Research studies

Les fractures de l’identité dans le milieu hospitalier : entre souffrance et reconnaissance

Fractures of identity in the hospital environment: between suffering and recognition

 

Prepared by the researcher : Siham RAZOUK  – Enseignante à l’université des Antilles- Schoelsher, Martinique.  – Docteure en sciences de l’information et de la communication – Université Rennes  – Chercheuse associée au laboratoire Prefics- Université Rennes

Democratic Arab Center

Journal of African Studies and the Nile Basin : Seventeenth Issue – September 2022

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2569-734X

Journal of African Studies and the Nile Basin

:To download the pdf version of the research papers, please visit the following link

https://democraticac.de/wp-content/uploads/2022/09/%D9%85%D8%AC%D9%84%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D8%B1%D8%A7%D8%B3%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D9%81%D8%B1%D9%8A%D9%82%D9%8A%D8%A9-%D9%88%D8%AD%D9%88%D8%B6-%D8%A7%D9%84%D9%86%D9%8A%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%AF%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D8%A7%D8%A8%D8%B9-%D8%B9%D8%B4%D8%B1-%D8%A3%D9%8A%D9%84%D9%88%D9%84-%E2%80%93-%D8%B3%D8%A8%D8%AA%D9%85%D8%A8%D8%B1-2022.pdf

Résumés 

Les organisations ont connu ces dernières années plusieurs transformations suite à la mondialisation. Les organisations de santé n’ont pas pu échapper à ces recompositions.

Les nouvelles réformes ont placé les hôpitaux dans l’obligation d’effectuer des transformations sur plusieurs plans, notamment les plans stratégiques, managériaux, financiers mais aussi en termes de gestion des ressources humaines.

En effet, le personnel qui se compose principalement de (médecins, infirmières, spécialistes, etc.), se trouvent dans une position difficile dans la mesure où ils doivent à la fois suivre l’évolution, en s’adaptant aux outils numériques, en répondant aux nouvelles exigences managériales, etc., mais ils doivent aussi s’accrocher au sens premier qu’ils donnaient à leur travail en se conformant aux coutumes de leur profession.

Cette contribution aura donc pour objectif de mettre l’accent sur les effets des métamorphoses -notamment le système d’information hospitaliers- sur l’humain, à savoir son identité professionnelle.  Le but étant de comprendre de quelle manière ces métamorphoses (SIH) peuvent mener à une fracture de l’identité et ensuite à une souffrance. Seront donc développées les notions de : souffrance, reconnaissance, identité, SIH. Pour ce travail, nous nous basons sur les théories des auteurs cités ci-dessous ainsi que sur une étude de terrain effectué au CHU de Rennes.

Abstract

Organizations have undergone several transformations in recent years because of globalization. Health organizations could not escape these re-compositions.

The new reforms have placed hospitals under the obligation to carry out transformations on several levels, in particular the strategic, managerial and financial plans, but also in terms of human resources management.

Indeed, the staff, which is mainly made up of (doctors, nurses, specialists, etc.), find themselves in a difficult position insofar as they have to follow developments, adapting to digital tools, responding to new managerial requirements, etc., but they must also cling to the primary meaning they gave to their work by conforming to the customs of their profession.

This contribution will therefore aim to emphasize the effects of metamorphoses – in particular the hospital information system – on humans, namely their professional identity. The goal is to understand how these metamorphoses (SIH) can lead to a fracture of identity and then to suffering. The notions of: suffering, recognition, identity, SIH will therefore be developed. For this work, we base ourselves on the theories of the authors quoted below as well as on a field study carried out at the University Hospital of Rennes.

Article

Les organisations ont connu ces dernières années plusieurs transformations suite à la mondialisation. Les établissements de santé n’ont pas pu échapper à ces recompositions. Les nouvelles réformes ont donc placé ces organisations de santé dans l’obligation d’effectuer des transformations sur plusieurs plans, notamment stratégiques, managériaux, financiers mais aussi en termes de gestion des ressources humaines.

Ainsi, dans ce nouvel environnement en constante métamorphose, les soignants sont confrontés à des nouvelles exigences comparables à celles des entreprises privées[1].  Parmi les changements, nous citons le système d’information qui peut être perçu comme un moyen de contrôle à distance des pratiques professionnelles exercées dans l’hôpital (Belorgey, 2010 ; Benninghoff, 2011 ; Milburn, 2010)[2]. En effet, celui-ci permet une traçabilité par l’informatisation des données et crée ainsi une nouvelle forme de travail. En d’autres termes, « c’est le passage d’une culture professionnelle liée à la pratique de traçabilité papier à une nouvelle forme, un nouveau support de l’information »[3].

Cependant, ces réformes ont entrainé une série de problèmes. Le personnel qui se compose principalement de (médecins, infirmières, spécialistes, etc.), se trouve dans une position difficile dans la mesure où il doit à la fois suivre l’évolution, en s’adaptant aux outils numériques, en répondant aux nouvelles exigences managériales, etc., mais il doit aussi s’accrocher au sens premier qu’il donnait à son travail en se conformant aux coutumes de sa profession[4]. Dans ce sens, (Resenterra Fabien, Siggen Michaël, et Giauque David) soulignent que « cette situation d’entre deux mondes » provoque des tensions qui s’exercent sur leur identité professionnelle ainsi que sur leur santé mentale. Cela peut expliquer entre autres la vague de démission et suicides qu’ont connus les hôpitaux ces dernières années.

Ainsi, comme nous l’avons expliqué, l’hôpital est soumis à de nombreuses métamorphoses parallèles à celles que connaissent les services et l’industrie. Celles-ci sont liées à « l’interdépendance croissante entre services voire entre hôpitaux, à la recherche de qualité »[5].

Les nombreux mouvements revendicatifs sont aussi une preuve concrète du malaise des soignants et atteste la nécessité de penser la place du soignant dans un milieu complétement réorganisé.

En effet, par son appartenance à un groupe, l’individu est soumis à des règles, normes et modèles qui représentent la mentalité collective et le système de valeurs du groupe qui lui est assigné ou qu’il cherche à intégrer (Molinier 2006)[6]. Cette identification par le collectif peut procurer une satisfaction si elle s’inscrit dans une stabilité constante. Cependant, dans le cas où il y a instabilité, changement, rejet ou manque de reconnaissance de la part de la collectivité, l’individu peut subir une souffrance voire une crise d’identité[7].Ainsi, le travail peut être considéré comme un espace où l’identité peut se former, évoluer ou se détruire. Un environnement instable, en constante métamorphose, peut brouiller les repères identitaires.

Cette contribution aura donc pour objectif de mettre en lumière les effets de l’informatisation des systèmes hospitaliers sur l’humain, à savoir l’identité professionnelle des soignants. Le but étant de comprendre de quelle manière ces métamorphoses peuvent mener à une fracture de l’identité professionnelle des soignants et ensuite à une souffrance. Pour ce faire nous allons développer quatre notions qui sont : le système d’information, l’identité, la reconnaissance, la souffrance.

Le système d’information

Le système d’information est censé mettre de l’ordre dans les hôpitaux comme dans toutes les organisations. Sa mission est de tenter de « programmer les admissions, les interventions médicales ou chirurgicales et les sorties des patients pour, à son tour, planifier les charges de travail du personnel et accueillir de nouveaux patients »[8].

Ainsi, le système d’information a mis les soignants devant des nouvelles exigences : « L ‘hôpital public doit respecter plus de 40 familles hétérogènes depuis le Code des marchés publics, en passant par les normes incendies, les nouvelles « vigilances » qui concernent le sang et ses dérivés, les médicaments, le matériel médical, le libre accès des patients à leur dossier, le respect des procédures de la Commission nationale informatique et liberté (CNIL), etc. »[9]. Ces règlements se sont avérés difficiles à appliquer simultanément surtout pour le directeur doit à la fois privilégier la qualité, la continuité et la permanence des soins sans oublier qu’un directeur est également exposé au risque d’être condamné dans le cas où l’une de ces normes ou règlement n’est pas respectée[10].

Nous pouvons en retirer que les soignants ont à subir « une charge mentale » notamment à cause de cette nouvelle adaptation qui peut parfois mener à une parcellisation de leur travail, des interruptions, une recherche incessante d’informations.

Michèle Grosjean et Michèle Lacoste font l’hypothèse qu’« une meilleure compréhension de la dimension collective et communicationnelle de l’activité hospitalière apportera des éclairages intéressants en matière de qualité et de fiabilité des soins, de conditions de travail, de management, de communication interne, d’implantation de nouvelles technologies et améliorera l’ « intelligence » de ces collectifs de soins. »[11].

Ainsi, dans leur définition du système d’information, certains auteurs ont lié dès le début les systèmes d’information aux identités. Je cite Michèle Grosjean et Michèle Lacoste :

 « Leur finalité est d’organiser les représentations identitaires des membres d’une organisation, d’assurer la cohésion et le sentiment d’appartenance institutionnelle, et de lutter contre les forces d’éclatement liés aux délocalisations, multilocalisations, rachats, ou alliances. Ils visent à maintenir le lien social entre des personnels ouvrant sur des continents différents en rappelant les objectifs communs, par le biais des revues internes, de plaquettes, de présentation et de sites, comme autant de mesures d’accompagnement des discours managériaux. »[12].

L’identité

Ceci nous mène à parler du deuxième point qui est l’identité. Celle-ci a eu plusieurs définitions dépendantes des disciplines.

En psychologie, « l’identité est personnelle et personne n’en a normalement qu’une seule ». En sociologie, « les identités sont collectives et chacun peut en avoir plusieurs »[13].

Dans ce travail, nous allons nous intéresser à l’identité professionnelle, en s’inspirant des deux disciplines qui sont la sociologie et la psychologie.

Dans le nouveau modèle du travail réorganisé et face aux nouvelles exigences notamment l’adaptation aux systèmes d’informations ou encore l’encouragement à l’autonomie nous constatons qu’il y a une focalisation sur l’individu plutôt que sur le collectif, c’est à dire qu’on se concentre sur le « je » plus que le « nous »[14]. Ainsi, dans l’ouvrage la crise des identités, Claude Dubar explique, que des exigences comme « être soi-même, se réaliser, être compétent et performant s’avèrent déstabilisatrices »[15].

Nous pouvons expliquer cela par le fait que l’individu ne peut obtenir satisfaction seulement de lui-même. Je cite Pascal Molinier : « Ce qui confère le sentiment d’être soi passe par la confirmation des autres externes »[16]. En d’autres termes, dans le monde du travail, l’individu a besoin d’être reconnu par l’autre. Pour Pascale Molinier l’identité est : « L’armature de la santé mentale »[17].

La reconnaissance

Les difficultés rencontrées par l’individu quant à son identité sont liées à la reconnaissance. Ils tiennent notamment au fait que « le rapport positif à soi dépend, pour une large par au moins, de la reconnaissance interindividuelle »[18]. Ainsi, une absence de reconnaissance ou une reconnaissance dépréciative peut causer une fragilité du rapport positif à soi, ce qu’on désigne couramment par le terme « mal-être », « mais peuvent également induire un rapport négatif à soi comme dans les situations d’intériorisation de la honte, voire une destruction du rapport à soi »[19].

Renauld Sainseaulieu explique que les employés qui détiennent un pouvoir individuel très limité vont avoir tendance à compenser cette faiblesse par une lutte collective. Cependant, cette action va s’avérer difficile dans le milieu hospitalier vu que le SI va avoir tendance à individualiser. Cela peut donc être considéré comme l’une des causes de la souffrance.

Nous pouvons appliquer cette théorie dans le contexte de l’hôpital, dans la mesure où être face à un nouveau système qui change la manière du travail, qui individualise le travail, est une contrainte et que l’effort fait par les soignants est rarement reconnu. Cette non reconnaissance qui vient après la déstabilisation du milieu social et par conséquent un trouble de l’identité (comme nous l’avons expliqué) mène selon notre hypothèse à une souffrance :

 « Chaque fois que se produit une crise d’identité, c’est l’identité sociale qui est la première à “craquer” et à menacer le fragile édifice de l’identité sociale qui en vient à perturber l’identité personnelle, et non le contraire comme on aurait généralement tendance à le penser. »[20].

La souffrance

Plusieurs éléments témoignent du mal-être des soignants. Les suicides survenus dans les hôpitaux ces dernières années en sont une preuve concrète. Nous assistons également à plusieurs manifestations notamment la grève des médecins en 2001.

Une des causes de la souffrance ou des suicides serait le burn out qui est aussi présent dans les entreprises que dans les hôpitaux.

L’individu touché passe par plusieurs phases évolutives : Premièrement l’épuisement professionnel puis la dépersonnalisation et enfin le sentiment d’incompétence. Ce syndrome peut mener à la dépression, il dépasse le stress professionnel et mène à une perte de sens au travail[21]. La plupart des soignants ne présentent heureusement que la première phase. Cette maladie révèle un malaise existentiel singulier et social, ce qui rejoint notre théorie de l’identité qui explique qu’un milieu social non stable peut mener à un trouble d’identité et ensuite à une souffrance.

Plusieurs chercheurs expliquent qu’une situation de contrainte mène à une perte d’identité. En effet Erikson souligne que « la perte d’identité peut être une sorte de réponse logique d’un individu qui n’a pas les moyens de répondre aux pressions et attentes de son milieu de relation sociales. »[22].

R.D ; Laing parle revient sur le lien qui existe entre reconnaissance et identité. Je le cite : « Ce que l’on pense de ses propres capacités d’agir, de percevoir, de ses mobiles, et de ses intentions, dépend largement de ce que les autres attendent de vous. Trop d’attentes ou de pressions de ceux qui vous sont liés, (…) peuvent mettre gravement en question le sentiment de sa permanence »[23].

Ainsi, les cliniciens se sont mis d’accord sur le fait que l’identité individuelle est vulnérable aux manipulations que l’on exerce sur l’environnement social du sujet. La perte d’identité viendrait comme une sorte de réponse « logique du sujet à une situation d’impuissance sociale. Ne pouvant se défendre contre des pressions trop fortes, le sujet choisirait de s’évader lui-même, de sortir de son identité pour fuir une situation intenable. »[24].

Conclusion

Par le développement de différentes notions, nous avons essayé d’expliquer le cheminement qui va de l’installation du système de l’information jusqu’à la souffrance. Selon notre hypothèse une réorganisation du milieu hospitalier, mène à une déstabilisation du milieu social de l’acteur.

Suivant la théorie de Renaud Sainsealieu qui démontre que l’identité de l’acteur est liée à son milieu social. Nous avons posé l’hypothèse que la perte du sens du travail par les nouvelles réorganisations, accompagné d’une non reconnaissance au travail fourni   mène à une perte d’identité et donc à une souffrance, qui peut se manifester sous forme de burn out ou autre. Ceci peut donc être selon nous une des causes du mal-être installé dans le milieu hospitalier menant dans les cas les plus désespérés au suicide.

Bibliographie

Clément Graveraux et Catherine Loneux, « Risque et acteurs au travail », Communication et organisation, 45/2014, 73-86.

MOLINIER P. (2006), Les enjeux psychiques au travail, Paris, Payot & Rivages.

Resenterra Fabien, Siggen Michaël, Giauque David, « Les cadres intermédiaires entre contraintes managériales et défense des identités professionnelles : l’exemple des hôpitaux de Suisse romande », Humanisme et Entreprise, 5/2013 (n°315), p. 1-24.

SAINSAULIEU Renaud (1988), L’identité au travail, Paris, Presses de la fondation nationale, 476p.

BENMAKHLOUF Ali (2011), L’identité une fable philosophique, Paris, Presses universitaires de France, 170 p.

GROSJEAN Michèle, LACOSTE Michèle (1999), Communication et intelligence collective, le travail à l’hôpital,  Paris, Presses universitaires de France, 211p.

 DUBAR Claude (2000), La crise des identités, Paris, Presses Universitaires de France, 228p.

HALPERN Catherine (2016), Identité(s), L’individu, le groupe, la société, sciences humaines, 338 p.

DELBOURK Michel (2003), Le burn-out du soignant, Le syndrome d’épuisement professionnel, de boeck, 256 p.

GUYOT Brigitte (2006), Dynamiques informationnelles dans les organisations, Lavoisier, 226p.

[1]Resenterra Fabien, Siggen Michaël, Giauque David, « Les cadres intermédiaires entre contraintes managériales et défense des identités professionnelles : l’exemple des hôpitaux de Suisse romande », Humanisme et Entreprise, 5/2013 (n°315), p. 1-24.

[2]Ibid

[3] Clément Graveraux et Catherine Loneux, « Risque et acteurs au travail », Communication et organisation, 45/2014, 73-86.

[4]Resenterra Fabien, Siggen Michaël, Giauque David, « Les cadres intermédiaires entre contraintes managériales et défense des identités professionnelles : l’exemple des hôpitaux de Suisse romande », Humanisme et Entreprise, 5/2013 (n°315), p. 1-24.

[5]GROSJEAN Michèle, LACOSTE Michèle (1999), Communication et intelligence collective, le travail à l’hôpital,  Paris, Presses universitaires de France, 211p.

[6]MOLINIER P. (2006), Les enjeux psychiques au travail, Paris, Payot & Rivages.

[7]Ibid

[8]GUYOT Brigitte (2006), Dynamiques informationnelles dans les organisations, Lavoisier, 226p.

[9]Ibid

[10]Ibid

[11]GROSJEAN Michèle, LACOSTE Michèle (1999), Communication et intelligence collective, le travail à l’hôpital,  Paris, Presses universitaires de France, 211p.

[12]Ibid

[13]MOLINIER P. (2006), Les enjeux psychiques au travail, Paris, Payot & Rivages.

[14]Ibid

[15]DUBAR Claude (2000), La crise des identités, Paris, Presses Universitaires de France, 228p.

[16][16]MOLINIER P. (2006), Les enjeux psychiques au travail, Paris, Payot & Rivages.

[17][17]Ibid

[18]HALPERN Catherine (2016), Identité(s), L’individu, le groupe, la société, sciences humaines, 338 p.

[19]Ibid

[20]BENMAKHLOUF Ali (2011), L’identité une fable philosophique, Paris, Presses universitaires de France, 170 p.

[21]DELBOURK Michel (2003), Le burn-out du soignant, Le syndrome d’épuisement professionnel, de boeck, 256 p.

[22]MOLINIER P. (2006), Les enjeux psychiques au travail, Paris, Payot & Rivages.

[23]HALPERN Catherine (2016), Identité(s), L’individu, le groupe, la société, sciences humaines, 338 p.

[24]SAINSAULIEU Renaud (1988), L’identité au travail, Paris, Presses de la fondation nationale, 476p.

5/5 - (3 أصوات)

المركز الديمقراطى العربى

المركز الديمقراطي العربي مؤسسة مستقلة تعمل فى اطار البحث العلمى والتحليلى فى القضايا الاستراتيجية والسياسية والاقتصادية، ويهدف بشكل اساسى الى دراسة القضايا العربية وانماط التفاعل بين الدول العربية حكومات وشعوبا ومنظمات غير حكومية.

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

زر الذهاب إلى الأعلى