Research studies

L’enseignement hybride des langues étrangères

Hybrid teaching of foreign languages

 

Prepared by the researcher

  • Laila Zhaoui. Université Ibn-Tofail. Kenitra. Faculté des Lettres, Langues et Arts. Laboratoire Langage et Société
  • Malika Bahmad. Université Ibn-Tofail. Kenitra. Faculté des Lettres, Langues et Arts. Laboratoire Langage et Société

Democratic Arab Center

Journal of cultural linguistic and artistic studies : Twenty-Eighth Issue – June 2023

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

 

 

Résumé 

L’enseignement des langues étrangères nécessite le recours à différentes démarches surtout à l’ère de la pandémie. Nous sommes passés du présentiel, au distanciel, puis à l’enseignement hybride. Le présentiel est un cours traditionnel réunissant l’enseignant et ses apprenants, le distanciel se fait en dehors de la classe via le numérique, l’apprenant travaille essentiellement en autonomie. Pour les cours hybrides, différentes configurations sont possibles en fonction de l’articulation entre le présentiel et le distanciel. L’hybride permet d’alterner séquences en ligne et en classe pour venir bonifier l’expérience d’apprentissage. C’est une occasion de rendre l’enseignement plus motivant en permettant aux apprenants de développer des compétences transversales, d’être autonomes et d’avoir une bonne maitrise du numérique.

Abstract

The teaching of foreign languages necessitates resorting to applying different approaches, especially during the pandemic. We have moved from face-to-face teaching to distance teaching and then to hybrid teaching while respecting the health protocol. The face-to-face course is traditional, it gathers both students and teachers in the same space. However, distance courses exist outside the classroom with the help of technology. Learners here develop a sense of autonomy. As for hybrid courses, many educational plans were taken into consideration to join face-to-face courses with distance ones. This method permits to alternate between online and face-to-face sequences to improve learning. This is an opportunity to make teaching motivating to learners while encouraging them to develop transversal competencies, become autonomous, and master using technology.

  1. Introduction:

L’enseignement-apprentissage en général, est une opération qui se déroule selon diverses modalités se rapportant aux différents partenaires préoccupés par ce secteur, à savoir les professeurs, les décideurs et les pédagogues sans oublier les parents ainsi que les apprenants. L’enseignement se développe au fil du temps, plus particulièrement l’enseignement des langues étrangères.

Au Maroc, notre paysage linguistique est riche et diversifié. Notre pays est connu par sa grande diversité culturelle et linguistique. Cela nous a conduit à un métissage qui apparaît clairement à travers plusieurs situations multilingues et multiculturelles dans divers domaines, école, audiovisuel, administration, etc. Cela nous permet d’avoir une autre vision du monde, de concevoir autrement notre entourage, de s’adapter dans telle ou telle société, d’échanger avec les autres, de les accepter et de partager des idées avec eux. Pour ce faire, il est primordial d’apprendre les langues étrangères et de les maîtriser à l’oral comme à l’écrit.

L’enseignement des langues étrangères nécessite le recours à plusieurs démarches et pratiques en classe afin de bonifier notre travail et mieux réussir notre mission. Pour cela, il est conseillé de recourir à la didactique intégrée, à la perspective plurilingue, pluriculturelle et interactionniste.

Le Maroc se caractérise par la cohabitation de plusieurs langues et cultures à travers un brassage de langues nationales et étrangères.

Notre paysage linguistique est marqué par la présence du Tamazight avec ses trois variantes, du Hassani, de l’arabe standard, de l’arabe dialectal avec ses variantes régionales, en plus des langues étrangères, le français, l’anglais, l’espagnol et bien d’autres.

L’interaction entre ces différentes langues se fait même en classe, d’où le recours à l’alternance codique et à la traduction surtout lors des séances de l’enseignement des/ en langues étrangères (à titre d’exemple : l’enseignement des disciplines dites non linguistiques “DdNL“ en français, en anglais, etc.)

Il faut noter que les langues utilisées au Maroc se complètent, se métissent sans se nuire. Le monde actuel est en perpétuelle mutation linguistique, sociale, culturelle et même technologique. Cela se répercute forcément sur les méthodes d’enseignement des langues étrangères au Maroc et même ailleurs.

L’enseignement a connu des changements à l’ère de la pandémie de Covid-19, nous sommes passés par différentes phases, il y a un avant, pendant et un après crise. Avant tout était normal, l’enseignement était majoritairement en présentiel, c’était un enseignement traditionnel basé sur la présence en classe de l’enseignant et de ses apprenants. Nous avons connu à l’université les notions de base de l’enseignement hybride mais ce n’était qu’une expérience non généralisée suite à la mise en pratique du programme GENIE (Génaralisation des Technologies d’Information et de communication dans l’Enseignement au Maroc.)

C’est un programme qui a visé les différents partenaires de l’opération d’enseignement-apprentissage tels que les enseignants, les inspecteurs, les techniciens, les chefs d’établissements, etc. Pour les former et les amener à mieux maîtriser les outils numériques.

Ce programme a vu le jour au Maroc en 2006, il avait pour objectifs d’encourager la participation active des enseignants dans l’intégration des TIC dans l’enseignement. D’offrir un enseignement de qualité pour tous et de mieux se servir des outils numériques en classe.

   Le développement numérique transforme les modalités de l’enseignement des langues puisqu’il crée des espaces d’interaction visant à mieux apprendre et pratiquer les langues étrangères et à assurer la continuité pédagogique.

L’enseignant peut personnaliser les supports et la méthode adoptée en fonction du niveau de sa classe à travers le recours à des médias variés, audio, vidéo, texte, image, etc. Afin de garder l’attention et la motivation de ses apprenants.

L’enseignement des langues étrangères, plus particulièrement le FLE que nous enseignons, est passé par trois étapes :

  • 1ère étape : Avant la pandémie, on avait 4h par semaine durant lesquelles on présentait des activités variées, lecture, langue et communication, activité orale et production écrite, vers la fin du projet séquentiel nous commençons les séances de remédiation et de consolidation pour aboutir par la suite à l’évaluation sommative. Tout se déroulait en présentiel, on n’utilisait pratiquement pas d’outils numériques surtout dans le secteur public.
  • 2ème étape : Pendant le confinement total, nous avons entamé une nouvelle expérience qui est celle de l’enseignement à distance. Ce n’était pas une expérience réussie à cause des inégalités sociales surtout entre le secteur public et privé. Nous n’avons pas pu recourir aux plateformes consacrées à l’enseignement à distance telles que Google meet, Classroom, Microsoft teams, etc. Nous avons dû tout suspendre, fermer les établissements scolaires pour lutter contre la propagation du virus et réfléchir à de nouvelles méthodes qui s’adaptent à la nouvelle situation.
  • 3ème étape : L’enseignement hybride “En alternance“ entre le présentiel et le distanciel. Cette phase est marquée par le retour en classe après 6 mois d’interruption, mais cette rentrée scolaire était hors pair. Il fallait respecter un protocole sanitaire très stricte et répartir la classe en deux sous-groupes d’une vingtaine d’élèves afin de respecter la distanciation sociale. Cela signifie que chaque groupe avait 2H de français par semaine au lieu de 4H. Ces 2H étaient réparties en deux moments par heure, chaque moment contenait une leçon qui ne dépassait pas les 30 minutes sachant que la suite était en ligne, généralement via WhatsApp“ Le seul moyen possible pour nos apprenants“. Les apprenants venaient à l’école soit le matin, soit l’après-midi et ils devaient recourir à l’auto-apprentissage pendant leur temps libre.

Cette expérience a ses avantages et ses inconvénients, mais elle reste tout de même meilleure que le distanciel à 100%.

Nous avons travaillé pour la 1ère fois de notre vie professionnelle avec un effectif réduit, une vingtaine d’élèves par classe, cela nous permettait d’être beaucoup plus à l’aise et de consacrer du temps à chaque élève. L’atmosphère était utile pour interagir avec les apprenants et les amener à communiquer, à participer et à contribuer à la construction de leur savoir en classe et hors classe.

  1. Problématique et hypothèses:

En tant qu’enseignants du FLE, nous avons adopté une didactique des langues et des cultures basée sur la complémentarité et le métissage. Nous avons proposé des modalités de travail variées répondant aux besoins des apprenants.

Notre système éducatif marocain tient compte de la diversité du public cible et des rythmes d’apprentissage de nos apprenants.

Pour ce faire, il va falloir concevoir des activités adaptées au niveau réel des apprenants à travers des situations authentiques. L’objectif est de les accompagner, les motiver et les encourager pour maîtriser des langues étrangères et les pratiquer.

Les différents types d’enseignement des langues encouragent l’interaction et l’échange entre les apprenants en classe et même en dehors dans leur vie quotidienne.

La crise sanitaire a tout changé, on est passé de l’enseignement traditionnel “en présentiel“ à d’autres modalités que nous n‘avons jamais connues auparavant. Le primaire, le collège et le lycée n’ont jamais recouru à l’enseignement hybride avant la pandémie, alors que l’enseignement supérieur utilisait des plateformes même avant le coronavirus comme Moodle, Google meet, Classroom, Zoom, etc.

L’enseignement à distance durant le confinement du pays variait d’un niveau scolaire à un autre et d’un secteur à un autre. Pour le primaire, le collège et le lycée, le ministère de l’éducation nationale du Maroc a diffusé des cours enregistrés et cela tout au long de la période du confinement total et même après, cela s’est effectué grâce aux différentes    chaines télévisées. Les universités étaient mieux équipées à travers la mobilisation de ressources pédagogiques complémentaires. Mais, durant la période du confinement, nous avons constaté de grandes inégalités sociales et même une discrimination des personnes défavorisées et non connectées.

Notre analyse sera focalisée sur le système éducatif marocain et plus particulièrement sur l’enseignement hybride des langues étrangères à l’ère de la pandémie de Covid-19.

Notre problématique est la suivante : L’enseignement hybride était-il la meilleure solution pour assurer la continuité pédagogique tout en respectant le protocole sanitaire?

Cette problématique choisie soulèvera deux questions majeures :

  • Nos apprenants avaient-ils les mêmes moyens pour faire face à cette nouvelle situation?
  • Comment peut-on remédier aux difficultés rencontrées afin de mieux nous préparer pour une éventuelle crise ?

Cette problématique sera élucidée à travers les résultats de notre enquête de terrain sous forme d’observation, de questionnaire adressé à nos apprenants et de discussions avec les différents partenaires de l’opération de l’enseignement-apprentissage notamment les enseignants.

Les réponses hypothétiques que nous proposons aux questions posées sont :

  • Premièrement, le manque de moyens numériques aurait été à l’origine de l’échec de l’hybridité à l’ère de la pandémie.
  • Deuxièmement, la connectivité pour tous et l’égalité des chances pourraient nous permettre de mieux nous préparer pour une éventuelle crise qui nous menacerait.

Lors de notre recherche de terrain, nous procéderons au moyen de questionnaires adressés à nos apprenants.

L’étude comportera deux types d’analyse, quantitative et qualitative.

  1. L’enquête : Nous avons opté pour la démarche suivante:
  • Élaborer un questionnaire et le distribuer en ligne aux interviewés pour le remplir convenablement.
  • Effectuer une analyse approfondie en précisant les variables à étudier d’une manière qualitative et quantitative.
  • Faire des statistiques et analyser les figures obtenues.

Description de l’enquête:

  • La situation géographique: Le Maroc
  • La tranche d’âge ciblée : Les adolescents entre 13 et 19 ans
  • Les variables étudiées:

Variables quantitatives : l’âge, la fréquence des cours en ligne, le taux de concentration des apprenants durant les cours.

Variables qualitatives : le genre, le niveau scolaire, l’utilisation du numérique, les moyens utilisés, les réseaux, les types d’enseignement, le déroulement des cours en ligne, l’accompagnement, les modalités d’apprentissage, la comparaison, l’organisation des cours, l’autonomie, l’interaction avec les enseignants, le sentiment d’isolement, la participation active, les difficultés techniques et leurs types, les conditions matérielles.

  • Traitement des données:

Nous avons commencé par une lecture approfondie des différentes réponses à notre questionnaire. Nous avons saisi les données et sélectionné les variables à analyser. Nous avons tout saisi en premier lieu sur Excel puis nous avons traité ces données à l’aide du logiciel XLSTAT 2021.

  • L’analyse statistique:
  • Cette figure représente les types de difficultés rencontrées lors de l’enseignement hybride. 51% des interviewés ont trouvé des problèmes de connexion.

                                     Figure 1: Types de difficultés

  • Cette deuxième figure met l’accent sur le déroulement des cours à l’ère de la pandémie. 46% des apprenants ne les organisent pas au préalable.

                    Figure 2: Déroulement des cours

  • Cette figure resprésente une comparaison des différents types d’enseignement que nous avons adoptés dès l’apparition de la pandémie du coronavirus. 63% de nos apprenants préfèrent l’enseignement en présentiel.

Figure 3: Comparaison des types d’enseignement

  • Cette figure représente l’utilisation des outils numériques au service de l’enseignement-apprentissage des langues étrangères. 48,7% utilisent uniquement leurs téléphones pour suivre les cours à distance de manière synchrone ou asynchrone.

Figure 4: Utilisation des outils numériques

  • Cette figure montre le rapport des apprenants à la technologie et leur niveau d’aisance. 33,33% ne sont pas du tout à l’aise, 28% ne sont pas à l’aise. Donc la grande majorité trouve du mal à utiliser les outils numériques.

Figure 5: Aisance d’utilisation

  • Cette figure consacrée aux usages numériques montre que 33,33% ne se servent pas des outils numériques. Alors que les autres parviennent à consulter les ressources en ligne avec différents moyens.

Figure 6: Usages numériques

  • Discussion:
  • Le développement numérique transforme le paysage de l’enseignement des langues puisqu’il crée des espaces d’interaction visant à mieux apprendre, pratiquer les langues étrangères et à assurer la continuité pédagogique.
  • En 2021, l’enseignement se faisait en alternance entre le présentiel et le distanciel, en ligne. Les classes étaient divisées en groupes, l’hybridité permettait à un groupe d’étudier en classe et à l’autre de passer à l’apprentissage autonome puis ils alternaient selon un emploi du temps préétabli.
  • L’auto-apprentissage (ou Self-learning) est une méthode d’apprentissage par laquelle l’apprenant développe ses compétences de façon autonome et structurée. L’apprenant (actif) participe à la construction de son savoir à travers des recherches, des activités parascolaires et des tâches à effectuer.
  • L’enseignement hybride demande un certain degré d’autonomie chez l’apprenant et une bonne maitrise des outils et plateformes utilisés.
  1. Les avantages et les inconvénients de l’enseignement hybride des langues étrangères :
    • Ses avantages:
  • Permettre aux apprenants d’apprendre dans n’importe quelle situation, surtout pour ceux qui n’arrivaient pas à se déplacer : Handicap, etc.
  • Tirer profit de l’expérience de la pandémie et faciliter l’éducation inclusive.
  • Rénover en combinant les avantages de chaque mode d‘enseignement, le choix se fait selon la valeur pédagogique et selon les spécificités du groupe-classe.
  • Meilleurs taux de réussite, meilleures conditions de travail.
  • Plus de flexibilités pour les étudiants.
  • Faire les activités selon le rythme d’apprentissage des apprenants.
  • Satisfaction des apprenants.
  • Facilité d’accès à l’information: Cours partagés en ligne.
  • Plus d’interaction entre les enseignants et leurs apprenants.
  • Revoir les cours enregistrés.
  • Etudier dans de meilleures conditions: de chez-soi.
  • Economiser en temps, en argent et en effort.
  • S’initier à l’utilisation des outils numériques.
  • Parfaire son travail et collaborer avec le corps enseignant.
  • Compétences transversales et interdisciplinaires.
  • Se préparer pour mieux gérer les situations de crises, etc.
    • Ses inconvénients:
  • L’inégalité sociale: La marginalisation et la discrimination.
  • Grande différence entre les établissements du secteur public et privé.
  • Manque de moyens, d’outils numériques et de formation initiale.
  • Les apprenants du secteur public sont issus de familles moyennes ou pauvres: pas d’ordinateur, pas de téléphone, pas de connexion, etc.
  • Le secteur privé se caractérise par les plateformes utilisées, le suivi parental, l’accompagnement et la réussite des cours à distance.
  • Problème d’organisation et de scénarisation des cours.
  • Difficulté se rapportant au respect de l’horaire des cours hybrides.
  • Nécessité d’une animation efficace entre les séances en présence et à distance
  • Dans le secteur public, on recourt plutôt aux groupes WhatsApp au lieu des plateformes comme Microsoft teams, google meet, zoom, etc.
  • Problème de connexion.
  • Manque / absence de matériel et d’outils numériques.
  • Non maîtrise de ces outils.
  1. Le rôle des différents partenaires dans l’enseignement hybride:
    • Le rôle de l’enseignant:
  • L’enseignant est censé rénover, parfaire son travail, adopter des stratégies variées, être créatif, etc.
  • Il peut personnaliser les supports et la méthode adoptée en fonction du niveau de sa classe et des besoins de ses apprenants à travers le recours à des médias variés, audio, vidéo, texte, image, etc.
  • L’enseignant a pour rôle d’accompagner les apprenants, de suivre leur progrès, de corriger régulièrement leurs travaux, de leur venir en aide en cas de besoin, d’être toujours présent, etc.
    • Le rôle de l’apprenant:
  • L’apprenant doit être actif et autonome.
  • Il doit faire preuve de responsabilité et contribuer à la construction de son savoir.
  • Être conscient de son rôle et travailler en groupe.
  • Ne pas tout attendre de son professeur.
  • Être créatif, motivé, dynamique et présent.
  • Préparer le cours et effectuer les tâches demandées à temps.
    • Le rôle des parents:
  • Le suivi de leurs enfants, les aider et les encourager.
  • Les inciter à être autonomes.
  • Leur fournir les outils nécessaires: Téléphone, ordinateur, connexion.
  • Créer une bonne atmosphère de travail à la maison: Espace/ Confort.
  • Collaborer avec les enseignants.
  1. Le développement numérique et la digitalisation:

La crise a stimulé l’innovation dans les différents secteurs, Ces innovations ont fait apparaître des lacunes: connexion, moyens, connaissance et maîtrise. Ce qui a conduit à une aggravation des disparités à tous les niveaux.

« Nous devons réfléchir à ce que peut apporter le numérique, non seulement pour surmonter cette crise, mais aussi pour reconstruire le monde a posteriori »¹.

  • L’autonomie:

L’objectif principal de ce type d’enseignement est de former un apprenant capable de faire des recherches, des travaux et tâches hors classe individuellement ou en groupes, d’être autonome, ayant l’envie d’étudier et d’améliorer son niveau, être responsable et conscient de son rôle dans l’opération d’enseignement-apprentissage. L’élève doit être capable d’améliorer son niveau en respectant les conseils, consignes et remarques de ses enseignants. Il doit s’adapter, travailler en groupe, construire son savoir, partager des idées avec les autres, etc.

  • L’enseignement hybride:

L’éducation s’est digitalisée à l’ère de la pandémie et plus particulièrement pendant le confinement total. Nous nous dirigeons vers une révolution de l’enseignement-apprentissage. Cette révolution est déjà en cours depuis quelques années mais la situation pandémique l’a accélérée. Les professeurs de français langue étrangère en particulier étaient depuis le début novateurs. Ils ont même inventé des systèmes modernes tels que la classe inversée qui se sont révélés absolument essentiels dans la capacité à enseigner à distance. Le recours à la digitalisation est un mouvement qui a commencé il y a à peu près 20 ans, sous l’influence des pédagogues et aussi des établissements scolaires. Ces stratégies nous ont préparés à ce qui s’est passé et à mieux gérer la crise sanitaire. On peut dire que le déconfinement progressif et la reprise des cours en présentiel, tout en respectant le protocole sanitaire et la distanciation sociale, étaient une préparation à ce qui nous attendait avec une hybridation de l’enseignement et une alternance entre le présentiel et le distanciel. Dès la rentrée scolaire, les cours étaient à moitié en présence et à moitié à distance. Il y avait un énorme besoin de recourir à l’enseignement hybride, à utiliser les outils numériques dans l’ensemble des pays du monde. Les enseignants doivent être accompagnés par le ministère pour s’y préparer parce qu’ils doivent devenir quasiment des experts du numérique. En réalité, c’était très compliqué d’utiliser les outils numériques et de les maitriser et même d’équiper les classes. Pour ce faire, il faudrait absolument programmer des formations ouvertes et à distance de ces enseignants afin de leur permettre d’utiliser des ressources vidéo et audio. On tend vers une utilisation majeure de ce type de matériaux, c’est un moyen extraordinaire de rendre accessible une langue étrangère, de la maitriser et de la pratiquer. Cela permet véritablement d’aider les professeurs à intéresser leurs élèves quel que soit leur niveau du préscolaire jusqu’à l’universitaire pour mieux appréhender les langues étrangères. Pour cela, les écoles doivent être équipées, nous avons besoin d’outils numériques, mais certaines écoles ont besoin d’eau, d’électricité, de photocopieuse, d’imprimante qui fonctionnent convenablement, de Data Show, etc.

Il faut dire que ces outils numériques doivent être accessibles même « offline » sans forcément avoir un accès à Internet pour faciliter la tâche à nos apprenants et à leurs familles. Cette hybridité peut être synchrone ou asynchrone, ce dernier type est préférable parce que l’essentiel est de faciliter la tâche à ceux ayant un accès très difficile à Internet pour pouvoir télécharger les documents à n’importe quelle heure et travailler tranquillement. On ne peut avoir ni proposer un modèle unique, nos apprenants sont hétérogènes, nous sommes sans cesse, face à des individualités, chacun à son rythme de travail, son centre d’intérêt, etc. Il est essentiel de créer un laboratoire numérique de l’éducation.

  • L’enseignement hybride au Maroc à l’ère de la pandémie de Covid-19:

L’objectif était d’assurer la continuité pédagogique et de garantir la réussite de l’année scolaire au lieu de recourir à une année blanche ou à l’enseignement à distance à 100%. Le but est de lutter contre la propagation du virus et de prendre des mesures sanitaires strictes. Le ministère a mis en œuvre un système d’enseignement hybride dès la rentrée scolaire 2020/2021. L’objectif est de mettre en exergue les avantages et les inconvénients de l’enseignement hybride. C’est un enseignement en deux modalités, en présentiel et à distance. Il est flexible concernant le temps et l’espace. Ce type d’enseignement permet d’avoir une meilleure qualité de vie de famille. Il facilite l’apprentissage aux personnes ayant des besoins spécifiques d’où l’importance de l’éducation inclusive, mais l’apprenant devrait être impliqué et autonome.

La question qui se pose est la suivante, l’enseignement hybride est-il plus efficace que le distanciel concernant l’apprentissages des langues étrangères?

L’essentiel est d’adopter un autre scénario pédagogique visant une meilleure transition entre le présentiel et l’hybride en donnant plus d’opportunités aux personnes en situation de handicap. L’hybridité est devenue une nécessité et non pas seulement un choix. C’est une nouvelle façon d’apprendre, à travers la digitalisation et la transformation digitale. C’est un défi à relever sous forme d’une formule pédagogique mixte à travers une nouvelle ère de formation associant le distanciel au présentiel. De manière synchrone ou asynchrone:

Synchrone: Classe virtuelle: présence en ligne du professeur et des apprenants en même temps.

Asynchrone: Mettre des contenus à disposition des apprenants: documents, vidéos, etc. Hébergés dans une bibliothèque pour les consulter à n’importe quel moment.

  1. De quelle formule d’enseignement s’agit-il?

       La formation hybride est une combinaison entre le présentiel et le distanciel en proportion variable à partir de 20% ou 3 séances sur 15. Elle a trois types:

  • Cours comodal: Cours dont les séances sont données en classe et à distance de façon simultanée. L’élève choisit chaque semaine le mode de diffusion qui lui convient. Sans alternance entre les modalités, on est plutôt dans l’offre de toutes les modalités à chaque séance et c’est au choix de l’élève de participer en présence ou à distance de manière synchrone ou en différé en mode asynchrone, ce n’est pas la forme de formation hybride dont on parle aujourd’hui.
  • Cours à distance-hybride: Cours à distance composé, en proportion variable, de séances à distance synchrones et de séances à distance asynchrones. Il n’ y a pas de séances en présence dans cette formule-là, donc on peut parler d’une certaine hybridation mais ce n’est pas l’enseignement hybride dont il est question actuellement.
  • Cours présentiel-hybride: Cours composé en proportion variable, de séances en classe et de séances à distance synchrones ou asynchrones, c’est au choix selon la conception pédagogique.
  1. Vérification des hypothèses émises:

À travers notre recherche nous pouvons confirmer les hypothèses émises, l’hybridité a démontré l’écart existant entre le secteur public et privé au niveau des moyens utilisés. L’inégalité sociale et le manque des outils numériques ainsi que l’incapacité de s’enservir étaient à l’origine de l’échec de l’enseignement hybride dans les établissements du secteur public puisque très peu d’apprenants pouvaient se connecter de temps en temps. Pour remédier à cela, il est impératif de garantir une connectivité pour tous et d’équiper les établissements scolaires d’outils numériques.

L’enseignement hybride des langues étrangères aurait pu être bénéfique, il nous permet d‘économiser le temps, l’espace, les moyens financiers et les efforts fournis. Mais il faudrait apprendre à utiliser le numérique, apprendre à compter sur soi et être outillé pour réussir. L’hybridité se base sur la disponibilité de l’enseignant et l’engagement de l’apprenant.

On ne peut négliger les problèmes que nous rencontrons en tant qu’enseignant en voulant adopter cet enseignement hybride, il est important d’être motivé, de savoir gérer le temps, aménager un espace de travail, être performant, rigoureux, sérieux, responsabiliser l’apprenant, l’intégrer dans le processus de l’apprentissage, veiller à la régularité pour éviter le cumule de leçons et la démotivation, amener l’apprenant à devenir acteur dans son apprentissage, à éviter la paresse et abandonner sa passivité. Dans ce cas, l’enseignant devient coach, guide et animateur puisque le rendement dépend de l’interaction et de l’environnement de travail.

  1. Conclusion:

Le confinement induit par la crise a donné de l’importance à l’hybridation de l’enseignement pour assurer la continuité pédagogique. Cela s’est effectué en fonction des ressources techniques et informatiques existentes et dans le cadre d’une ingénierie numérique.

Le numérique est totalement intégré dans notre quotidien dans tous les domaines et actuellement à l’école aussi. C’est une révolution numérique à tous les niveaux. Tout le monde devrait s’y préparer, apprenants, formateurs, enseignants, équipes pédagogiques, etc.

Grâce à l’enseignement hybride nous avons eu un nouveau rapport au temps et à l’espace, pour « Apprendre partout et à tout moment »: TLM (temps-lieux-moments). L’enseignant a été amené à séquencer une séance pédagogique en regard des objectifs fixés, à adopter une pédagogie différenciée visant un objectif commun et une finalité qui va être la même pour tous.

L’hybridation propose un panel intéressant pour les apprenants dans un environnement et un univers numériques. Mais il est important de prendre en compte les moyens financiers des apprenants pour leur donner un maximum de chances afin de favoriser ce type d’apprentissage, de faire des diagnostiques pédagogiques de ces modalités de travail, de réfléchir à la pédagogie avec le numérique et même à une nouvelle théorie d’apprentissage telle que le connectivisme pour avoir un autre rapport aux sciences et au savoir. On peut être freiné par le manque de moyens.

La formation hybride ne date pas du confinement, elle a cinq dimensions:

  • Articulation de la présence et distance: la définition des temps de présence et distance avec les activités qui s’y insèrent.
  • Médiatisation: Les ressources utilisées dans le dispositif hybride (médias du texte à la simulation, etc.)
  • Médiation: Comment l’enseignant, l’apprenant s’approprient les outils et les efforts.
  • Accompagnement: Accompagner la construction des savoirs (cognitifs), soutenir l’engagement (affectif), connaitre ses processus cognitifs et métacognitifs.
  • Ouverture: Part de liberté laisser à l’apprenant pour apprendre.

« Dans la mesure du possible, les établissements d’enseignement supérieur sont invités à concevoir, au cours des deux prochaines semaines, des façons d’offrir l’ensemble de leurs activités de formation à distance dans l’éventualité où la fermeture des établissements devait se prolonger. Le télétravail est une mesure à privilégier. Par ailleurs, dans le cas des établissements d’enseignement supérieur, les activités de formation offertes à distance et ne nécessitant pas de présence de personnel pourront être maintenues. » ² (Blackburn, 2020)

Dès l’apparition du coronavirus, il y avait un manque de clarté. Les directives ministérielles n’étaient pas toutes justes puisqu’elles étaient plutôt précipitées. Il y avait une pression sanitaire qui nous forçait à prendre des mesures anticipées de manière à s’adapter à cette crise et à cette nouvelle réalité. L’enseignement hybride a certainement des avantages surtout pour l’apprentissage des langues étrangères, mais il a aussi des inconvénients puisque notre système éducatif n’a pas les moyens financiers nécessaires à cause des disparités socio-économiques, on ne dispose pas tous d’une bonne connexion illimitée ni même des outils numériques nécessaires ce qui pourrait même conduire nos apprenants à l’abandon scolaire.

Les enseignants ont besoin d’encadrement pour enseigner à distance, en hybride, etc. pour proposer différents scénarios pédagogiques en fonction des objectifs visés.

[1].  Doreen Bogdan-Martin. Directrice du bureau de développement des télécommunications de l’UIT.

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