AIN AOUDA un centre périphérique: état des lieux et perspectives de développement
AIN AOUDA peripheral center: diagnostic and developement prospects
Prepared by the researcher : Fatima Zahraa Hamama – PhD student, Hassan II University, Casablanca, Faculty of Letters and Human Sciences, Ain Chock
Democratic Arab Center
Journal of African Studies and the Nile Basin : Nineteenth Issue – March 2023
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
Journal of African Studies and the Nile Basin
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Abstract
The boundary spaces of the Rabat- Salé-Temara constitute the peripheral spaces par excellence of the capital of the country.Comprised of rural communes (Mers Al Kheir, Sidi Yahia Zaer, Menzeh, Sabbah, Ameur, etc.) and urban centres (Ain Aouda, Ain atig, Bouknadel , Sidi Yahia Zaer, Sidi Allal Behraoui).This outskirts on the vital Atlantic metropolitan axis: Tanger-Jorf Lasfar, is characterized by a strong demographic, economic and spatial dynamics… This has contributed to the nibbling of agricultural land, the opening of new land to urbanism, the wave of construction, and the localization of industrial units. The commune of Ain Aouda is a typical example of this rapid metamorphosis.
Introduction
Grâce à sa position privilégiée, l’embouchure du Bourgreg a attiré l’implantation humaine depuis longtemps , du fait l’agglomération Rabat –Salé s’ajoutant à ceci la ville de Témara en créant une nouvelle conurbation Rabat Salé Témara , qui constitue par sa taille, ses fonctions , et ses particularités socio-économiques une véritable métropole régionale dont le pouvoir attractif se sent à l’ensemble de l’échelle du pays. Par conséquent, cette situation a créée de nouvelles relations entre cette conurbation et son arrière-pays, marquant ainsi l’apparition des centres périphériques tels que : Skhirat,Sidi Yahya Zaer,Bouknadel , Sidi Allal El Bahraoui,Ain El Aouda . En effet, une certaine hétérogénéité s’exerce : d’une part entre de grands centres à croissance plutôt équilibrée avec une concentration d’emplois qualifiés. D’autre part, des zones marquées par une urbanisation disloquée, un indice de développement bas souffrant d’une absence d’opportunités d’emplois et de services en plus d’un désengagement de l’activité agricole.
Cependant leurs structures spatiales et sociales se distinguent par certaines particularités qui mettent en évidence la grande différence entre la ville centre et son périphérique chose accentuant la grande dépendance de ces centres par rapport à Rabat.
Par sa situation stratégique au cœur d’un espace dynamique, précisément à la périphérie immédiate de la conurbation de Rabat – Salé – Témara, la commune de Ain El Aouda est influencée quant à son devenir. Sa mitoyenneté de Temara ,l’importance des terrains disponibles sur son territoire communal et des voies de communication la reliant aux villes de la conurbation, la rendent comme un lieu privilégié et naturel de l’extension de l’urbanisation vers le sud de la zone capitale.
Ain Aouda alors s’est développée par des opérations de recasement de qualité architecturale banale, et particulièrement s’agissant de logements auto-construits, le paysage et espaces urbains sont alors médiocres, et mériteraient un effort de traitement et requalification pour améliorer le cadre de vie des habitants, et la pratique urbaine.
L’intérêt de ce sujet est d’appréhender et d’analyser les différentes mutations et problèmes spatiaux, sociaux économiques que connaissent les communes situées au sein une conurbation en plein changement, à travers l’étude de la ville de Ain Aouda.
En effet, une bonne maîtrise de l’urbanisation dans ce territoire à fort potentiel attractif de l’arrière-pays immédiat de la capitale du royaume, contribuera inéluctablement à l’équilibre spatial et socio-économique de la deuxième agglomération du pays.
Problématique de recherche
D’un village colonial, Ain El Aouda s’est transformée, en quelques décennies, en une véritable ville satellite de Rabat. Ceci implique que la ville de Ain Aouda se trouve au cœur de plusieurs enjeux sociaux, économiques, environnementaux et aussi spatiaux.La ville a connu et connait récemment une mutation et croissance rapide, chose qui n’arrive pas à se mettre au niveau des enjeux auxquels elle se trouve confrontée.
Comme est le cas de plusieurs espaces périphériques urbains suffisamment en retrait des principales aires d’influences, Ain Aouda attire et fixe des grandes masses de population pour des raisons diverses, allant de la recherche d’emploi, ou la quête d’un logement à des prix bas. Cependant ne disposant pas d’atouts suffisants tels que bonnes liaisons avec la capitale, le manque total des équipements de base.
Etiquette d’une ville de la périphérie, un lieu de refuge pour le recasement de la population des bidonvilles, ouverte à la construction dans toutes les directions, et ayant reçu des milliers de foyers bidonvilles transplantés d’ailleurs, n’arrive pas de constituer un environnement urbain acceptable. Des quartiers entiers, mal équipés et peu sécurisés, sont devenus de véritables ghettos à la périphérie d’une ville qui vivote. Portant, cette ville abrite une nombreuse population dont la majorité travaille à Rabat, à Témara ou à Tamesna et utilise Aïn Aouda en tant que dortoir.
La question centrale sur laquelle s’articule toute la problématique revient à se demander :
Comment la commune d’Ain Aouda peut changer de son image d’un simple réceptacle des programmes sociaux vers une nouvelle urbanité attrayante au sein d’une conurbation en plein gestation .
La problématique précitée peut être fragmentée en questions élémentaires qui viennent à l’esprit pour mieux guider la réflexion sur le sujet :
- Le positionnement géo-spatial de la Commune de Ain Aouda et les interactions avec son voisinage constituent une opportunité ou une menace ?
- Est-ce que la Commune dispose-t-elle les capacités et les potentialités nécessaires la permettant de se doter d’un avantage comparatif et compétitif à l’échelle de la conurbation de Rabat – Salé – Témara ?
- Comment transformer ses défis externes et internes en opportunités de développement ?
Les hypothèses
- La pénétration coloniale, la pression démographique, et le développement des infrastructures de communication sont des facteurs principaux dans l’extension de la ville.
- Ain Aouda a eu la tâche d’accueillir plusieurs opérations de relogement des habitants venant de quartiers insalubres de la capitale, ceci a créé une diversité dans la composition de la population chose qui accentue des tensions sociales ;
- Cette urbanisation provenant de l’extérieur met cette commune face à plusieurs défis et contraintes, en particulier la pression démographique due à une politique volontariste de l’Etat qui consiste au relogement de la population des bidonvilles des grandes villes de la conurbation, à savoir Rabat et Témara.
- L’absence d’une économie forte et une infrastructure insuffisante accrue la dépendance à Rabat en matière d’emploi et d’équipements limite les capacités de développement de Ain Aouda.
Objectif de recherche
L’objectif de cette recherche est de procéder dans un premier temps à un diagnostic territorial qui permettrait de mieux connaitre Ain Aouda , sa place dans son environnement et ses interactions avec son voisinage, son fonctionnement, ses contraintes d’une commune de périphérie, ses avantages et ses besoins .
Sources d’information et éléments méthodologiques
a- Sources d’information
- Documentation bibliographique
La documentation bibliographique se rapporte aux différents ouvrages, études, thèses, mémoires et articles .L’apport de ces écrits nous semble indispensable pour bien asseoir et affiner notre analyse de l’espace.
- Consultation et dépouillement des documents :
Il s’agit principalement de :
- L’analyse démographique : Cette analyse s’effectue sur la base des données des recensements généraux de 1982, 1994 et 2004,2014 des études sectorielles, des enquêtes de terrain, etc. ;
- Dossiers des services communaux ;
- Rapports de l’agence urbaine, la commune…
b-Eléments méthodologiques
Le présent travail s’inscrit dans le cadre d’une démarche de projet de territoire, qui repose sur le principe de diagnostic territorial .
Il est demandé que le diagnostic cible la problématique urbaine d’Ain Aouda, en identifiant les interactions et la complexité de l’organisation qui caractérisent l’espace en question en se reposant sur l’analyse spatiale de ce territoire.
1-Diagnostic territorial
1-1 Situation géographique et administrative
La municipalité de Ain Aouda a été promue au rang de municipalité en 1992 englobant deux communes rurales :Oum Azza et El Manzeh. , Aujourd’hui c’est une commune urbaine qui s’étend sur une superficie de 2500 ha (25 km2), avant la superficie globale de la commune se chiffre à 24600 ha (246 km²), la commune a perdu presque 90% de sa superficie au profit des communes avoisinantes lors des découpages administratifs successifs.
Comme la carte au-dessous l’explique, la Commune de Ain Aouda est bornée géographiquement comme suit :
- Nord-Ouest, par la commune d’El Menzeh;
- Au Nord-Est, par la commune d’Oum Azza;
- de l’ouest par commune de Sidi Yahya Zaer
- Au Sud, par la commune d’Oum Azza
Carte 1 : Situation géographique et administrative de Ain Aouda
Avant le découpage de 1992 ,Ain Aouda était une commune rurale, lors du nouveau découpage administratif en 1992 Ain Aouda est promue au rang de municipalité englobant deux communes rurales Oum Azza et Elmenzeh.[1], en 2008, ces deux communes ne font plus partie de la commune mère .Selon le découpage de 2015 , encore une fois les limites administratifs de la commune sont changées.
Carte 2 :Evolution du découpage communal
1-2 Etude de la dynamique démographique et socioéconomique
1-1-2Rythme accéléré de croissance démographique
a- Evolution démographique
Ain Aouda vit une croissance démographique accélérée à l’instar des communs périphériques de la Préfecture de Skhirat – Témara. En tenant compte du dernier découpage administratif et les nouvelles délimitations qui en découlent, la commune compte, en 2014, une population de près de 49794 habitants, alors que sa population était 13708 habitants en 1994 et de 25105 habitants en 2004. Donc, la population a doublé en l’espace de 10 ans.
Graphique 1 : évolution de la population de la commune
Source RGPH 1971,1982,1994,2014
Comme le graphe au-dessous l’explique, la Commune a enregistré, à l’intervalle de 10 ans, un taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de 6,2 % entre 1994 et 2004, un taux plus important de 3 points à celui enregistré au niveau de la préfecture de Skhirat-Temara au cours de la même période. Ce taux reste très important aussi entre 2004 et 2014, soit de 7,08 %.
Graphique 2 : Taux d’accroissement communal et préfectoral
Le taux d’accroissement laisse apparaitre que l’évolution de la population est plus active sur le territoire de la commune que pour la préfecture. Un taux d’accroissement qui dépasse de loin la moyenne préfectoral ce qui laisse apparaitre que la commune est plus dynamique que la préfecture que sur le plan démographique.
b- Explication du rythme accéléré de la croissance démographique
Graphique 3 : Origine de la population de Ain Aouda
Source : Marge et villes entre exclusion et intégration Etude INAU 2013 p12
Comme on le peut remarquer dans le graphe la plupart de la population de la ville sont issue de la commune, suivi de 29,5% des villes avoisinantes : Rabat ,Salé , Témara ; 19% sont de Sidi Yahya Zaer, Oum Azza , Akreuch .ceci laisse apparaitre de la commune tissent des relations très fortes avec ses communes avoisinantes.
Actuellement, la commune connait trois catégories de la population, ce qui marque une hétérogénéité sociale manifeste :
- Population originaire issue des plaines de Zaaer située à la périphérie et exercent généralement des activités agricoles ;
- Population d’une catégorie pauvre issue des projets de recasement ;
- Population d’une catégorie moyenne et aisée à la recherche d’un logement individuel moins cher et des conditions de vie plus favorable ;
1-3Dynamique spatiale et situation des équipements urbains
La compréhension des conditions d’émergence, les mécanismes de développement et les problèmes actuels d’un espace nécessitent avant tout, la fixation des contours historiques qui ont marqué son évolution spatiale et temporelle .Comme c’est le cas de la plupart des centres périphériques, Ain Aouda a émergé avec la période coloniale.
- Bourg rural de colonisation : bourg rural de colonisation dans l’arriére pays de Rabat en 1928
- Ville routière: sa localisation sur la route Rabat Tadla pour devenir une ville de passage avec des activités de route pendant des années avant la construction de l’autoroute
- Ville tampon d’exode rural et ville exutoire de Rabat : installation d’une population en quête de conditions de vie meilleurs et pour les classes moyennes .
a-Evolution morphologique de la ville
Quoique la création ancienne depuis 1928, l’urbanisation de Ain El Aouda, pendant la période coloniale s’est caractérisée par un rythme lent , et restée lier principalement aux colons , qui ont construit des villas le long de la route nationale et de la route provinciale vers Sidi Yahya Zaer ,d’après les informations recueillis auprès des anciens habitants du centre la part des résidents marocains était insuffisante , alors que les colons exerçaient une prédominance remarquable.
L’extension du tissu urbain d’Ain EL Aouda s’est effectuée à travers différentes périodes et à cause de plusieurs facteurs, un exode rural massif vers le centre, recasement des bidonvilles, lancement des opérations de lotissements.
Après l’urbanisation s’est étalée vers les autres parties de la ville, on peut dire que l’urbanisation d’Ain Aouda prend la forme de tache d’huile qui s’étale sans aucune organisation préalable.
L’extension du tissu urbain d’Ain Aouda s’est effectuée au fur et à mesure, à travers différentes phases. Les causes de cette urbanisation sont liées aux facteurs migratoires, au recasement de la population des bidonvilles, au lancement des opérations de lotissements et à la promotion immobilière. L’appropriation foncière se fait de façon totalement opportuniste et cette logique de développement induisait à des coûts d’urbanisation démesurés. En effet, elle nécessite le développement des infrastructures d’eau et d’électricité sur des dizaines de km et d’importantes infrastructures de transport.
Carte 3 : Genèse du bâti de Ain Aouda
A partir des années 90 – 2000, l’espace urbanisé de la Commune se développait à coup de lotissements économiques et d’opérations publiques, dont une grande partie est destinée au recasement des bidonvilles des préfectures de Rabat ; Salé et Temara, en péréquation (recherche d’équilibre de financement de l’opération de recasement par commercialisation d’une partie des lots). Cette extension s’est effectuée au Sud et Sud-Ouest de la commune, déplaçant ainsi son centre de gravité.
b-Distribution des équipements publics de base
La distribution des équipements dans la ville reste équilibré, notamment pour les équipements scolaires, on note une carence en matières des équipements sociaux :maisons de jeunes , foyer féminins. La desserte en infrastructures scolaires reste satisfaisante et répondent aux besoins de la population .
L’offre sanitaire reste moins satisfaisante à Ain Aouda . Elle compte trois centres de santé et une unité d’accouchement. La proximité de la ville de Temara, permet aux patients d’accéder aux consultations médicales moyennant une distance à parcourir de 20 kilomètres qui se fait généralement par bus ou taxi. Elle assure plus les premiers soins et oriente les patients soit vers l’hôpital régional à Temara, soit vers le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) à Rabat, surtout lorsqu’il s’agit d’un acte médical ou chirurgical relevant d’une spécialité pointue.
L’ensemble de ces équipements ne répondent cependant pas complétement aux besoins de la population, les habitants se trouvent obligés de se déplacer à jusqu’à Témara ou Rabat pour les services extérieurs d’administrations publiques.
Carte 4 :Distribution des équipements publics
1-4-Caractéristiques de tissu urbain
a-Typologie d’habitat : prédominance de l’habitat économique
Comme l’on peut déduire à travers la figure, et la carte au-dessous, l’habitat économique ou appelé maison marocaine moderne est le type le plus dominant, issu de l’opération de recasement, représentant près de 78 % des différents types d’habitat.
Les immeubles, qui prend une forme diffuse sur le territoire communal, vient en seconde position, avec une proportion de 14 %, La part des villas reste très faible à peine 3% et comprend l’ancien parc colonial, finalement, l’habitat sommaire, avec une proportion de 4%.
Comme l’on peut déduire, la quasi-totalité des constructions au niveau de la Commune sont en dur. La part des constructions sommaires sont très faibles et se concentrent dans l’ancien emplacement du souk.Le nombre des terrains nus est très faible dans les quartiers de recasement.
Graphique 4: Typologie d’habitat
Source :RGPH 2014
b-Précarité du centre
A l’exception de quelques éléments urbains, le centre de Ain Aouda notamment la partie sud présente aujourd’hui une morphologie urbaine qui laisse à désirer, eu égard à la laideur et la monotonie des espaces produits. Le même paysage urbain domine : une juxtaposition d’unités de béton donnant un aspect inachevé de la commune.
A la première vue, le centre de la commune s’apparente à un espace en crise.
Le résultat d’une fabrication urbaine quasi spontanée où l’aspect pseudo-urbain est patent C’est. De ce fait, on n’arrive pas à atteindre un certain degré d’urbanité, ni garder les principales spécificités de la ruralité. D’où une identité composite.
En effet, le mouvement d’étalement de l’habitat que ladite commune a connu depuis les années soixante-dix n’a pas été le produit d’une évolution économique et socio-spatiale équilibrée, mais il a découlé d’une gestion urbaine déficiente conjuguée aux déséquilibres induits par les effets du phénomène de la périurbanisation ayant trait à la polarisation de Rabat.
c-Carence en matiére de gestion des déchets
A Ain Aouda existe un service de collecte des ordues ménagéres évacuées vers la décharge intercommunale d’Oum Azza .Le niveau de couverture des besoins est 100%. La collecte quotididenne ellle est de 15 Tonnes/jour, trois camions assurrent le service.[2]
Le service de gestion des déchets est assuré par la commune elle-même :avec ses propres moyens ,ceci en résulte des gros problèmes pour le paysage urbain de la ville :rassemblements des déchets ménagers dans les poches vides de la ville .La commune consacre des moyens matériels et humains insuffisants au service de la propreté .Dès la présence sur terrain ,il est facile de constater un dysfonctionnement dans la gestion de ce service ,argumenté par des points noirs multiples. Cela contribue activement à la dévalorisation de l’image de la commune.
1-5Pathologies sociales
a-Manque d’espace public de qualité
La ville de Ain Aouda avec une population de 49 000 souffre d’un absence terrible des espaces publiques, la ville se forme d’un ensemble de bloc de construction, l’ensemble des espaces publics sous forme des petites places se repèrent au long de l’avenue Mohamed 6 à la zone villas.
L’espace public représente tous les espaces de passage et de rassemblement qui sont à l’usage de tous et desservent les terrains et les bâtiments privés. Il permet le trajet dans la ville et possède sa propre logique qui renvoie à une convention sociale propre.
b-Absence de sécurité
Se rendre à Ain Aouda reste synonyme d’agression et de manque de sécurité, le territoire de Ain Aouda constitue un terrain de multiplicité des agressions commises , notamment avec la propagation de phénomène de commercialisation de la drogue surtout pendant la nuit s’ajoutant à l’absence de l’éclairage public dans certaines zones de la ville intensifie le degré de criminalité et la non sécurité. « Ain Aouda c’est notre ville natale, ou le beau paysage et les fortes relations familiales mais nous souffrons beaucoup de la criminalité et l’absence de sécurité surtout pendant la nuit, »[3].
c-Trame viaire et privilège de la motorisation
Quant à la voirie, le maillage viaire urbain mettant en communication les différents secteurs de la ville, dessine pratiquement un plan d’une forme linéaire. La trame viaire renseigne sur un privilège de la motorisation au détriment des chemins piétons et des pistes cyclables.
Les nouveaux lotissements sont desservis par des voies en forme circulaire .
A propos de l’état de la voirie, n’est pas bien finalisée notamment dans le centre. Alors que la majorité des voies secondaires reliant les différents points à du centre sont manifestement dégradées et in Quant à la voirie, le maillage viaire urbain mettant en communication les différents secteurs du centre, dessine pratiquement un plan d’une forme linéaire.
A propos de l’état de la voie urbaine principale, qui met en communication la route régionale et le reste du centre, n’est pas bien finalisée. Alors que la majorité des voies secondaires reliant les différents points à du centre sont manifestement dégradées et incomplètement achevé.
L’armature viaire n’offre pas une lisibilité territoriale, car elle n’émane pas d’un tracé réfléchi qui anticipe la forme urbaine globale de la commune.
La structure de la voirie est caractérisée par :
- Une faible affirmation du caractère des grands voies qui se distinguent par leur largeur et leur emprise et l’activité commerciales plus que par leur traitement
- Une absence de la requalification et de mise à niveau des axes urbains qui marquent les entrées de la commune ;
- une inégalité entre la voirie de la zone villa et la voirie du reste de la ville.
1-6 Analyse du profil économique de la Commune
a-Activités économiques
L’économie de la commune est marquée par la coexistence d’une dualité économique : une économie portée en principe par les activités soukières, activité industrielle, ainsi que des activités tertiaires.
En fait, le tissu économique reste moins diversifié et modeste, Néanmoins, il est en cours de recevoir de mutations se rapportant à son positionnement géo-spatial et à ses rapports interactifs avec les entités urbaines et rurales. D’ailleurs, la consécration des disponibilités foncières aux grandes opérations de recasement, a lourdement entravé ses possibilités de développement économique.
L’économie d’Ain El Aouda se base essentiellement sur la prédominance des branches d’activités commerciales. On notera tout de même la présence de secteur industriel pharmaceutique, industrie de câblage automobile qui est un important pourvoyeur d’emplois pour la ville d’Ain El Aouda.
Ain El Aouda, se contente, aujourd’hui, de jour le rôle de petit centre de services, d’échanges et d’acheminement des produits de sa zone (Plaine des Zaers) et une petite plaque tournante des échanges au niveau intercommunal. Ceci le range dans la catégorie des centres à capacité d’encadrement commercial et administratif d’un arrière-pays assez dense en population mais assez défaillant en termes et d’infrastructures économiques.
Le souk est considéré comme la principale centralité de la ville anciennement aujourd’hui l’emplacement a changé vers Sidi Larbi. En plus, on trouve les zones d’activités qui ne représentent pas des pôles à part entière, récemment aménagées, peu d’entreprises y sont déjà implantées.
En ce qui concerne L’activité industrielle dans la zone d’étude reste encore peu développée malgré la présence de grandes unités, telle que l’usine de production de produits pharmaceutiques Pharmaceutical Institute, Beecham installée dans les années 90, et la société Sumitomo Electric Wiring Systems, SEWS, filiale du groupe japonais Sumitomo Electric Industries, spécialisée dans la production de câbles pour le constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën.
Carte 5 :localisation des zones industrielles à Ain Aouda
Comme l’on peut remarquer à travers un relevé de terrain, les activités économiques peut être scindées en 3 grandes catégories : Commerce ; service ; artisanat.
Graphique 5 : Activités économiques au centre de Ain Aouda
Source : Relevé sur terrain (centre de Ain Aouda et avenue Doukkala )
Dans sa dimension actuelle le secteur de l’artisanat à Ain Aouda reste peu développé et d’une portée peu limité, couvrant un taux d’environ 7% .
Une prédominance de l’artisanat de production qui accaparent un taux important et regroupe les métiers suivants : tailleur, cordonnier, menuisier, forgeron. Pour les services se concentrent essentiellement sur les banques, les services de poste, services de réparation électroniques.
On note une importance des locaux de vente des matériaux de construction qui est fortement liée à une demande accrue en matériaux vu que ce domaine qui est en pleine évolution.
b-Ain Aouda un taux de chômage inquiétant
La croissance urbaine ne s’est pas accompagnée d’un développement de la base économique de la commune .Le taux de chômage de la commune est parmi les taux les plus élevés dans la préfecture qui atteint 17% après celui de la commune rurale de Sabbah de 18% ;ceci rejoint essentiellement l’ absence des activités génératrices d’emploi malgré l’existence de deux zones industrielles ceci peut être expliquer par les causes suivantes :
- Des structures économiques modestes
- L’urbanisation démesurée non générée par des richesses et des dynamiques spatiales
- Une croissance démographique de la commune non accompagnée par une croissance économique
- Une carence notoire en structures d’accompagnement
2-Vision et orientations stratégiques de développement de Commune de Ain Aouda
Ain Aouda exprime un espace périphérique polymorphe à l’interface des espaces urbains et ruraux. Il s’agit d’un espace avec des caractéristiques physiques et des dynamiques multiples. Cette commune pourrait espérer l’amélioration de sa compétitivité territoriale en dépassant une crise d’efficacité liée à sa morphologie, à sa contenance et à sa gestion urbaine qui conditionne le devenir de cette ville en pleine recomposition socio-spatiale.
Après avoir procédé à un diagnostic détaillé de la commune de Ain Aouda mettant en exergue ses contraintes et ses opportunités de développement, et qui sert comme un élément crucial d’élaboration d’une vision de développement, il est judicieux de prendre en considération d’autres visions concernant cette surnommée ville en grande métamorphose.
a-Ain Aouda et exigences de l’urbanisme durable
La création d’un projet urbain à vocation durable est incontournable pour la mise à niveau de Ain Aouda dans son environnement, mais celle-ci ne doit pas se réduire à la seule problématique de l’habitat et du paysage urbain, elle nécessite d’adopter une vision plus large abordant tous les aspects de développement durable [4]permettant de :
- Créer les conditions d’une base économique diversifiée ;
- Réduire la ségrégation sociale et spatiale au niveau des rapports ville ses zones d’influences
- La solidarité de différentes entités spatiales de la Commune qui renvoie à l’efficacité économique, à la répartition des fonctions urbaines, à l’attractivité et à la compétitivité .
b-Enjeux de développement de Ain Aouda
Le territoire de Ain Aouda présentent des enjeux territoriaux différents :
- L’enjeu d’intégration urbaine
Le territoire de Ain Aouda est fortement fragmenté. Cette fragmentation est à la fois spatiale, sociale et fonctionnelle. Il est donc impératif pour nous de l’homogénéiser, le restructurer, dans un projet intégré, la prise en compte de toutes les opérations existantes, en cours de réalisation ou projetées. Ainsi : Au niveau de la commune, il s’agit d’intégrer harmonieusement les opérations futures d’habitat. L’intégration urbaine doit également se faire par rapport à des projets déjà existants.
- L’enjeu de mixité socio-spatiale
La ville d’Ain Aouda a souvent été un territoire dédié à la résorption des bidonvilles. Cette donne l’a cantonné à une cité dortoir sans vocation spécifique dédiée à la classe la plus pauvre de la région. Son paysage urbain est alors défiguré.
Elle a accumulé des déficits spatiaux et fonctionnels très importants. Son évolution spatiale a donné lieu à une croissance urbaine dissimulée, peu économe de l’espace et, à une dégradation écologique.
- L’enjeu d’identité urbaine
Ain Aouda souffrent d’un manque d’identité fonctionnelle et spatiale au niveau de la région. Le projet doit donc doter zones de nouvelles identités à la fois articulées, complémentaires, à l’échelle de la région, Ain Aouda : est formée de morceaux urbains fragmentés sans aucune centralité ni fonction bien définie.
- L’enjeu environnemental
Avec un voisinage rural attractif, Ain Aouda est la porte d’un espace naturel très important, et un environnement diversifié, l’enjeu reste de valoriser ces paysages
Un essai d’imagination de la commune d’Ain Aouda dans l’avenir lointain renvoie à des inquiétudes. Sa localisation au cœur d’une conurbation dynamique et grande consommatrice d’espace, et l’absence des moyens et d’une vision de développement des acteurs locaux, exposent Ain Aouda à des risques de consommation continue de ses espaces, d’où la nécessité de constitution d’une vision claire de développement.
Il est important d’attribuer à la commune une vocation, et de renforcer sa vocation commerciale tout en maitrisant le processus accéléré d’urbanisation .Donc, l’insertion d’Ain Aouda dans son environnement peut se faire à travers les axes stratégiques suivants. Ces dernières peuvent permettre de constituer un territoire d’innovations économiques, sociales et environnementales à travers deux actions principales :
Action 1: Maitrise du processus de l’urbanisation ; une revitalisation commerciale par le biais d’aménagement du souk hebdomadaire, et création d’une adaptabilité économique.
Action 2 : Repositionnement et insertion de la commune au sein de son environnement ainsi de combler le déficit en matière d’équipements publics.
L’avenir de cette ville dépend du niveau d’équipement et de création de l’emploi qu’elle peut générer, afin de rompre avec le statut actuel de ville dortoir dépendante et d’acquérir le maximum possible de centralité et de d’urbanité.
- Consolider la base économique
- Améliorer les l’aspect urbain et les équipements sociaux
- corriger l’environnement
- Maintien de l’urbanisation actuelle
Dans son développement, la commune gagnera à favoriser l’implantation d’espace verts (voies plantés et jardins aménagés) par le biais de Ratios imposés aux lotisseurs, mais également à entretenir et préserver le espaces verts existants .Les espace verts sont très importants pour la santé et le milieu urbain et l’amélioration de la qualité du cadre de vie des citadins, et vont être considérés comme un élément central lors de la planification de tout projet urbain.
L’urbanisation actuelle d’Ain Aouda doit conserver sa forme et limiter son extension vers les communes limitrophes .La création des espaces tampons entre les deux territoires est fondamentale. Rendre inconstructible des espaces fragiles permet de préserver les ressources naturelles, facteurs d’équilibre écologique et d’attrait, Seules sont autorisées les constructions ou installations nécessaires à des services publics ou à des activités économiques.
Egalement, le processus d’octroi des autorisations de dérogations doit être repensé, car il ne génère qu’un émiettement du terrain, une surconsommation de la base foncière et une augmentation des exigences d’équipements de la part des communes.
c-Mise à niveau du cadre urbain : la valorisation de l’existant
La ville d’Ain Aouda ne présente pas les signes d’une urbanité accomplie et est marquée de ce fait d’une image généralement défavorable. Elle accuse l’absence de qualité architecturale, l’inachèvement de ses quartiers, le déploiement parfois désordonné des activités artisanales.
La question de la centralité est une problématique qu’il faudrait repositionner dans le contexte et nature du développement urbain en lotissements de la ville, qui ne dispose alors pas de centralité confirmée.
La centralité est une construction conceptuelle traduite par des éléments physiques et des pratiques sociales, qui renforcent son rôle essentiel de lieu de convergence de tout un territoire. Elle est fortement liée à la qualité de la composition urbaine et au niveau des équipements et des activités urbains.
Conclusion
La commune périurbaine de Ain Aouda, malgré la complexité de sa situation liée à un processus d’urbanisation accélérée, et à l’absence des relations de complémentarité avec les Communes limitrophes, la soumission au grignotage de sa base foncière et aux modes de développements de son voisinage, elle peut renverser la tendance en sa faveur.
La Commune de Ain Aouda est entourée par des enjeux externes très importants, issues notamment de son positionnement géo-spatial, sa dynamique et ses influences, rendant sa situation plus complexe et désamorçant ses capacités de développement. Particulièrement dynamique, Ain Aouda jouit de nombreux atouts liés à sa position en tant que maillon de la couronne Sud de Rabat, et à sa structure urbaine.
Comme il est déjà indiqué, Ain Aouda connait une concurrence d’autres pôles urbains avoisinants comme Tamesna et El menzeh , mais elle peut faire valoir son histoire urbaine assez riche comparées à ces deux entités.
Dans ce sens, la Commune dispose des potentialités qui nécessitent être convenablement valorisées. Ces potentialités se résument en plusieurs éléments : le souk hebdomadaire qui se caractérise par une grande attractivité et qui présente d’ailleurs maints dysfonctionnements précédemment évoqués ; la zone industrielle qui est plein essor,la promotion de l’industrie de recyclage .
Bibliographie
Documents et rapports institutionnels :
- Agence urbaine de Rabat – Salé, « L’étude relative aux interactions entre la conurbation de Rabat – Salé – Skhirat-Témara et les espaces périphériques», AREA, 2007 ;
- MHUAE-Direction d’Aménagement du Territoire,«Etude du Schéma d’organisation fonctionnelle et d’aménagement de l’aire métropolitaine Rabat –Casablanca : Rapport définitif de synthèse », DIRASSET, 2009 ;
- .Etude Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme Rabat « Marges et villes entre exclusion et intégration » 2013 ;
- Monographie de Ain Aouda Commune de Ain Aouda 2015 ;
Mémoires et thèses
« Processus et formes d’urbanisation à la périphérie de Rabat Salé » Thèse de doctorat de 3 éme cycle ; El Mansouri EL Hassan EL MANSOURI ;Université de Poitiers ;1989
- « Mécanismes de développement et type d’organisation spatiale d’un centre proche de Rabat » El Oualid Laraki Houssaini INAU 1996 ;
- « Requalification d’un centre périphérique cas de Ain Aouda »Laila Alouat et Dounia Bouhabel ENA 2001 ;
- « Urbanisme temporaire et urbanité événementielle : les nouveaux rythmes collectifs » Thèse de doctorat Benjamin PRADEL UNIVERSITÉ PARIS-EST 2010 ;
- « Réflexions sur l’urbanité et la citadinité d’une aire urbaine américaine (dé) construire Las Vegas» Thèse de doctorat en Géographie Aménagement Urbanisme ; Pascale NEDELEC; Université Lumière Lyon 2 ; 2013
Ouvrages
- Belfquih Mohamed et Fadloulah Abdellah « Mécanismes et formes de croissance urbaine au Maroc : cas de l’agglomération de Rabat Salé » ; Edition Al Maarif ;Rabat 1986 ;
- Haegel, Florence & Lévy, Jacques, Michel Lussault « Urbanités. Identité spatiale et représentation de la société » : Edition Maison des Sciences de la Ville 1997 ;
Webographie
- Site officiel de Haut-Commissariat au Plan : [www.hcp.ma]
- Site officiel de l’agence urbaine de Skhirat – Témara : [www.aust.ma]
- Site expert ENS/DGESCO de géographie [www.geoconfluences.ens-lyon.fr]
- [hal.archives-ouvertes.fr]
- Site de la Comité économique et sociale Européen [http://www.eesc.europ]
[1] Monographie de la commune de Ain Aouda 2017 p 10.
[2] Secrétaire générale de la commune
[3] Une habitante de Ain Aouda
[4] BLAIS, Pierre, Isabelle BOUCHER et Alain CARON, « L’urbanisme durable : Enjeux, pratiques et outils d’intervention, ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, coll. « Planification territoriale et développement durable », 2012, P. 6. [www.mamrot.gouv.qc.ca]