Research studies

Crues torrentielles de l’oued Aouerga dans la commune Ouled Dahhou : Mécanismes, impact et mesures d’aménagement proposées (Plaine de Souss-Maroc)

Torrential spates of the Aouerga oued in the Ouled Dahhou commune: Mechanisms, impact and Suggested developing measures (Plain of Souss-Morocco)

 

Prepared by the researcher :   OULGHAZI Abdelaziz*, ENNASSIRI Badreddine*, EL AMRANI Abdelouahed** et AMRANI Soukaina** – *Equipe de recherche ESEAD, FLASH, Ait Melloul, Université Ibn Zor, Agadir – **Equipe de recherche GEAMDD, FLSH, Université Ibn Zor, Agadir

Democratic Arab Center

Journal of African Studies and the Nile Basin : Fourteenth Issue – January 2022

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin.

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2569-734X

Journal of African Studies and the Nile Basin

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Résumé

 Le présent travail met en évidence l’impact des crues torrentielles de l’oued Aouerga sur la commune Ouled Dahhou, l’une des zones les plus menacées par le risque des inondations dans la rive gauche du bassin de Souss.

L’étude a suivi une approche globale basée sur les différents mécanismes physiques et humains qui contribuent au fonctionnement du phénomène et à son exacerbation.

En termes de résultats, ce travail a montré que la zone d’étude est caractérisée par des conditions naturelles et humaines appropriées pour la genèse et l’exacerbation des risques d’inondations. Ce phénomène entraîne, à chaque crue, de lourdes pertes matérielles (Crues de 2014 et 2018). Par conséquent, la solution nécessite une intervention globale qui réunit tous les acteurs afin de réaliser les travaux d’aménagement, que ce soit au niveau du bassin versant de l’oued Aouerga ou au niveau de la commune Ouled Dahhou.

Abstract

This work aims to study the impact of torrential spates of the Aouerga oued in the Ouled Dahhou commune, which is considered one of the most threatened areas on the left bank of the Souss Basin.

The study relied on a holistic approach that takes into account the various natural and human mechanisms that control and contribute to the occurrence and exacerbation of the phenomenon in the region.

Regarding the results, the study showed that the Ouled Dahhou region is characterized by natural and human conditions suitable for the emergence and exacerbation of flood risks. This phenomenon also causes, during each spate, heavy material losses (the spates of 2014 and 2018). To limit the phenomenon or at least mitigate its severity, the peculiarities of the region require a comprehensive intervention, in order to carry out the management works, whether at the level of the watershed of the Aouerga oued or at the level of the Ouled Dahhou commune.

Introduction

De nombreuses zones urbaines, semi-urbaines et rurales du Maroc sont confrontées à de nombreux défis liés à la protection contre les aléas naturels et plus particulièrement les inondations. Le phénomène des inondations est le plus important par rapport aux autres phénomènes naturels, auquel le territoire national est exposé (OCDE, 2016). Cette situation est due d’une part à des facteurs physiques, dont les changements climatiques (alternance de périodes humides et de périodes sèches), autre part, à des causes anthropiques, comme la croissance démographique rapide et l’urbanisation anarchique et non contrôlée.

Les inondations entraînent, également, d’énormes dégâts socio-économiques et environnementaux, ce qui nécessite d’importants efforts pour la reconstitution et la protection des zones exposées aux risques (RCC, 2016).

Le phénomène des inondations à Ouled Dahhou et dans la plaine de Souss en général a fait l’objet de plusieurs études (Saidi,1994 ; ABHSMD, 2013). Certaines de ces études se sont focalisées essentiellement sur les côtés techniques. En revanche, ce travail permet l’étude du phénomène suivant une approche globale multifactorielle afin de mettre en évidence le risque d’inondation dans la zone d’étude et proposer quelques solutions d’aménagement pour surmonter cette problématique.

La commune Ouled Dahhou, qui se situe sur la rive gauche de l’Oued Souss, est l’une des zones les plus menacées par les crues, chose qui cause des dégâts sur les biens et les infrastructures de la commune. À cet effet, l’objectif de l’étude est de mettre en évidence les mécanismes contrôlant le phénomène des crues torrentielles, ainsi que ses répercussions sur la zone d’étude, tout en proposant quelques mesures d’interventions pour la protection contre ce risque.

  1. Méthodologie et démarches
  • Travail de terrain

Cette étude repose sur une approche globale prenant en compte les différents mécanismes contrôlant le phénomène étudié.

Le travail de terrain consiste à saisir le territoire par des parcours multiples, en vue de relever les éléments caractérisant l’espace. La visite de la zone d’étude a permis d’observer les éléments amplifiant le risque d’inondation.

L’étude est basée sur des documents collectés auprès des administrations (Agence du Bassin Hydraulique de Souss Massa, Commune Ouled Dahhou) et sur les documents cartographiques.

  • La cartographie

Pour réaliser ce travail, nous nous sommes appuyés sur la carte géologique du Maroc à l’échelle 1/100.000, pour déduire les caractéristiques géologiques de la zone d’étude.  Afin de déterminer les éléments morphologiques et topographiques et l’extraction du réseau hydrographique, nous avons adopté le modèle numérique de terrain SRTM caractérisé par une résolution de 30m.

L’étude s’est également appuyée sur les images satellitaires de Google earth pro pour l’année 2020 afin d’identifier les formes d’occupation du sol.

Finalement, pour connaître l’état général du couvert végétal dans le bassin versant de l’oued Aouerga, source des crues torrentielles, nous avons utilisé une image satellitaire Landsat 8 Oli datée du 13-09-2020. Cela a été fait sur la base de l’indice de couverture végétale (NDVI), comme le montre la formule suivante :

NDVI= (PIR-R) /(PIR+R).

Le traitement et l’analyse des images et des fonds cartographiques ont été élaborés avec les logiciels Arc GIS et Erdas Emagine.

La géomorphologie :

Topographie, pentes

Analyse d’un MNT SRTM 30 m

www.earthexplorer.gove.com

Image Google earth Pro

Logiciel d’imagerie satellitaire Google Earth

Occupation des sols :

Habitat, agriculture, infrastructures

Données et Matériels
Carte géologique du Maroc 1/1.000.000 

La direction de la géologie. Ministère de l’Energie et l’exploitation minière et les énergies renouvelables

Structure géologique
Analyse d’un MNT SRTM 30 m

www.earthexplorer.gove.com

Hydrologie :

Extraction du réseau hydrographique

–   Données de la pluviométrie

Enregistrée entre 1981-2019, retenues à l’Agence du bassin hydraulique de Souss Massa

–   Données de la NASA

https://power.larc.nasa.gov

La pluviométrie
Analyse des images Landsat 8

Du 13 -09-2020

www.earthexplorer.gove.com

Figure n°1 : Données et matériels utilisés

  1. Présentation de la zone d’étude

Située sur la rive gauche de l’oued Souss, la zone d’étude repose sur les formations détritiques quaternaires d’une partie des cônes de déjection du versant septentrional de l’Anti-Atlas. Les paysages géographiques sont dominés par l’agriculture et l’espace occupé par les bâtis de la commune territoriale Ouled Dahhou.

Administrativement, elle appartient à la préfecture d’Inezgane – Ait Melloul, appartenant à la région de Souss Massa. Limitée au Nord par les communes Amskroud et Drarga, au Sud, par les communes de Ouad Essafa et Lagfifat, à l’Ouest, par la commune de Sidi Boumoussa et Issen, et à l’Est, elle est limitée par la commune de Temsia.

La zone d’étude s’étend sur une superficie de 88 km2, faisant partie de la plaine du Souss avec une population atteignant 14493 habitant (HCP, 2014) et ​​une densité d’environ 165 hab./km2. La commune Ouled Dahhou est constituée de 15 douars s’étendant principalement, le long du cours d’eau de l’oued Aouerga (environ 17 km), qui constitue un affluent direct de l’oued Souss.

Sur le plan économique, la commune Ouled Dahhou est une zone agricole par excellence.  Cette activité s’est développée au cours des dernières décennies avec l’installation de nouvelles techniques d’exploitation des terres et d’élevage, qui ont permis le développement de plusieurs fermes agricoles modernes à forte exploitation, reposant sur des cultures couvertes (culture sous-serre) et des systèmes d’irrigation modernes comme le goutte-à-goutte (Informations obtenues lors du travail de terrain).

Figure n°2 : Localisation de la zone d’étude

Source : Analyse du modèle numérique du terrain SRTM 30 m et images google earth.

  • Résultats obtenus
  1. Rôle des caractéristiques physiques dans la survenue des crues torrentielles
  2. Facteurs morphométriques

Le bassin versant d’Aouerga appartient au versant nord de l’Anti-Atlas occidental, s’étend sur une superficie de 1220,22km2 avec un périmètre de 216,68km. Les paramètres de forme (Coefficient de compacité, Longueur du rectangle équivalent, Largeur du rectangle équivalent et l’Indice de forme) montrent que le bassin d’Aouerga a une forme longitudinale (Tab.1). Le bassin versant prend également une direction générale sud-est – nord-ouest.

La figure n° 3 et l’analyse morphométrique, montrent que le bassin versant est dominé par des altitudes entre 1000 et 1800 m, constituant 77,96% de la surface totale du bassin. Les altitudes comprises entre 1200 et 1400 m ne représentent que 28,46%, concentrées au milieu du bassin versant.

Les altitudes les plus élevées dépassant 2000 m se situent au sud-ouest près du Jbel El Kest, dont la hauteur atteint 2374 m, appartenant au massif de Kerdous (Peltier, 1978).

Figure n°3 : Répartition des tranches d’altitude dans le bassin versant de l’oued Aouerga.

Source : Analyse du modèle numérique de terrain SRTM 30 m

Les indices de forme tels que, la pente moyenne, l’indice de pente global et la dénivelée spécifique sont très élevés, expliqués par la présence des reliefs très accidentés, et plus particulièrement, l’indice de la dénivelée spécifique qui atteint 444,68 m. Ces caractéristiques intègrent le bassin versant d’Aouerga dans la classe numéro six, réservée aux reliefs accidentés (voir la classification ORSTOM) (Laborde, 2009).

Superficie

A

(km2)

Périmètre

P

(km)

Coefficient

de compacité

Kc

Longueur du rectangle équivalent L (km) Largeur du rectangle équivalent l (km) Indice

de forme

Sf

1220,22 216,68 1,74 95,8 12,74 7,52

Tableau 1 : Indices de forme du bassin versant de l’oued Aouerga

Indications des symboles :

L=(Kc.√A)/1.12×[1+√(1-(1.12/Kc)^2)] ; l=(Kc.√A)/1.12×[1-√(1-(1.12/Kc)^2)] ; Kc= 0,28×(P/√A) ; SF= L2 /A. (ElKhalkiet Benyoucef. 2005 ; Roche,1963).

Tranches d’altitudes (m) Superficie (km²) Pourcentage (%) Pourcentage cumulé
<600 68,35 5,60 5,60
600-800 60,09 4,92 10,53
800-1000 89,47 7,33 17,86
1000-1200 167,75 13,75 31,61
1200-1400 347,23 28,46 60,06
1400-1600 271,13 22,22 82,28
1600-1800 165,13 13,53 95,81
1800-2000 43,33 3,55 99,37
>2000 7,74 0,63 100
Totale 1220,22 100 ****

Tableau n°2 : Répartition des tranches d’altitude dans le bassin versant de l’oued Aouerga

Figure n°4 : Courbe hypsométrique et histogramme des altitudes du bassin versant de l’oued Aouerga

 A (km2)

 

P

(km)

 

H max

(m)

 

H min

(m)

Dt

(m)

Pt

(%)

H95%

(m)

H5%

(m)

H50%

(m)

Pm

(m/km)

Ds

(m)

Ig

(m/km)

1220,22 216,68 2307 307 2000 2,09 560 1780 1320 20,88 444,68 12,73

Tableau n° 3 : Paramètres de pente dans le bassin versant de l’oued Aouerga.

Indications des symboles :

A : superficie du bassin versant. P : périmètre du bassin versant. Hmax: altitude maximale. Hmin: altitude minimale. H95% : altitude dépassée sur 95 % de la superficie du bassin versant. H5% : altitude dépassée sur 5 % de la superficie du bassin versant. H50% : valeur médiane des altitudes du bassin versant.Pm : pente moyenne du bassin ; Pm = Dt/ Lrect.éq. = (Hmax- Hmin) / Lrect.éq. ; avec Dt: dénivelée théorique (m),Lrect.éq. : longueur du rectangle équivalent (km), Hmaxet Hmin: altitudes maximale et minimale du bassin (m). Pt : pourcentage de la pente ; Pt = Dt (m)/ Lrect.éq. (m) = (Hmax – Hmin).100 / Lrect.éq. Ig : indice de pente global ; Ig = D / Lrect.éq. = H95% – H5% / Lrect.éq. ; avec H5% : altitude dépassée sur 5% de la superficie du bassin (m), H95% : altitude dépassée par 95% de la superficie du bassin (m) et Lrect.éq. :longueur du rectangle équivalent (km).Ds : dénivelée spécifique ;Ds = Ig.  ; avec Ig : indice de penteglobal et A : superficie du bassin versant (km2). (El Khalki et Benyoucef. 2005 ; Dubreuil, 1974 ; Roche, 1963, Touaibia, 2004).

  1. Facteurs hydromorphométriques

Le cours d’eau principal du bassin versant de l’oued Aouerga se prolonge sur une distance de 104,11km de l’amont vers l’exutoire. Il se caractérise par un coefficient de sinuosité atteignant 1,96, ce qui signifie la présence de forte méandres (Fig 5).

Les indices hydromorphométriques mesurés (Tab.4 et 5) ont montré que le bassin versant se caractérise par des éléments importants qui contrôlent son comportement hydrologique. La densité de drainage et la densité hydrographique sont faibles en raison de ses caractéristiques géologiques représentées par la présence d’importantes zones de roches carbonatées perméables, en particulier les dolomies. Néanmoins, l’écoulement des eaux dans ce bassin versant est caractérisé par une vitesse et un temps de concentration importants (ils atteignent respectivement 2,45m/s et 11,78h). Ceci s’explique, notamment, par la pente générale du cours d’eau principal et ses affluents, ainsi que la dégradation du couvert végétal dans la majeure partie de la superficie du bassin hydrographique.

Figure n°5 : Le réseau hydrographique du bassin versant de l’oued Aouerga.

Source : Analyse du modèle numérique de terrain SRTM 30 m

Ordre du cours d’eaux Nombre du cours d’eaux Longueur des cours d’eaux (km) Longueur moyenne des cours d’eau (km) Rapport de confluence
1 309 501,72 1,62
2 71 246,93 3,48 4,35
3 20 174,26 8,71 3,55
4 7 57,87 8,27 2,86
5 1 79,43 79,43 7,00
Total 408 1060,22 2,60 ***
Superficie

A

(km2)

Densité de drainage

Dd (km/km2)

Densité hydro-graphique

F

Longueur du cours d’eau principal

(km)

Pente moyenne du cours d’eau principal Pmoy(m/km) Temps de concentration

Tc (h)

Vitesse de l’écoulement de l’eau V (m/s) Coefficient de sinuosité

Si

1220,22 0,87 0,33 104,11 14,5 11,78 2,45 1,96

Tableau n°4 : Caractéristiques hydrographiques du bassin versant de l’oued Aouerga.

Tableau n°5 : Paramètres hydromorphométriques du bassin versant de l’oued Aouerga.

  1. Facteur géologique

Les caractéristiques géologiques jouent un rôle très important dans l’étude d’un bassin versant. Plus la structure géologique est imperméable, plus le ruissellement de surface est important, et donc la possibilité d’un fort écoulement d’eau et la survenue des crues et des inondations.

Figure n°6 : La géologie du bassin versant de l’oued Aouerga.

Source : Carte géologique du Maroc 1/1.000.000, la Direction de la Géologie, Ministère de l’Energie et l’Exploitation Minière et les Energies Renouvelables.

Structuralement, le bassin versant d’Aouerga, fait partie de l’Anti-Atlas occidental, constitué principalement de formations géologiques précambriennes, dont les formations calcaires et dolomitiques inférieures d’âge Adoudounien, qui représentent 43,83% de la surface du bassin versant. D’autres formations dolomitiques, calcaires et de schistes violacés d’âge Taliwinien occupent 13,85% de la surface.

Le cambrien inférieur est représenté par une série de formations variées au niveau du synclinal d’Aouerga, constituées de calcaires noirs et une alternance de calcaires et de dolomie avec un pourcentage de 29,22%. Les différents types de roches, trouvés dans le bassin versant d’Aouerga, sont mentionnés dans la figure n° 6 et le tableau n° 6.

Au point de vue hydrologique, « l’oued Aouerga, profondément encaissé dans les formations “lie-de vin” qui constituent au sein de la masse calcairo-dolomitique un niveau plus tendre, draine un vaste bassin allongé » (Saidi,1995), et bien que ce bassin versant soit constitué, principalement, de roches de perméabilité importante, cela n’empêche pas la survenue d’un ruissellement de surface rapide, notamment avec une faible couverture végétale et la présence relative de pentes accidentées. Le ruissellement de surface est plus intense dans ces zones, lorsque la pluie continue pendant plusieurs jours (au moins deux jours) ou que de forts orages se produisent provoquant des crues dévastatrices. C’est ce que montrent les données enregistrées dans les stations météorologiques et les crues qui ont frappé la région (par exemple les crues de 2010, 2014 et 2018).

Types de roches Superficie (km2) Surface (%)
žAdoudounien : dolomies inférieures précambrien 534,86 43,83
žCambrien inférieur 356,59 29,22
žTaliwinien : “Série lie de vin” précambrien 169,00 13,85
žSérie schisto-gréseuse et conglomératique 39,99 3,28
žQuartzites et localement dolomies 31,97 2,62
žGabbros précambrien 30,72 2,52
žSérie sédimentaire de base 28,00 2,29
žSéries volcaniques 19,50 1,60
žDolérites, gabbros et adinolites 4,94 0,40
žDunes pléistocène moyen 4,65 0,38
Totale 1220,22 100

Tableau n°6 : Répartition des types de roches dans le bassin versant de l’oued Aouerga

  1. Le couvert végétal :

Le couvert végétal est un élément de grande importance dans l’étude du comportement hydrologique des bassins versants. Ceci est évident pour la réception et l’infiltration de quantités d’eau de pluie, ce qui réduit et ralentit, à la fois, la vitesse de ruissellement de surface et le temps de concentration. Il permet, également de stabiliser les versants et assure une protection antiérosive et contre les risques d’inondations (Rey, 2018). L’efficacité de cet élément dépend de sa densité, tandis que l’absence d’une couverture végétale dense constitue un facteur favorable pour la production et la propagation des crues importantes (Salomon,1997).

Figure n°7 : Le couvert végétal dans le bassin versant de l’oued Aouerga

Source :  Image satellitaire Landsat 8 Oli, datée du 13 -09-2020

Généralement, cette région est classée parmi les zones les plus vulnérables à la désertification et à la dégradation des terres (HCEFLCD, 2013).

Les images satellitaires montrent que le bassin versant d’Aouerga se caractérise par un couvert végétal très dégradé et concentré sur les versants à des altitudes qui dépassent 2000 mètres au sud-ouest (Figure n°7).

L’arganier (Argania spinosa) est l’espèce la plus dominante et répandue. Elle se situe parmi les espèces thermophiles et xérophiles (Quarro et al, 2011), et caractérisée par sa capacité de résistance et d’adaptation à la variabilité pluviométrique. Également, on trouve d’autres espèces rares, ainsi que des plantes herbacées et aromatiques telles que l’armoise (Artemisia), le thym (Thymus), Euphorbe cactiforme “Daghmous” (Euphorbia echinus) (Informations obtenues lors du travail sur le terrain).

Il existe d’autres espèces végétales associées à l’exploitation humaine, dans les endroits où la population s’installe près des douars ou petits villages (presque 107 douars), dont les plus importants sont les amandiers et les oliviers, ainsi que les arbres fruitiers et diverses cultures, qui se concentrent notamment le long de l’oued, sous forme de petites exploitations (microfundium). En outre, l’activité pastorale est traditionnelle, elle cible les pâturages naturels et affecte le couvert végétal de la région.

Photo n°1 : Arganier dégradé sur les versants de l’Anti-Atlas

(Les rives de l’oued Aouerga en aval de son bassin versant)

  1. Facteur climatique (la pluviométrie)

Les précipitations constituent un facteur important dans le fonctionnement des bassins versants (Saidi,1995). Afin d’étudier la distribution des pluies annuelles et mensuelles dans le temps et dans l’espace, cette étude a été servie des données fournies par la NASA, en raison de l’absence des stations de mesure dans la zone étudiée. Nous rappelons que la plateforme numérique de la NASA ne fournit que des données mensuelles et annuelles ; pour cela, nous étions obligés d’utiliser les données de la station d’Amaghouz, près du bassin Aouerga, qui fournit des enregistrements journaliers.

Selon les données climatiques et l’indice d’aridité de De Martonne (1926) (Lebourgeois, 2010), le climat de la région varie de semi-aride à aride (de l’aval vers l’amont). La moyenne pluviométrique annuelle dans le bassin d’Aouerga varie entre 170,62 mm en amont et 264,73 en aval. Pendant une période de 39 ans (1981-2019), les pluies maximales annuelles ont été enregistrées en 1987, 1996 et 2014, atteignant plus de 500 mm. Alors que les pluies les plus basses ont été enregistrées au cours de deux années successives 2018 et 2019, atteignant respectivement, 10,11 mm et 3,64 mm (Figure n°8). Les résultats de l’analyse ont montré que les quantités enregistrées au cours des 25 années à Ait Brahim étaient inférieures à la moyenne interannuelle, contre 14 années seulement pendant lesquelles les pluies ont dépassé la moyenne. Cela montre que les pluies dans la région sont caractérisées par des irrégularités d’une année à l’autre, en raison de l’impact de deux types d’influences ; influences nord et nord-ouest d’un côté, sud et sud-est de l’autre côté (Quarro et al, 2011).

Le climat de la région est également influencé par d’autres facteurs importants, à savoir la topographie et l’exposition des versants. Les versants nord et nord-ouest reçoivent les vents humides de l’océan Atlantique, tandis que les versants sud et sud-est sont exposés aux vents secs du désert (Chergui).

Les pluies mensuelles moyennes sont réparties de manière inégale d’un mois à l’autre. En général, on peut distinguer deux périodes différentes ; la période humide s’étend d’octobre jusqu’à avril, et la période de pluies très faibles et parfois sèche de mai à septembre comme le montre la figure n° 9.

Figure n°8 : Pluies annuelles enregistrées au milieu du bassin versant de l’oued Aouerga entre 1981 et 2019 (Ait Brahim, Lat30.14551° ; Long-9.03199°).

Source: Prediction of Worldwide Energy Resource (POWER)https://power.larc.nasa.gov/

La figure ci-dessous, montre que le mois de novembre a enregistré la moyenne mensuelle la plus élevée au cours de la période étendant de 1981 à 2019, avec une valeur de 46,45 mm suivi du mois de décembre avec une valeur de 42,61 mm.

Figure n°9 : Pluies moyennes mensuelles enregistrées au bassin versant d’Aouerga entre 1981 et 2019 (Ait Brahim, Lat30.14551° ; Long-9.03199°)

Source: Prediction of Worldwide Energy Resource (POWER)https://power.larc.nasa.gov/

En ce qui concerne les pluies maximales journalières, nous nous sommes appuyés sur les données de la période prolongée de 1977 jusqu’à 2019 pour la station météorologique d’Amaghouz située au sud-ouest du bassin versant d’Aouerga, en raison de la qualité de ses données et de l’absence, presque totale, des lacunes, par rapport aux deux stations voisines (Barrage Ahl Souss et N’Guerf).

La moyenne de pluies journalières maximales est d’environ 48,8 mm. Les résultats de l’analyse ont montré qu’au cours des 18 dernières années (2002- 2019), certaines années ont enregistré des quantités exceptionnelles et bien supérieures à la moyenne interannuelle. Ce qui donne une tendance générale à l’augmentation, et explique également, les crues très extrêmes survenues pendant cette période, en particulier, les crues de 2002, 2010, 2014 et 2018, qui ont enregistré, respectivement 89,8mm, 66,8 mm, 155,3 mm et 57,1 mm (Figure n°10).

Figure n°10 : Pluies maximales journalières enregistrées à la station d’Amaghouz entre 1977 et 2019 (Amaghouz, Lat. 29.732689° ; Long.-9.163558°).

Source : ABHSM

Il semble que les pluies journalières maximales qui ont dépassé la moyenne interannuelle pendant 39 années, se sont produites 17 fois, contre 22 fois en dessous de la moyenne. Ces pluies maximales sont inégalement réparties au cours des mois, et concentrées principalement dans les mois de novembre, janvier et février. Par conséquent, la plupart des crues dévastatrices connues dans la région, se produisent au cours des trois mois mentionnés, en raison de précipitations journalières extrêmes qui atteignent parfois plus de 155 mm en quelques heures.

Les périodes de retour ou temps de retour (Meylan et Musy, 1999) de pluies maximales journalières, selon la loi Ln-normale, sont indiquées dans le tableau n° 7.

Fréquences 1/2 1/5 1/10 1/20 1/50 1/100
Période de retour (en années) 2 ans 5ans 10ans 20ans 50ans 100ans
P. Max. Journalières (mm) 39,7 60,5 75,4 90,5 111,1 127,4

Tableau n°7 : Période de retour de pluies maximales journalières selon la loi Ln-normale.

Source : Station Amaghouz, ABHSM.

En raison de l’absence des données de débit d’écoulement, ce travail a adopté la formule de Fuller, l’une des formules empiriques la plus utilisée pour estimer le débit de crues. (Bouziane,1997 ; Ouarda et al., 2001).

QT = (4xN /300) (1 + a log T) (A0,8 + 8/3 A0.5)

QT : Débit de pointe en m3/s de période de retour T années ;

A : Superficie du bassin versant en km2 ;

N : Coefficient généralement pris égal à 80 en plaine et 100 en montagne ;

a : Coefficient variant entre 0.7 et 1.7 et pouvant dépasser 2 dans les régions arides.

Fréquences 1 /5 1/10 1/20 1/50 1/100
Période de retour (en années) 5ans 10ans 20ans 50ans 100ans
Débits des crues (m3/S) 807,93 966,65 1125,38 1335,20 1493,92

Tableau n°8 : Temps de retour des débits de crues selon la formule empirique de Fuller (Formule développée).

  1. Impact du risque des crues torrentielles sur la commune Ouled Dahhou

L’oued Aouerga coule dans une direction Sud-Est-Nord-Ouest sur une distance d’environ 24 km depuis l’exutoire sur le pied du versant nord de l’Anti-Atlas à Tagounite jusqu’à son embouchure dans l’oued Souss. Il traverse trois communes rurales (Imi Mqourn, Ahl Reml et Lagfifat) avant d’atteindre la commune Ouled Dahhou, qui constitue son dernier passage pour se déverser dans l’oued Souss. Il traverse, également, au cours de son écoulement, un paysage morcelé en terres agricoles et fermes, la route provinciale numéro 1714 et la route nationale numéro 10.

En raison de sa faible profondeur (lit superficiel) et de l’absence des murs de protection, l’oued Aouerga perd son lit au nord-ouest de la commune Lagfifat voisine, presque deux kilomètres avant d’atteindre la route provinciale numéro 1714, à une distance d’environ 6,8 km, pour s’étendre sur de grandes surfaces, notamment lors de la survenue de grandes crues à haut débit.

En aval, l’oued Aouerga prend la forme d’un cône de déjection constitué de dépôts sablo-limoneux très calcaires (Watteeuw, 1964). Cette situation permet l’apparition d’un ruissellement de surface diffus lors des crues ; cela rend, les centres ruraux et les exploitations agricoles exposées aux crues de l’oued Aouerga.

Figure n° 11 : Profil topographique de l’oued Aouerga dans sa partie aval.

  1. Rôle anthropique dans l’amplification du risque des crues torrentielles

La responsabilité humaine dans l’exacerbation du risque des crues torrentielles dans la commune Ouled Dahhou est fortement présente. Au cours des dernières décennies, la région a connu de longues périodes de sécheresse. C’est ce qui a conduit la population à exploiter le cours libre de l’oued Aouerga, totalement ou partiellement. Cela s’explique, d’une part, par le désir des habitants d’acquérir plus de terrains pour l’agriculture ou le logement, et d’autre part, par leur conviction que l’oued ne réutilisera pas son « cours » après une longue période de sécheresse. Cependant, cette croyance reste erronée du point de vue hydrologique, car l’oued n’oublie jamais son lit. Bien que la loi n°10.95 et après la loi n°36.15, relatives à l’eau, définissent respectivement, dans le premier et le deuxième chapitre, le domaine public hydraulique, et interdisent son exploitation non réglementée. Cependant, cela ne se reflète pas dans la réalité. Parallèlement à l’expansion de l’utilisation de l’espace dans la commune, il n’y a eu aucun appui en termes des infrastructures de protection contre les crues, ni au niveau des canaux de drainage et d’assainissement, ni en termes de murs de protection et de ponts adéquats.

L’impact de l’homme se manifeste, également, par sa contribution à la dégradation du couvert végétal en amont du bassin versant d’Aouerga, en raison des activités pratiquées, notamment l’agriculture, le surpâturage et l’abattage des arbres. Cette dégradation rend les sols plus sensibles aux précipitations et au ruissellement superficiel violent.

  1. Quelques événements dramatiques de crues

La commune territoriale Ouled Dahhou a connu, ces dernières années, trois événements catastrophiques (2010, 2014 et 2018), dus aux crues dévastatrices de l’oued Aouerga, qui ont laissé de lourdes pertes, et resteront gravées dans la mémoire collective de la population locale.

Les visites du terrain et les enquêtes réalisées avec la population locale montrent que la région est exposée, à chaque fois, à des pertes matérielles lourdes : chute des murs, endommagement des propriétés des résidents, inondation des équipements et d’établissements publics tels que les établissements d’enseignement, accumulation de boue, destruction des routes et interruption de la circulation routière, coupure d’eau et d’électricité et endommagement des cultures.

Les douars les plus vulnérables et les plus exposés aux risques des crues de l’oued Aouerga sont : Ali Ben Haddi, Dar Ben Ali, Ouled Abbou, Ouled Ali, Eshabat, Ediabat, Ouled Semmane, El kherarza, Ali Oubrahime, El Jarf et Ait Alla.

Photos n° 2 et 3 : Centre de la commune Ouled Dahhou lors de crue de 2018.

Figure n°12 : Les zones exposées aux risques des crues dans la commune Ouled Dahhou.

  1. Propositions d’aménagement et de protection

D’après les résultats obtenus, nous proposons deux projets fondamentaux afin de réduire et d’affaiblir les effets des crues torrentielles dévastatrices.

  1. Aménager l’amont pour protéger l’aval

Les travaux d’aménagement en amont visent la réduction de la vitesse d’écoulement des eaux de surface y compris la construction des petits barrages de drainage ou barrages d’écrêtement des crues, la réalisation des seuils au niveau des principaux affluents de l’oued Aouerga, la construction d’un grand barrage sur le cours d’eau principal afin d’en profiter pour l’approvisionnement en eau, le reboisement des versants dégradés dénudés et à pente forte, ainsi que la sensibilisation de la population à l’importance du couvert végétal pour la lutte contre l’érosion et dégradation du sol et dans la durabilité et l’équilibre des écosystèmes.

  1. Travaux de protection en aval

Les travaux de protection en aval nécessitent la construction d’un canal principal ou d’un cours d’eau artificiel, afin de dévier l’écoulement de l’oued Aouerga en dehors du centre Ouled Dahhou vers son embouchure à l’oued Souss.

Les passages et les ponts routiers doivent, également, être construits selon les normes et les dimensions qui permettent le passage et l’écoulement de volumes de crue importants (crues rares et exceptionnelles), avec des périodes de retour de 20 à 50 ans et plus. Ces types d’inondations peuvent être considérés comme des crues de référence ou crue de projet.

Conclusion :

Sur la base de tout ce qui précède, la zone d’étude présente des caractéristiques physiques et anthropiques très favorables à la formation des écoulements superficiels violents et à la genèse des crues torrentielles dévastatrices. La combinaison de toutes ces caractéristiques augmente et aggrave le niveau de la vulnérabilité dans la commune, et le degré d’exposition de la population locale aux risques crues torrentielles.

Par conséquent, les travaux de protection contre les risques liés à ce phénomène à Ouled Dahhou doivent être exécutés d’une manière globale. D’une part, l’aménagement du bassin versant source des crues torrentielles de l’oued Aouerga, d’autre part, l’aménagement au niveau de la commune, afin de permettre le passage facile des eaux et améliorer les conditions d’écoulement de l’oued sans provoquer de perte.

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