carence   est accentuée par l’absence de sondages poussées et d’analyses au laboratoire sur les composants des structures et ce en raison des délais impartis au projet notamment sa phase de « relevé et diagnostic », de  l’urgence d’engagement des travaux vu l’état de dégradation très prononcé de la maison et des   budgets alloués qui ne prouvent couvrir des travaux de recherche poussés.

L’acte de propriété remis par les actuels propriétaires,  mentionne la vente de cette dernière par le couple Levy (Chalou et Augustine Djora) le 30 décembre 1910 à Mer Benbakir  Mohamed propriétaire tanneur à Constantine. Le même acte, reporte une autre  transaction de vente par les Benbekir hafiza et Rouag, de la dite maison baptisée alors « dar Bendali » à Mme Benabderrahmane Ouarda en date du dix-huit  mai 1941.  Généralement, ce changement de propriétaires devrait avoir des incidences sur la bâtisse, et laisser  les traces  des transformations diverses, qu’on ne pourrait confirmer sans les supports sus-indiqués.

Théoriquement selon les documents disponibles, deux phases peuvent être attestées :

Phase I : De la date de construction de la maison (inconnue)

Cette phase est reconnue par l’emprise au sol qui recouvre toute la parcelle, avec l’existence de structures de typologie d’époque ottomane (fondations filantes en opus quadratum en  pierres de réemploi, et des murs en opus mixtum (moellons et briques avec mortier de chaux). Cette phase, connaitra par ailleurs l’élimination d’un encorbellement sur la façade ouest du deuxième niveau et  la fermeture de l’arc  qui le délimite en y laissant juste la fenêtre qui s’y ouvrait.

Phase II : Période des extensions au niveau du premier niveau.

A cette phase, nous supposons que la maison a subi des extensions vers le Sud sur les maisons derrière le Sabat Benbadis en chevauchant sur la parcelle n°34. Ainsi, l’aile sera élargie par des espaces de service principalement pour  les activités ménagères, avec rajout de structures de séparations et d’ouvertures sur l’extérieur. Les murs extérieurs en parpaing du 2 é étage perceptible à partir de la façade Sud en sont les preuves. La fenêtre pratiquée  sur   la façade Ouest du deuxième niveau, sera emmurée pour permettre le déploiement de la façade Est de la maison contigüe.

REFERENCES FONCIERES ET ENVIRONNEMENT

Typologie

La maison occupe la parcelle 1790 qui affecte  la  forme d’un trapèze irrégulier dont les quatre côtés ont des dimensions inégales, à savoir (16.40,  16.80, 11.50, 15.50 m). Elle  délimite ainsi   une surface  moyenne de 218,10 m2, avec 16.51 m2 non construit (soit 4 % ) occupé par un  patio,  et le reste réparti sur quatre niveaux (RDC, deux étages complets et un troisième niveau sur l’aile Nord de la maison).

La masse de la maison ne correspond pas à sa parcelle d’implantation car elle chevauche sur les parcelles sud N° 1788 et 1789 (les N° 36 et 34, Sabat Benbadis)  sur son aile Sud au premier et deuxième niveau.

La construction se développe ainsi sur une parcelle de forme trapue, encadrée par des voies de circulation sur deux côtés et deux  parcelles constructibles sur les deux autres.  Elle  obéit     à la typologie de base de l’ensemble du tissu par sa structure générale, à savoir la répartition autour d’un patio complet (O) (Universita degli studi, 2006, p. 116)   à triple arcature uniforme autour duquel s’articulent des galeries de circulation desservant des pièces qui s’imbriquent en hélice au niveau des angles de la maison et une cage d’escalier dégagée sur celui du  Nord.

Environnement

Insérée à l’intérieur d’un ilot  donnant sur une voie secondaire, la maison 28 regarde vers d’autres constructions qui lui sont soit accolées soit séparées d’une distance maximale de 3.00 m. Cette localisation la fait  intégrer dans un environnement  complètement « minéral ». Cependant et suite aux derniers effondrements d’édifices environnants, quelques  espèces   d’herbes sauvages ont transformé cette donnée, pour  créer un cadre  plus ou moins «végétal»  à l’arrière de la demeure.

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Photos 5, 6 et 7 :   Arrière de la maison et sa façade sur rue Abdellah Bey

Source : de l’auteur 

CARACTERISTIQUES GENERALES

La typologie de la maison, et son intégration à un tissu dense spécifique aux médinas maghrébines, ont induit  la composition de cette dernière des éléments ci – après :

a- le   Bab-ed-dar : l’entrée à la maison.

C’est l’élément qui permet ou ne permet pas de passer. Il est « l’élément qui permet ou ne permet pas de passer. L’élément qui contribue à orienter l’espace et  en présence de chicane, il contribue à le transformer totalement en  sanctionnant avec précision la limite du territoire domestique » (Renier, 1998, p. 74). C’est un espace gouverné par les règles de la pudeur (Hichma) entre membres de la famille et l’extérieur, en un mot, suivant des règles sociales précises (Sidi-Boumediene, 1991, p. 24) . Enfin, il est moyen d’effacement des disparités sociales, par l’absence de  profusion décorative  qui marque la différence.

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Photos 8,9,10 : Sabat  Ben Badis et accès à la maison.

Source : de l’auteur

b- La sqifa (Sidi-Boumediene, 1991, p. 24), l’entremise d’un vestibule: Elle est composée d’un ou de deux éléments d’espace présentant  toujours une configuration telle que ses deux baies d’accès ne se situent jamais en enfilade et  conduit à ouest-ed-dar  et à l’escalier menant à l’étage. Elle est généralement garnie de  bancs en pierre (dokkàna) (Noweir, 1984, p. 178).  C’est un espace d’accès intermédiaire entre le niveau de la rue et celui du ouest-ed-dar. Il sert à filtrer les personnes qui seront autorisées à pénétrer à l’intérieur du foyer, mais aussi à déjouer les possibles regards extérieurs.  la sqifa la plus commune oblige celui qui pénètre à l’intérieur de la maison à effectuer un parcours en forme de coude. C’est une « salle d’attente qui permettait au maitre de maison de recevoir ses visiteurs sans les faire pénétrer véritablement à l’intérieur,  d’où   la présence de banquettes de pierre, de marbre ou de maçonnerie, et une décoration particulièrement soignée »  (Raymond, 1986, p. 213).

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Photos 11, 12, 13 : Vues sur la sqifa  de la maison.

Source : de l’auteur

c- Le ouest -ed-dar :  il est littéralement le centre de la maison, et  l’expression de cultures profondes et vivaces. C’est l’élément essentiel de la maison traditionnelle. C’est un espace central, plus ou moins ouvert vers le ciel qui  distribue,   réunit,  et permet le déroulement de  toutes les activités quotidiennes mais surtout il  est un lieu transcendantal qui permet de mener une vie conforme aux préceptes du Prophète.   Il est généralisé dans tout l’habitat urbain du Maghreb, ce qui n’est pas le cas, partout    en terre d’Islam  (Van Der Meerschen, 1987, p. 28).    Il est donc un élément d’urbanité dans la mesure où les femmes n’ont pas d’activité hors de la maison. Ce qui est rarement le cas en milieu rural  (Van Der Meerschen, 1987, p. 73).   Il assure  l’unité spatiale et l’affirmation  de la maison tout entière.

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Photos 13,14,15 :  vues sur le ouest -ed-dar de la maison.

Source : de l’auteur

d- Les pièces. Magalis (Noweir, 1984, p. 178)  ou bouyouts  (Noweir, 1984, p. 178) :   les  spécimens    reconnus  à Constantine,  laissent conclure la forme  d’un espace rectangulaire et allongé, il équivaut à la “pièce en T” de Gorges Marcais  (Deremiens, 1986, p. 43) que nous retrouvons au palais du bey et des grandes maisons,  de laquelle le qbu et les mqaser  (Noweir, 1984, p. 178) seraient disparus et  remplacés par une  niche de faible profondeur.   Ce sont des espaces multifonctionnels de forme rectangulaire, s’organisant autour du ouest ad-dar et s’encastrant l’une derrière l’autre en formant une hélice  en guise de  système antisismique,  à l’intérieur du périmètre de la maison. Elles s’ouvrent sur les galeries  par une porte à deux battants rectangulaires  (Missoum, 2003, p. 218).  Un vide élémentaire dominant constitue le centre des pièces. Sa face donnant sur le   ouest ed dar est percée de       deux fenêtres et une porte. Outre le cadre des baies, un seuil plus ou moins prononcé borne avec précision la limite des sols de chacune des unités constituant la pièce. Fréquemment, le mur du fond, en face de la porte, est défoncé par une grande arcature avec banquette. Ce renfoncement central porte le nom tunisien de qboû. Des fois encore    deux autres petites pièces (maqşũrat) accessibles de la pièce même jouxtent le qbu  pour scinder l’intérieure de la pièce  en trois sous-espaces  selon ses cotés petits par  des doukkanas.  La largeur des pièces commandée par la portée réduite des poutres en bois du plafond, ne dépasse guère 2 m50, mais elles peuvent avoir plus de 15 mètres dans leur grande dimension.

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Photos 16,17,18 : intérieurs des pièces du 2 é étage de la maison.

Source : de l’auteur

e- Les toilettes ou  bĩt el-mâ, :, «la pièce de l’eau » ou bĩt er-raha  occupent      un angle de la maison et   jamais une des ailes donnant sur wast  ed-dàr (Noweir, 1984, p. 173).

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Photos 19,20,21 : vues sur les toilettes ou  bĩt el-mâ   de la maison.

Source : de l’auteur

f- Les galeries : d’une surface totale de 153,25 m2, et une longueur totale de 84,5 ml, les galeries entourant le patio assurent la circulation horizontale entre les différents espaces de la maison, tout en leur permettant de puiser l’air et la lumière du jour apportée par le wast eddar. D’une largeur allant  de 1.00 à  3.00 m, ce composant typologique  de la maison introvertie   dépasse souvent sa fonction de base pour offrir aux habitants le substitut en espaces utiles.  A la maison 28, un tronçon de la galerie du 1er étage est transformé en cuisine, et un autre du RDC sert de salle  d’eau. Les galeries sont délimitées du coté patio de  trois arcatures sur ses quatre cotés, chaque arcature est engendrée par deux colonnes (ou une colonne et un pilastre au niveau des angles) lesquelles structures portent des arcs ogives d’un entrecolonnement unifié de 1.80 m jambé par un tirant en bois de 5 à 7cm de coté ancré à une profondeur de 7 cm au bas de l’imposte surmontant le tailloir du chapiteau.

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Photos 22,23,24 :    galeries sur patio  de la maison.

Source : de l’auteur

g- La cage d’escalier :

Une seule cage d’escalier répartit les niveaux de la maison. Elle est en maçonnerie, montée  sur deux volets   en L,   occupe l’angle Nord-Est de la maison et  s’ouvre par une  petite  ouverture  carrée  à chaque palier  sur cette dernière.

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Photos 25, 26, 27:    vues sur la cage d’escalier   de la maison.

Source : de l’auteur

CARACTERISTIQUES PARTICULIERES

Les fondations 

La construction est portée par une structure en murs porteurs posés sur des semelles filantes de 2m d’épaisseur, bâtis en blocs de pierre équarris de réemploi mêlées à des moellons. Par endroits les fondations se composent de moellons liés par un mortier terreux

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Photos 28, 29, 30 : fondations en pierre de taille et moellons.

Source : de l’auteur

Figure 4 : Coupe verticale sur un mur porteur avec sa fondation.

Source : de l’auteur

Les colonnes et piliers

Les arcatures du patio sont engendrées par des arcs ogives  en brique pleine enjambant le  RDC et le 1er niveau. Ces derniers sont  portés sur des colonnes en calcaire gris dont le fut a la  forme carrée à angles   tronqués en longueur  d’où   la forme d’un octogone irrégulier. Chaque tronc est  posé  sur un socle circulaire monolithe, et surmonté d’un chapiteau à décoration sobre (type hafside), surmonté d’un tailloir réduit et une imposte cubique en maçonnerie de forme très élancée pour rattraper l’arc situé au 1er étage. Au 2éme et 3éme niveaux, les arcatures  sont à galbe droit portées sur   des colonnes à fut   octogonal terminés par un astragale de la même forme portant  un chapiteau dorique.  Ce dernier est surélevé d’une  imposte parallélépipédique en maçonnerie,  et d’un linteau droit en bois posé sur une plinthe en bois sculpté sur ces deux côtés débordant de l’imposte, d’une arête abattue d’un fort joli aspect. Les deux colonnes du 3éme niveau sont en entièrement en  bois. Toutes les impostes ont l’extrémité basse   percée d’un tirant en bois de section carrée stabilisant l’ouverture des arcatures.

Au niveau des angles du patio les colonnes sont remplacées par des piliers en moellons

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Photos 31, 32, 33, 34   : colonnes en marbre,  leurs impostes et chapiteaux  et piliers en moellon.

Source : de l’auteur

Les murs. Ils sont de deux types

1 : les murs porteurs d’une épaisseur moyenne de 60 cm, composés d’une alternance de rangées de moellons et de deux assises de briques pleines posées à plat, le tout empilées avec grand soin sur des lits de mortier ancien pour  donner des ouvrages robustes. Ces maçonneries sont recouvertes d’un mortier de protection sur cinq  centimètres, voir plus,  d’épaisseur.

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Photos 35, 36, 37 : murs porteurs en assises de moellons alternées d’assises de brique pleine.

Source : de l’auteur

2- Les murs de séparation : d’une épaisseur relativement réduite, en brique pleine ou  de la même composante que les murs précédents. Ils composent les murs encadrant les galeries sur patio, les murs du patio, ou les cloisons séparant les pièces mêmes, et les  arcatures scindant les espaces longs.

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Photos 38, 39, 40 ;  Murs de séparation en briques pleines.

Source : de l’auteur

Figure 5 : détail d’ un mur porteur.

Source : de l’auteur

3- Les murs nouveaux : un seul mur extérieur est repéré au 2 é  étage de la maison sur son aile Sud. Il est monté en parpaing sur une structure en poteaux poutres rajoutées tardivement. D’autres cloison intérieures en brique sont rajoutées pour aménager des espaces intérieurs supplémentaires.

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Photos 41, 42, 43 : Murs extérieurs nouveaux en parpaing.

Source : de l’auteur

L’ensemble des murs de cette maison ne présentent des décorations  qu’au niveau de certaines arcatures délimitant les kbous.

Les planchers

La totalité des planchers sont de composition traditionnelle basée sur des éléments porteurs en troncs de araar   (poutres principales de section pouvant atteindre les 15cm de diamètre), en un ou deux pièces liées par des cordes espacées d’un mètre ou moins. Au-dessus vient se poser une autre  rangée de troncs de araar moins gros (poutrelles d’un diamètre allant jusqu’ à 8 cm), qui porte une couche de roseaux ou branchages de araar, pour recevoir  la couche de remplissage en terre surmontée d’une couche de briques posées à plat pour avoir une planéité de l’ensemble. Le tout sera ensuite recouvert du revêtement en pièces de terre cuite ou de marbre sur la face supérieure et couvert d’une couche d’enduit de chaux badigeonné sur le côté inférieur.

Il s’agit de la  typologie A, avec deux rangées superposées de araar de ∅ allant de 5 à 9 cm, reliées par des cordelettes nouées, portant une nappe de roseaux au-dessus de laquelle se pose une couche de remplissage (terre + tuileaux + mortier), et au-dessus, une couche de brique pleine qui porte le revêtement de sol.

Figure 6 : Type de plancher A.

Source : Master plan 2006, Planche RO2

Figure 7 : Type de plancher A.

Source : de l’auteur

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Photos 44, 45, 46, 47 : Types de déformations de plafonds engendrées par l’épaisseur des planchers.

Source : de l’auteur

 

Cette composition change en fonction de l’endroit (pièces, galerie, patio etc.) par l’élimination de la deuxième nappe des rondins, ou alors par soustraction de la couche de briques.

Par endroits, notamment dans  les galeries, les rondins sont remplacés par des chevrons en bois travaille de  8 cm de section, placés tous les 50 – 60 cm, rassemblés sur leur face supérieure par un voligeage  en planches de bois qui porte  le remplissage de terre et le revêtement de sol du niveau supérieur, il s’agit du type E.

Figure  8 :  Type de plancher E.

Source : Master plan 2006, Planche RO2

Figure  9 :  Type de plancher E.

Source : de l’auteur

Les planchers sont ancrés dans les murs porteurs à une profondeur de 10 – 15 cm, parfois moins.  Les poutres maitresses sont dans l’ensemble en araar, selon la technique d’origine, certaines ont été remplacées par des madriers en bois, et celle du mur Sud, au niveau de la reprise de l’aile à son deuxième étage est faite en BA appuyée sue des poteaux en BA également.

Cages d’escaliers (voir tableau de bord)

Outre les quelques marches repérées dans quelques pièces pour avoir des niveaux différenciées, la maison 28 est distribuée verticalement par une seule cage d’escalier K1. Cette dernière occupe une surface de  11m², située à l’angle Nord de la maison. Elle est portée sur une structure en murs porteurs de maçonnerie mixte et brique pleine sur lesquels reposent des traverses en rondins d’araars. Néanmoins, et par mesure de sécurité, ces informations seront approfondies, et étoffées lors des travaux de réalisations

Les toitures  

A l’origine la maison devait être couverte en toiture à tuiles avec des versants dirigés, soit  vers le patio où les eaux sont récupérées par des descentes placées au niveau des pilastres des quatre coins du patio, pour être  rassemblées dans le medjen  précédemment décrit,  ou encore vers l’extérieure de la maison quand les surfaces à couvrir exigent des pentes

dépassant le 22 %. Aujourd’hui, nous retrouvons, trois types de toits, celui qu’on vient de citer, avec une surface totale de 137,75 m2 dont 105.1 m2 soit 76 % est en tuile ancienne (turque) le reste soit 32.64 m2 ou 24 % en tuile mécanique  des parties  couvertes en plaques ondulées de ciment sur une surface totale de 135,08 m2 et le reste 32.37 m2 surmonté d’une toiture plate inaccessible.

      Figure  10 : Type de toiture F.                        Figure  11 :  structure du toit relevé sur place

              Source 10 ;  Master plan 2006, Planche RO2.               Source 11:  de l’auteur

Figure 12 : Type de toiture E.

Source : Master plan 2006, Planche RO2

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Photos 48, 49, 50 Vues sur les toitures plates et couverture en tôle.

Source : de l’auteur

Les encorbellements

Un seul encorbellement garnit  la façade  sur rue. Ce dernier est démonté afin d’un remontage à l’identique. Il est porté par des consoles en escalier exécutées par des assises de  briques pleines alternées  de rondins  d’araar.

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Photos 51, 52, 53 : Vues de profil et de dessous de l’encorbellement.

Source : de l’auteur                                                                

DECORATIONS ET ORNEMENTATIONS

Les éléments en maçonnerie

  *Corniches intérieures et extérieures

Des décorations en saillie obtenues par des dispositions     de briques pleines posées à plat             (décors en chevrons, ou de deux rangées  de  tuiles canal renversées posées sur l’extrados) ou carrément  composées de pièces en bois découpées  en  dés  échelonnées surmontés de deux rangées de tuiles canal posées sur une bande en bois le tout donnant l’aspect d’une dentelle .

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Photos 54, 55, 56, 57 : corniches en briques pleines et tuiles canal à l’intérieur et extérieur de la maison.

Source : de l’auteur

  *Décorations des arcs.

Les  cloisons fines de séparation de certaines pièces, ont les faces tournées vers la l’espace principal, décorées de motifs en  haut relief représentant   des  chantournements successifs sous forme de festons délimitant le galbe de l’arc.

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Photos 58,59,60 : Décorations autour de l’ouverture de l’encorbellement. Pièces du 3 é et 2 «é étages.

Source : de l’auteur

 * Claustras

Un seul panneau de  claustras en ciment a été repéré sur la façade arrière  de la maison. Il s’agit  de sept pièces carrées ajourées de 20 x 20 cm,  dont les jours sont obtenus par le croisement de deux arêtes joignant les angles du carré (diagonales)  laissant apparaître quatre ouvertures triangulaires se rejoignant par leurs sommets.

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Photos 61, 62 :   Panneau de 9 claustras. Détail d’une pièce de claustra

Source : de l’auteur

Les éléments en bois

Dans la maison le bois est utilisé en structures, poutres et poutrelles dans ces deux formes brute et travaillé, dans la confection des faux plafonds, dans les tirants, les tailloirs des et futs de colonnes, dans les balustrades et dans la menuiserie.

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            Photos 63, 64, 65 : Eléments de structure en bois (poutres, impostes, tirants, chevrons, lattes etc.)

Source : de l’auteur

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            Photos 66, 67, 68, 69 : Eléments menuiserie en bois (plafonds, balustrades, portes, fenêtres etc.)

Source : de l’auteur

COULEURS ET EFFETS D’AMBIANCE

Dar El M’zabi  est dépourvue de tous  décors généralement retrouvés dans les maisons de sa typologie, en l’occurrence les revêtements en carreaux de céramique qui procurent des effets égaillant.

A défaut de parure  céramique, les revêtements muraux de la maison, se limitent   aux badigeons de couleur à prédominance bleu (indigo)  pour les murs intérieurs donnant sur le patio et d’autres couleurs à l’intérieur des pièces. Les murs du patio et ceux des pièces donnant sur les galeries sont généralement  badigeonnés en bleu indigo (couleur originelle), intercalés par endroits de certains  repeints   exécutés en d’autres couleurs, dont le jaune clair, le vert émeraude et le beige clair.

Cette palette chromatographique donne aux intérieurs un aspect   fade et sans animation aucune, ce qui est en soi un trait de caractère de la communauté mozabite très imprégnée du principe musulman  d’austérité  (taquachouf)

DESCRIPTION DES INTERIEURS

  • Le rez – de –  chaussée

L’accès à la maison se fait à partir du sabat Ben badis par une baie autrefois  arquée en plein cintre garnie d’une porte simple tôlée récemment montée qui donne sur une skifa de 8.15 m2  de  forme  trapézoïdale. Cette dernière dessert sur son mur Sud –  Est une première pièce oblongue  de  14.17 m2,  et sur son mur Nord le RDC de la maison accessible  par une porte simple montée sur un seuil de 20 cm de haut. La hauteur sous plafond de 3.05 m présente une inclinaison vers la porte d’entrée et se termine par un caisson pouvant correspondre à des travaux de renforcement du plafond. Le mur Sud de la skifa est garni d’une niche arquée facilement assimilable aux maquaads aménagés autrefois comme espace d’attente pour les étrangers à la maison.

Un seuil de  5 cm  de haut surmonté  d’une porte en bois à un seul ventail galbée d’un arc plein cintre, fait aboutir à une pièce   qui  s’ouvre sur la rue par une ouverture de 80 x 100 cm d’ouverture située à 1. 75 du sol et   pratiquée dans une niche de 80 x 160 cm élevée de 1.35 m du sol. La dite ouverture a dû être rajoutée tardivement considérant le rapport dimensions ouverture /allège  et son système  de fermeture.

La première galerie retrouvée après cet espace s’ouvre à gauche, sur le patio par une arcature de 3 ouvertures égales   galbées d’un arc ogive sur son extrémité haute, et sur sa partie droite, sur l’unique cage d’escalier de la maison. Sur son extrémité Nord,  une deuxième pièce longiligne     occupe sa mi- longueur. Cette pièce est complètement fermée, elle est surélevée de 10 cm par rapport à la galerie et s’étale sur une surface de 14.36 m2.

Une deuxième galerie perpendiculaire à la première permet l’accès à une troisième pièce   élancée couvrant toute la longueur Nord de la maison et chevauche avec la cage d’escalier en occupant le vide sous cette dernière. Cette pièce fait 26.42 m2  de superficie et s’élève de 20 cm à partir de la galerie.  Une porte en bois à ventail unique ferme cet espace vaste et fait face à deux niches contigües sur le mur Nord. Deux fenêtres s’alignent à droite de la  porte et permettent un éclairage naturel diffus à longueur de journée. Une cloison découpée défoncée d’un arc plein cintre, sépare le quart Est de la surface de la pièce, d’une doukkana surélevée de 80 cm   et  s’ouvre sur la cage d’escalier par une porte surbaissée sur son coté sud. Cette élévation, bien qu’elle soit affiliée à l’architecture de l’époque, semble  être récemment aménagée du fait de la technique et des matériaux de sa construction.

Enfin une quatrième pièce occupe l’aile Sud- Ouest de la maison et court le long d’une troisième galerie perpendiculaire à la précédente tout en s’ouvrant sur le patio. Cette dernière délimite une surface de 29.36 m2 en s’imbriquant au mur Ouest de la pièce. Une porte en bois massif à deux ventaux centre l’espace laissé  sur son mur Est par deux fenêtres qui lui portent l’air et la lumière du jour. Une niche aménagée sur le mur Ouest fait face à la porte et sert de rangements divers. Au dessus de cette alcôve se trouve une ouverture protégée par  un grillage dont nous ignorons l’usage du fait qu’elle fait face à un mur mitoyen. Une saillie le long de la hauteur de la pièce garnie l’angle Nord-Ouest.

La galerie Sud du patio,  est aménagée en salle d’eau collective, contenant trois cabinets de toilettes, deux douches, deux bassins pour les ablutions et des citernes d’eau.

Le patio, centre de gravitation de cette maison, est de forme plus ou moins carrée (5.40 m x   5.45m), il est séparé des quartes galeries par des structures en maçonneries de 0.55 m d’épaisseur, percées d’ouverture arquées d’un entrecolonnement similaire  (2.20 m) portés sur des colonnes octogonales identiques. Les coins du patio sont matérialisés par des pilastres en maçonneries tronquées sur l’angle donnant sur le patio et  laissant  la place à une descente d’eau pluviale qui récupère l’eau des toitures vers les avaloires du patio. Les ouvertures d’arc des étages supérieures sont protégées par des balustrades en bois ajouré d’un fort joli effet faisant 90 cm de hauteur.

A  hauteur  de la première colonne du coté Ouest du patio, se trouve un mejjen, réservoir d’eau de forme circulaire de 38 cm de diamètre et profond de plus de 2m. Ce dernier est surmonté d’une structure de trois branches en fer plat se rencontrant en boucle à une hauteur de 1.90 m pour permettre la suspension du récipient de puisage de l’eau.

Au coin Nord de la maison se trouve un escalier à double volet qui permet d’aboutir aux étages supérieurs. Ce dernier est hébergé dans une cage quadrangulaire de 4.75m x 3 m, où un basculement  fermé à  angle plat permet le déploiement de  14 marches en maçonnerie de 115 cm  de long, 39  à 97 cm de foulée et 20 cm de contre marche. L’escalier s’ouvre sur la rue par trois ouvertures superposées de dimensions relativement réduites (55 x 75 x cm et 135 cm d’allège). Le découpage  de l’escalier en plusieurs paliers de une à trois marches,  permet la répartition des charges  des surfaces  pour s’adapter à la capacité portante de la structure composée essentiellement de poutres en araar. Le plafond des paliers est joliment recouvert de faux plafonds composés de chevrons en bois surmontés de planches le tout porté sur des poutres en bois rectangulaires dont les extrémités latérales sont sculptés d’arêtes abattues. Les chevrons  des plafonds s’orientent dans des directions perpendiculairement opposées pour animer  le décor général.

  • Le premier étage

La deuxième volée  de la cage d’escalier nous fait aboutir sur un entre –sol vu sa hauteur sous – plafond réduite. Ce niveau est distribué par trois galeries   entourant le vide sur patio, et donnent accès à dix pièces dont celles disposées sur les ailes Nord, Ouest et Est surélevées d’un seuil de 10 cm de hauteur. La première pièce    occupe toute l’aile  Nord de la maison,   fait   1.75 m2 et s’ouvre par une porte simple en bois et deux fenêtres de part et d’autre de  80 x 100 cm d’un  allège de 80 cm. Le mur faisant face à la porte d’entrée est défoncé de deux niches.

Une deuxième pièce rectangulaire longe le mur Ouest et s’imbrique dans la première à sa mi- longueur, dégageant ainsi une superficie de 16,68 m2 et s’ouvrant sur la galerie par une porte simple en bois et une fenêtre de petites dimensions (60 x 85 cm). Une troisième pièce   d’une surface de 18.32 m2 découpée en deux espaces par une arcature fine, s’aligne à la précédente pour occuper le reste de l’aile. Le  mur Est de cet espace est percé d’une porte simple en bois et à 80 cm du sol d’une fenêtre de dimensions moyennes (70 x 85 cm). Une toute petite ouverture d’un allège de 30 cm  de 35 x 40 cm de dimensions perce le mur Ouest  et  donne sur un mur mitoyen.

Au Sud de cette composition, se trouve un ensemble de quatre espaces, dont le premier   occupe la galerie Sud du patio aménagée en belvédère de 12,15 m2 et prolonge la salle de prière en donnant  sur le patio par des fenêtres aménagées dans les emmurages fermant les trois  arcatures de ce dernier. Une porte simple ferme cet espace de la galerie Est. Le mur Sud de cette pièce dessert le quatrième et cinquième  espaces    de l’ensemble sus – cité par des portes sobres en bois rouge. La quatrième  est plus ou moins carrée d’une surface de 8.32 m2 et ne possède aucune fenêtre, d’où la probabilité   de faire office de maksoura à l’origine desservie par une porte en bois. La sixième pièce contigüe   empiète sur la parcelle voisine et sert de moussala accessible par une porte simple et un sas de 2.50 m;  cet espace de 18.70 m2 est de forme trapue dont le coté Sud fait ventre vers l’intérieur. Une grosse poutre portée sur une structure intermédiaire scinde la pièce en deux espaces communiquant par une arcature  de galbe informe.

Une seule petite ouverture de  45 x 35 cm,   permet la liaison de cette surface avec l’extérieur et apporte le peu de lumière et d’air à cet espace sacralisé. La  septième et dernière pièce de cette aile   est la plus grande  et se déploie sur le reste de l’aile sur une surface de 18.68 m2en s’ouvrant sur la galerie Est par une porte simple qui dessert d’abord une cuisine  (huitième espace)   de 4.54 m2, puis un belvédère par une fenêtre de 80 x 95 cm. Une seconde fenêtre plus grande (80 x 120 cm) relie la pièce à l’extérieur de l’édifice.

Les deux dernières pièces s’alignent le long de la galerie Est et s’ouvrent sur elle par des portes simples en bois. La première (neuvième espace) est plutôt allongée, d’une surface   de 18.55 m2, et  dispose de deux ouvertures identiques de dimensions 90 x 85cm et d’un  allège de 80cm donnant sur la rue, tandis qu’ une grande alcôve se voit  sur le mur Ouest. Une cloison la sépare de la seconde pièce ( dixième espace)  de 8.23 m2 qui prend l’air et la lumière du jour de la rue par une fenêtre plus petite que ses voisines (70 x 85 cm) et centrant le mur Est.

  • Le deuxième étage

A 5.90 m du niveau du patio, se dresse le deuxième étage. Ici quatre galeries encadrent le vide sur patio et permettent la répartition de douze pièces surélevées de 10 cm,  reprenant ainsi la typologie de celles de l’étage précédent. On y retrouve une première  pièce   dont deux arcatures transversales la décomposent en trois sous espaces,  une porte en bois à deux ventaux y permettant l’accès. Le mur Nord se pare  de trois niches de dimensions variées réparties symétriquement par rapport à un axe passant par le milieu de la porte et celui de la pièce même, le mur Sud par contre se perce de deux fenêtres de 80 x 100 cm orientées vers la galerie.

Le mur Ouest de cette pièce se prolonge pour délimiter une seconde  pièce qui occupe toute cette aile d’une surface de 33.30 m², et la sépare de la galerie   par une porte en bois à double ventaux encadré d’un chambranle arqué en  ogive et bordé d’une succession de petites lobes telle  une bordure festonnée. L’étirement excessif de cette pièce est atténué par le découpage de sa surface au Nord et au Sud par deux cloisons transversales percées d’un arc plein cintre décoré de stuques. Deux fenêtres de dimensions 80 x 100 cm dont l’allège est de  80 cm du sol puisent la lumière et l’air du patio, alors que deux alcôves sont pratiquées à égales distances de l’axe transversal de la pièce, sur le mur faisant face à la porte d’entrée. Au Sud, six pièces  encadrent  la galerie qui ferme  le vide sur patio et sur laquelle elles s’ouvrent  par des portes simples en bois de dimensions variées. La troisième  pièce  de cet  étage est de forme rectangulaire de 27.18 m2. Elle  est éclairée par deux fenêtres de dimensions rapprochées 80 x 100 m et 75 x 100 cm, la première donnant sur la galerie et la seconde sur l’extérieur à partir du mur Ouest de la pièce. Une fine cloison récente créera un nouvel  espace qui   affecte la forme d’un carré parfait d’une surface de  27.18 m2 et fait aboutir à un  deuxième espace  de 4.82 m2 sans doute un kbou  que sépare  une cloison arquée dont la face est décorée d’un décors  chantournés.

Le troisième  espace est accessible à partir de la cloison Est du premier espace et  dessert un quatrième espace d’une surface de 6.20 m2. Une seule ouverture de 80 x 100 cm surélevé de 80 cm du sol fournit l’air et la lumière à cet ensemble.

Un couloir étroit permet de passer de la galerie vers la cinquième pièce     qui n’est qu’un sas de 5.25 m2 fermant une sixième pièce au Sud et une huitième à l’Est. Cet espace de distribution s’ouvre par une fenêtre emmurée de sept  claustras sur la façade Ouest.

La sixième pièce est de forme estropiée d’une surface de 24.60 m2 et dispose de cinq ouvertures. La première de 50 x 60 cm de dimensions est aménagée sur le mur Est  donnant sur la rue, les quatre autres s’alignent le long du mur Sud. Trois sont des espèces de lucarnes de 30 x 30 cm intercalées d’une plus  grande  fenêtre de 70 x 90 cm.

Cette pièce permet l’accès à une douche    de 1.68 m2 occupant son angle Sud – Ouest   par une porte de dimensions réduites. Un hublot de 25 x 25 cm pratiqué à une hauteur de 1m45 sur le mur Sud de la maison, permet le renouvellement d’air dans cet espace. Le sas dessert également la huitième  pièce située sur l’aile Est de la maison, elle est de forme trapézoïdale d’une surface de 8.83 m2  et regarde sur la rue par une fenêtre de 75 x 100 cm élevée sur 130 cm du sol. Le mur Sud de cette pièce présente un décrochement assez profond entrainant le dégagement d’un espace de rangement récupéré dans la pièce précédente pour le même usage. Une annexe   de 5.85 m2 est séparée de la pièce suivante   de 12.60 m2 par une cloison  d’épaisseur réduite, et du sas par une fine structure d’apparence récente.

Un dixième espace   d’une surface utile de 18.17m2 semble être tronqué  de sa partie Sud. C’est l’un des rares espaces qui présente sa configuration originelle, par sa composition en une pièce avancée prolongée en son milieu par un kbou  (de l’extérieur encorbellement) rajouté en vue de gagner de l’espace pour la pièce. Ici l’encorbellement s’élève du niveau de la pièce de 18 cm (hauteur d’une marche) et s’ouvre sur son mur latéral par une petite ouverture haute de 50 x 60 cm placée à 140 cm du sol. Le sol de l’ensemble de la pièce est plus haut que la galerie de 10 cm seulement dont un seuil en maçonnerie porte une porte en bois à double battant insérée dans l’épaisseur du mur. Une seule fenêtre identique à celles  donnant sur galeries est pratiquée sur le mur Ouest. La deuxième fenêtre est transformée en porte d’accès pour la pièce.

  • Le troisième étage

Il se développe seulement sur l’aile Nord de la maison  par  deux  espaces  imbriqués.  Le premier  est une pièce allongée de 25.54 m2 et accessible par une porte en bois à deux ventaux,  de part et d’autre de laquelle sont percées deux   fenêtres donnant sur la galerie Nord et deux niches. La fenêtre de droite  est transformée en porte d’entrée à une seconde pièce aménagée tardivement par le montage d’une cloison à droite de la porte initiale. Deux alcôves sont engendrées par des plateformes surélevées de 45 cm et délimitées par des arcatures  diamétralement opposées par rapport à  l’entrée. La pièce initiale   devient alors partagée en deux. Le premier espace  de droite accède par deux marches aménagées dans l’angle engendré par la dite pièce et la cage d’escalier à une sedda  d’une surface de 10.50 m² surélevée de 50 cm et occupe la sous pente de la cage d’escalier. Cette pièce  est subdivisée en trois sous surfaces par des estrades  à différents niveaux, le premier est  à 95 cm le second à 100 cm. Une ouverture pratiquée sur son mur Sud lui fait rapporter le nécessaire en aération et éclairage.  Son  mur Nord   est défoncé de trois alcôves à l’intérieur de celle de gauche est percée une fenêtre.

Le second espace est une annexe ou maqsoura  de 13.40 m2 s’ouvrant sur la galerie par son mur Est par  travers  une porte en bois à deux ventaux, en plus d’ une fenêtre sur son mur Sud. Une niche est aménagée sur le mur Nord de cette annexe située à une différence de niveau de 15 cm par rapport à la galerie. Un autre espace ferme ce niveau à hauteur de la cage  d’escalier, c’est une annexe de 2.05 m². Le reste de la surface  de ce niveau est réparti en toitures des niveaux inférieurs.

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Figures 13, 14, 15, 16,17, 18, 19, 20, 21 et 22 :  Vues axonométriques de « Dar El M’Zabi ». rez de chaussée, 1 er étage, 2 é étage ; 3 é étage, coupe longitudinale, façade extérieure, coupe transversale vue vers l’Ouest, coupe transversale vue vers l’ Est.

Source : Relevés de l’auteur. Dessin revit de Bahri Allaeddine.

Conclusion

La maison traditionnelle constantinoise a connu et continue de connaitre  une  disparition progressive de ces traces au profit des transformations justifiées par  le renforcement des structures, l’apport de  modernité  et l’amélioration des conditions de vie des occupants.

Si les arguments sont louables en soi,      les rêves d’une ville dense homogène   à la dimension de l’homme semblent s’estamper. Aujourd’hui nous disposons de   connaissances relativement nombreuses sur le  centre historique qui   révèlent  son importance et son rang à travers le temps  et de descriptions de  son site  «  Le Rocher »    reconnu dans toute la littérature comme exceptionnel et responsable de toutes les conditions de constitution, de permanence et d’évolution du centre historique.

En contrepartie,  nous notons une très maigre littérature magnifiant la maison traditionnelle à patio notamment celle qui présente très peu de décorations et de signes de faste. Dar El M’Zabi est le prototype parfait de cette catégorie  qui bouleverse le rapport dimensions/ détails architectoniques. En effet malgré ses dimensions moyennes,  cette  maison se situe à mi distance de la maison bourgeoise vaste et richement décorée à l’intérieur et le alii.

Les  textes traitant le sujet, rapportent l’existence au  secteur sauvegardé de   Constantine de trois types de maison en fonction du statut et de la noblesse de son propriétaire : la maison des riches, la maison des personnes modestes et le Alii.

Conséquemment à  la sobriété de  Dar El M’zabi  traduite par  le  peu de détails d’agrémentation en l’occurrence l’absence des revêtements céramiques qui ailleurs sont omniprésents,  on est porté à  conclure que c’est l’une des rares maisons qui a su combiner  le  respect des principes   de la religion islamique -en évitant de privilégier   l’esthétique sur  le fonctionnel-   avec  la recherche de la  praticabilité des espaces.  Dar El M’zabi  est à cet effet un parfait  support de lectures diverses sur le mode d’habiter du secteur sauvegardé.

Bibliographie

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Van Der Meerschen, M. (1987). Les médinas maghrébines. Publications de l’Unesco, 1987.

Notes

[1] – Il s’agit de l’article L313-1, Modifié par Ordonnance n°2012-11 du 5 janvier 2012 – art. 6.

[2]  Il s’agit de l’article 41 de Loi 98/04, du Mercredi 22 Safar 1419, correspondant au 17 juin 1998 relative à la protection du patrimoine  culturel. JORADP n° 44, 37 é année, Pp.3-15.

[3] –  Vocable utilisé par  BOUDON F., CJASTEL A., HAMON F., COUZY H., dans leur ouvrage: Systèmes de l’architecture urbaine, Le quartier des Halles à Paris, Paris, 1977, Pp.414,  cité par CABESTAN J.-F., Secteurs sauvegardés, l’alternative de la falsification ou du statu quo ; dans : Amc ; Le moniteur architecture, Limites et aléas du retour vers la passé ; N° 111 Novembre 2000. P.84.

[i] Titre de la journée d’étude organisée   par l’association française des historiens de l’archi, à l’INSBA, 11/1998

[ii] Art. 2. Le secteur sauvegardé de “la vieille ville de Constantine” est délimité, conformément au plan annexé à

l’original du présent décret, comme suit :

  • nord, nord-est et est : les gorges du Rummel ;
  • nord-ouest et ouest : escarpements rocheux ;
  • sud-ouest : centre culturel Mohamed Laïd El Khalifa situé à la Place du 1er Novembre 1954 ;
  • sud : quartier Bardo.

[iii] Les auteurs confirment que pour les édifices modestes on peut se contenter des fouilles archéologiques pour retracer leur histoire.

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