Research studies

Le Maroc des années soixante et soixante-dix ou le défi de la démocratisation

 

Prepared by the researcher :  Bouchta EL HAZIBI – Université Sultan Moulay Slimane – Maroc

Democratic Arabic Center

Journal of African Studies and the Nile Basin : twenty-two Issue – September 2023

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2569-734X

Journal of African Studies and the Nile Basin

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Abstract

Since the dawn of independence, the Moroccan political class, a national movement and a sultan, has been determined to empower Morocco with a democratic system that safeguards basic freedoms and guarantees equality for all citizens. And it was that the Moroccans voted unanimously in 1962 with the first constitution. However, the democratic construction movement faltered due to the political and ideological conflicts that characterized the sixties and seventies of the last century, and it was necessary to wait for the last two decades of the same century and the fall of the Berlin Wall, for some components of the Moroccan political elite to realize that the Western democratic system is the one capable of mixing security and stability and guaranteeing basic freedoms.

Durant les années soixante et soixante-dix du XXème siècle, le Maroc a dû faire face à de nombreux défis, économiques, sociaux et autres aggravés souvent par une lutte acharnée qui s’est déclenchée subitement entre l’institution monarchique et les partis politiques surtout le parti de l’Istiqlal et l’Union Nationale des Forces Populaires issus, tous les deux du mouvement nationaliste[1]. L’enjeu était la nature du régime politique à mettre en place au lendemain d’une indépendance politique acquise en 1956 mais chèrement payée. Cette lutte allait s’aggraver aux lendemains de la mort de Mohammed V (Père de la Nation Marocaine) en 1961 et atteindre son paroxysme à la suite de la disparition du leader socialiste Mehdi BEN BARKA à Paris au cours de l’hiver de 1965. En conséquence, le pays a dû prendre son mal en  patience, jusqu’à la fin des années soixante-dix, pour voir enfin renaître l’espoir de mettre en place des institutions démocratiques, espoir rapidement évanoui avec l’avènement des « partis de l’administration » et leur propulsion au-devant de la scène politique par le ministre de l’intérieur de l’époque Driss EL BASRI. Comment expliquer alors l’incapacité de la classe politique marocaine à relever ce second défi du XXème siècle, après celui du recouvrement de l’indépendance, qui consistait à doter le pays d’une véritable démocratie susceptible de faire entrer le Maroc, à l’instar des autres grandes nations dans la modernité politique.

Les années soixante du siècle dernier furent marquées par une grave crise caractérisée par le ralentissement de la croissance économique à peine 2% alors que la population connaissait une croissance plus forte estimée à 2,8%[2](explosion démographique[3]). Mais ce qui rendait la situation encore plus inextricable est le fait d’avoir confié la direction des affaires du royaume à des personnes corrompues ou n’ayant pas les compétences requises.

Les constats les plus marquants concernent l’école.  Ceux qui prirent en main le destin de cette institution manquaient terriblement de visibilité et de choix clairs, surtout concernant la langue d’enseignement dans les écoles de base, les collèges, les lycées, les grandes écoles et les universités du pays. Une telle situation s’est traduite socialement par un chômage endémique, qui s’explique par l’inadéquation des formations avec le marché du travail, couplé d’une inflation galopante engendrant des mouvements sociaux violents et idéologiquement orientés : l’idéologie marxiste-léniniste fascinait alors.

Un autre facteur, qui ne manqua pas d’exacerber la situation, fut cette fois-ci une lutte sans merci entre les partenaires politiques : l’institution monarchique d’une part, et le parti de l’Istiqlal, l’Union Nationale des Forces Populaires et l’Union Nationale des Étudiants du Maroc d’autre part. Certains historiens appellent cette confrontation une « lutte entre le nationalisme monarchique et le nationalisme démocratique »[4]. L’enjeu de cette confrontation est de se positionner sur le modèle étatique national à mettre en place en remplacement du régime du Protectorat (1912-1956). A travers cette lutte, l’opposition accusait Feu HASSAN II, intronisé entre temps roi du Maroc le 26 février 1961 suite au décès prématuré de son père, Sidi Mohamed Ben Youssef, de vouloir instaurer un « régime théocratique »[5].

Face à une situation très tendue politiquement, socialement, voire aussi « territorialement »[6], la monarchie marocaine était la seule force capable de garantir la stabilité et l’unité nationale. Elle pouvait s’appuyer en cela sur les Forces armées royales acquises à sa cause parce qu’elles constituaient la colonne vertébrale[7] du régime en construction par Hassan II. Pour instaurer la nouvelle société marocaine, HASSAN II utilisa le patriotisme des ruraux marocains, gardiens de la tradition, pour contrer les partis historiques comme le parti l’Istiqlal et s’appuyer fortement sur l’Armée et les forces de sécurité pour réprimer les forces qui le combattaient et qui cherchaient à changer le régime par la force, parmi lesquelles l’Union Nationale des Forces Populaires, les manifestations populaires et l’Algérie »[8]. « Cette monarchie, disait-on à Alger, est une véritable hérésie ; elle ne saurait avoir sa place dans un Tiers-monde qui adopte, comme credo, le parti unique et le socialisme dirigiste »[9].

Face à tous ces défis, HASSAN II manœuvra avec plus de fermeté selon une vieille doctrine qui remonte à Lyautey en déclarant un jour,  « je ne gouvernerai pas l’épée à la main mais l’épée au fourreau, battant les bottes pour que l’on sache que nous ne sommes pas faibles »[10]. L’historien Michel ABITBOL commente ce choix en écrivant : « C’était le retour en force du Makhzen traditionnel, « revu et corrigé » par Lyautey, puis ressuscité par Mohamed V et son fils qui en élargit les bases politiques et sociales »[11]. Ce choix (montrer sa force pour ne pas être amené à l’utiliser) sera la règle en dépit de l’approbation le 7 décembre 1962 de la première constitution marocaine par une écrasante majorité de marocains et de marocaines. Cependant, « HASSAN II pourrait-il revenir sur une promesse faite par son père et qui consisterait à doter le pays d’institutions modernes ? » se demande Michel ABITBOL, « d’autant plus que, dans son premier discours à la nation, le roi Mohammed V avait confirmé, franchement et solennellement, son attachement à une monarchie constitutionnelle et démocratique »[12].

Et joignant l’acte à la parole, dès 1958 avec le Dahir (décret) sur les libertés publiques, MOHAMMED V montra la voie à suivre puisque ce décret posa les bases d’un régime libéral et démocratique et ceci à contre-courant de ce qui se passait dans la majorité des pays du tiers-monde récemment indépendants lesquels optèrent pour l’étatisation des moyens de production et le parti unique. Ainsi le fameux décret de 1958 prône les principes de la liberté d’expression en général, la liberté de la presse, le pluralisme, le droit de constituer des syndicats et des associations, le droit de faire grève et de manifester, etc.

Le parti l’Istiqlal prend fait et cause pour la première consultation populaire organisée au lendemain de l’indépendance en invitant ses partisans et les citoyens marocains en général   à participer en nombre au référendum sur la constitution. Contrairement à l’Union Nationale des Forces populaires (UNFP) qui appela alors au boycott. A ce sujet, la position de l’Union des Étudiants du Maroc (UNEM) resta la plus radicale, puisqu’elle s’engagea pleinement à lutter contre le processus de la « personnalisation du pouvoir » initié, d’après ses chefs, par le Souverain, et « à mettre en place « un régime politique démocratique et juste »[13].

Selon le politologue Mohamed TOZY, parmi les facteurs qui ont fait monter la surenchère à propos de la nouvelle constitution et divisé les partis politiques, il y a son article 19 qui fait du souverain « un monarque constitutionnel de droit divin »[14], et à ce titre, il a autorité sur le pouvoir législatif et exécutif ce qui est, selon des membres de l’UNFP, contraire aux principes de la séparation des pouvoirs théorisée jadis, au dix-huitième siècle, par Montesquieu.

Or quelques mois seulement après l’adoption de la nouvelle constitution (Janvier 1963), le parti de l’Istiqlal décida à son tour de se retirer du gouvernement fraichement constitué. Est-ce parce qu’il avait perdu tout espoir de rééditer l’œuvre du Front National de Libération (FLN) algérien au Maroc, consistant à mettre un terme au pluralisme politique et à l’alternance au pouvoir en imposant la dictature du parti unique ? [15]De toute façon « les politiciens de l’Istiqlal, émanation de la bourgeoisie urbaine, inspiraient autant de méfiance au Palais qu’à ses officiers, berbères pour la plupart, accusés d’avoir collaboré avec le Protectorat »[16].

Le retrait des ministres du parti Istiqlal fut suivi de la formation d’un nouveau gouvernement dont aucun de ses membres n’est affilié aux deux principaux partis nationalistes[17] : l’Istiqlal et l’Union Nationale des Forces populaires. La première retombée de cette nouvelle configuration politique fut l’arrestation de centaines de militants appartenant à l’UNFP (Union Nationale des Forces populaires) et au Parti Communiste Marocain[18]. Par ailleurs, Rida Guédira, le directeur du cabinet du roi avait été investi à combler le vide créé par le retrait du gouvernement des partis historiques. Il « conçu l’idée de rassembler autour du roi tous les individus et tous les groupes qui avaient soutenu la monarchie contre les partis depuis l’indépendance. Il créa ainsi le « Front Démocratique des Institutions Constitutionnelles (FDIC) »[19]. Par cette initiative, le régime chercha à inciter « les notables ruraux à relever la tête»[20].

Toutefois, la série de consultations organisées suite à la création du FDIC furent décevantes pour ce dernier. Mais ces résultats inattendus « fut perçu comme un échec, non seulement de Guédira qui faisait figure d’électron libre dans le paysage politique marocain, mais du régime lui-même »[21]. C’est dans ce contexte, très tendu, que certains chefs de l’UNFP ainsi que certains de ses militants accusés d’atteinte à la personne du roi et à la sûreté de l’État sont arrêtés »[22]. Cependant un élément étranger à la vie politique marocaine allait compliquer davantage la situation. Il s’agit de « la guerre des sables » qui éclata en 1963 entre le Maroc et l’Algérie à propos du tracet des frontières[23]. Cette confrontation permit à OUFKIR de devenir l’homme fort du régime grâce à ses qualités « d’homme de guerre et aux derniers résidents généraux qui l’avaient introduit dans la cabine de pilotage de l’État dont il ne sortira plus »[24]. Ce dernier profita alors d’une déclaration hostile du leader socialiste Mehdi BEN BARKA aux intérêts du Maroc, pour accentuer sa répression contre les militants de l’UNFP.

Il faut dire que ce dernier et en pleine « guerre des sables », lors d’une interview accordée à la radio égyptienne, Saout El Arab (la Voix des Arabes), déclara que « la guerre des sables est une lâche agression contre la révolution algérienne ». Cette déclaration amenuisait en fait terriblement la popularité dont il jouissait surtout dans « les milieux populaires »[25].

   Le nom d’OUFKIR allait s’illustrer encore au mois de mars 1965 lors «de violentes émeutes de lycées (…) à Casablanca en signe de protestation contre les restrictions de passage dans le secondaire »[26]. Le gouvernement marocain accusa alors la gauche d’être derrière ces malheureux événements qui occasionnèrent des dizaines de victimes et beaucoup de destructions de biens publics et privés. L’homme fort du régime, le général OUFKIR, ramena la paix et la tranquillité dans les rues de la capitale économique mais au prix d’une féroce répression.

   Au paroxysme de la confrontation entre le régime et l’UNFP, HASSAN II proposa à son leader charismatique et historique, Mehdi BEN BARKA de rentrer au Maroc car, disait le souverain chérifien, « au Maroc il y a une équation à résoudre ». HASSAN II faisait allusion aux compétences reconnues de BEN BARKA en mathématiques, mais aussi à sa grande influence politique sur les « forces vives » de la nation : syndicalistes, ouvriers, étudiants, etc. En effet, le retour de la coopération et de l’entente entre les deux hommes aurait été susceptible de ramener la paix sociale et une certaine tranquillité au Maroc dont le pays avait grand besoin pour se consacrer à la reconstruction post – indépendance. Mais « méfiant, le leader de l’UNFP pose ses conditions (que la grâce royale le concernant soit inscrite au journal officiel) et repousse son retour, malgré plusieurs médiations »[27] . C’en est fini du rêve, caressé par beaucoup de Marocains, de voir à nouveau tous les enfants de la patrie, toutes tendances confondues, travailler main dans la main pour sa grandeur et sa prospérité. Personne n’a oublié « la Route de l’Unité » quand, en 1957, sous l’inspiration de HASSAN II, à l’époque, Prince héritier, et de Mehdi BEN BARKA « 10000 jeunes avaient raccordé, pioche à la main, l’enclave du Rif central à l’avant-pays de Fès, dans une ambiance de ferveur patriotique qui fait penser aux chantiers de jeunesse (…) au camp de travail de Mao »[28].

Entre temps la crise ne cessait de s’aggraver ce qui incita le souverain chérifien à proclamer, le 7 mars 1965, l’Etat d’urgence et à dissoudre le tout premier parlement post-indépendance. Par cette décision, le Maroc s’engagea dans « une phase de pouvoir personnel de cinq ans. Le roi détient les pouvoirs exceptionnels (…). Ce tournant signifie la victoire définitive du Palais sur le mouvement nationaliste »[29], selon Pierre VERMEREN.

A la fin de cette même année, année décisive dans l’histoire du pays, le leader socialiste Mehdi BEN BARKA disparut à Paris. Rapidement, ce crime politique grave fit monter d’un cran la tension entre le régime et l’UNFP. Ce dernier s’en pressa d’accuser les autorités marocaines d’être les commanditaires de cet acte odieux. « Entre nous et le palais il y a la dépouille de Ben Barka », tonna le nouveau leader du parti A. Bouâbid qui interrompit « les négociations avec le Palais sitôt la nouvelle connue »[30].

Mohamed AOUAD, dans son livre, « D’un Maroc à l’autre », accuse expressément OUFKIR d’avoir orchestré cet acte odieux de la disparition du leader socialiste afin de faire échouer justement le rapprochement déjà initié entre l’UNFP et le Palais. Pour étayer son propos, l’auteur se fonde sur ce qu’HASSAN II confirmait, lui-même, dans ses mémoires : «Mémoire d’un Roi ». Ainsi on pouvait y lire « que lorsqu’il (le roi) avait informé OUFKIR d’une éventuelle décision d’associer la gauche à la gestion des affaires de l’État, celui-ci ne put s’empêcher de répondre : « il ne nous resterait donc, Sire, qu’à faire nos valises »[31].

   Mais les effets néfastes de cet événement dramatique ne se limitèrent pas seulement au Maroc puisque les relations franco-marocaines furent également affectées. En effet sous l’impulsion du Général De Gaulle[32], qui soupçonnait OUFKIR personnellement d’avoir fait disparaître Mehdi BEN BARKA, la France rompit pour quatre ans ses relations diplomatiques avec le Maroc, chose inimaginable à l’époque eu égard aux intérêts réciproques.

Cependant, eu égard à la stature internationale que BEN BARKA commençait à cultiver, surtout vers la fin des années soixante, nombreux étaient les États qui cherchaient à étouffer sa voix ; laquelle prônait l’anti-impérialisme et l’unité du Tiers-monde, et ceci par tous les moyens[33]. En effet, il dérangeait de nombreux pays à travers le monde « en raison de l’action politique qu’il menait, tous azimuts, en faveur de l’unité arabe, de la libération de la Palestine et surtout de la création d’un mouvement tiers-mondiste qui prendrait le relais du mouvement des non-alignés, créé en 1955, à Bandoeng »[34] et qui était tombée en léthargie. N’était-il pas, à la veille de sa disparition mystérieuse, entrain de régler les derniers préparatifs pour la tenue chez Fidèle Castro à la Havane, et à quelques centaines de kilomètres seulement de la Floride, d’une conférence internationale regroupant les représentants de trois continents : Afrique, Asie et Amérique, la fameuse Tricontinentale. Réunion qui avait comme principal objectif la constitution d’un « front uni contre l’impérialisme et le capitalisme »[35]

Avant de clore ce chapitre sur les éventuels commanditaires de la disparition de BEN BARKA, il faut évoquer également le témoignage capital de Maître Maurice Buttin, avocat de la famille de Mehdi BEN BARKA. Celui-ci a écrit dans son livre « HASSAN II, de Gaulle et BEN BARKA, ce que je sais d’eux » ceci: « HASSAN II affirme n’avoir jamais donné l’ordre dans l’assassinat de BEN BARKA »[36].

Quoi qu’il en soit, la fin des années soixante ne connaît pas de répit dans la confrontation entre le régime et l’opposition, loin s’en faut. On assista plutôt à une recrudescence d’événements regrettables. Elle prit la forme de grèves incessantes au sein des lycées et des universités, mais aussi des attaques violentes contre les forces publiques, avec ses cortèges de victimes collatérales et de destructions de biens publics et privés. Outre la disparition de Mehdi BEN BARKA, plusieurs facteurs expliquent la montée des différentes tensions au sein du royaume durant cette période troublée. Tout d’abord, le renforcement de l’idéologie marxiste-léniniste au sein de la gauche avec « l’engagement[37] » de certains intellectuels renommés d’extrême gauche, tel le poète ABDELLATIF LAÂBI , et la publication de certains journaux et revues qui « vulgarisèrent » l’idéologie marxiste-léniniste ; ensuite le contexte international marqué alors par la défaite des pays arabes (« la Naksa ») devant Israël lors de la guerre des six jours en Juin 1967, sans oublier la révolte étudiante à Paris en Mai et Juin 1968 et ses mots d’ordre très bien accueillis par la jeunesse à travers le monde.

Cette période d’instabilités et d’incertitudes est désormais célèbre sous la désignation « des années de plomb »[38]. Ainsi, de peur de perdre le contrôle de la situation face à la violence extrême  de certains groupuscules d’extrême-gauche (Mouvement du 23 Mars, Ila Alamam (En avant)…), et pour anticiper certaines menées subversives des Forces Armées Marocaines, dont certains éléments cherchaient à exploiter ce malaise social afin de renverser la monarchie, une période de répression s’installa dans le pays. Il faut noter par ailleurs que les décennies 60 et 70 ont vu pulluler les dictatures militaires dans ce qui était communément appelé le Tiers-monde[39]. En somme, le Maroc entra dans la décennie 70-80 avec un Projet de démocratisation en panne de réalisation.

Compte tenu du contexte du moment, HASSAN II croyait toujours fortement à ce Projet de démocratisation du royaume. C’est en tout cas ce qu’on pourrait déduire des initiatives prises sous ses auspices tout au long de la décennie 70 telle la suspension de l’État d’exception le 7 juillet 1970 et surtout la mise en place d’une nouvelle constitution pour le royaume chérifien. Néanmoins, ni l’UNFP, encore moins le parti de l’Istiqlal, ne sont séduits par ces nouvelles initiatives royales.  Les deux partis historiques avancèrent l’argument selon lequel la nouvelle constitution, comme d’ailleurs l’ancienne, installerait le souverain dans « une place centrale »[40]au sein du système de gouvernement ce qui menace, d’après eux, toute séparation et équilibre entre les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire).

En réplique à cette initiative, les deux principaux partis créèrent un front commun appelé « Al Koutla Al Watania » (le bloc national). Néanmoins leur boycott n’empêcha pas la tenue à la date prévue du référendum sur la nouvelle constitution. Quant aux résultats de ce dernier, ils traduisirent fortement la division du pays entre les grandes villes, acquises aux partis de l’opposition et qui ont boycotté cette consultation, et le « bon bled » (l’espace rural) qui y participa fortement et permis à la nouvelle constitution d’être adoptée à une écrasante majorité. Pourtant cette nouvelle tentative ne va en rien débloquer la situation politique.

La situation politique ne connut aucune évolution positive notable entre la fin des années soixante et tout au long des années soixante-dix. Par contre, la conjoncture économique connut, quant à elle, une embellie à travers des projets comme la réforme agraire, la construction de nombreux barrages, le développement de l’agriculture exportatrice ou la mise en place d’infrastructures susceptibles d’attirer le tourisme étranger.

L’amélioration de certains indicateurs économiques et financiers, profitèrent davantage à certains grands officiers de l’armée qui n’avaient pas hésité à se lancer dans les affaires. L’accumulation de grosses fortunes ne dissuada pas ces gradés de l’Armée royale de « se mêler de politique » en recourant à la violence. C’est ainsi que le 10 juillet 1971, le régime fit face à un premier coup d’État qui faillit l’emporter ;  puis à un deuxième un an après.

Ce coup de force avorté consterna l’écrasante majorité des Marocain qui vouait un profond attachement à la dynastie alaouite plusieurs fois centenaire car elle ne se voyait pas vivre sans direction chérifienne[41]. HASSAN II nomma dans la foulée un nouveau premier ministre en la personne de Mohamed Karim El AMRANI en lui fixant en priorité deux objectifs principaux : la lutte contre la corruption, pour couper court aux allégations avancées par les putschistes[42], et la remise sur les rails du projet politique en collaboration avec l’opposition.

Or cette dernière perspective anéanti les ambitions inavouées d’un certain OUFKIR[43] : il guettait l’opportunité pour s’emparer illégalement du pouvoir afin d’imposer au pays une dictature militaire. Le coup d’Etat du colonel Boumediene en Algérie (1965) contre son frère d’arme Ben Bella, entre autres[44], l’a certainement inspiré. En conséquence, c’est dans la contrariété de son agenda caché et dans la précipitation qu’OUFKIR, l’homme fort du régime, tenta de s’emparer, à visage découvert cette fois, du pouvoir au mois de mai 1972 en tentant d’assassiner HASSAN II et certains membres de sa famille lors de leur retour d’un voyage à l’étranger.

Cette nouvelle tentative, qui eut comme premier mérite de démasquer les intentions cachées du putschiste OUFKIR, fut un échec également. Le souverain Alaouite sut la mettre alors à profit pour « chasser » définitivement les militaires marocains du champ politique. Il faut noter à ce propos que, dans le passé,  le régime s’est beaucoup appuyé sur l’armée[45] pour faire face aux ambitions de l’Istiqlal qui cherchait alors à « domestiquer »[46] l’institution monarchique et à mettre fin au pluralisme, mais aussi à la gauche qui œuvrait pour que le Maroc devienne une « démocratie populaire »[47] sous influence soviétique.

Profitant de cette occasion, HASSAN II tenta une nouvelle ouverture en direction de l’opposition issue du mouvement nationaliste.  Mais cette initiative fut vaine car les conditions n’étaient pas encore réunies pour une participation au pouvoir proposée par le roi, rétorqua l’opposition.  L’éventualité de l’installation d’une dictature militaire au Maroc, à l’instar de ce qui se passait dans son entourage proche,   interpella les chefs de l’opposition qui réalisèrent le danger que courait le pays si cette lutte entre les acteurs de la vie politique marocaine, l’institution royale et l’opposition légale, persistait. Ce fut l’avis par exemple d’A.BOUÂBID qui s’employait à trouver un terrain d’entente avec le régime[48]. Peut-être l’échec de l’insurrection militaire fomentée, du côté de khénifra en 1973, par certains membres de son parti y fut pour quelque chose.

Ce rapprochement avec le régime fut précédé par une remise en cause générale de la politique menée par le parti depuis sa création en 1959 après scission du parti de l’Istiqlal. Ainsi lors de la réunion de Casablanca en 1975, A. BOUÂBID et ses proches, suite à « d’importantes remises en cause idéologiques »  proclamèrent la naissance d’un nouveau parti, « l’Union socialiste des Forces Populaires » (l’USFP),  doté  « de structures nouvelles et d’une stratégie débarrassée des séquelles du passé»[49].

Ce changement de cap opéré par les socialistes modérés marocains, coïncida avec une autre initiative prise par HASSAN II. Il s’agit de la Marche Verte de 1975 qui visait à récupérer le Sahara (1974-1975)[50], territoire incontestablement marocain depuis toujours et que l’Espagne refusait de restituer dans la foulée des indépendances du milieu du XXème siècle. Initiative qui, certes renforça le pouvoir du monarque, mais qui par la même occasion souda les Marocains autour de sa personne dans une euphorie générale sans précédent.  Aussi l’engagement par Feu HASSAN II du processus de récupération du Sahara marocain (1974-1975) fut-il, sans conteste, un succès inespéré socialement et politiquement pour le royaume chérifien : tous les acteurs politiques, régime comme opposition, se trouvèrent unis autour du même projet national qui est « la défense de l’intégrité territoriale du pays »[51].

Ainsi A. BOUÂBID, en personne, fut parmi les émissaires du souverain, aux côtés de Allal El FASSI, chef de l’Istiqlal, auprès des dirigeants de certains pays de l’Europe de l’Est, alors encore adeptes du socialisme, pour leur expliquer les origines de la légitimité des revendications marocaines sur ses territoires qui étaient spoliés. En somme, la Marche verte de 1975 fut à l’origine du retour d’une « union sacrée »[52]. Une union, il faut le dire, perdue de vue depuis la fin du combat pour l’indépendance qui se couronna par le retour du Roi Mohamed V de son exil et l’engagement des leaders nationalistes dans la construction de l’Etat national. C’est en tout cas le sentiment du souverain qui déclara le 17 novembre 1975 que « cette Marche a fait de nous un peuple nouveau. Un Maroc nouveau vient de naitre… ». Le célèbre historien Michel Abitbol commente, dans son livre « Histoire du Maroc », la déclaration du souverain en disant : “Force est de constater que la formule n’était pas de pure propagande »[53].

C’est pareillement le sentiment qu’éprouvent de nombreux historiens et intellectuels marocains. Ainsi l’historien A. LAROUI reconnut que « la Marche verte suscita chez lui un sentiment plus fort que celui suscité lors de l’indépendance ». Mais la Marche verte fut également une occasion en or où les acteurs politiques marocains, tous bords politiques confondus, renouèrent le dialogue après quelques années de rupture, de méfiance, et de vaines luttes intestines.  En effet, parmi les conséquences immédiates de cette détente suscitée par la Marche verte, furent la libération de prisonniers politiques et la réapparition, dans tous les kiosques du royaume, de nombreux journaux et revues édités par l’opposition. Elle ouvrit également la voie à l’organisation d’élections législatives avec la participation de tous les partis politiques marocains, de gauche comme de droite. Aussi les partis de la Koutla participèrent-ils activement à cette échéance électorale animés par l’espoir d’accéder enfin démocratiquement et pacifiquement au pouvoir.

Aussitôt ils déchantèrent car les résultats furent décevants pour ces derniers. Ce furent les « partis de l’administration et des notables »[54] qui remportèrent la majorité des suffrages. Si l’Istiqlal put sauver les meubles, ce ne fut pas le cas de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) qui connut une défaite cuisante face aux « partis de l’administration », partis créés à la hâte et de toute pièce par l’homme fort du régime de l’époque, Driss EL Basri, pour contrer l’opposition. Même son chef charismatique et historique, A. Bouâbid, fut incapable de se maintenir comme député dans une circonscription d’Agadir, siège qu’il occupait depuis plusieurs décennies.

Au lendemain de ces législatives, le paysage politique marocain, connut un bouleversement total. Ainsi « Les partis de l’administration » rejoints bon gré mal gré par l’Istiqlal après une longue « traversée du désert » qui a duré 14 ans, constituèrent un gouvernement présidé par le beau-frère du roi, Ahmed OSMAN. Quant à l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires), qui accusa le ministre de l’intérieur DRISS EL BASRI, d’être responsable de sa débâcle électorale, choisit de se ranger dans l’opposition où elle se maintiendra encore pendant deux décennies.  C’est seulement en 1998 que le vieux parti socialiste réussit enfin à arriver aux affaires et à conduire un gouvernement dit d’alternance dirigé par l’éternel opposant au régime, ABDERRAHMANE EL YOUSSOUFI, l’un des compagnons de route de  Mehdi BEN BARKA et farouche opposant, lui aussi, au Roi HASSAN II.

La relative ouverture politique que connut le Maroc à la fin des années soixante-dix coïncida avec l’apparition de graves défis stratégiques et socio-économiques. Tout d’abord, le refus catégorique de l’Algérie du colonel Boumediene, de la Libye de l’autre colonel KADDAFI et de certains pays qui profitaient de leur manne pétrolière en Afrique et Amérique latine, pour empêcher ou bloquer le parachèvement de l’unité territoriale du Maroc en armant la milice terroriste du Polisario. A leurs yeux, un Maroc réintégré dans sa profondeur africaine ne pouvait que porter « atteinte à l’équilibre qui prévalait dans la région » et surtout contrecarrer les ambitions hégémoniques d’Alger qui cherchait à atteindre « les eaux chaudes » de l’Atlantique quel que soit le prix. D’où leurs menées subversives dans les provinces du Sud marocain en soutenant des organisations de la milice armée du Polisario. Outre ces subversions extérieures, le Maroc connaissait une conjoncture économique la plus difficile de son histoire depuis plusieurs décennies. En effet, le renchérissement des produits pétroliers, suite aux guerres au Moyen Orient et à l’éclatement de la Révolution iranienne (1979) à un moment les prix des phosphates connaissaient une forte baisse, en plus des quelques années de sécheresses répétitives créèrent une situation explosive. La dégradation du niveau de vie des citoyens fit sortir en 1981 des centaines de personnes dans les rues des grandes métropoles, comme Fès ou Casablanca. Ce sont les fameuses « émeutes du pain » qui frappèrent aussi d’autres pays arabes non pétroliers comme la Tunisie. HASSAN II résuma ainsi la situation du Maroc par une formule lapidaire mais très significative en disant « le pays est au bord de la crise cardiaque ».

En somme, les années soixante et soixante-dix du siècle dernier ont montré l’incapacité des acteurs politiques marocains à relever le défi de la démocratisation du pays. Tout simplement parce que, selon nous, certains n’étaient pas convaincus par les principes démocratiques. Le parti de l’Istiqlal, tout d’abord, guettait l’occasion pour mettre en place le système du parti unique déjà en vogue dans la majorité de ce qu’on appelé le Tiers-monde, à commencer par l’Algérie, la Tunisie, etc. Quant à la gauche et à l’extrême gauche, leur idéal ne fut jamais une démocratie tempérée qui assurerait une alternance paisible au pouvoir,  le pluralisme, les libertés individuelles et collectives pour tous, mais la mise en place d’une dictature du prolétariat où les moyens de productions seraient collectivisés, les élections « bourgeoises », la liberté d’expression et de conscience supprimées. Avec le recul, on pourrait cependant penser que la monarchie fut une chance pour le Maroc. En définitive, elle a su faire échouer les tentatives d’instauration des dictatures de différentes natures (du parti unique, militaire, marxiste). Certes le défi de la démocratie n’a pas été totalement relevé par le régime chérifien durant ces deux décennies en question, mais avec le recul qui est le nôtre, nous pouvons affirmer que le pays a évité cependant le pire.

[1]-Ensemble de partis, d’organisations et de personnalités qui ont œuvré pour l’indépendance du Maroc au moins depuis 1930 lors de l’éclatement des manifestations hostiles à la promulgation du Dahir berbère.

[2]-Pierre VERMEREN, Histoire du Maroc depuis l’indépendance, édit. La Découverte, Paris 2002, p.44.

[3] -Forte augmentation de la population.

[4]-Revue Zamane (L’histoire du Maroc)، n°60 – novembre 2015.

[5]– Pierre VERMEREN, ibid., p.33.

[6] – Le Maroc, fraichement indépendant, a dû faire face à deux graves mouvements sécessionnistes : celui du Tafilalet sous la houlette du caïd Adi ou bihi et celui du Rif entre 1958 et 1959.

[7]-Michel ABITBOL, Histoire du Maroc, éditions Perrin, 2009, p.571.

[8]– Pierre VERMEREN, ibid., p.40.

[9]– AOUAD Mohammed, D’un Maroc à l’autre : un siècle d’histoire contemporaine, éditions LPL, El Maarif Al-Jadida, Rabat, 2004, p.153.

[10]-Zakia DAOUD, Maroc : les années de plomb 1958- 1988, chronique d’une résistance, Editions Manuclus, 2007, p.62.

[11]– Michel ABITBOL, ibid., p 567

[12]-Mohammed AOUAD, ibid. p.100.

[13]-Revue Zamane, n°49- décembre2014.

[14]-Mohamed TOZY, Monarchie et islam politique au Maroc, Paris, Presses de Sciences Po, 1999, p. 95.

[15]-Revue Zamane n°63, janvier 2016.

[16]– Pierre VERMEREN, op. Ibid., p.39.

[17] – Revue Zamane, n°49- décembre2014.

[18]Pierre Vermeren, ibid., p37.

[19] – Michel ABITBOL, ibid., p.568.

[20]– Pierre VERMEREN, ibid., p.35.

[21]-Michel ABITBOL, ibid., p.569.

[22]-Revue Zamane، n°49-décembre2014.

[23]-Depuis sa conquête de l’Algérie en 1830, la France ne cessa de repousser les frontières de ce pays aux dépens du Maroc car ses dirigeants pensaient annexer ce pays définitivement (Mitterrand alors ministre de l’intérieur sous la IVème République répétait la formule suivante « l’Algérie, c’est la France »). Elle profita largement de la défaite marocaine à la bataille d’Oued Isly en 1844 pour lui imposer le funeste traité de Lalla Maghnia qui amputa le Royaume de larges territoires à l’Est et surtout de son Sahara oriental. Cependant à la veille de l’indépendance de l’Algérie, son gouvernement provisoire, présidé alors par Farhat Abbas, reconnait expressément la légitimité des revendications marocaines et se disait prêt à ouvrir un dialogue à ce sujet dès le départ des Français. Or le FLN sous l’influence d’A. Ben Bella et de Houari Boumediene qui prit le pouvoir par la force en Algérie en 1962 en éliminant tous ses opposants, renia les engagements pris à la veille de l’indépendance à l’égard du Maroc. Pire. Il s’engagea dans une guerre idéologique qui visait à renverser le régime marocain en armant certains opposants se réclamant de la gauche marocaine. L’affrontement militaire (la guerre des sables) fut donc inéluctable.

[24]-Daniel RIVET, Histoire du Maroc, Fayard, 2012, p. 373.

[25]– RIVET Daniel, Histoire du Maroc. De Moulay Idrîs à Mohammed VI, Fayard, 2012, p. 365.

[26] – Michel ABITBOL, ibid., p.570.

[27]– Pierre VERMEREN, ibid., p.45.

[28]– Daniel RIVET, ibid., p.365.

[29]– Pierre VERMEREN, ibid., p.45.

[30]-Pierre VERMEREN, ibid., p.48.

[31]-Mohammed AOUAD, ibid., p.132.

[32] -Le Général de Gaulle est revenu aux affaires, en France en 1959 suite aux déboires de la IVème République surtout ses échecs à mettre un terme à la Guerre d’ Algérie (1954-1962).

[33] -Les prouesses de Fidèle Castro et du Che Guevara étaient encore dans toutes les mémoires.

[34]-Mohammed AOUAD, ibid. p.132.

[35]-Daniel RIVET, ibid. p. 365.

[36]-Revue Zamane , n°49- décembre2014.

[37] -« Depuis la fin des années 1960, la question de la portée politique de l’œuvre littéraire et artistique n’a cessé de se poser, interrogeant sa capacité à concilier enjeux politiques et esthétiques […] Soulevée par Sartre au milieu du XXe siècle, la question de l’engagement politique de l’œuvre reste très actuelle ». https://laviedesidees.fr/Art-et-engagement.html

De nombreux intellectuels marocains, et non des moindre, ont pris part aux luttes politiques qu’avait connu le pays dans les années 60 et 70, soit pour soutenir l’opposition, soit pour justifier les politiques menées par le régime.

[38] – Pierre VERMEREN, ibid., p.56.

[39] – De nos jours, les économistes et les géographes coïncidèrent le concept « Sud » plus pertinent, même si certains chercheurs continuent à employer le terme de « Tiers-monde » dont la paternité revient au démographe français Alfred Sauvy (1898 – 1990).

[40]-Michel ABITBOL، ibid.، p.571.

[41] -Le Maroc est parmi les rares pays musulmans dont le chef de l’Etat (Le Roi) est descendant du Prophète. Il s’agit d’une exception marocaine.

[42] – Les chefs putschistes prétendaient vouloir mettre fin à la corruption qui, d’après eux, rangeaient le système. Mais personne n’est dupe. S’il y avait corruption, ils y étaient pour beaucoup puisqu’ils n’hésitaient pas à s’approprier, par différents moyens, des entreprises travaillant dans le secteur agricole ou industriel.

[43] – Lors du premier coup d’Etat, il sut jouer les innocents. Il prétendit ne pas être au courant des manigances de certains éléments de ses administrés. Or les événements ultérieurs prouvèrent tout le contraire.

[44] -En effet les coups d’Etats militaires pullulaient alors surtout en Afrique et en Amérique latine.

[45]– Pierre VERMEREN, ibid., p. 58.

[46]– l’Istiqlal, conscient de l’importance que revêt de la monarchie aux yeux des Marocains sur le plan à la fois religieux et politique, chercha à la maintenir en place toute en la « vidant de sa substance » en attendant peut-être des « jours meilleurs ».

[47]-« « Démocratie populaire » est un terme issu du lexique politique communiste pour distinguer les États communistes des démocraties libérales, que les communistes désignent plutôt sous le terme de « républiques bourgeoises » ou de « pays capitalistes ». « Démocratie populaire » a été largement utilisé dans un but de propagande pour masquer les pratiques dictatoriales des régimes d’inspiration marxiste-léniniste, apparus après la Seconde Guerre mondiale dans les pays d’Europe centrale et orientale libérés, puis occupés par l’Union soviétique, et composant l’ensemble connu sous le nom de Bloc de l’Est ». https://fr.wikipedia.org

[48]-Pierre VERMEREN, ibid. p.49.

[49]-Mohammed AOUAD, ibid., p142.

[50]– Il faut noter à ce propos que le Maroc, lors de l’indépendance en 1956, n’a pas récupéré tous ses territoires perdus soit en 1912 avec l’installation du protectorat, soit avant cette date tels  les enclaves de Sebta et Melilla,  le Sahara oriental, la Maurétanie, etc.

[51]-Revue Zamane, n°60- novembre 2015.

[52]-La formule « Union sacrée » fut utilisée la première fois en France lors de la Grande guerre mondiale. Elle désigne l’oubli momentané par les dirigeants politiques français de leurs divisions politiques et idéologiques pour se consacrer au combat de leur « ennemi héréditaire » qui étaient les Allemands.

[53]-Michel ABITBOL, ibid.,   p.571.

[54]-« Les partis de l’administration et des notables », c’est l’appellation donnée à ces partis par leurs adversaires. Ils furent crées au milieu des années soixante-dix par des personnalités politique réputées être très proches du régime, et ceci sous l’impulsion du nouveau homme fort du régime, Driss El Basri. De nos jours, ils sont toujours présents dans le paysage politique marocain et participent à différents gouvernement même s’ils ne jouissent pas d’une solide assise populaire. On peut citer comme exemple l’Union Constitutionnelle ou l’Union nationale des Indépendants. Ce dernier préside actuellement le gouvernent dont le chef est Mr Aziz Akhnouch.

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