Les compétences numériques et l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement

Prepared by the researche :CHOUKRI MHAMED – Université Hassan II Casablanca – Faculté des lettres et des sciences humaines de Mohammedia- Maroc

Democratic Arabic Center

Journal index of exploratory studies : Thirteenth Issue – April 2024

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

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Résumé

Cet article contribue à analyser l’impact des compétences numériques sur l’utilisation de l’IA dans l’enseignement apprentissage au Maroc. En fait, Nous tentons de répondre à la question problématique suivante : À quel point les compétences numériques requises lors des formations en TICE permettent-elles aux enseignants marocains d’intégrer l’IA dans la pratique de classe ? Concernant l’étude empirique, nous avons doté l’approche positiviste par le biais d’une méthode quantitative ; un questionnaire a été envoyé en ligne aux enseignants recevant une formation dans ce domaine. Les résultats obtenus ont montré que les formations en TICE contribuent à développer les compétences numériques des enseignants marocains avec un taux de 64%, alors que 60% affirment l’utilisation des outils de l’IA à des fins personnelles. Il est à noter que la moitié des enseignants ont fait référence à l’utilisation de l’IA dans le cadre professionnel, mais il y a des obstacles qui empêchent son utilisation de manière appropriée.

Introduction

Au cours des dernières années, nous avons constaté une évolution rapide des nouvelles technologies, ce qui a eu des conséquences directes sur notre société actuelle. À cause de la révolution numérique, les différents aspects de la vie humaine ont été complètement transformés, ainsi que notre mode de vie, à différents niveaux économiques, sociaux et culturels. Grâce à ces technologies, il a été possible d’avoir une bonne maîtrise de l’information, une collecte et un stockage simplifiés en termes de distribution de données.

En raison de la concurrence internationale intense, le développement économique d’un pays est devenu fortement lié à sa capacité à accompagner ces transformations et à les maîtriser pour exploiter au mieux ses capacités disponibles et renouvelables. L’emploi des nouvelles technologies sont devenues essentielles pour toutes les institutions en raison de leur avantage considérable en matière de stockage et de traitement rapide et précis.

En effet, Ces technologies ont donné naissance à ce qu’on appelle « l’intelligence artificielle », un domaine qui a notablement modifié le monde du logiciel et qui a réussi à s’imposer dans tous les aspects de la vie active en offrant la possibilité de créer des machines intelligentes capables d’accomplir des tâches complexes.

Dans cette optique, il est primordial d’investir dans les ressources humaines pour assurer le développement et la modernisation d’un pays, et contribuer à sa réussite à l’échelle internationale. Un citoyen qui innove en prenant en considération les préoccupations de son pays, capable de surmonter les défis pour avancer et se développer.

Dans ce même sillage, le Maroc, après plusieurs crises, a placé la réforme de son système éducatif en tête de ses priorités en donnant une grande importance aux technologies modernes dans l’éducation. Le système éducatif a décidé de mettre en place la décennie de la charte nationale de l’éducation et de la formation (2000-2010). L’objectif principal est de « parvenir à une utilisation optimale des ressources numériques, et de tirer le meilleur parti possible de nouvelles technologies de l’information et de la communication » (Ministère de l’éduction nationale du Maroc, 2000, p. 23)

À cet égard, le système éducatif marocain a adopté, depuis 2005, l’idée de diffuser de nouvelles technologies. Dans le but d’améliorer l’efficacité de l’enseignement et de l’apprentissage, il a mis en place le programme Généralisation des technologies de l’Information et de communication dans l’Enseignement. (Génie) qui permettra d’améliorer les compétences et les aptitudes des enseignants dans leur manière d’enseigner.

Ce programme a visé former 230.000 enseignants dans le domaine des Technologies d’Information et de Communication dans l’Enseignement (TICE). De cette manière, les former à l’utilisation et à l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans leurs pratiques d’enseignement, dans le but d’améliorer les apprentissages des élèves.

En s’appuyant sur ce qui précède, cette étude se penche sur l’importance et l’influence des compétences numériques acquises lors des formations en TICE sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement et l’apprentissage en tentant de répondre à la question problématique suivante :

À quel point les compétences numériques acquises lors des formations en TICE permettent-elles aux enseignants marocains d’intégrer l’IA dans la pratique de classe ?

Pour répondre à notre problématique de recherche, nous nous concentrons sur les questions suivantes :

1. les formations en TICE contribuent elles de renforcer les compétences numériques des enseignants de l’enseignement primaire ?
2. les compétences numériques requises permettent elles aux enseignants d’utiliser l’IA pour des fins personnelles et professionnelles ?
3. Existe-t-il des difficultés qui entravent l’usage de l’IA dans l’action pédagogique ?

Cadre conceptuel :

1. L’intelligence artificielle :
   • Définition :

Leake, D.B a défini l’intelligence artificielle (IA) comme « une branche de l’informatique » qui étudie les exigences informatiques pour des tâches telles que la perception, le raisonnement et l’apprentissage, et développe des systèmes pour effectuer ces tâches (Leake, 2001). C’est un domaine fascinant qui combine la science et la technologie pour concevoir des machines intelligentes capables de reproduire des compétences humaines.

L’IA vise à créer des machines qui peuvent penser et agir de manière similaire à celle des êtres humains. Ces machines sont dotées de programmes qui les rendent aptes à la résolution de problèmes complexes et à l’analyse des données. Or, Jean-Gabriel Ganascia spécialisée en IA et en modélisation cognitive prévoit que « la complexité de l’intelligence artificielle dépasse notre entendement immédiat et suscite nombre d’idées reçues ». (Ganascia, 2017), le principe fondamental de l’intelligence artificielle consiste à imiter et à surpasser la manière dont les humains perçoivent et interagissent avec leur environnement.

Cela se transforme rapidement en l’un des éléments centraux de l’innovation. Une fois que l’IA est dotée de différentes formes d’apprentissage automatique qui reconnaissent les modèles de données, elle peut ajouter de la valeur au travail, ainsi utiliser des prédictions pour automatiser des tâches d’une complexité extrême et des tâches courantes et approfondir notre compréhension du débordement des données disponibles.

• Les outils d’utilisations de l’IA dans l’enseignement :

l’IA façonne également l’avenir de l’éducation en la rendant entièrement basée sur la technologie. Les méthodes d’enseignement traditionnelles sont transformées par l’éducation basée sur l’IA ; elle offre la possibilité de communiquer avec un robot afin d’obtenir une aide rapide, tels que des salons de chat automatisés et des enseignants virtuels, ce qui favorise grandement l’apprentissage autonome.

Grâce à l’utilisation du traitement du langage naturel et des algorithmes d’apprentissage automatisés, les chatbots offrent un soutien immédiat et personnalisé aux enseignants et aux étudiants, en répondant à leurs questions et en leur fournissant des conseils à chaque étape de leur apprentissage. À l’aide de cette méthode, et pour rendre l’information plus accessible et mémorable, il est possible de concevoir des expériences éducatives interactives et attractives.

Par conséquent, l’utilisation de l’IA dans le secteur de l’éducation modifie la manière dont les élèves apprennent en leur proposant une expérience d’apprentissage adaptée à leurs capacités et exigences individuelles. Parmi les outils les plus importants qui ont pu intégrer l’intelligence artificielle dans leur expérience éducative, on peut citer :

1. Les plateformes :

L’éducation en ligne est en passe d’être révolutionnée par les plateformes grâce à l’intelligence artificielle. Google Classroom, Google Scolar, Corsera et d’autres plateformes sont parmi les meilleurs outils d’intelligence artificielle dans le secteur éducatif. Elles font partie des applications les plus reconnues et les plus largement diffusées, qui facilitent de nombreuses tâches en lien avec l’enseignement, permettent aux enseignants de concevoir et de donner des devoirs aux élèves, de fournir une rétroaction et de contrôler efficacement les interactions en classe. Grâce aux algorithmes de Google Classroom, les étudiants peuvent recevoir des notes automatiquement, avoir des recommandations personnalisées, examiner leurs notes et leurs progrès pour obtenir un rapport détaillé sur leurs performances scolaires.

1. les applications d’apprentissage de langue :

Pour développer les compétences linguistiques, l’IA utilise des outils pour créer des cours de langue flexibles et pertinents qui sont adaptés à chaque enseignant. Ainsi, ils suivent l’évolution de chaque enseignant et repèrent son avancement. Parmi ces outils, nous citons :

• « ELSA Speech Analyzer » qui analyse le discours pour perfectionner la prononciation et l’élocution.
• « Andy » fait usage de la technologie de traitement du langage naturel (NLP) afin de comprendre les messages et répondre en utilisant un langage et une grammaire appropriés.
• « Duolingo Max » : deux nouvelles fonctionnalités basées sur l’IA ont été intégrées : “Explain My Answer” offre aux utilisateurs la possibilité de repérer leurs erreurs, alors que « Roleplay » met en œuvre leurs compétences en communication en interagissant avec des personnages virtuels conçus par l’IA dans des scénarios diverses.

1. Les applications de génération instantanée :

IL s’agit des applications innovantes qui font appel à la technologie de l’intelligence artificielle. Parmi ces outils, nous citons :

• ClassPoint AI est l’un des nouvelles applications qui utilise l’IA pour générer des questions de quiz à partir de n’importe quelle présentation PowerPoint, lire des présentation PowerPoint. Il permet de créer plusieurs questions pour trouver la meilleure aidant à atteindre les objectifs d’apprentissage visés.
• DALL-E est un logiciel open source développé par Open AI qui permet de créer des images en intelligence artificielle. Il offre la possibilité de créer des images en utilisant des descriptions textuelles.
• Slide AI est un outil qui utilise une technologie de pointe en intelligence artificielle pour créer des diaporamas de présentation et des conceptions basées sur la saisie de texte. Grâce à cet outil, les enseignants peuvent créer facilement des présentations attrayantes pour les utiliser en classe d’une manière interactive.

2. Les compétences numériques :

Les compétences se définissent comme « un ensemble de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes appropriées au contexte » (Un Cadre de Référence Européen, 2007, p. 4). Afin de se développer personnellement et de s’intégrer dans le marché de l’emploi, il est essentiel de posséder les compétences fondamentales, y compris celles liées au numérique.

Dans ce contexte, le cadre de référence du Ministère de l’éducation du Québec prévoit que « la compétence numérique est intimement liée au développement professionnel de tous les professionnels du 21e siècle ». (Ministère de l’éducation de Québec, 2019, p. 7). De même, le cadre de Référence Européen prévoit que « la condition préalable est la maîtrise des TIC : l’utilisation de l’ordinateur pour obtenir, évaluer, stocker, produire, présenter et échanger des informations, et pour communiquer et participer via l’internet à des réseaux de collaboration » (Un Cadre de Référence Européen, 2007, p. 7).

Dans cette perspective, le forum économique mondial qui a eu lieu à Davos en janvier 2016 a publié un article très intéressant sur les compétences-clés du 21ème siècle. (World Economic Forum, 2016). Parmi ces compétences, nous signalons la forte présence des compétences liées à celles de l’information et de la communication. En effet, les compétences liées aux TIC sont au cœur de tous les référentiels, elles sont regroupées en trois catégories : (Ouellet, 2023)

1. a) « L’information literacy » (literacy) évoque la faculté d’accéder à l’information, de l’évaluer de manière critique et de l’utiliser de façon appropriée et créative.
2. b) « L’ICT literacy » (Information and Communication Technology : l’utilisation des technologies numériques permet de comprendre ICT dans un sens plus large, incluant l’accès, la gestion, l’intégration, l’évaluation et la création d’information utile.
3. c) « Technological literacy » : il s’agit d’un concept qui met en relation les connaissances technologiques et l’utilisation des TIC pour créer des produits ou des services en réponse aux exigences de la société du savoir.

Afin que les enseignants puissent maintenir leur niveau de compétences numériques nécessaires dans leur domaine professionnel, que ce soit dans les écoles ou lors des formations, le cadre de référence des compétences numériques a été élaboré en se basant sur le cadre européen DigComp 2.1, qui définit 16 compétences numériques, réparties en 5 domaines d’activités et 8 niveaux de maîtrise. (Hart, 2023)

Tableau 1 : les compétences numériques selon le cadre européen DigComp 2.1

Dans le but d’intégrer de manière rigoureuse un certain nombre de compétences qualifiées de « compétences de demain » dans les programmes scolaires. Il est essentiel que chaque enseignant possède les compétences numériques indispensables pour les utiliser efficacement à l’école.

3. Intégration des nouvelles technologies dans l’enseignement :

Les TICE font « référence aux équipements technologiques de type numérique pouvant servir d’outils pédagogiques : Ordinateurs, serveurs, caméras numériques, caméras vidéo numériques, numériseurs, projecteurs, lecteurs de cédéroms, lecteurs de DVD, graveurs, imprimantes, modems, logiciels… » (Pauline, 2023). Elles regroupent « un ensemble d’outils conçus et utilisés pour produire, traiter, entreposer, échanger, classer, retrouver et lire des documents numériques à des fins d’enseignement et d’apprentissage » (Ahaji, 2012).

L’intégration des TICE signifie une accordance adaptée entre l’outil informatique et toutes les chaines intervenant dans le processus éducatif afin de produire des sorties de qualité. Il s’agit d’utiliser l’outil informatique dans un processus d’apprentissage, d’une façon bien déterminée et préalablement préparée afin de réaliser un certain nombre d’objectifs et de compétences. Effectivement, La discussion porte sur l’intégration des nouvelles technologies dans la pédagogie et les stratégies d’apprentissage et l’objectif est d’utiliser ces technologies modernes pour améliorer l’enseignement.

Tous les pays en développement, y compris le Maroc, ont pris conscience de l’importance de l’utilisation et de l’intégration des TIC dans leur système éducatif. Le ministère de l’Éducation nationale (MEN) accorde une grande importance aux TIC dans le processus d’enseignement-apprentissage.

 En 2000, le MEN démontre une volonté claire de réussir l’intégration des TIC dans l’éducation, car il est convaincu que cette intégration renforce la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage. (Ministère de l’education nationale, 2023).

Dans cette perspective, le MEN a initié le projet ambitieux de Généralisation des Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement (Génie). Trois axes complémentaires et indissociables sont mis en place dans ce programme : l’infrastructure, la formation des enseignants et le développement de contenus.

Selon les informations fournies par la direction centrale de ce programme, de nombreuses écoles ont bénéficié d’équipements de salles multimédias et de nombreuses sessions de formation ont été organisées pour les acteurs de l’enseignement

Dans le but d’améliorer la mise en œuvre de la stratégie Génie, la direction du programme a identifié trois leviers clés pour assurer le succès de ce programme : réviser la mise en œuvre de l’équipement dans le primaire, actualiser les modules de formation et accompagner les changements nécessaires.

Dans le cadre de ce projet, le MEN a revu sa stratégie d’équipement, en particulier au primaire, où chaque salle de cours sera dotée de 2 à 5 ordinateurs utilisés comme outils pédagogiques. Les directives de la DPG pour l’axe de la formation en TICE visent à concevoir des modules de formation adaptés aux besoins des enseignants, à élaborer un référentiel de compétences technopédagogiques pour le corps de l’éducation et à certifier les formations., La gestion des contenus a nécessité un plan d’intervention qui rassemble tous les acteurs pédagogiques : enseignant, producteurs de contenus et formateurs. (Kabbaj, 2020).

De plus, la vision stratégique 2015-2030 a intégré la « stratégie Maroc numérique » qui prévoit que l’école joue un rôle essentiel dans la diffusion des technologies de l’information et de la communication. En tenant compte des conséquences de l’intégration de ces technologies sur le progrès de l’école marocaine, c’est pourquoi elle recommande la mise en œuvre d’un programme national, dont l’objectif est de renforcer l’équipement des établissements scolaires et de formation en technologies éducatives, en salles multimédia, tout en assurant leur connexion au réseau internet et en fournissant les ressources numériques nécessaires aux bibliothèques scolaires.

Pour atteindre ces objectifs, la vision stratégique engage également à former des spécialistes dans le domaine d’innovation et de production de ressources, à améliorer l’apprentissage à distance en complément des cours en présentiel, et à promouvoir la recherche et le développement, l’élaboration et la mise en œuvre de centres de ressources numériques régionaux et locaux dans le but de faciliter la recherche et la création (MEN, vision stratégique, 2015). Ainsi, favoriser l’utilisation des logiciels et des ressources numériques interactives tout au long du processus pédagogique, en mettant l’accent sur l’auto-apprentissage (Dadouchi, 2018).

En conclusion de ce chapitre, il est possible de remarquer que la mise en œuvre des technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE) pourrait contribuer à renforcer la position du Maroc en tant que pays émergent et à améliorer son intégration dans la société et l’économie du savoir. Dans ce sens, Il est essentiel que le corps enseignant joue un rôle clé dans l’intégration des nouvelles technologies au niveau du cycle primaire, ainsi que dans les autres cycles, afin de créer les fondements pédagogiques adéquats pour une intégration rationnelle.

4. Modèles d’intégration des TICE :

Pour réussir l’intégration des TICE dans le milieu éducatif, il est essentiel de comprendre la diversité des modèles théoriques d’intégration. Plusieurs modèles théoriques sont utilisés, parmi lesquels on trouve TPaCK, SAMR, Morais, PST, Moersch et Carolle Raby. Tous ces modèles représentent une grande importance à découvrir mais nous allons se contenter dans ce qui suit du modèle « TPaCK » et du modèle « Carolle Raby ».

4-1    Modèle de Carolle Raby :

Carolle Raby a développé un modèle-synthèse qui met en lumière les méthodes d’intégration des TIC en s’inspirant des modèles de Moersch, Sandholtz, Ringstaff et Dwyer et Morais (Touria Neggady, 2019) pour répondre le mieux aux questionnements posés en termes de linéarité et d’intégration des TIC. Son modèle illustre un processus qui va de la non-utilisation à l’utilisation exemplaire des TIC, en passant par quatre stades distincts : (Raby, 2013)

1. La sensibilisation aux TIC ; 
2. L’utilisation à des fins personnelles:
3. L’utilisation à des fins professionnelles ;
4. L’utilisation à des fins pédagogiques ;

Pendant la période de sensibilisation, l’enseignant peut être en contact indirect avec les technologies de l’information et de la communication, que ce soit dans son contexte personnel ou professionnel. Il est possible qu’il n’ait pas de contact direct avec les TIC, mais il est en contact avec des personnes qui les utilisent et les apprécient dans son entourage.

Les motivations individuelles des enseignants peuvent les amener à passer du stade de l’utilisation personnelle à celui de l’utilisation professionnelle ou pédagogique. Il n’est pas obligatoire que ces stades se déroulent l’un après l’autre.

Dans la figure ci-dessous, on peut observer comment les trois stades d’utilisation des TIC (personnelle, professionnelle et pédagogique) peuvent être utilisés de manière simultanée.

Figure 1: Processus d’intégration pédagogique des TIC (Raby, 2005)

Source : http://padagogie.fr/blog/post/display/le-modele-de-raby

Cadre empirique :

1. Méthodologie :

 Cette étude a pour ambition de rassembler des données sur un certain nombre de caractéristiques sur différentes caractéristiques qui sont liées au développement des compétences numériques des enseignants et l’utilisation de l’IA. Il s’agit précisément d’une enquête qui vise à éventer à quel point compétences numériques permettent aux enseignants d’utiliser l’IA à des fins personnelles et leur intégration dans le domaine professionnel.

Dans toute recherche, il est indispensable de se positionner épistémologiquement afin de circonscrire le travail de recherche et de déterminer la méthode adéquate pour produire la connaissance. Notre recherche est basée sur le paradigme positiviste, qui repose sur une démarche déductive. En conséquence, cette étude a adopté la méthode quantitative qui a permis de rassembler des données à partir de questions clairement formulées, dans le but de fournir des réponses sur l’impact des compétences numériques et l’utilisation de l’IA.

Concernant la collecte des données, nous nous sommes dotés d’un questionnaire élaboré et destiné au corps enseignant bénéficiant d’une formation en TICE.

Pour obtenir un échantillon représentatif de la population mère, nous avons sollicité les responsables de l’AREF de Rabat-Salé-Kénitra. Le nombre d’enseignants inclus dans la base de sondage était de 768. Afin d’obtenir une estimation représentative de la population, nous avons utilisé la méthode d’échantillonnage probabiliste (ou aléatoire) ; la taille de l’échantillon a été déterminée à un taux de10%. Il serait donc nécessaire d’avoir un échantillon composé d’au moins77 individus ; 85 enseignants ont répondu positivement au questionnaire de la recherche.

2. Résultats et discussions :

La présentation des résultats du questionnaire seront abordées : les compétences numériques acquises lors des formations en termes de TICE, leur impact sur l’utilisation de l’IA à des fins personnelle et leur usage dans les activités professionnelles.

• Les compétences numériques acquises de la formation :

Le tableau ci-dessous présente des informations sur la maîtrise des compétences numériques par les enseignants.

Tableau 2 : Répartition de l’échantillon de recherche selon les compétences

Parmi les 85 bénéficiaires interrogés, 64% ont indiqué être satisfaits de la formation dispensée pour le développement des compétences numériques, tandis que 36% des enseignants ont jugé que la formation ne leur permettait pas de développer suffisamment de compétences.

Les résultats indiquent que, grâce à cette formation en TICE, l’échantillon a obtenu un taux de maîtrise supérieur à la moyenne dans le domaine « information et données ». Parmi 85 bénéficiaires de la formation en TICE, 54 enseignants sont capables de réaliser des tâches technologiques. 37 enseignants sont capables d’effectuer des recherches pertinentes sur le Web, de communiquer et d’échanger des informations numériques et gérer les données (stockage, extension, taille, chemin d’accès…) à un taux de 69%. Concernant le domaine « création de contenus », 25 bénéficiaires de la formation en TICE sont capables de participer au développement des ressources numériques, de développer des documents textuels à un taux de 46%, ainsi que 18 personnes ont la capacité d’évaluer la pertinence des informations numériques et de protéger les données personnelles et la vie privée à un taux de 33%. Enfin, la programmation a enregistré le faible taux de 22% avec seulement 12 personnes.

Pour assurer l’intégration des nouvelles technologies, il est crucial que le corps professoral maîtrise les compétences numériques. elles leur permettent de les intégrer pour des fins personnelle, professionnelle et pédagogique.

Les résultats de cette étude indiquent que les interrogés ont la capacité d’effectuer des recherches pertinentes sur le Web, de communiquer et d’échanger des informations numériques et gérer les données (stockage, extension, taille, chemin d’accès…) à un taux de 69%. En effet, Les deux premières compétences, à savoir les informations et les données, ainsi que la communication et la collaboration, sont généralement maîtrisées par la majorité des personnes interrogées.

Malgré le fait que 46 % des bénéficiaires des formations en TICE possèdent une maîtrise adéquate de la troisième compétence qui concerne la création de ressources, y compris la production de documents textuels et le développement de ressources multimédia (images, sons, vidéos, diaporamas…). Toutefois, seule une petite partie de la population a été en mesure de programmer en utilisant le logiciel Sratch.

Concernant la dernière compétence en matière de protection et de sécurité, il est intéressant de constater que la majorité des enseignants ne sont pas compétents pour protéger les données personnelles et la vie privée, ainsi que pour résoudre les problèmes techniques.

En constatant cela, il est possible de voir que les modalités de formation en TICE encouragent le développement des compétences numériques, qui sont étroitement liées à l’apprentissage et qui se concentrent sur les deux premières compétences, tandis que les autres domaines ne sont pas encore réalisées. Dans cette optique, nous préconisons de mettre en place des dispositifs de formation couvrant l’ensemble des domaines, en particulier ceux liés à l’intelligence artificielle.

• L’utilisation des outils de l’intelligence artificielle :
  • Utilisation d’outils de l’IA à des fins personnelles :

Les résultats obtenus montrent que 50 interrogés utilisent les outils d’intelligence artificielle (IA) à des fins personnelles. à un taux de 60 % alors que 33 enseignants ne les utilisent jamais à un taux de 40 %. Le tableau ci-dessous fournit des données sur l’utilisation de l’IA pour intérêt personnel.

Tableau 3: Répartition de l’échantillon selon l’utilisation personnelle de l’IA

Les taux des réponses fournis par les enseignants sur les différents domaines utilisés en intégrant l’IA démontrent que les enseignants utilisent souvent les plateformes pour chercher des informations à un taux de 58,82% suivi des applications pour améliorer la documentation textuelle à un taux de 54,12%. Concernant les applications et les logiciels de traduction sont à un taux de 41,18%, alors que 25 enseignants utilisent des applications pour réécrire des citations, à un taux de 29,41%. Les applications aidant à apprendre une langue sont utilisés par 17 enseignants à un taux de 20 %.

• Utilisation d’outils de l’IA pour intérêt professionnel :

D’après l’ensemble de l’échantillon, 51% des enseignants interrogées ont indiqué utiliser les outils de l’IA dans leur domaine professionnel, comme le démontre le tableau et les points des nuages suivants :

Tableau 4 : Répartition de l’échantillon selon l’utilisation professionnelle de l’IA

Figure 2 : points des points selon l’utilisation professionnelle de IA

À travers le tableau, il est clair que seulement la moitié des interrogées utilisent les outils de l’IA dans le cadre de leur activité professionnelle. En fait, 47 enseignants utilisent les outils de l’IA pour améliorer des présentations PowerPoint à un taux de 55%, suivi par planification des cours à un taux de 41%, alors que 17 personnes utilisent les outils de l’IA pour la préparation des fiches pédagogiques à un taux de 35%. En revanche, générer des évaluations et des jeux éducatif (quiz…) sont utilisés respectivement par 12 et 8 enseignants, alors que 5% utilisent les outils de l’IA pour transformer des textes aux présentations et pour notation des devoirs. Par conséquent, les nuages de point affirment que le nombre et le taux sont positivement corrélés entre eux car ils suivent une ligne droite.

• Difficultés entravant l’utilisation les outils de l’IA pour usage professionnel :

En se basant sur les résultats, il est évident que les enseignants éprouvent des difficultés à utiliser les outils de l’IA dans le cadre de leurs activités professionnelles et pédagogiques. Près de deux tiers des répondants ont exprimé des difficultés pour intégrer l’IA dans la pratique de classe en raison de l’absence de salles multimédia, avec un taux de 65,5%, suivi d’une absence ou d’une défaillance des dispositifs d’information tels que les ordinateurs et les projecteurs, à un taux de 55,17%. Pourtant, 34,40% des personnes interrogées affirment que les écoles ne sont pas connectées au réseau internet.

En ce qui concerne l’utilisation des outils l’IA par les enseignants, les données indiquent que 60 % des enseignants les utilisent pour des fins personnelles contre 51% pour des activités professionnelles. Dans ce contexte, plus que la moitié utilisent les outils l’IA pour améliorer des présentations PowerPoint pour qu’elles soient plus dynamiques et attrayantes, ainsi pour préparer des leçons et des fiches pédagogiques. Cela prouve que les enseignants sont conscients de l’impact de l’IA dans l’enseignement.

Les formations en TICE ont pour objectif d’intégrer ces techniques dans la pratique pédagogique des enseignants. Malgré tout, 45% des enseignants rapportent ne pas utiliser ces outils dans leur domaine professionnel, est-il possible de prédire que les enseignants ne sont pas assez motivés pour intégrer les outils de l’IA dans le domaine professionnel ?

Selon les résultats de l’étude, plus de 60 % des enseignants se déclarent utilisateurs réguliers des outils l’IA, principalement pour des fins personnelles. Face au manque d’outils informatiques nécessaires empêchant l’utilisation de l’IA dans leur pratique professionnelle. Les enseignants sont confrontés à des obstacles majeurs et ne peuvent rien faire.

Conclusion :

Le système éducatif marocain fait preuve d’un engagement remarquable pour garantir une formation spécialisée dans le domaine des nouvelles technologies. Depuis plusieurs années, la direction Génie a mis en œuvre des modules de formation pour renforcer les compétences numériques des enseignants et favoriser leur intégration dans l’acte d’enseignement-apprentissage.

Cette étude vise à souligner l’importance des compétences numériques des enseignants dans l’utilisation des outils de l’IA, que ce soit pour leur usage personnel, professionnel ou pédagogique. Les résultats de la recherche ont bien montré que 64 % des personnes interrogées se voient satisfaits la formation, alors que plus de 36 % ont répondu négativement. Cela montre que les modalités de formation ne permettent pas de développer les compétences numériques. La situation actuelle nécessite de procéder des formations solides en matière de nouvelles technologies y compris l’intelligence artificielle.

En ce qui concerne l’utilisation de l’intelligence artificielle, 60% des professeurs affirment l’utiliser fréquemment, en particulier pour des raisons personnelles, tandis que 51% l’utilisent principalement pour des raisons professionnelles. En conséquence, il reste encore beaucoup à faire pour faciliter l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’acte d’enseignement-apprentissage. Dans le but de diminuer cet écart enregistré, il est essentiel de donner aux établissements d’enseignement une connexion Internet et un équipement technologique appropriés, de promouvoir et de sensibiliser à l’utilisation de cette technologie moderne afin d’atteindre les objectifs fixés et d’améliorer la qualité du système éducatif.

Bibliographie