Research studies

LE SYSTEME DE SANTE SUD-COREEN : QUEL MODELE POUR LE MAROC

 

Prepared by the researcher : Dahhania[1]*, F.Z. Azizib, H. Baddihc

  • a Doctorante, Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc. b Professeur Habiletée, Université Mohamed 5, Rabat, Maroc
  • c Professeur d’Enseignement Supérieur, Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc [1] *Corresponding author

Democratic Arabic Center

Journal of Afro-Asian Studies : Twentieth Issue – February 2024

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2628-6475
Journal of Afro-Asian Studies

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Résumé

Le système de santé est le miroir du bien être des populations, sa fiabilité est souvent mise à l’examen lors des crises sanitaires. Le Maroc ainsi que la Corée du Sud représentent deux expériences réussies dans la gestion de la dernière crise pandémique, bien qu’ils aient deux systèmes différents. Le système marocain est caractérisé par une couverture sanitaire qui n’atteint pas les objectifs de l’Etat, tandis que la Corée du Sud assure bel et bien une couverture sanitaire à toute la population, il s’agit d’un système qui évolue rapidement grâce à la technologie, élément clé pour le Maroc afin de développer son système de soins. C’est pour ça que l’expérience sud-coréenne est un modèle pour le Maroc, d’où le fruit de ce travail qui consiste à faire un benchmarking qui expose les points forts du système sud-coréen afin de constituer une inspiration pour le Maroc.

  1. Introduction

   Tous les pays du monde ont été touchés par la crise du covid 19. Or la réponse à cette crise n’est pas la même et change d’un pays à l’autre. Parmi les pays qui ont impressionné le monde de leur stratégie de gestion de cette crise, on note la Corée du Sud, elle a su maitriser la pandémie en peu de temps et sans confinement ni fermeture des frontières. Les Etats-Unis ainsi que la France l’on sollicité pour tirer profit de son modèle[1].

Le système de santé coréen est connu par une forte participation financière des patients et une couverture limitée de l’assurance-maladie publique après sa généralisation pour concerner toutes les catégories de revenus [2].

Par ailleurs, l’usage de la technologie et de l’e-santé par la Corée du Sud a pu contribuer au développement rapide de son système de santé [1].

Le Maroc quant à lui est à ses premiers pas de digitalisation du secteur de la santé. La crise du covid19 a en effet contribué à l’accélération de ce chantier. Bien que le Maroc a réussit sa gestion de la crise pandémique, il lui reste deux grands défis à relever : d’abord la généralisation de la couverture sanitaire pour réduire les dépenses de l’Etat, ensuite la digitalisation pour trouver des réponses au problème de pénurie en ressources humaines. Dans ce sens, le gouvernement s’est engagé dans un énorme projet de digitalisation du système de santé, à travers notamment le plan 2020-2025. Cependant, la mise en place de cette stratégie est jugée par les professionnels de très timide. Plusieurs autres facteurs semblent exercer un effet de ralentissement au dit projet.

Ce document a pour but d’analyser les grands traits des deux systèmes de soins coréen et marocain afin de faire une comparaison notamment en période de la crise du covid19, et en termes d’usage de la technologie dans le secteur de la santé. Le choix de la Corée du Sud est motivé par son expérience d’intégration des nouvelles technologies en matière de santé qui a marqué les observateurs, ainsi que le développement rapide de son système de financement jugé puissant. Cette comparaison va permettre au Maroc de s’inspirer du modèle coréen.

D’abord nous abordons le système de financement des soins des deux pays, puis nous exposerons les deux expériences dans leur combat contre le covid 19, ainsi nous passerons au sujet de la digitalisation du secteur de la santé, avant de conclure avec une synthèse décortiquant les points d’amélioration dans le système de santé marocain afin de suivre les mêmes démarches que la Corée du Sud.

  1. Le financement du système des soins coréen et marocain

La structure du financement du système de santé sud-coréen est répartie à hauteur de 40 % de contribution Etatique, 50 % de cotisations sociales et 10 % de taxes sur le tabac. Concernant

les établissements de soins, le secteur privé est très développé grâce aux encouragements de l’Etat, il représente 94 % d’infrastructure hospitalière, et assure davantage les services primaires par le biais des spécialisés, et les soins secondaires par les médecins généralistes.

Le rôle du système de santé coréen dans l’amélioration de l’état de santé de la population est d’une importance majeure, tout en sachant qu’en parallèle, l’Etat œuvre pour réduire les dépenses au niveau le plus faible. Selon le rapport de l’OCDE de 2012, la Corée du sud réalise un taux de dépenses sanitaires parmi les plus faibles dans la zone de l’OCDE[1][3].

Le système de santé coréen est connu par une forte participation financière des patients et une couverture limitée de l’assurance-maladie publique après sa généralisation pour concerner toutes les catégories de revenus.

En effet, en 1976, la Corée du Sud a mis en place un système de soins en se basant sur une assurance universelle de couverture sanitaire. En 2004, elle continue sa politique par le lancement du programme national d’assurance maladie, visant de couvrir d’une manière spécifique les soins aux vieilles personnes et les maladies incurables[2] [4]. Avec l’accès des classes sociales à faibles revenus aux soins de santé publique, l’État a par ailleurs investi dans les infrastructures sanitaires dans les régions pauvres. La Corée du Sud s’est ainsi grimpée pour occuper le deuxième rang mondial de l’indice des soins de santé (derrière Taïwan et devant le Japon)[3] [5].

En Corée du Sud, la croissance économique depuis les années 1960 a boosté le secteur de santé de se mobiliser. Certes, le développement économique d’un pays n’entraîne pas nécessairement le développement de son système de santé, mais le niveau du PIB annuel par habitant passant de 158 à 12257 dollars  entre 1960 et 2000 a permis à l’Etat d’augmenter le budget dédié à la santé, et de financer l’assurance-maladie obligatoire dès 1977 par les cotisations salariales et patronales[4] [2] . En parallèle, un autre régime d’assurance-maladie volontaire existait, pourtant l’insuffisance en ressources humaines qualifiées et le non engagement des institutions médicales ont conduit rapidement à son échec. Face à cet échec le gouvernement coréen a mis en place un nouveau programme permettant l’augmentation du financement de l’assurance-maladie, et son extension à la catégorie des auto-entrepreneurs ou indépendants et aux travailleurs du secteur informel. Ceci menait le pays à parvenir à une couverture universelle dès 1989 pour constituer l’ossature du financement de son système de soins[5] [2].

Au Maroc, pour améliorer l’équité et l’accessibilité aux soins. Il s’est engagé dans des réformes visant le renforcement de son système de financement afin qu’il puisse couvrir toutes les catégories de la population même les plus démunies.

La réforme de financement de la santé initiée en 2002, à travers l’adoption de la loi 65-00 portant code de la couverture médicale de base (CMB), a concrètement démarré à partir de 2005, l’année de création de l’Agence Nationale d’Assurance Maladie (ANAM). Cela traduit la vision de l’Etat de s’inscrire dans la perspective d’une couverture sanitaire universelle organisée autour de trois régimes de CMB [6]:

  • L’assurance maladie obligatoire (AMO) pour la population active et retraitée des deux secteurs public et privé et leurs ayant droits ;
  • Le régime d’assistance médicale (RAMED) pour la population non couverte par l’AMO et à faible revenus;
  • L’assurance maladie des indépendants (AMI) pour les autres catégories professionnelles.

Le régime marocain de protection sociale couvre les salariés des secteurs public et privé pour les risques de maladie, maternité, invalidité, vieillesse, décès accidents du travail et maladies professionnelles et leur offre des prestations familiales.

Malgré sa mise en place, ce régime n’a pas atteints ses objectifs, plusieurs catégories de la population ne bénéficient d’aucune couverture sociale notamment les employés du grand secteur informel.

Durant les dix dernières années, la consommation des marocains a connu une nette augmentation suivant le rythme de la croissance économique, celle-ci a contribué à une augmentation des besoins de santé et par conséquent des besoins de financement qui en découlent.  La dépense totale de santé (DTS) était de 52 Milliards de Dirhams en 2013 et a évolué pour atteindre 60,9 Milliards de Dirhams en 2018. Elle représente 5,8% du PIB contre 6,2% en 2010 [7].

Tous ses efforts déployés pour couvrir les besoins de financement de santé n’ont abouti qu’à un léger changement de la structure du dit financement : la DTS en 2018 est financée par les ménages à hauteur de 45,6%, contre 50,7% en 2013. Le reste est financé par les ressources fiscales, la couverture médicale, les employeurs, la coopération internationale et  les autres sources [8].

Par ailleurs, le secteur privé qui est un acteur important dans l’éco-système sanitaire marocain, bénéficie de 65% de DTS contre 10,3% des tiers payants pour le secteur public, or ce dernier offre plus que 77% du nombre de lits et de services médicaux [9].

Ceci constitue un énorme manque à gagner pour les hôpitaux publics. L’inégalité de la répartition territoriale des infrastructures sanitaires, en plus du manque des mécanismes d’incitation en faveur du secteur privé pour investir au niveau territorial, et sans oublier le défi de financement supplémentaire que doit avoir le secteur de généralisation de la protection sociale, tous ces facteurs entravent le développement du secteur de la santé au Maroc.

Tableau comparatif des indicateurs sanitaires de la Corée du Sud et du Maroc par rapport aux moyennes de l’OCDE

Indicateurs en 2019 Corée du Sud [10] Maroc [11] OCDE [12]
Lits d’hôpitaux pour 1000 hab 12,43 1,00 4,4
Médecins pour 1000 hab 2,37 0,73 3,5
Infirmiers pour 1000 hab 6,9 0,9 8,8
Dépenses en santé 8,1% du PIB 5,8% du PIB 8,8%
Taux de couverture sanitaire 100% 59% 98,4%
Diabète 6,9% 7%
Fumeurs 20,8% 14,5% 18%

Ces indicateurs  montrent que le Maroc enregistre un grand retard par rapport à la Corée du Sud, il doit fournir plus d’efforts surtout dans le financement de la santé et la question de pénurie en ressources humaines. Ce tableau montre que ce qui constitue un élément fort dans le système coréen constitue par contre un élément de faiblesse pour le système marocain.  Tout de même, il faut noter que malgré les difficultés dont souffre le système de soins marocain, son expérience dans la gestion de la crise Covid 19 est considérée parmi les meilleures.

  1. Approche par benchmarking de la situation pandémique covid 19

La gestion de la crise pandémique n’était pas la même dans tous les pays touchés par le covid 19, la situation était très disparate. Certains pays ont réussi à contenir la propagation du virus et d’autres ont vu par contre leur système de santé s’effondrer.  Afin de comparer l’expérience marocaine dans sa maîtrise de crise à celle de la Corée du Sud qui est un pays de l’OCDE, il nous paraît utile de disposer d’une vue d’ensemble de la situation des deux pays pour en dégager les grandes tendances.

A la date du 12 avril 2020, la République démocratique de Corée du Sud  classée 12ème dans l’économie mondiale, un pays de 52 millions d’habitants, dont 90 % en zone urbaine, 10 537 cas ont été confirmés de Covid-19, 217 décès et 7 447 personnes guéries. Mais la question qui se pose est comment le pays a-t-il géré cette pandémie pour obtenir des résultats aussi probants [4]?

La Corée du Sud est le deuxième pays atteint du coronavirus après la Chine. Au 16 mai 2020, elle est classée 43ème, loin de la Chine 11ème et la Russie 2ème, elle avait un faible taux de décès (2,4 % des patients atteints) et un taux de guérison très élevé (89,1 %). Sa situation est bien meilleure que d’autres pays de l’OCDE comme les États-Unis (respectivement 6 et 17,5 %) ; la France (19,4 et 42,2 %) ; l’Allemagne (4,5 et 85,9 %), ou encore la Chine (5,6 et 94,3 %) et  le Japon (4,4 et 63,8 %). En Asie, seuls sont mieux le Taïwan (1,6 et 87,1 %) ; Hong Kong (0,4 et 95,9 %), et sans doute Singapour (0,1% de décès) (Barjo, 2020) [13].

Le modèle sud-coréen a fait l’objet de l’admiration de plusieurs professionnels de santé, ils ont félicité le système de santé du pays pour sa capacité à réagir rapidement mais surtout efficacement.

Pour le Maroc, et à la même date du 16 mai 2020, a affiché 1 274 180 cas confirmés, le nombre de décès est de 16 297 (presque 1,28% des patients atteints), pourtant 1 257 883 de guérisons voir un taux de 0,98% [15]. Ces chiffres montrent que la situation au Maroc est mieux qu’en Corée du Sud, sauf que le Maroc avait imposé le confinement et la fermeture des frontières.

Vu ses moyens limités, le Maroc constituait une exception, puisqu’il a réagi plus rapidement que plusieurs pays européens ou nord américains dont les moyens leur permettraient d’agir très vite. Le Maroc avait dès le début de la pandémie enchaînée une série de décisions opportunes.

L’expérience marocaine a marqué les européens,  mais aussi la Corée du Sud qui a été vue comme un modèle. Ils étaient impressionnés par le nombre important de dépistage ce qui indique l’efficacité des méthodes de test qui ont été salué par nombre d’observateurs. Le Maroc quand à lui est arrivé rapidement à produire ses propres besoins en masques, ces masques « made in Morocco » qui ont été exporté partout dans le monde [16].

Certes, l’entière fermeture des frontières du Maroc est la première décision clé pour endiguer la propagation, renforcée par le confinement, mais pour la Corée du Sud, ces deux facteurs ne sont pas déterminants. Elle a par contre accéléré la production des kits de dépistage. En quelques jours, plus que 100 000 citoyens sont dépistés [13].

Un autre point qui fait distinguer de loin le modèle sud-coréen, c’est le recours au numérique. Il faut avouer que le programme « contact tracing » basé sur la surveillance des cas suspects et confirmés à travers l’analyse de leurs dernières interactions était pertinent, cette technique a permis le recensement des contacts des individus atteints et les suivre avant d’avoir des symptômes [13].

Enfin pour conclure sur cette question de gestion de crise, il est nécessaire de faire en lumière l’expérience marocaine qui a été saluée par l’OMS et la plupart des pays développés, le Maroc a réalisé des classements meilleurs que la Corée du Sud malgré la grande différence de moyens. Néanmoins le système de santé sud-coréen est classé parmi les premiers au monde pour sa forte contribution au bien être des citoyens. L’usage de la technologie est mesuré à un niveau très élevé, on parle même de robotisation des hôpitaux. Cette montée en puissance de la digitalisation de la santé constitue pour la Corée du Sud un levier de performance mais aussi un potentiel d’un nouveau business fondé sur l’amélioration de l’attractivité mondiale de son système de santé et constituant de ce fait une source importante de devise à travers le développement du tourisme hospitalier.

  1. L’introduction de la haute technologie dans le système de santé

Pour promouvoir l’utilisation du système des dossiers médicaux électroniques de haute qualité et évaluer l’état des technologies de l’information en matière de soins de santé en Corée du Sud, le ministre de la Santé et de la Protection Sociale a réalisé deux enquêtes en 2015 et 2017. Ces enquêtes se sont concentrées surtout sur le système du dossier médical, les autres  systèmes ont été développés par la suite tels que les systèmes de communication des commandes, les dossiers médicaux personnels, les systèmes d’archivage et de communication d’images, les systèmes de gestion des informations de laboratoire et les entrepôts de données cliniques [17]. En digitalisant tous ces systèmes, la Corée du Sud est devenue un leader mondial en e-santé.

 Source : Google images intelligence artificielle en santé

En plus, les hôpitaux sud-coréens intègrent de manière croissante les nouvelles technologies (IA : Intelligence Artificielle, big data, réseaux 5G, etc.) dans leurs infrastructures, dans la perspective d’obtenir de véritables « smart hospitals » [18].

Pour ce faire, le grand opérateur de la tech Sumsung Medical Center s’engage à lancer en partenariat avec l’opérateur mobile KT, un service de 5G [18], qui va permettre aux médecins d’échanger les données du patient entre différents services et laboratoires du centre.

Plusieurs autres techniques et méthodes ont été déployées dans ce cadre, nous citons la gestion intégrée des blocs opératoires permettant aux chirurgiens d’utiliser une interface tactile et un système de commande vocale pour mieux gérer les outils d’analyse et d’équipements chirurgicaux [18].

 

Source : Google images,  La santé, la médecine et la 5G

D’après toutes ces technologies, les hôpitaux de demain seront plus performants. La qualité de prise en charge des patients sera meilleure, et les coûts opérationnels seront minimisés et les risques inhérents au secteur de la santé seront mieux maîtrisés.

Mieux encore, l’introduction de l’intelligence artificielle au milieu hospitalier est une première, car au cours du « Korea International Medical Clinical Laboratories and Hospital Equipment Show » (KIMES) organisé à Séoul en 2017, 1300 équipementiers sud-coréens et étrangers y ont exposé leurs produits, parmi eux IBM corp qui a présenté son superordinateur appelé Watson capable de diagnostiquer le cancer, cet ordinateur avait été utilisé pour la première fois au monde par le Gil Medical Center de l’université Gachon à Séoul afin d’aider les médecins à diagnostiquer le cancer [19].

En contrepartie, le Maroc est au tout début de la digitalisation de son système de santé. Des tentatives jugées jusqu’à maintenant de très timide ont été initiées, mais l’avenir est prometteur.

A partir de 2018, Un logiciel aidant les hôpitaux à prendre en charge les femmes et enfants victimes de violences en obtenant le nombre et les cas des personnes concernées aux niveaux local, régional et central [20]. Un système numérique visant le contrôle des décès maternels et de nouveau-nés est mis en place au sein des hôpitaux. La gestion des rendez-vous de vaccination des enfants est devenue numérique dans le sens d’alerter les parents [20].
Plus encore, pour élaborer un système de réception, de traitement et de suivi des observations et des doléances des utilisateurs, le ministère tente de lancer le programme «Khadamati», qui fournit une gamme de conseils et de services d’orientation et de sensibilisation au profit des citoyens par téléphone et Internet. De même, un service «Allo Réclamation Santé» est mis en place, ainsi qu’un service «Allo mon rendez-vous» sera opérationnel pour permettre la prise de rendez-vous dans différents hôpitaux publics, via le portail électronique www.mawidi.ma [20].

Il convient de préciser que malgré toutes ces plates formes visant la gestion intégrée des données du patient pour une meilleure qualité des soins, plusieurs défis restent à soulever pour accélérer ce chantier de digitalisation, notamment les facteurs socioculturels.

  1. Le modèle de santé sud-coréen : quels défis à relever pour le Maroc ?

Suite à notre lecture du système de santé sud-coréen et en procédant à une légère comparaison entre celui-ci et le système de santé marocain, nous avons repéré quatre facteurs importants pour le développement du secteur de la santé qui constituent les points de force du système sud-coréen alors que le Maroc y est encore déficitaire. Nous citons tous d’abord la couverture médicale universelle. Certes, ce programme est en cours de réalisation mais rencontre des obstacles que le gouvernement doit œuvrer pour les minimiser, il doit rapidement assurer une couverture sanitaire universelle pour permettre la bonne marche des autres chantiers.

La deuxième question concerne l’iniquité dans l’accès aux soins due principalement à la mauvaise répartition territoriale d’infrastructures et ressources sanitaires, plus de 31% de la population se trouve encore à un rayon kilométrique supérieur à 10, ceci concerne plus particulièrement les zones rurales [21]. Les autorités publiques doivent repenser la carte sanitaire en affectant plus de médecins et personnels de soins dans les régions lointaines et surtout montagneuses, tout en assurant les bonnes conditions de travail comme moyen d’incitation et de motivation.

Le troisième facteur concerne le poids du secteur privé dans le système de santé marocain, l’Etat doit encourager les initiatives d’investissement privé surtout dans les régions souffrant de manque de structures sanitaires, afin de combler le besoin en termes d’infrastructures d’un côté et répondre à la problématique d’insuffisances des ressources humaines d’un autre côté.

Le dernier élément à citer constitue une tendance mondiale, c’est pour cela qu’il ne faut pas mettre encore du retard par rapport au reste du monde, il s’agit de la digitalisation du secteur de la santé. Elle offre beaucoup d’opportunités relatives à la qualité des soins à travers la rapidité et l’efficacité du diagnostic pathologique, en partageant les données (Big Data) à l’échelle nationale, à l’équité dans l’accès aux soins, à l’économie des ressources par le biais des services comme la téléconsultation et la télémédecine, et pleins d’autres avantages qui seront découverts grâce à l’intelligence artificielle.

  1. Conclusion 

Le secteur de santé est un secteur très sensible car il touche la santé des citoyens et citoyennes et leur bien être, la mise à niveau de ce secteur repose sur la coordination des efforts de toutes les parties prenantes. Finalement il représente son image et reflète à grande échelle sa situation économique, tel est le cas de la Corée du Sud qui, en peu de temps et avec beaucoup de rigueur et sincérité, a pu agir prématurément pour atteindre le même niveau que nombre de pays étant dans le passé récent plus puissants économiquement qu’elle. Ceci peut constituer une inspiration pour le modèle marocain qui connaît des transformations majeures dans tous les secteurs. Et pourquoi ne pas aller chercher des partenariats ou solliciter un accompagnement sud-coréen dans l’élaboration de la stratégie de développement du système sanitaire marocain, et la mise en œuvre des bonnes pratiques pour sa réalisation. En effet, les exigences des citoyens et la tendance mondiale vers la digitalisation et l’intelligence artificielle font une énorme pression sur les pouvoirs publics, qui doivent pourtant, réussir le pari du développement du secteur de la santé en injectant une dynamique positive et  engageant une profonde réforme.

Références 

[1]    Bubert et al, 2020. E-santé augmentant la dose. Institut Montaigne. Rapport juin 2020

[2]  Lee Jong-Wha. Le système de santé sud-coréen, un exemple pour les pays en   développement. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz  et publié le 04 Août 2020 sur Project Syndicate.org

[3]   Réformes des soins de santé en Corée du Sud dans Études économiques de l’OCDE 2010/12 (n°12), pages 107 à 139

[4]  Gestions  hospitalières. Le système de santé sud-coréen, Numéro 595 Avril 2020, consulté le 17 novembre 2023

[5]   G. BUISSON CONSULTANT. Conseil en stratégies. Numéro 595, avril 2020. P.209

[6]  Loi n° 65-00 portant code de la couverture médicale de base. Assurance Maladie. www.acaps.ma

[7]  Ministère de la santé et de la Protection Sociale. Rapport de comptes nationaux de santé de 2015

[8]   Sante.gov.ma, Rapport de comptes nationaux de santé 2015

[9]  LesEco.ma, 18/06/2018, La réforme de la santé : l’USMBA se penche sur les défis à venir

[10]  OCDE (2019), Panorama de la santé 2019 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5f5b6833-fr. Consulté le 15 novembre 2023

[11]  Ministère de la Santé et de la Protection Sociale, Direction de la planification et des ressources financières, Division de la planification et des études, service des études et de l’information sanitaire. Santé en chiffres 2019. https://Santé.gov.ma Consulté le 15 novembre 2023

[12] Panorama de la santé 2019 : Les indicateurs de l’OCDE. OECD iLibrary. https://www.oecd-ilibrary.org/Consulté le 23 novembre 2023

[13]  Dominique Barjo, 2020. La Corée du Sud et la COVID-19 : un modèle de gestion sanitaire ? Dans Outre-Terre 2019/2 (N° 57), pages 143 à 168

[15]  Ministère de la santé. Coronavirus au Maroc : le bilan du Samedi 16 mai 2020 à 10h00.

[16]  Adama Sylla, Coronavirus ce que le Maroc a réussit. Challenge. 13 juin 2020.

[17]  K. Lee, L. Seo, D. Yoon, K. Yang, J. Yi, Y. Kim and J-H. Lee. Digital Health Profile of South Korea : A Cross Sectional Study, International Journal of Environmental Research and Public Health. Published : 23 May 2022.

[18] Corée du Sud – Les hôpitaux investissent de plus en plus dans les TIC. Businessfrance.fr.  Jeudi 10 Octobre 2019.

[19] Agence de presse de YONHAP. La robotique et l’IA à la pointe de l’industrie médicale du futur. 19/03/2017. Consulté le 16 novembre 2023

 [20]  Ouchagour Leila, Vers de nouveaux services e-santé : Le plan de digitalisation du secteur de la santé en marche. Aujourd’hui le Maroc. 23 mai 2022, Consulté le 16 Novembre 2023.

[21]  Ministère de la Santé et de la Protection Sociale, Direction de la planification et des      ressources financières, Division de la planification et des études, service des études et de l’information sanitaire. Santé en chiffres 2019. https://Santé.gov.ma Consulté le 15 novembre 2023

[1]  3Réformes des soins de santé en Corée du Sud dans Études économiques de l’OCDE 2010/12 (n°12), pages 107 à 139

[2] 4Gestions  hospitalières,  Numéro 595 Avril 2020, consulté le 17 novembre 2023

[3] 5G. BUISSON CONSULTANT. Conseil en stratégies. Numéro 595, avril 2020. P.209

[4] Lee Jong-Wha. Le système de santé sud-coréen, un exemple pour les pays en développement. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz  et publié le 04 Août 2020 sur Project Syndicate.org

[5] Lee Jong-Wha. Le système de santé sud-coréen, un exemple pour les pays en développement. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz  et publié le 04 Août 2020 sur Project Syndicate.org

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