Research studies

GROUPEMENTS SOCIAUX ET ORGANISATION DE L’ESPACE DANS LA MEDINA DE FES-De la fondation au début du xxemes

 

Prepared by the researcher : Mohammed Mouhcine El Idrissi El Omari – Faculté des Lettres et des Sciences – Humaines Aïn Chock – Casablanca.  Maroc.

Democratic Arab Center

Journal of Urban and Territorial Planning : Fourteenth Issue – December 2022

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN (Online) 2698-6159
ISSN   (Print)  2699-2604 
Journal of Urban and Territorial Planning
:To download the pdf version of the research papers, please visit the following link

https://democraticac.de/wp-content/uploads/2022/12/%D9%85%D8%AC%D9%84%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AA%D8%AE%D8%B7%D9%8A%D8%B7-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D9%85%D8%B1%D8%A7%D9%86%D9%8A-%D9%88%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%AC%D8%A7%D9%84%D9%8A-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%AF%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A7%D8%A8%D8%B9-%D8%B9%D8%B4%D8%B1-%D9%83%D8%A7%D9%86%D9%88%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D9%88%D9%84-%E2%80%93-%D8%AF%D9%8A%D8%B3%D9%85%D8%A8%D8%B1-2022.pdf

Résumé

Cette article se propose de présenter l’influence que devaient avoir l’implantation de différents groupements sociaux (ethnique, professionnel, religieux et politique) dans la médina de Fès sur la disposition et l’organisation de l’espace urbain de cette ville depuis sa fondation jusqu’au début du XXèmes. Ce sujet n’avait que très rarement suscité l’intérêt des historiens et chercheurs contemporains. Nous nous attelons à l’aborder à travers quatre axes majeurs se rapportant essentiellement aux origines de la population et sa répartition géographique dans la ville ; les différentes activités, professionnelles et socio-culturelles, qu’elle a pu mener à travers le temps et, l’influence de ces activités sur la topographie urbaine et le développement urbanistique. Nous nous référons dans notre récit aux informations rapportées par les sources écrites, sans pour autant négliger les données que présente encore l’étude du terrain, sachant que le tissu urbain ancien de la ville de Fès est, dans son état actuel, le résultat de la dernière phase de l’évolution de la cité avant l’instauration du protectorat français en 1912.

Abstract

 This article aims to present the influence that the establishment of different social groups (ethnic, professional, religious and political) in the medina of Fez must have had on the layout and organization of the urban space of this city since its foundation until the early twentieth. This subject has rarely aroused the interest of contemporary historians and researchers. We are tackling it through four major axes relating essentially to the origins of the population and its geographical distribution in the city; the various professional and socio-cultural activities that it has carried out over time and the influence of these activities on the urban topography and urban development. We refer in our account to the information reported by the written sources, without neglecting the data that still presents the study of the ground, knowing that the old urban fabric of the city of Fez is, in its current state, the result of the last phase of the evolution of the city before the establishment of the French protectorate in 1912.

Introduction

Nombre d’études contemporaines soulignent l’existence d’une organisation rationnelle de l’espace urbain des villes arabo-musulmanes qui était le résultat de contraintes culturelles et de pratiques sociales développées au cours de plusieurs siècles.

La médina de Fès, fondée en 192 H/ 808 J.-C, constitue l’une des plus grandes médinas du Maghre[1]. Elle représente un tissu urbain qui conserve encore de nos jours des ensembles bâtis remontant à des époques différentes, et dont les plans et la répartition dans la ville devaient répondre à des besoins, soucis et fonctions d’ordre économique, social, et culturel multiples. La ville de Fès avait par ailleurs accueilli au cours de son histoire, des groupements successifs de migrants originaires de régions et de contrées différentes. Son architecture, les arts et traditions de ses habitants, ainsi que leur mode de vie traduisent encore de nos jours ce brassage culturel qui a fortement marqué sa structure sociale pendant plus de onze siècles. Nous évoquons cette structure à travers quatre groupements distincts (ethnique, professionnel, religieux et politique) ayant joué un rôle incontestable dans l’aménagement et l’organisation de l’espace urbain de la cité.

L’étude de La relation existant entre les groupements sociaux sus-désignés et la disposition urbaine générale (les formes de l’appropriation de l’espace urbain, et la configuration des quartiers) n’avait que très rarement suscité l’intérêt des historiens et chercheurs qui se sont essentiellement limités à la relation des évènements historiques importants que la médina de Fès avait connu à travers les âges, et l’étude de quelques éléments de son patrimoine culturel (matériel et immatériel) ancestral.

En effet, nous nous attelons à aborder ce sujet à travers quatre axes majeurs se rapportant essentiellement aux origines de la population et sa répartition géographique dans la ville ; les différentes activités, professionnelles et socio-culturelles, qu’elle a pu mener à travers le temps et, l’influence de ces activités sur la topographie urbaine et le développement urbanistique.

 Nous nous référons dans notre récit aux informations rapportées par les sources écrites, sans pour autant négliger les données que présente encore l’étude du terrain, sachant que le tissu urbain ancien de la ville de Fès est, dans son état actuel, le résultat de la dernière phase de l’évolution de la cité avant l’instauration du protectorat français en 1912[2].

  1. Une esquisse sur les origines de la population et les subdivisions urbaines historiques :

Le récit des chroniqueurs et géographes arabes du Moyen Age se rapportant à la ville de Fès donne de précieuses informations sur les conditions de sa fondation, et sa morphologie urbaine générale[3]. Les renseignements qu’ils fournissent révèlent par ailleurs le caractère composite de la population de la cité. Grace aux facilités que son fondateur,  Moulay Idriss (Idriss II) (mort en 828 J.-C), accorda à ceux qui vinrent s’y installer, la ville se peuple rapidement, la rive droite surtout de Berbères, la rive ouest d’une population arabes en majorité, très diversifiée quant à ses origines tribales. Les différentes tribus s’établirent, aux dires d’Ibn Abi Zare al-Fassi, chacune séparément dans un quartier ; les Qaïssia occupèrent la partie comprise entre Bab Ifriqiya et Bab Jdid ; à côté d’eux se rangèrent les Haçabiyoun et les Azd[4]. L’autre partie fut occupée par les Sanhaja, les Louata, les Masmouda et les Chykhan[5]. Il s’y trouvait encore des juifs, « Berbères Zénètes selon toute vraisemblance, qui s’étaient convertis au judaïsme à une date difficile à déterminer »[6]. Le fondateur de la ville leur avait permis de créer un quartier dans le Nord de la rive gauche, depuis “Aghlan” jusqu’à la porte de Hisn Saâdoun, moyennant un tribu annuel (Jizya) fixé à 30000 dinars[7] (Pl. 1).

La forme des premiers quartiers de la ville auraient ainsi pris, à l’instar de plusieurs villes arabo-musulmanes, la forme d’allotissements tribaux occupant des parcelles de terrain de dimensions variables.

L’organisation en quartier répondait, selon André Raymond, au « souci de se regrouper pour constituer une cellule sociale homogène ; elle permettrait une administration plus serrée de la population »[8].

Cela dit, Al-Qirtas précise que « les grands et les caïds » choisirent leurs habitations dans la rive droite, tandis que Moulay Idriss fixa sa résidence dans la seconde Adwa[9] « avec sa famille, ses serviteurs et quelques négociants, marchands ou artisans»[10].

Suite à une insurrection au « Faubourg de Cordoue » en 199H/ 818 J.-C, huit cent familles andalouses se sont installées sur la rive droite qui fut dénommée dès lors ” la Adoua des Andalous “. Les nouveaux habitants qui comptent des artisans, des petits marchands, et des notables, apportent au même temps que leur expérience de la vie citadine, leurs techniques ancestrales de jardinage, de la bâtisse et de l’artisanat.

Sur la rive gauche en revanche, trois cent familles originaires de Kairouan et de nombreux juifs viennent plus tard (en 210H/ 825-26 J.-C) renforcer l’élite citadine locale, ce qui confère à la seconde entité urbaine composant la ville d’Idriss le nom de la “Adwa des Kaïrouanais”.

A l’époque zénète (9871070 J.-C) la ville de Fès fut considérablement agrandie. L’espace urbain fut aux dires d’Ibn Abi Zare rempli par les tribus Zénata, Louata, Maghila, Guerwawa, Awraba, Houwara, etc. qui s’établirent, comme à l’époque des Idrissides, chacune dans un quartier à part auquel elles donnèrent leurs noms.

Le règne des Almoravides (1040 – 1147 J.-C) et Almohades (1147 – 1269 J.-C) était surtout marqué par l’unification de la ville d’Idriss à l’intérieur d’un seul rempart, mais aussi l’extension de l’espace urbain vers la région ouest par la création d’une casbah[11] où furent implantés le palais de gouvernement et les habitations des hauts responsables de l’Etat ainsi qu’un camp militaire.

 Cette extension a été d’avantage concrétisée par les Mérinides (1244 – 1465 J.-C) à travers la fondation (en 1276 J.-C) de la ville royale, le Fès jedid, qui évoluera en trois entités majeures : le Palais et ses dépendances, le quartier juif ou “Mellah” où furent désormais installés tous les habitants de la ville de confession juive[12], et un autre quartier résidentiel occupé surtout des courtisans du sultan et de contingents militaires. Par ailleurs, l’auteur du “masalik al-absar”[13] évoque l’existence dans la ville neuve d’un faubourg occupé par une milice chrétienne  (“rabad an-Nassara”) qui fut sollicitée par les souverains mérinides pour faire partie de leurs troupes de garde. Il en va de même pour des archers syriens placés, pour leur part dans une caserne sise « au Sud de la ville, dont elle était séparée par un mur »[14].

Le Fès-jedid était pourvu de divers équipements fonctionnels urbains dont notamment une grande mosquée, des espaces de commerce, des étables pour les chevaux, et des magasins à grains. Au XVIème s., il était surtout habité, aux dires de Léon-L’Africain, par ceux « qui descendent de vrai tige des seigneurs et quelques courtisans » et par « des personnages non nobles exerçant les offices que dédaignent tenir les hommes de réputation et d’honneur »[15]. On n’y trouve que peu de vestiges des palais et autres demeures somptueuses bâtis jadis pour les grands dignitaires.

Suite à la stabilité politique et sociale que devait connaitre la ville de Fès au temps de la dynastie saâdienne (1509 – 1659), et notamment la période du règne du sultan Ahmed el-Mansour (1578 – 1603), l’espace urbain ancien avait subi une extension importante au niveau des quartiers sud au détriment des vergers privés. Néanmoins, le déclin des Saâdiens étaient à l’origine du recul de l’urbanisation en raison de l’anarchie survenue après la faiblisse du pouvoir central et la prédominance de l’insécurité.

Un fait particulier qui caractérisa la société de Fès au début du XVIIèmes. fut la répartition de Fès el-bali en trois sections (Adoua) distinctes ayant chacune un chef particulier (Pl. 1). Les trois sections en question (Lamtiyyine, Andalous al-Qaraouiyine et la Adwa) ne constituaient pas, selon N. Cigar[16], l’expression d’une ségrégation ethnique évidente de la population de la ville. En effet, la section était une structure d’organisation géographique pour une population hétérogène et, c’était plutôt l’origine de « l’élite » de chacune d’elles qui marque la différence. A ce titre, l’élite d’al-Lamtiyine était d’origine berbère; celle des deux autres sections était d’origine arabo- andalouse.

          Le professeur Mezzine[17] établit une distinction plus concrète. Il précise que les habitants de la section d’el-Lamtiyine au début du XVIIème s., étaient dans leur majorité originaires des campagnes avoisinant la ville, notamment la région de Lamta au Nord de Fès.

Les résidents d’el-Adwa étaient en revanche composés des anciennes familles de la médina. La troisième Adoua enfin était occupée depuis les Xème et XIèmes.de l’Hégire (XVème– XVIème J.-C) d’un grand nombre d’Andalous.  

  L’opposition d’intérêts politico-économiques entre les notables de la ville (Ahl Fas) lors des troubles du début du XVIIème s., aurait poussé ceux-ci à instaurer le découpage en sections pour assurer leur sécurité et sauvegarder leurs biens.

          Cette organisation devait régner jusqu’à vraisemblablement la première moitié du XIXèmes. Nous relevons tout de même deux groupes qui, selon Norman Cigar, « n’étaient guère considérés comme appartenant à la section »[18], il s’agit des Chorfas[19] et des “Baldiyines”.

            Les premiers avaient bénéficié, bien avant l’avènement des Alaouites, d’un statut particulier et d’un prestige moral au sein de la société. La « noble ascendance », surtout pour les Chorfas idrissides de Fès, leur avait permis de s’attribuer une position de droit dans la ville . Ils étaient répartis dans toutes les sections et généralement, comme le révèle Garcia Arenal, « sous la protection de la dynastie régnante »[20].

          Pour sa part, le groupe des Baldiyine, désignés également par « al-Mohajirine » (les émigrants), se définit par les liens de sang. Ce sont des musulmans descendants de juifs fessis qui s’étaient convertis à l’Islam, « certains dès le XIIIème s., la plupart dans la première moitié du XVème s. »[21]. les Baldiyine vont  toutefois s’intégrer progressivement dans la société fessie.

Selon Mohamed Kably, les différents groupes sociaux d’origine ethnique ou quasi ethnique (Baldiyine, Chorfa, Andalous…etc.) « avaient surgi en tant que tels au XVèmes. nourris en partie par les gouvernants marinides qui trouvaient plus aisément gouvernable une ville aux cloisonnements étanches»[22].

Pour ce qui est du peuplement de Fès el-jedid, en dehors de la communauté juive du quartier “Mellah”, le voisinage du palais devait recevoir une population hétérogène ayant une vocation militaire prononcée.

          C’est ainsi que le sultan alaouite Moulay Rachid (1667 – 1672) fit créer, au Nord de l’enceinte mérinide une vaste casbah[23] afin d’abriter des troupes de soldats originaires des tribus « Cheraga au XVIIème, Oudaïa au XIIIème, Cherarda au XIXème, dont le nom lui est resté »[24]. Les Cheraga campaient avant cette date dans « le quartier dit de Moulay Abdallah, lequel se peupla précisément au début du XVIIIème s. »[25].

          Au XIXème s. on assiste à la venue à Fès des tribus des Btatha et Blaghma, originaires de la région de Tafilalet, qui furent placées dans la partie est de Fès jedid, la première dans la rue qui porte encore leur nom, au  niveau du chemin de ronde du rempart mérinide. Les tours de l’enceinte y étaient ainsi habitées, et l’on construisait des masures de part et d’autre d’une ruelle centrale. Les Blaghmas étant quant à eux installés à l’angle sud-est de la ville neuve, à l’intérieur des remparts[26].

          Le changement de la fonction et la disposition originales des lieux par l’implantation de nouveaux groupements humains n’a pas touché l’espace urbain de Fès-jedid seulement, mais aussi l’ancienne médina (ou Fès el-bali), lorsque le sultan Moulay Rachid, ordonna la fondation d’une casbah à l’emplacement d’un jardin privé du quartier de Boujloud (la casbah des Filala dite aussi : casbat an-Nouar ou al-Anouar), pour accueillir plusieurs familles originaires de Tafilalt, venues pour soutenir l’établissement de son pouvoir à Fès vers 1666. Cette casbah prenait dès lors l’aspect d’un quartier autonome qui, par les remparts qui le délimitent, et la grande porte fortifiée qui le dessert, nous rappelle l’aspect de l’architecture des ksours du sud du Maroc et de la région de Tafilalt d’où les résidents de la “casbat Nouar” étaient originaires.

Le cantonnement de la population de Fès, entre les XVIIème et le XIXèmes, en différents groupements (géographiques et quasi ethniques) distincts émanait en premier lieu de l’instabilité politique qui régna dans la ville et au Maroc en général à cette époque. Une autre conséquence de cette crise était notamment la prolifération d’organisations confrériques dans la ville.

Pl. 2. Plan de masse des quartiers de l’ancienne médina de Fès

Les noms encadrés sont ceux des quartiers créés depuis le Protectorat (en 1912)

                                                                   (Source : Roger Le Tourneau, Fès, p.119)

En effet, outre les principales confréries (Issaouiya, Ouazzaniya, Nasiriya…etc.), on assista à la naissance à Fès, d’un grand nombre d’ordres et de congrégations secondaires, parfois autochtones, qui sont dues à des marabouts (Awliyae), des savants (Ulémas) ou descendants du prophète (Chorafa ) dont la famille, comme le précise Voinot, «s’est groupée autour du tombeau de l’ancêtre avec des rites particuliers »[27]. Parmi ces ordres, on cite : les Fassiyine, les Sqalliyine, les Kittaniyine, les Ghaziyine, les Yahyaouiyine…etc. Les Chorfas Ouazzaniyine de Fès se sont installés, au quartier du Derb El-Amer (au Nord-est de l’ancienne médina), où ils avaient édifié, depuis au moins le XIXème s., une zaouiya, un cimetière privé, des habitations et quelques équipements urbain, sur un espace assez étendu constitué de plusieurs ilots autonomes.

  1. Métiers et topographie urbaine :

Si Fès accueille « des gens de toute condition, de tous les pays, et de tous les métiers »[28], elle ne cessera non plus de tout temps d’attirer de nombreux artisans et maîtres d’œuvre de tout le Maroc. Les informations fournies par les sources écrites révèlent l’ancienneté de l’organisation des corps de métiers en corporations distinctes comme en témoignent l’existence du nom de “bab al-Fakhkharin al-Qodama” (porte des anciens faïenciers) donné à l’une des portes almoravides de la mosquée Karaouiyine.

La répartition par spécialité des activités économiques au sein de la médina se manifeste concrètement à l’époque almohade[29]. Ces activités étaient généralement localisées, à partir du centre urbain de la ville (la mosquée Karaouiyine et ses abords), suivant une hiérarchie spatiale qui reflète leur importance relative. Les métiers les plus estimés (commerce de tissus importés, de la soie…etc) étant placés le plus près de la Grande Mosquée. Quelques métiers en revanche occupent les abords de la rivière (les teinturiers, les tanneurs, les dinandiers…etc) ; tandis que les potiers se placent à proximité des remparts est en vue de favoriser l’évacuation, à l’extérieur de la ville, de la fumée dégagée par les fours dont ils se servent pour la cuisson des pièces de céramique et les produits incorporés à l’émail.

Léon – l’Africain et Marmol ont laissé chacun un tableau très complet de l’activité économique de Fès au XVIème s. « Elle est organisée de la même manière que trois siècles plus tard. Les chiffres donnés sont nettement supérieurs aux chiffres de 1912 »[30].

La localisation de certains corps de métiers dans la ville était exclusivement liée à l’existence de l’eau. C’est ainsi que deux grandes maisons de tannerie se plaçaient à proximité immédiate de la rivière, tandis que deux autres profitent du flux abondant de deux sources[31]. Pour leur part, la majorité des moulins à grains de la ville se localisent sur les branches de la rivière qui la traversent, notamment sur la rive des Kaïrouanais, au niveau des voies et zones qui se caractérisent par leur forte dénivellation topographique. Ces équipement se trouvaient ainsi très souvent au sein des quartiers voués à la résidence, auprès des équipements urbains de proximité tels le four à pain, le bain, l’école coranique, et quelques boutiques de denrées alimentaires.

III. Les renseignements de la toponymie :

          La  liste  des  toponymes   urbains   telle   qu’elle   a   été   fournie   par  El-Kettani (“Salwa”)  en 1900 est, dans sa grande majorité, encore en usage à l’ancienne médina[32]. Elle comprend un nombre considérable de noms de lieux et de bâtisses utilisés pendant les époques anciennes (des Idrisside aux alaouites), et conserve encore l’empreinte de l’organisation en allotissements tribaux de l’espace urbain de la ville (les quartiers Masmouda, Ourbiya, Tariyana…etc), et les transformations qui les avaient touchées aux époques postérieures (jusqu’au début du XXème s.).

          Les appellations des quartiers, des ruelles et des impasses renvoient aussi très souvent à des noms de familles (Zouqaq ar-Rommane, darb Drissiyine…etc), ou à des personnages illustres, savants, notables ou hommes pieux (darb Bou Haj, rue sidi Ahmed Ben Yahya[33], darb el-Maqri[34], Aqbet Sidi M’hamed Belafqih…etc.), et plus rarement à des groupements religieux comme pour l’ancien quartier juif (“Fondouk Lihoudi”[35]) et le darb er-Roum (“la ruelle des Chrétiens”).

          On assiste parfois à la combinaison entre deux caractéristiques en attribuant par exemple le quartier situé dans un terrain en pente au personnage illustre qui y a résidé (Âkbet el-Mekkoudi, Âkbet Ben Debbous, Âkbet  Ben Saoual…etc.).

            Les sources d’eau conférant leurs noms aux espaces urbains où elles se situent, étaient le plus souvent attribuées à un ou plusieurs personnage (s) qui, dans la pensée populaire, leur étaient liés par un fait historique ou une relation particuliers (Aïn Âllou et Aïn Azliten par exemple).

D’autres informations liées à la nature d’appropriation de l’espace urbain de la ville sont rapportées par les toponymes comprenant la notion de “jazae” (prononcé localement : “gzam”) comme les jazae  Ben Zakkoum, jazae  Ben Âmir, et jazae Ibn Abi Barqouqa.

          Le “jazae”, en tant que « terre du Makhzen concédée moyennant redevance foncière »[36], s’était constitué comme tel selon al-Jaznnaï après l’élévation de la muraille de Fès par Idris II. Avant l’achèvement de sa construction, les différentes tribus eurent la possibilité d’occuper les terrains qu’ils choisirent sans verser de droit[37].

          Nombre important de rue et quartiers conservent des dénominations qui se rapportent aux activités économiques, artisanales et commerciales, exercées dans la ville. Il s’agit notamment des souks spécialisés occupant une grande superficie de l’espace urbain (Cherratine, Âttarine,  Sagha, Nouaâriyine…etc.).

          Enfin, un des ponts (pont Bin Lamdoun, pont d’entre les villes) évoque le souvenir de l’époque zénète (Xèmes.J.-C) où furent aménagées les deux “Adwas” de Fès en deux villes distinctes confrontée l’une contre l’autre.

Cela dit, il y a lieu de constater, qu’à partir du XVème s., les appellations anciennes de plusieurs rues, places et quartiers de la médina ont été remplacées par des noms de saints dont les tombeaux et/ ou zaouia ou demeures y furent installées : Sidi M’hamed Belafqih, Sidi Moussa, Sidi Ahmed Chaoui..etc.

On avait l’habitude dans les villes marocaines et celle de l’Andalousie à l’époque médiévale d’installer aux abords immédiats extérieurs du rempart, quelques équipements urbains particuliers dont le Mossalla d’al-Aid[38], et le marché forain hebdomadaire. Mais auprès de ce dernier, avait aussi pris place à Fès, selon les sources écrites[39], le “faubourg des lépreux”, désigné encore par « harate al-Joudama » (le quartier des lépreux) ou aussi « harate al-Marda » (le quartier des malades), que les autorités locales de la ville avaient l’habitude, de placer dans cette zone, avec le consentement des habitants. Ce toponyme revient fréquemment dans les textes anciens mais ne laisse encore aucun indice (architectural ou archéologique) sur le terrain.

  1. Hiérarchie sociale et urbanisation :

Au cours des premières périodes de sa fondation, il était très difficile de parler d’une hiérarchisation de quartier au sein de la médina de Fès. Une simple visite du terrain permet de constater la coexistence, dans un même quartier, voire dans la même ruelle, de grandes demeures de dignitaires, et de maisons modestes d’artisans. On constate tout de même que les savants (Oulémas) et grands commerçants avaient, depuis l’époque idrisside, une préférence à s’installer auprès du Mausolée de Moulay Idriss considéré comme le saint-fondateur de la ville, et la Grande Mosquée Karaouiyine et, dans une époque tardive, à proximité de certains grands bâtiments religieux tels la medersa Bouinania, le mausolée de Sidi Ahmed Chaoui, ou  la Zaouiya Tijania. La concentration des habitations de la « classe sociale» des grands commerçants et savants au centre urbain ancien avait comme conséquence la naissance d’impasses sinueuses et très étendues abritant des dizaines de demeures luxueuses pourvues d’une riche décoration monumentale[40].

Par ailleurs, avec la fondation de Fès- jedid, les dignitaires de l’Etat étaient contraints de côtoyer le Palais. Les anciennes résidences des émirs almoravides et almohades à Boujloud étaient en revanche occupées par le Gouverneur de la ville et ses proches et courtisans.

Cela dit, dans la ville royale, les grands quartiers de “Fès- jedid” et “Moulay Abdallah” abritent, auprès d’habitations modestes, quelques maisons opulentes tels le dar el-Bacha Faraji, et celui d’el-Haj Brik, Pacha de Fès- jedid au temps du Protectorat.

Néanmoins, Au niveau du quartier Mellah, Roger Le Tourneau parle du Haut et le Bas quartier. Le premier, au Nord-Ouest de la grande rue, constituait le quartier aristocratique où existaient quelques maisons opulentes (tel le dar Ben Simhon). Le second quartier, « beaucoup plus misérable (…) abritait le menu peuple et les petits ateliers où travaillaient les artisans »[41].

Du point de vue peuplement, il n’existe pas dans la médina de Fès de quartiers nettement spécialisés, destinés à abriter des catégories sociales distinctes, comme il en avait existé dans bien d’autres villes arabo-musulmanes. Les rassemblements de personnes ayant les mêmes origines géographiques (Casbah des Filala, Casbah Cherarda..), qui étaient parfois créés par les sultans, se sont progressivement désagrégés pour que leurs membres intègrent les différents quartiers de la ville ou la quittent définitivement.

Néanmoins, on assistait depuis la deuxième moitié du XIXème s., à l’apparition d’une certaine « hiérarchie » des quartiers qui se traduit par la préférence de certains dignitaires et grands commerçants de la ville d’élever des demeures spacieuses avec jardins (maisons de types riyads) dans les zones périphériques intra-muros comme les quartiers Zenjfour, Ziat, et Lahbiyel.

Conclusion :

Comme pour la majorité des villes arabo-musulmanes, la création de la ville de Fès était conditionnée par un certain nombre de facteurs liés à l’importance de sa situation géographique, la proximité des terrains arables et les zones d’élevage, l’abondance des eaux et la disponibilité des matériaux de construction. La gestion urbaine de la cité devait en principe répondre aux contraintes socio-culturelles des habitants, et aux conditions permettant l’épanouissement de leurs activités économiques et garantir leur sécurité. Nombre d’historiens et de chercheurs contemporains avaient mis l’accent sur l’apport décisif que devaient avoir les institutions de la hisba et des habous pour la gestion de l’urbanisme de la ville et ses différents types d’équipements (religieux, économiques, sociaux et culturels). Néanmoins, il s’avère nettement que les origines, les activités et la confession des différents groupements sociaux qui composent la population avaient joué de tous temps un rôle essentiel dans cette gestion et avaient concrètement marqué l’aspect de l’espace urbain, son organisation et ses limites. Les décisions des responsables « politiques » (sultans, gouverneurs, chefs de sections..etc) étaient par ailleurs à l’origine de plusieurs actions de réaménagements urbains qui ont pris des formes variables allant de l’extension des limites de la cité[42] aux travaux de requalification de certains quartiers en leur affectant de nouvelles fonctions[43].

On ne peut prétendre appréhender les étapes de l’évolution de l’espace urbain de la ville de Fès à travers son histoire sans revenir aux changements qui ont continuellement touché la composition de la structure sociale de sa population. Les données relatives à cette structure ont été fréquemment relatées par les sources écrites, et peuvent aussi être perceptibles à travers l’analyse des noms des lieux. A cet effet, l’étude toponymique nous révèle, les limites approximatives de la ville dans son évolution, ainsi qu’une forme très ancienne (pré-mérinide) du quartier, en l’occurrence le « quartier élémentaire » [44] au sein duquel s’était développée jadis la vie communautaire avant qu’il ne soit modifié suite au développement des besoins socio-culturels de la population citadine.

Le mode de vie et les savoirs-faire que mènent et pratiquent les différents groupements sociaux n’avaient pas affecté l’aménagement de l’espace urbain seulement mais aussi la disposition intérieure des habitations qu’ils occupaient dans la ville. En fait, nous estimons  qu’il serait très utile d’aborder le thème de l’architecture domestique citadine traditionnelle dans nos prochaines recherches au vue de l’intérêt et la richesse des informations qu’elle véhicule pour l’étude de l’art et l’histoire du Maroc.

Notes :

[1] – La médina de Fès s’étend sur environ 320 Hectares.

[2] – Nous désignons à ce propos le tissu urbain traditionnel qui se caractérise par l’homogénéité des matériaux et techniques constructives et décoratives traditionnels (pisé, maçonnerie de brique cuite, mortier de chaux et de sable ..etc) qui ont connu une modification radicale à partir de 1912, par l’utilisation de plus en plus importante, dans les quartiers périphérique de la ville, et dans la ville nouvelle (extra-muros) du béton armé et du ciment pour l’élévation de différents types de bâtisses.

[3] – Voir à titre d’exemple les informations rapportées à ce sujet par :

Régis Blachère, « Fès chez les géographes arabes du Moyen Âge », Hespéris, XVIII, 1934. pp. 41 – 48.

L’ancienne média de Fès (dite Fès el-bali) s’étendait lors de sa fondation sur deux rives distinctes (droite et gauche) à peine séparées par une rivière qui porte le nom de la ville (“Oued Fès”) ou “Oued el-Jawahir” (la rivière des perles).

[4] – Ali Ibn Abi Zare, Al-anis al-motrib bi rawd al-qirtas fi akhbar moulouk al-maghrib wa tarikhi madinati Fas, dar al-Mansour li at-tibaâ wa al-wiraqa, Rabat, 1973, pp. 45 – 46.

[5] – Ibid, p. 46.

[6] – Roger Le Tourneau, Fès avant le Protectorat, Edition La Porte, Rabat, deuxième édition, 1987, p.44.

[7] – Ibidem.

[8] – André Raymond, Grandes villes arabes à l’époque ottomane, Sindbad, Paris, 1985, p. 135.

[9] – Adwa désignant la rive

[10] – Ali Ibn Abi Zare, Rawd al-qirtas, Op. Cit., p. 46.

2 – Casbah fondée à l’emplacement de l’actuelle « place de Boujloud ».

[12] – La communauté juive de la ville vécut, avant cette date, au sein de l’ancienne médina. Les sources écrites évoquent l’existence, au temps des Almoravides, de demeures en possession de quelques habitants juifs au centre urbain ancien, à proximité immédiate de la grande mosquée Karaouiyine. Elles relatent aussi l’installation de la population juive dans un quartier autonome sis dans la zone nord de l’ancienne médina, avant leur transfert à l’époque mérinide au quartier du Mellah.

Ibn Abi Zare (dans son “rawd al-qirtas”) avance l’an 677H/1278 J.-C comme date du transfert des Juifs au Mellah suite aux heurts qui se sont éclatés entre eux et la population musulmane à Fès el-bali. Ibn  al-Kadi parle de sa part de l’an 674/1275, (Ahmed Ibn  al-Kadi, Jadouate al-iqtibas fi dikri man halla mina al-aâlam madinata Fas, Tome 1, dar al-Mansour li al-tibaâ oua al-ouiraqa, Rabat, 1974, p. 51).

[13] – Chihab ad-dine Ibn Fadl-Allah Al-Omari, Massalik al-absar fi mamalik al-amsar, Tome 4, markaz Zaid li at-tourate wa at-tarikh, al-Aïn, 2001, pp. 111 – 112.

[14] – Henri Bressolette et Jean Delarozière, « Fès-jedid, de sa fondation en 1276 au milieu du XXème s. », Hespéris Tamuda, Vol. XX – XXI, Fasc-unique, Casablanca, 1981-1982, p.258.

[15] – Jean Léon-L’Africain (Al-Hassan al-Wazzan), Description de l’Afrique, Tome I, traduit en arabe par : Mohamed Hajji et Mohamed Lakhdar, Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, Deuxième édition, 2000, p. 285.

[16]– Norman Cigar, « Société et vie politique à Fès sous les premiers alaouites (1660 – 1830) », Hespéris Tamuda, 1978 – 79, pp. 93 – 172.

[17] – Mohamed Mezzine, Fas wa badiyatouha (mosahama fi tarikh al-Maghrib as-saâdi), Tome I, publication de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rabat, 1986.

[18] – Norman Cigar, «Société et vie politique», Op. Cit., p. 11.

      [19] – Il s’agit des familles considérées comme descendantes du prophète.

[20] – Mercedes Garcia-Arenal, « Les Bildiyyin de Fès, un groupe de néo-musulmans d’origine juive », Studia Islamica, LXVI, Paris, 1987, p. 114.

[21] – Ibidem.

[22] – Mohamed Kably, Société, pouvoir et religion au Maroc à la fin du Moyen Age, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 1989, p. 293.

[23] – La casbah s’étend sur un terrain de 400 m de long et 550 m de large.

[24] – Henri Bressolette et jean Delarozière, « Fès-jedid », Op. Cit., p.270.

[25] – Ibid., p. 271.

[26] – La venue à Fès de ces deux tribus est la conséquence des luttes acharnées survenus dans la région du Tafilalet à la première moitié du XIXème s. Le sultan Moulay Abderrahmane (1822 – 1859) a décidé de les transplanter en bloc à Fès suite à la dévastation de leurs villages (douars) par la tribu des Aït Atta. Ce déplacement d’ensemble a poussé les deux tribus d’amener leur saint et de l’inhumer auprès de leurs nouvelles habitations.

[27] – Louis Voinot, « Confrérie et zaouiyas au Maroc », Bulletin de la Société des Géographes de l’Algérie, Oran, 1934, p. 37.

[28] – Ali Al-Jaznnaï, Jana zahrat al-As fi binae madinat Fas, al-matbaâ al-malakiya, Rabt, 1991, p. 26.

[29] – Al- Jaznnai parle à cette époque de corps de métiers différents tels el-Mellahine, el-Harrarine, El -Qarraqine, al-Qassabine…etc (Ibid, pp. 44 – 45 et p. 72)

[30] – Roger Le Tourneau, Fès, Op. Cit., p. 76.

[31] – Les sources d’eau de Aïn Azliten et Sidi Moussa.

[32] – Mohamed Al-Kattani, Salouat  al-anfas oua mohadatat  al- akiyas biman okbira mina  al- Ulamae  oua  as-solahae  bi Fas, lithographié, Fès, 1900. (3 tomes).

[33] – Le fondateur de la Zaouiya du même nom (mort en 985H/1577).

[34] – Secrétaire particulier des sultans Mohamed IV et Hassan Ier. Il a été nommé Ministre des finances (de 1908 à 1911), puis Grand Vizir (de 1911 à 1955) par le sultan Moulay Abdelhafid.

[35] – Quartier désigné dans les sources écrites par : “Aghlan”.

[36] – Emile Amar, Kitab  « al-Miâyar », Archives Marocaines, T. XIII, Ernest Leroux, Paris, 1909, p. 293.

[37] – Ali Al-Jaznnai, Zahrat al-as, Op. cit., p. 26.

[38] – Espace dédié à la prière de la fête du Fitr et celle d’al-Adha.

[39] – Voir à ce propos : Ali Al-Jaznnai, Zahrat al-as, Op. Cit., p. 25.

[40] – Nous citons comme exemple de ce type d’impasses, le “derb Sbaâ Louyate” (l’impasse aux sept tournants), sis à proximité immédiate de la Grande mosquée Karaouiyine.

[41] – Roger Le Tourneau, Fès, Op. Cit, p. 104.

[42] – La fondation de Fès-jedid par exemple par le Mérinide Abou Youssef Yaâcoub en 1276 J.-C.

[43] – C’est le cas par exemple du quartier de Moulay Abdallah qui abrita les étables du palais avant qu’il ne soit ouvert à l’urbanisation au début du XVIIIème.

[44] – Le “quartier élémentaire” « se présente généralement sous forme d’un ensemble d’impasses et de ruelles[44] desservies par une rue ou ruelle capitale qui se développe parfois en placette. » (Mouhcine El Idrissi El Omari, L’espace urbain de la médina de Fès à l’époque alaouite, Afrique – Orient, Casablanca, 2010, p.61).

Bibliographie :

Les Sources :

–  Ahmed Ibn  al-Kadi, Jadouate al-iqtibas fi dikri man halla mina al-aâlam madinata Fas,  Tome 1, dar al-Mansour li al-tibaâ oua al-ouiraqa, Rabat, 1974

–  Ali Al-Jaznnaï, Jana zahrat al-As fi binae madinat Fas, al-matbaâ al-malakiya, Rabt, 1991.

  • Ali Ibn Abi Zare, Al-anis al-motrib bi rawd al-qirtas fi akhbar moulouk al-maghrib wa tarikhi madinati Fas, dar al-Mansour li at-tibaâ wa al-wiraqa, Rabat, 1973.
  • Chihab ad-dine Ibn Fadl-Allah Al-Omari, Massalik al-absar fi mamalik al-amsar, Tome 4, markaz Zaid li at-tourate wa at-tarikh, al-Aïn, 2001.
  • Mohamed Al-Kattani, Salouat al-anfas oua mohadatat  al- akiyas biman okbira mina  al- Ulamae  oua  as-solahae  bi Fas, lithographié, Fès, 1900. (3 tomes).
  • Jean Léon-L’Africain (Al-Hassan al-Wazzan), Description de l’Afrique, Tome I, traduit en arabe par : Mohamed Hajji et Mohamed Lakhdar, Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, Deuxième édition, 2000.

Etudes et recherches contemporaines :

  • Abdelaziz Touri, Les oratoires de quartier de Fès : essai d’une typologie, thèse de doctorat de troisième cycle, Université de Paris- Sorbonne, Paris IV, 1980.
  • André Raymond, Grandes villes arabes à l’époque ottomane, Sindbad, Paris, 1985.
  • Emile Amar, Kitab al-Miâyar, Archives Marocaines, T. XIII, Ernest Leroux, Paris, 1909.
  • Henri Bressolette et Jean Delarozière, « Fès-jedid, de sa fondation en 1276 au milieu du XXème», Hespéris Tamuda, Vol. XX – XXI, Fasc-unique, Casablanca, 1981-1982, pp. 245 – 285.
  • Jacques Revault et alii, Palais et demeures de Fès, Epoque alaouite (XVIIème – XVIIIème s.), CNRS, Paris, 1989.
  • Louis Voinot, « Confréries et zaouiyas au Maroc », Bulletin de la Société des Géographes de l’Algérie, Oran, 1934, pp. 1-97.
  • Mercedes Garcia-Arenal, « Les Bildiyyin de Fès, un groupe de néo-musulmans d’origine juive », Studia Islamica, LXVI, Paris, 1987, pp. 113 – 143.

Mohamed Mezzine, Fas wa badiyatouha (mosahama fi tarikh al-Maghrib as-saâdi), Tome I, publication de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rabat, 1986.

  • Mohamed Kably, Société, pouvoir et religion au Maroc à la fin du Moyen Age, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 1989.
  • Mouhcine El Idrissi El Omari, L’espace urbain de la médina de Fès à l’époque alaouite, Afrique – Orient, Casablanca, 2010.
  • Norman Cigar, « Société et vie politique à Fès sous les premiers alaouites (1660 – 1830) », Hespéris Tamuda, 1978 – 79, pp. 93 – 172.
  • Roger Le Tourneau, Fès avant le Protectorat, Edition La Porte, Rabat, deuxième édition, 1987, p. 44.
  • Régis Blachère, « Fès chez les géographes arabes du Moyen Âge », Hespéris, XVIII, 1934. pp. 41 – 48.

Liste des Planches :

  • 1. Plan de la médina de Fès (Fès-jedid et Fès el-bali).
  • 2. Plan de masse des quartiers de l’ancienne médina de Fès
4.7/5 - (13 صوت)

المركز الديمقراطى العربى

المركز الديمقراطي العربي مؤسسة مستقلة تعمل فى اطار البحث العلمى والتحليلى فى القضايا الاستراتيجية والسياسية والاقتصادية، ويهدف بشكل اساسى الى دراسة القضايا العربية وانماط التفاعل بين الدول العربية حكومات وشعوبا ومنظمات غير حكومية.

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

زر الذهاب إلى الأعلى