Technologie et pédagogie en synergie : défis et perspectives de Rosetta Stone à l’université marocaine

Prepared by the researche : Lamharchi (SESHUL), S. Dlimi (SESHUL)– Université Mohammed 5 de Rabat
DAC Democratic Arabic Center GmbH
International Journal of Scientific Confrences : Twenty-fifth Issue – September 2025
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
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Résumé
L’intégration de Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain s’inscrit dans une dynamique de modernisation linguistique, mais confronte des défis structurels, pédagogiques et technologiques. La plateforme favorise l’acquisition de compétences de base (grammaire, vocabulaire) et l’autonomie initiale, mais demeure limitée pour la production orale et écrite créative. Son efficacité dépend d’une hybridation pédagogique équilibrée, associant outils numériques et médiation humaine. Les attentes des enseignants portent sur la formation continue, la contextualisation des contenus et un encadrement institutionnel solide, tandis que les étudiants demandent flexibilité, personnalisation et accessibilité. Cependant, des contraintes majeures subsistent : fracture numérique, infrastructures insuffisantes, massification des effectifs et coûts financiers élevés. Seule une stratégie institutionnelle globale – combinant innovation technologique, accompagnement pédagogique et gouvernance proactive – peut transformer Rosetta Stone en un levier durable d’innovation et d’équité dans l’apprentissage des langues au Maroc.
Abstract
The integration of Rosetta Stone into Moroccan higher education reflects a drive for linguistic modernization but faces significant structural, pedagogical, and technological challenges. The platform supports the acquisition of basic skills (grammar, vocabulary) and encourages initial autonomy, yet it remains limited in fostering oral and written production. Its effectiveness relies on a hybrid approach that combines digital tools with human mediation. Teachers’ expectations focus on continuous training, contextualized content, and strong institutional support, while students emphasize flexibility, personalization, and accessibility. However, critical obstacles persist, including the digital divide, inadequate infrastructure, large student populations, and financial constraints. Only a comprehensive institutional strategy—linking technological innovation, pedagogical support, and proactive governance—can transform Rosetta Stone into a sustainable lever for innovation and equity in language learning within Moroccan universities.
ΙNTRODUСTIОN
L’enseignement des langues étrangères à l’université marocaine s’inscrit dans un contexte complexe marqué par des enjeux linguistiques, pédagogiques et socioculturels. La diversité linguistique (français, anglais, espagnol etc.) impose une approche qui dépasse la simple acquisition de compétences, pour répondre aux besoins liés à la mondialisation, à l’employabilité et au dialogue interculturel. Cet enseignement est à la fois outil de communication, vecteur identitaire et levier d’ouverture internationale, ce qui suppose une orientation pédagogique vers les méthodes actives d’enseignement et d’apprentissage.
Dans le cadre des réformes actuelles, comme le PACTE ESRI 2030, l’innovation technologique et la formation hybride sont des axes majeurs, avec des initiatives comme Rosetta Stone en sont un exemple. Toutefois, leur réussite dépend de plusieurs facteurs en termes d’adaptation aux réalités locales, de la formation continue et de l’intégration progressive et cohérente des outils numériques. Pour bien comprendre l’évolution de ce secteur, il est essentiel de combiner les innovations pédagogiques et technologiques avec les besoins réels des acteurs pédagogiques.
L’intégration efficace de Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain soulève des questions importantes en termes d’adaptation. L’intégration d’une plateforme linguistique étrangère avec des contenus conçus pour un public international peut poser un problème d’écart entre les contenus standardisés et les réalités locales dans le contexte national marocain, marqué par le plurilinguisme (les étudiants marocains évoluent entre plusieurs langues, arabes, amazighes, françaises et anglaises). Un autre enjeu majeur concerne le rôle des enseignants qui sont essentiels pour garantir une bonne intégration de Rosetta Stone. Sans formation à la culture digitale, et son implication active des acteurs pédagogiques, la plateforme risque de n’être qu’un outil sans véritable impact sur l’apprentissage. De plus, des difficultés en termes d’infrastructures qui freinent son déploiement (l’accès inégal à Internet, l’absence ou le manque des outils informatiques et de soutien technique). Ces obstacles ont un effet négatif sur la motivation des acteurs pédagogiques et sur leur réussite dans un environnement d’apprentissage en ligne. Enfin, un écart persistant entre les attentes suscitées par l’innovation et les usages effectifs souligne la nécessité d’une évaluation continue et d’un dialogue entre acteurs (étudiants, enseignants, institutions).
L’objectif de cet article est donc de déterminer dans quelle mesure Rosetta Stone peut être intégrée de manière contextualisée, articulant innovation technologique, exigences pédagogiques et réalités institutionnelles, afin d’en faire un levier efficace d’amélioration de l’apprentissage des langues dans le supérieur marocain.
Méthodologie d’analyse des attentes, réalités et perspectives
L’analyse de Rosetta Stone à l’université marocaine requiert une méthodologie mixte (quantitatives, qualitative). La première méthode consiste à identifier les attentes des acteurs pédagogiques à travers des entretiens semi-directifs et collectifs pour assurer l’analyse dans la réalité contextuelle, et identifier les conditions favorables à une adoption efficace de l’outil.
La deuxième étape, consiste une enquête par questionnaires standardisés, menée auprès d’un échantillon représentatif, vise à mesurer les usages effectifs (fréquence, durée, taux de complétion) et à analyser leur corrélation avec des variables institutionnelles et socio-économiques (accès aux infrastructures, formation reçue).
L’analyse prospective s’appuie sur ces deux volets en confrontant les points de vue des parties prenantes lors d’ateliers collaboratifs. Ces espaces de dialogue permettent de dégager des pistes d’amélioration en matière d’adaptation des contenus, de formation ciblée des enseignants et de renforcement des infrastructures. Une triangulation systématique des données (entretiens, questionnaires, observations) garantit la validité des résultats, tout en confrontant discours institutionnels et pratiques réelles. Cette posture critique, attentive aux limites relevées dans la littérature, évite un excès d’optimisme technologique.
La méthodologie adoptée se veut itérative et réflexive : elle inclut une évaluation continue et formative permettant d’ajuster progressivement le dispositif. Au-delà d’un simple cadre descriptif, elle constitue ainsi un outil d’aide à la décision et d’accompagnement du changement dans l’enseignement supérieur marocain.
Les enseignants universitaires marocains perçoivent l’intégration de la plateforme comme une opportunité de transformation réfléchie des pratiques d’enseignement des langues. Leurs attentes portent sur l’adaptabilité de la plateforme aux contextes locaux, sur un accompagnement méthodologique structuré et sur la reconnaissance de leur expertise pédagogique. Ils insistent sur la nécessité d’une pratique pédagogique hybride afin de favoriser l’apprentissage socio-constructif. Les enseignants expriment ainsi leurs attentes en matière de formation continue, d’ajustement des contenus aux réalités linguistiques locales et d’intégration de dispositifs d’évaluation adaptés. Rosetta Stone est ainsi envisagée comme un outil utile à condition qu’il soit intégré de manière encadrée par une coordination institutionnelle proactive.
Les étudiants expriment leurs attentes en mettant l’accent sur la nécessité d’un apprentissage constructif en termes de flexibilité, de la personnalisation et de l’accessibilité de la pratique apprenante via Rosetta Stone. Ensuite, ils soulignent l’importance de l’apprentissage social en termes d’accompagnement humain et d’une médiation pédagogique active. Leurs besoins traduisent à la fois des contraintes matérielles (inégalités d’infrastructure, accès limités à Internet, manque de matériel informatique) et la diversité des profils et objectifs académiques. Les étudiants demandent des contenus contextualisés, des parcours modulables et d’une ergonomie motivante, ainsi que des retours personnalisés et éventuellement des dimensions ludiques. L’objectif proposé à partir les attentes de ces deux acteurs pédagogiques est de faire de Rosetta Stone un outil de soutien durable et de qualité, garantissant l’équité d’accès et la pertinence pédagogique et interculturelle.
Les établissements d’enseignement supérieur marocains s’inscrivent dans une dynamique de modernisation et d’ouverture internationale, accordant une importance croissante à l’enseignement des langues étrangères. Dans ce contexte, l’intégration des plateformes comme Rosetta Stone reflète une volonté d’innover dans les méthodes pédagogiques (une orientation vers la pédagogie active) toute en tenant compte des réalités socioculturelles et territoriales. L’enjeu n’est pas seulement technique, cette intégration s’inscrit dans un cadre stratégique plus large, aligné sur les politiques éducatives nationales et les enjeux d’ouverture à l’international. L’objectif est de développer des compétences linguistiques utiles à l’employabilité, tout en tenant compte des réalités socioculturelles nationales. La plateforme est ainsi perçue comme un outil complémentaire, venant enrichir les dispositifs pédagogiques sans se substituer aux interactions humaines, dans une logique hybride conciliant innovation et tradition académique.
L’intégration de Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain soulève d’importants défis techniques, organisationnels, et pédagogiques. Sur le plan technologique, la plateforme requiert une infrastructure fiable (connexion Internet stable, équipements adéquats, compatibilité avec les systèmes universitaires), ce qui reste problématique en raison de la fracture numérique et de l’obsolescence de certains environnements numériques. Ces contraintes engendrent des inégalités d’accès et limitent le suivi pédagogique individualisé. Sur le plan pédagogique, bien que Rosetta Stone repose sur une méthode immersive, son adaptation au contexte universitaire marocain demande des ajustements : contextualisation des contenus, intégration dans des parcours hybrides, accompagnement des enseignants dans l’exploitation didactique de la plateforme, et développement de dispositifs d’évaluation cohérents. Ainsi, une réflexion pédagogique approfondie est indispensable pour garantir une utilisation pertinente, équitable et durable de l’outil dans les pratiques d’enseignement.
À ces obstacles, des contraintes logistiques viennent freiner l’utilisation optimale de la plateforme. La première contrainte est liée aux étudiants et à l’encadrement ; un effectif élevé (massification) qui rend difficile pour les enseignants d’interagir efficacement avec les étudiants dans un contexte numérique. Un sous-encadrement chronique à cause de la surcharge de travail des enseignants. La deuxième contrainte est liée à la complexité organisationnelle, les séances hybrides sont difficiles à organiser (il est nécessaire de mettre en œuvre une bonne coordination et une conception pédagogique bien adaptée. Sans logistique solide, l’intégration de la plateforme ne sera plus efficace. Ensuite, dans un environnement numérique massifié, il est difficile pour les enseignants d’offrir un suivi personnalisé, notamment dans le contexte éducatif marocain caractérisé par la massification, en plus d’un manque de personnel pour les accompagner. Une troisième contrainte liée à l’insuffisance de la formation continue des acteurs pédagogiques en culture digitale ; pour exploiter pleinement les outils numériques, les acteurs pédagogiques doivent être formés régulièrement. Or, cette formation est souvent négligée, ce qui influence négativement leur capacité à utiliser efficacement et proprement la plateforme. Enfin, l’utilisation de ces dispositifs numériques repose sur des coûts constants (l’achat de la plateforme, maintenance, mises à jour techniques). Si l’institution ne dispose pas de ressources financières stables, cela compromet la pérennité de la plateforme. La réussite de cette intégration dépasse la simple disponibilité d’un outil numérique et engage une transformation systémique de l’environnement éducatif.
De plus, l’intégration de Rosetta Stone se heurte au manque d’interopérabilité avec les systèmes universitaires existants, compliquant le suivi individualisé et alourdissant la charge des équipes. À ces défis techniques s’ajoutent des contraintes socio-économiques : beaucoup d’étudiants n’ont pas un accès régulier aux outils numériques à domicile, ce qui accentue les fractures sociales et pédagogiques (Chbani & Samlak, 2025).
Ainsi, la réussite d’initiatives E-Learning suppose une stratégie globale incluant modernisation des réseaux, renouvellement des équipements, maintenance, formation et accompagnement adaptés. Seule une approche inclusive, visant à réduire les fractures territoriales et sociales, permettra d’exploiter pleinement le potentiel pédagogique de Rosetta Stone et de garantir un accès équitable à l’innovation numérique (Belarbi, 2025).
Niveau de maîtrise numérique et formation des enseignants
La maîtrise numérique des enseignants constitue un levier décisif pour réussir l’intégration de Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain. Cette intégration nécessite des compétences numériques solides, un accompagnement institutionnel, et une adaptation pédagogique incluant le sens de l’innovation pour les enseignants (Ouchnid, 2025).
Les évolutions technologiques dans le domaine éducatif ont constitué une véritable évolution dans les pratiques pédagogiques. Il devient très important pour les enseignants de savoir comment intégrer efficacement les outils numériques dans leur pratique d’enseignement. La formation continue à l’utilisation des plateformes revêt une importance cruciale pour garantir la qualité de l’éducation. La question n’est pas seulement technique : l’intégration des outils numériques nécessite le développement des compétences pédagogiques des enseignants. En d’autres termes, la formation doit aussi couvrir des aspects pédagogiques, permettant aux enseignants de comprendre comment ces outils peuvent enrichir leur pratique (Marriet, 2024).
En dehors des problèmes techniques, un problème psychologique a été relevé : c’est la résistance de certains enseignants à utiliser la plateforme comme outil d’apprentissage, elle peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Premièrement, le manque de formation adéquate en technologie éducative peut engendrer une appréhension face à ces outils, perçus comme complexes ou peu fiables. Ensuite, certains enseignants restent attachés aux méthodes pédagogiques magistrales, qu’ils jugent plus efficace pour favoriser l’apprentissage socio-constructif. Quelques acteurs pédagogiques se sentent insuffisamment préparés à utiliser efficacement ces outils, ce qui démontre la valeur ajoutée d’un soutien institutionnel en termes de formation continue.
Le manque de ressources humaines dédiées à l’accompagnement des étudiants et la faible reconnaissance des efforts liés à la formation numérique constituent des obstacles majeurs. Seule une approche systémique, articulant montée en compétences, amélioration des infrastructures et valorisation institutionnelle, permettra de transformer Rosetta Stone en véritable levier d’innovation pédagogique et d’inclusion sociale.
En somme, le développement progressif et contextualisé des compétences numériques des enseignants s’impose comme une condition essentielle pour dépasser les contraintes techniques et tirer pleinement parti du potentiel pédagogique du numérique dans l’enseignement supérieur marocain.
Évaluation du taux d’engagement à Rosetta Stone
Le taux d’engagement et d’achèvement des parcours proposés par Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain demeure relativement faible, reflétant des défis multiples. La plateforme repose sur un apprentissage autodirigé, ce qui signifie que les étudiants doivent apprendre d’une manière individuelle, en gérant leur temps, en fixant leurs objectifs et en maintenant leur propre motivation qui est inégale chez eux. Or, beaucoup d’étudiants n’ont pas été formés à des méthodes d’auto-apprentissage, ce qui favorise le désengagement et le sentiment d’isolement numérique. « Replacer l’étudiant au centre de sa formation, c’est lui demander de piloter en partie son apprentissage, sans être réellement certain ni de sa motivation ni de son aptitude à le faire » (Atmani, 2024)
Un autre facteur déterminant du désengagement à l’apprentissage via Rosetta Stone est la répétitivité perçue de certains modules. Des étudiants ont exprimé une sensation de monotonie à cause de la surcharge cognitive inutile. À cela s’ajoutent les difficultés d’accès aux infrastructures techniques surtout dans les régions moins équipées, et le manque de tutorat proactif souvent dû à une formation insuffisante des enseignants sur les fonctionnalités avancées de la plateforme. Ces difficultés entraînent une baisse de la persévérance et une augmentation des abondons. Il est jugé nécessaire de mettre en place des outils institutionnels pour surveiller voir identifier les risques d’abandon, de déployer des actions correctives efficaces et optimiser l’impact réel de Rosetta Stone.
Prоgrеssiоn des соmpétеnces linguistiques observée
Les observations sur la progression linguistique des étudiants marocains utilisant Rosetta Stone révèlent des résultats contrastés. La plateforme permet des avancées claires dans les domaines de la grammaire et du vocabulaire, mais reste limitée dans le développement des compétences telles que l’expression orale spontanée ou la production écrite créative. Cette faiblesse s’explique par la nature répétitive des exercices qui favorisent d’avantage la mémorisation plutôt que l’usage interactif et contextuel de la langue. En conséquence, bien que les étudiants perçoivent des progrès initiaux, ils atteignent souvent un palier difficile à dépasser sans l’intervention d’un encadrement pédagogique humain pour combler les lacunes du dispositif. De plus, l’impact sur l’autonomie et la motivation des étudiants est contradictoire : si la structuration individualisée et l’auto-évaluation stimulent l’engagement initial, le manque de personnalisation et de contextualisation peut entraîner frustration et découragement, notamment en l’absence de soutien enseignant. En somme, bien que Rosetta Stone puisse renforcer certaines compétences et encourager l’autonomie, son efficacité réelle dépend fortement d’un accompagnement pédagogique adapté et d’une intégration cohérente dans le contexte universitaire marocain.
En d’autres termes, Rosetta Stone favorise l’acquisition de compétences de base chez les étudiants marocains, mais reste limitée pour les apprentissages complexes. Elle stimule l’autonomie au début, mais son manque de contextualisation peut freiner la motivation. Son efficacité dépend d’un encadrement pédagogique et d’une intégration adaptée aux réalités universitaires locales.
Соmpаrаisоn des résultats аvес les méthodes trаditionnеllеs
L’analyse comparative des résultats entre Rosetta Stone et les méthodes traditionnelles dans l’enseignement supérieur marocain montre des atouts et limites propres à chaque approche. La plateforme favorise une progression rapide en grammaire et vocabulaire grâce à ses exercices répétitifs et adaptatifs, offrant une remédiation personnalisée difficilement réalisable en cours collectifs. Cependant, elle demeure limitée dans le développement des compétences complexes comme la production orale et écrite en contexte réel, mieux soutenues par l’interaction humaine et le cadre structurant des méthodes classiques. Celles-ci, malgré leur rigidité, apportent un accompagnement direct, une rétroaction immédiate et une stabilité motivationnelle. Ainsi, la véritable valeur ajoutée réside dans une hybridation intelligente des deux approches, combinant la flexibilité et l’autonomie du numérique avec l’encadrement pédagogique et la contextualisation des pratiques traditionnelles, condition essentielle pour répondre aux besoins académiques et culturels des étudiants marocains.
Anаlуsе des retours qualitatifs des pilotеs univеrsitаirеs
Les retours qualitatifs des expériences des équipes universitaires déployant Rosetta Stone mettent en évidence à la fois les atouts et les limites de la plateforme dans le contexte marocain. Si les enseignants et étudiants reconnaissent son apport significatif au développement lexical et grammatical ainsi qu’à l’autonomie d’apprentissage, ils soulignent aussi les défis liés à la transition vers un rôle plus facilitateur de l’enseignant, aux difficultés de motivation durable, à la surcharge cognitive et aux limites techniques (infrastructures, accès, intégration institutionnelle). Ces témoignages insistent sur la nécessité d’un accompagnement pédagogique et technique structuré, d’une contextualisation culturelle des contenus et d’une formation continue des enseignants, conditions essentielles pour exploiter pleinement le potentiel de Rosetta Stone. Ils confirment ainsi que son efficacité dépend moins de l’outil en lui-même que de son intégration raisonnée dans des dispositifs hybrides, combinant numérique et pratiques traditionnelles, afin de répondre aux spécificités de l’enseignement supérieur marocain.
L’intégration pérenne de Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain nécessite une approche institutionnelle globale et coordonnée, dépassant la simple mise à disposition technique pour inscrire l’outil dans une dynamique de transformation pédagogique durable. Cela implique l’élaboration d’une stratégie claire intégrée aux plans de développement universitaires, la formation continue et modulable des enseignants centrée sur la pédagogie numérique et la gestion des dispositifs hybrides, ainsi que l’optimisation des infrastructures numériques et des services d’assistance. L’adaptation culturelle et linguistique des contenus, l’allocation de ressources humaines, financières et techniques pérennes, et la mise en place de protocoles d’évaluation rigoureux assurant rétroaction et ajustement des dispositifs constituent des leviers essentiels. Une gouvernance active et réactive, combinée à une démarche participative des acteurs, garantit que l’innovation technologique devienne un vecteur d’amélioration des pratiques pédagogiques, d’équité et de qualité, et non un simple outil isolé, consolidant ainsi l’appropriation collective et durable de la plateforme au sein du système universitaire marocain.
En effet, le déploiement durable de Rosetta Stone à l’université repose sur une formation continue et un accompagnement pédagogique adaptés. Il ne s’agit pas seulement d’un perfectionnement technique à l’usage de la plateforme, mais d’une dynamique élargie de développement professionnel, intégrant la réflexion sur la pédagogie numérique, l’enseignement hybride et l’innovation didactique. La formation doit être conçue comme un levier d’appropriation critique et créative, évitant une adoption superficielle, et s’appuyer sur des dispositifs différenciés selon les disciplines et les niveaux d’expérience. Son efficacité dépend en outre de sa reconnaissance institutionnelle, de ressources dédiées et d’une gouvernance agile permettant d’ajuster contenus et modalités aux besoins réels des enseignants et des étudiants.
Parallèlement, l’accompagnement pédagogique doit dépasser le cadre formel des formations pour encourager la création de communautés de pratique, de réseaux de soutien et de plateformes collaboratives. Ces espaces facilitent l’échange d’expériences, la co-construction de scénarios hybrides et l’adaptation aux réalités locales, favorisant une culture commune du numérique. En incluant également les étudiants dans ce processus par des ateliers, tutorats et dispositifs de sensibilisation, il devient possible d’instaurer un environnement favorable à l’e-learning. Ces stratégies de formation et d’accompagnement, pensées dans une logique systémique et évolutive, ne constituent pas seulement un facteur d’efficacité mais aussi un moteur d’innovation, condition essentielle pour assurer l’intégration pérenne de Rosetta Stone dans les universités marocaines.
La conception de dispositifs hybrides représente une réponse pragmatique et innovante aux défis de l’intégration de l’e-learning dans l’enseignement supérieur marocain, notamment avec des solutions comme Rosetta Stone. Elle ne se limite pas à juxtaposer présentiel et distanciel, mais repose sur leur complémentarité : le premier favorise les interactions directes, la dynamique de groupe et la pratique orale, tandis que le second offre flexibilité, personnalisation et outils d’adaptive Learning. L’efficacité de cette hybridation exige une scénarisation pédagogique cohérente, une articulation technique fluide et une formation des enseignants conciliant médiation humaine et tutorat numérique. Elle permet également de réduire les inégalités d’accès, de stimuler l’autonomie des étudiants et de renforcer leur engagement grâce à l’alternance réfléchie des modalités. En somme, l’hybridation pédagogique constitue une passerelle entre innovation numérique et réalités locales, faisant de Rosetta Stone non seulement un outil de formation, mais aussi un catalyseur d’innovation et de transformation durable dans l’enseignement supérieur marocain.
СОNСLUSIОN
L’intégration de Rosetta Stone dans l’enseignement supérieur marocain met en lumière un potentiel innovant indéniable, tout en révélant des défis structurels, pédagogiques et institutionnels. La plateforme favorise la personnalisation et l’adaptive Learning, mais son efficacité dépend d’une adaptation fine au contexte local, d’une orchestration cohérente des dispositifs hybrides et d’un accompagnement renforcé des enseignants. Ces derniers jouent un rôle central, non plus seulement comme transmetteurs de savoirs, mais comme médiateurs technopédagogiques capables d’articuler interactions humaines et apprentissage automatisé. Leurs compétences, leur formation continue et leur posture réflexive apparaissent comme des leviers essentiels pour dépasser les disparités numériques et pédagogiques.
Au-delà de l’outil, la réussite de l’e-learning au Maroc suppose une vision institutionnelle intégrée, articulant politiques publiques, ingénierie pédagogique, ressources humaines et infrastructures numériques. Rosetta Stone constitue ainsi un catalyseur d’innovation, mais ne peut corriger à lui seul les inégalités d’accès ni répondre aux enjeux d’autonomie et de motivation des étudiants. Les perspectives d’avenir résident dans une hybridation contextualisée, soutenue par l’IA, l’analytique de l’apprentissage et la formation continue des acteurs, afin de construire un modèle inclusif et durable. En définitive, la technologie doit être envisagée non comme une fin en soi, mais comme un levier au service d’une transformation pédagogique et organisationnelle plus large, respectueuse des réalités locales et tournée vers l’excellence académique.
REFERENCES
- Atmani, M. (2024). Les dispositifs de formation à distance dans l’enseignement supérieur marocain : esapces de liberté et lieux de tensions. Revue Internationale de la Recherche Scientifique , 17.
- Belarbi, S. (2025). Rosetta Stone et l’enseignement supérieur marocain : rôles des enseignants et défis pédagogiques.
- Chbani, N., & Samlak, N. (2025). Humanités numériques et didactique du FLE a l’université marocaine: défis et perspectives.
- Marriet, M. (2024, 12 9). Former les enseignants à l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation . Consulté le 8 10, 2025, sur https://www.proactiveacademy.fr/blog/pedagogie-formation/former-les enseignants à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour l’éducation
- Ouchnid, B. (2025). Le rôle de l’enseignant à l’ère numérique: une analyse théorique appliquée au contexte universitaire marocain. African Scientific Journal .