Research studies

L’effet du comportement incivil sur l’estime de soi des adolescents scolarisés Agés de 15 à 20 ans

 

Prepared by the researcher 

  • Dr. ABDI Samira – Université de Bejaia – Algeria
  • Dr. TACHERFIOUT Hanane – Université de Bejaia

Democratic Arabic Center

Journal index of exploratory studies : Eleventh Issue – December 2023

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN 2701-9233
Journal index of exploratory studies

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Abstract 

This research aims to study and explore the self-esteem of school adolescents involved in uncivil behavior; à new concept which qualifies all disruptive behaviors to the established order, it is a very popular phenomenon in the school environment. This study was carried out at the YIACI A/Kader ex technicum high school level, Ihedadden Bejaia, on 150 students aged 15 to 20 years old and enrolled during the 2021/2022 school year. We adopted the descriptive method and we used two scales which are: the incivility scale of Pierre Coslin 1997 and the Toulouse scale of self-esteem. The results obtained show that there are differences in uncivil behavior between boys and girls thus the level of self-esteem in its different areas differs depending on gender and that the self-esteem of schooled adolescents involved in ‘uncivil behavior is not affected by their behavior.

  1. Introduction:

      Le système éducatif connait de nombreux défis, et parmi les différents problèmes auxquels l’école fait face, l’incivilité scolaire avec son taux qui ne cesse pas d’augmenter. L’incivilité un nouveau concept, est un phénomène qui tend à être compris dans les définitions de la violence, cette expression de violence dans le milieu scolaire prend en compte des gestes d’incivilité.  Selon Blaya : « l’incivilité n’est pas nécessairement des comportements illégaux, au sens juridique, mais d’infraction à l’ordre conçu, rencontrés dans la vie quotidienne. Quant à l’incivilité scolaire, il s’agit des petits désordres, de chahuts, de refus de coopérer, des insolences, de l’impolitesse, des paroles blessantes ». (Blaya, 2006). De façon répétitive, ces comportements incivils se répercutent négativement sur la règlementation interne de l’établissement et le climat scolaire qui est connu comme un facteur influençant l’estime de soi des élèves.

    D’un point de vue historique, diverses orientations sont enregistrées dans l’approche de l’estime de soi, cette diversité montre toute la noblesse de cette notion et la richesse de la réflexion intellectuelle et scientifique la concernant. L’’estime de soi, une des dimensions les plus fondamentales de la personnalité et un facteur important de bien-être et d’équilibre psychique, elle indique une acceptation de l’individu lui-même et une reconnaissance. Pour Walker, l’estime de soi se définit comme étant une attitude favorable ou non favorable qu’une personne entretient d’elle-même et cette attitude est communiquée aux autres de façon verbale ou comportementale. (Walker, 1991, p 6).

    Dans le cadre de notre recherche, nous avons décidé d’explorer et de comprendre cette relation entre l’incivilité scolaire et l’estime de soi et l’effet de ces comportements incivils sur l’estime de soi des adolescents scolarisés, pour la réalisation de ce travail, nous avons opté pour la théorie cognitivo-comportementale comme arrière-plan théorique le plus adéquat à ce thème car elle s’intéresse au côté comportemental ; le comportement incivil des adolescents à l’école et au côté cognitif ; les émotions, la pensée et la compréhension de diverses opérations mentales. Elle convient aussi aux outils de recherche qu’on a décidé d’utiliser.

  1. Problématique et hypothèses :

        L’adolescence est plus difficile à définir qu’il pourrait sembler au premier abord. En effet, l’adolescence est une notion complexe : il s’agit à la fois d’un phénomène social, d’un processus de maturation biologique et d’un moment de transformation psychique. Le psychanalyste Raymond Cahn souligne bien cette complexité en définissant l’adolescence comme « ce temps où la conjonction du biologique, du psychique et du social parachève l’évolution de petit homme ». (Brusset, 2017, p 174).

Les adolescents de leur nature se questionnent sur leur identité, leur personnalité, leur image, et ressentent un besoin grandissant d’indépendance et d’autonomie. Ils sont connus par leur ennuie et manque d’intérêt à l’école, c’est pour cela ils souffrent d’un mal être dans la vie scolaire et leur capacité d’adaptation parfois est mise à rude épreuve. De ce fait, plus les pressions de milieu scolaire augmentent plus des changements comportementaux se produisent tel que des comportements incivils.

Sébastien Roché dans « la société incivile » associe quant à lui les adolescents aux phénomènes des incivilités et en donnant des explications : « D’une manière générale, les adolescents sont amenés à commettre un grand nombre d’incivilités. En effet, le jeune explore naturellement son champ d’action, sa marge de manœuvre, sa place dans le monde et l’ordre dans ce monde. Bref, il expérimente sa liberté, le respect qu’on lui doit et qu’il doit aux autres, ce qui est considéré comme bien ou mal, normal ou anormal de sa part, ses droits, et tout cela à travers les réactions de son environnement humain ». (Roché, 1996, p 58 59).

      Selon les statistiques présentées par le conseiller de la ministre de l’éducation nationale Chaib Draa Mohamed Tani lors d’un exposé sur « la stratégie du secteur pour la lutte et la prévention contre la violence en milieu scolaire » ; la violence entre les élèves représente 80%, alors que celle exercée par les élèves à l’égard des enseignants est de 13%, contre 5% pour la violence infligée aux élèves par les enseignants et 2% pour la violence entre enseignants. (La radio algériennes 08-03-2017).

Ce climat d’indiscipline, précisément ces comportements incivils influencent l’adolescent non seulement dans son parcours scolaire mais également dans son développement ; la construction de sa personnalité, de son soi et spécifiquement son estime de soi. Le lien entre l’estime de soi et le contexte scolaire est très complexe ; effectivement, l’impact qu’aura l’école sur l’estime de soi d’un adolescent diffère d’une personne à une autre, et dépend de nombreuses variables, notamment la nature des expériences vécues dans le milieu scolaire qui peuvent générer des réussites et des expériences positives, ou encore, faire vivre des échecs et affecter l’estime.

L’estime de soi est considérée comme un facteur crucial pour le bonheur personnel et le fonctionnement efficace. Les individus veulent et ont besoin d’une estime de soi élevée afin de surmonter leurs problèmes de manière efficace, à se sentir mieux, et à atteindre leurs objectifs personnels. Pour ces raisons, elle a été considérée comme un concept central de la psychologie. (Behamdouni, 1993, p 73).

       A la lumière de ce que nous venons de dire et partant de principe que l’environnement scolaire a un impact sur l’estime de soi des élèves, et que les élèves victimes d’incivilité et de violence scolaire ont une estime de soi basse, notre problématique se résume dans la question suivante :

Est-ce-que le comportement incivil manifesté par les adolescents scolarisés affecte leur estime de soi ?

Hypothèses :

En regard des éléments évoqués et pour répondre à notre question de recherche, nous partons de l’hypothèse selon laquelle le comportement incivil manifesté par des adolescents scolarisés se répercute sur le niveau d’estime de soi, en effet plus l’adolescent manifeste un comportement incivil, moins il s’estime.

Hypothèses opérationnelles :

Avant de répondre à notre hypothèse, nous allons d’abord explorer les deux variables séparément, et pour cela nous allons suggérer ces trois hypothèses opérationnelles

  • Le degré du comportement incivil manifesté diffère selon le genre.
  • Il y’a une différence dans le comportement incivil manifesté (physique, verbal et symbolique) selon le genre.
  • Il y’a une différence dans le niveau d’estime de soi (globale, émotionnelle, sociale, scolaire, physique et future) selon le genre.

  1. Aspect théorique :

1.Incivilité :

     Le terme incivilité est apparu outre-Atlantique et son emploi actuel est d’importation anglo-saxonne. Le premier à avoir repéré, au cours des années soixante et soixante-dix l’importance de ce phénomène dans la vie urbaine moderne est probablement le sociologue américain Erving Goffman, connu pour ses analyses des relations interpersonnelles. (Dumont, 2000, p836).

     Du latin « incivilités », le terme incivilité est apparu dans la langue française au XVII siècle. Il a tout d’abord été utilisé en criminologie pour s’imposer ensuite en sociologie.       L’incivilité se rapporte à des comportements et des actes qui ne respectent pas l’ensemble des règles de vie citoyenne. (Biedermann, Prête et Rossel. J, 2009, p 18).

Bonnemain, après avoir consulté la quasi-totalité des préfectures françaises, observe ce que tous les auteurs, qu’ils soient nord-américains ou européens constatent ou confirment : les incivilités ont des difficultés à être clairement et communément identifiées, ou encore classées : « il y’a pas une définition de l’incivilité, mais des définitions multiples renvoyant à la fois au registre du social et du pénal. L’incivilité désigne indifféremment le non-respect d’autrui, l’incivisme, une infraction bénigne, un délit ou même tout acte nuisant à la société. Être incivil, c’est tout aussi bien être impoli, squatter les escaliers, casser les boites aux lettres, voler, menacer, resquiller ou mendier. L’incivilité suppose à la délinquance ou est de la délinquance. C’est une violation de la loi sociale et/ou de la loi pénale. L’incivilité déplace la frontière entre les deux, la distinction devient floue : l’incivilité c’est aussi ce qui est officiellement réprimé par les textes mais n’est en réalité pas sanctionné et qui de ce fait, tend à passer du domaine pénal au domaine social ». (Bonnemain, 2000, p 65).

2.Estime de soi :

      Historiquement, deux théoriciens ont apporté une contribution majeure au concept de l’estime de soi et sont encore cités régulièrement dans les écrits scientifiques.

Un des premiers auteurs à avoir influencer les travaux dans le domaine de l’estime de soi était William James (1892). Considérant l’estime de soi comme conscience de la valeur du moi, cet auteur met l’accent essentiellement sur la dynamique intra personnelle et intrapsychique. Dans cette optique, l’articulation entre le moi actuel et les aspirations d’un sujet jouerait un rôle primordial. Ainsi, plus la distance entre le soi réel et le soi idéal est grande, dans le sens que les succès ne correspondent pas aux ambitions, plus un individu aurait tendance à avoir une estime de soi ternie. (Jendoubi, 2002, p 9).

     En 1920, Cooley apporte une nouvelle perspective en avançant l’hypothèse comme quoi le sentiment de valeur de soi serait une construction sociale façonnée par les interactions avec l’entourage, et cela dès l’enfance. Cooley parle alors de l’effet de mémoire social (looking glass self) : c’est le regard des autres qui renvoie des indications permettant au sujet de connaitre l’opinion qu’ils l’ont de lui. Cette opinion serait par la suite incorporée à la perception de soi, une perception qui dépendrait donc étroitement de la façon dont le sujet est perçu ou pense être perçu par les autres. Certains parlent alors d’identité pour soi et identité pour autrui. (Dubar, 2000).

     Les deux approches théoriques mettent l’accent sur deux aspects importants qui interviennent dans le développement de l’estime de soi, tout en leur attribuant un statut différent. Si James valorise les processus internes au sujet, Cooley s’intéresse d’avantage aux aspects inter-sujets, aux interactions sociales. (Jendoubi, 2002, p 9).

III. Méthodologie de recherche :

     La recherche scientifique repose sur le recours systématique à des méthodes et procédures spécifiques pour obtenir des informations ou pour révéler les relations entre les variables. Pour l’objectivation de notre thématique de recherche, nous avons retenu la démarche quantitative qu’on a jugé qu’elle convient à la problématique posée.

Dans le cas de notre travail et afin d’accomplir notre recherche qui porte sur l’étude de la relation du comportement incivil et l’estime de soi nous nous somme référé à la méthode descriptive ; c’est d’abord décrire dans le but de transmettre une information précise complète et exacte, l’information mène à la connaissance mais peut pour cela, passer par différentes étapes de la simple familiarisation au savoir de futures recherches en passant par la vérification de l’existence de relation entre des phénomènes par la formulation d’hypothèses ou encore par l’inventaire de problème ou même par la clarification de certains concepts.

Nous avons choisi comme terrain d’étude le lycée YAICI Abdelkader ex technicum d’Ihedadden situé au centre de la wilaya de Bejaia, il regroupe cinq spécialités ; les sciences exactes, les sciences expérimentales, les lettres, les sciences techniques et sciences de gestions.

Notre échantillon de recherche est constitué de 150 adolescents (73 garçons et 77 filles), et les critères sur lesquels on s’est basé pour la sélection sont : l’appartenance au lycée YAICI A Abdelkader, la scolarisation pendant l’année scolaire 2021-2022, et l’âge égal ou supérieur à 15 ans, par contre on n’a pas pris en considération le niveau d’enseignement, la filière et le sexe.

Concernant la récolte des données, on a choisi l’échelle de l’incivilité de « Pierre Coslin 1997 » dans le but de mesurer le comportement incivil des adolescents, et l’échelle toulousaine de l’estime de soi pour mesurer l’estime de soi chez les adolescents :

L’échelle de l’incivilité de « Pierre Coslin 1997 » a pour but de dévoiler les différences entre la perception des enseignants et des élèves sur le comportement incivil scolaire ainsi le jugement des élèves sur les comportements qui se passent à l’intérieur des classes selon le degré de dangerosité, elle contient 43 items repartis en trois dimensions ; l’incivilité physique, l’incivilité verbale et l’incivilité symbolique.

       L’échelle toulousaine de l’estime de soi (ETES) version adolescents (élaboré par Oubrayrie, Safont et Tap, 1991 ; Oubrayrie, de Leonardis et Safont, 1994). Nous utiliserons la version finale validée par Bardou en 2011. C’est une échelle fondée sur une théorie multidimensionnelle de l’estime de soi et est construite de manière à évaluer l’estime de soi global, tout en tenant compte de cinq dimensions ; le soi émotionnel évalue la notion de contrôle des émotions et la maitrise de l’impulsivité du sujet qui permet la planification et une meilleure organisation, le soi social évalue les interactions interpersonnelles, le sentiment de reconnaissance sociale et la perception des interrelations avec la famille et les pairs, le soi scolaire évalue les capacités, les performances et les comportements scolaires perçus par l’adolescent, le soi physique à un stade où le corps se développe, ce critère est primordial que ce soit sur le plan de l’image corporelle, des aptitudes sportives et du désir de plaire physiquement évalue les représentations de sujet de son apparence corporelle, de ses aptitudes physiques et sportives et le soi futur la propension à se projeter, à envisager son avenir et à intégrer un monde d’adultes, évalue les impressions futures du sujet sur lui-même.

L’analyse statistique a été effectuée grâce au logiciel SPSS en utilisant la moyenne, l’écart type, le T-test et la corrélation de Pearson.

  1. Résultat et discussion :
  2. le degré d’incivilité chez les deux sexes :
 

 

Genre

 

 

N

 

 

Moyenne

 

 

Ecart-type

 

 

T

 

 

Degré de liberté

 

Signification

 

 

 

Le comportement incivil

 

 

 

Masculin

 

73

 

57,04 11,06

 

 

 

4,41

 

 

 

148

 

 

0,000

 

 

 

Féminin

 

77 50,82 5,44

Tableau Nᵒ01 : la différence dans le degré d’incivilité chez les adolescents scolarisés selon le genre

        Selon les résultats obtenus, nous avons constaté qu’il y’a une différence significative dans le degré du comportement incivil chez les adolescents scolarisés. Il s’est avéré que les adolescents scolarisés de sexe masculin sont plus incivils que les adolescents scolarisés de sexe féminin. Ces résultats s’expliquent par plusieurs facteurs. d’une part on trouve le côté physiologique et développemental, le cerveau des garçons et des filles est différent sur le plan anatomique, chimique, hormonal et fonctionnel, aussi le développement du cerveau se fait à des rythmes et en des temps différent selon le sexe, chez les garçons l’acquisition de la perception de l’espace se développe plus rapidement, alors que les filles développent plus tôt les zones du langages, des habilités verbales et du contrôle des émotions, ce qui a un impact sur le comportement.

D’autre part, on trouve le côté socioculturel, l’environnement, la culture et l’éducation ont aussi une influence importante. Les modes de socialisations des garçons et des filles ne sont pas les mêmes dans une culture comme la nôtre, les attentes vis-à-vis les modes d’expression de la colère et la maitrise de soi ne sont pas les même, la société donne plus de liberté aux garçons qu’aux filles pour exprimer leurs sentiments de différentes manières.

Un autre aspect de l’influence sociale est la réaction différente face aux comportements incivils, l’idée que les filles puissent être inciviles demeure difficile à comprendre et à accepter pour la plupart des gens. Les recherches révèlent que les filles font plus d’empathie que les garçons et que ces derniers démontrent plus d’incivilité que les filles.

On peut aussi, expliquer ces résultats par le fait que les garçons sont plus exposés aux situations de danger car ils ont plus de contact avec l’environnement extérieur contrairement aux filles qui sont en sécurité par leurs familles.

  1. le comportement incivil chez les deux sexes :

  Genre N Moyenne Ecart-type
Incivilité physique Garçons 73 25,23 5,26
Filles 77 21,23 3,30
Incivilité verbale Garçon 73 14,25 3,51
Filles 77 13,82 4,43
Incivilité symbolique Garçons 73 17,42 3,51
Filles 77 16 1,55

Tableau N°02 : les moyennes et les écarts-types des différentes dimensions de l’incivilité selon le genre.

         Afin de tester cette différentiation de comportement incivil manifesté chez les adolescents scolarisés selon le genre, nous avons utilisé le « t test », le tableau ci-après en donne un aperçu.

  Incivilité physique Incivilité verbale Incivilité symbolique
T 5,61 0,65 3,25
Degré de liberté 148 143,55 148
Signification 0,000 0,512 0,001

Tableau N°03 : T test d’égalité des moyennes des comportements incivils manifestés selon le genre

       Selon les tableaux n° 02 et 03 et d’après les résultats obtenus, nous avons constaté qu’il y’a des différences dans le comportement incivil manifesté selon le genre. Il s’est avéré que les adolescents scolarisés de sexe masculin manifestent des incivilités physique et symbolique plus élevées par rapport aux adolescents scolarisés de sexe féminin, concernant les incivilités verbales, nous n’avons pas trouvé de différence significative entre les deux groupes malgré une légère augmentation chez les filles, mais reste non significative.

     Ces résultats, peuvent être expliqués par le fait que de côté des garçons, l’apprentissage social se fait à travers les jeux de corps à corps, de chahut, de bousculades et de poursuite. Les jeux de lutte ou de bataille sont une stratégie d’apprentissage par laquelle les garçons explorent la solidarité et la coopération entre pairs, elle marque une étape positive dans le développement de l’adolescent, les situations d’incivilité chez les garçons ne se produisent généralement pas entre amis, mais plutôt envers des connaissances, c’est-à-dire un réseau plus éloigné.

  1. L’estime de soi chez les deux sexes :
  Genre N Moyenne Ecart-type
Estime de soi physique Garçons 73 47,62 3,83
Filles 77 41,66 4,90
Estime de soi sociale Garçons 73 39,40 4,57
Fille 77 40,99 4,66
Estime de soi scolaire Garçons 73 37,68 5,47
Filles 77 39,53 6,67
Estime de soi future Garçons 73 37,77 5,22
Filles 77 50,66 3,79
Estime de soi émotionnelle Garçons 73 42,05 6,15
Filles 77 39,91 6,58

Tableau N°04 : Les moyenne et écarts-types des différents domaines de l’estime de soi selon le genre.

Pour tester la signification de ces différences concernant les dimensions de l’estime de soi chez les adolescents scolarisés, nous allons analyser ces résultats obtenus à travers le « t test ». Le tableau suivant nous en donne un aperçu :

  Estime de soi physique Estime de soi sociale Estime de soi scolaire Estime de soi future Estime de soi émotionnelle
T 8,26 -2,109 -1,86 -17,371 2,063
Degré de liberté 148 147,84 145,041 148 147,971
Signification 0,000 0,037 0,065 0,000 0,041

Tableau N° 05 : T test d’égalité des moyennes des domaines de l’estime de soi selon le genre.

A travers les résultats mentionnés dans les tableaux n° 04 et 05, nous avons constaté que pour ce qui concerne le genre, des différences significatives apparaissent lorsque l’on considère les sous dimensions de soi.

Les garçons se valorisent plus que les filles dans les domaines du soi physique et du soi émotionnel, tandis que les filles se valorisent plus dans les domaines du soi futur.

  1. La relation entre l’incivilité et l’estime de soi
    Total incivilité Total estime de soi
Total incivilité Corrélation de Pearson 1 -0,041
Signification   0,621
Total estime de soi Corrélation de Pearson -0,041 1
Signification 0,621  

Tableau N°06 : la corrélation entre le comportement incivil et l’estime de soi

       Selon les résultats mentionnés dans le tableau n°06, nous avons constaté que l’estime de soi des adolescents scolarisés acteurs d’un comportement incivil n’est pas touché ni affecté par leur comportement.

Ces résultats peuvent être démontré par le fait que l’adolescence est par essence une période de turbulence et d’énergie vitale difficile à canaliser, ce qui explique la tendance des adolescents à commettre des gestes incivils et par conséquent l’accroissement des comportements qui ne répondent pas à l’ordre installé, mais qui constituent une phase développementale normale. Le soutient qu’on trouve en milieu scolaire entre pairs par le fait que les situations d’incivilité ne se produisent généralement pas entre amis, mais plutôt envers des connaissances, ce qui explique la non influence des comportements incivils sur l’estime de soi des adolescents.

Conclusion

       Cette présente recherche nous a donné l’occasion de tracer le portrait du phénomène des incivilités scolaires manifestées chez les adolescents scolarisés ; non seulement il existe une différence dans le degré de comportement incivil selon le genre, mais encore il existe des différences dans le comportement incivil manifesté, les adolescents scolarisés de sexe masculin manifestent des incivilités physique et symbolique plus élevées que celles manifestées par les adolescents de sexe féminin.

Nous nous sommes donc intéressés à la question de l’adolescence, une période de bouleversement à différents niveaux qui recouvre différents problématiques, mais aussi différents besoins fondamentaux tel que l’estime de soi, à travers cette recherche nous avons déduit que le niveau d’estime de soi dans ses différents domaines diffère selon le genre, d’un côté les adolescents scolarisés de sexe masculin ont une estime de soi physique et émotionnelle plus élevée que les adolescents scolarisés de sexe féminin, de leur côté elles ont une estime de soi sociale et future plus élevé que les garçons, concernant l’estime de soi scolaire nous n’avons pas trouvé de différences significatives, il y’a une tendance à une homogénéisation entre les deux groupe. Nous avons aussi fait une constatation surprenante ; il n’existe pas de relation entre le comportement incivil manifesté et l’estime de soi chez les adolescents scolarisés. Ainsi, l’estime de soi des adolescents scolarisés acteurs d’un comportement incivil n’est pas touché ou affecté par leur comportement incivil.

Pour finir, on peut dire que ce travail reste un premier pas pour un long chemin qui aura pour but de lutter contre les incivilités scolaires qui ont un réel rôle dans la construction de sentiment d’insécurité et dans la dégradation de milieu scolaire, ce dernier qui est constitué comme une source développementale de l’estime de soi. Nos perspectives sont donc l’élaboration d’un programme de sensibilisation et de prévention contre ce fléau pour l’amélioration de climat scolaire.

References

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  2. Bidermann, J. Prêtre, C. Rossel, j. (2009). Incivilité à l’école : réflexion et action pour améliorer le climat scolaire en collaboration avec le service Le Point, en vue de l’obtention de diplôme Maitrise en science de l’éducation. Université Genève. Suisse.
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