Research studies

Les putschs d’Etats en Afrique

 

Prepared by the researche : Dr KBIBCHI YOUNESS – Professeur de Droit International – Coordonnateur de la filière Etudes Politiques et Internationales – Faculté de Droit Martil – Tétouan Université ABDELMALEK ESSAADI Maroc

Democratic Arabic Center

Journal of Afro-Asian Studies : Twenty-First Issue – May 2024

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2628-6475
Journal of Afro-Asian Studies

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Résumé 

Ces dernières années, plusieurs pays du Sahel, déstabilisés par l’insurrection djihadiste dans la région, ont connu des putschs ayant conduit à l’instauration de juntes militaires. Sur le plan international, l’Afrique se classe parmi les continents les plus instables depuis la Seconde Guerre mondiale, sept coups d’État sur dix environ ont lieu en Afrique.

   Les coups d’Etat en Afrique se succèdent depuis 2019. En cinq ans, ce sont six pays du continent qui ont vu leurs leaders renversés, pour certains à plusieurs reprises, tel que le Thad, le Soudan, le Niger, le Gabon, le Burkinafasso, le Guinée et le Mali.

   Cette intervention vise, à titre non exhaustifs, à Traiter l’évolution des coups d’Etats en Afrique en analysant ses causes et ses conséquences sur l’instabilité politique et sécuritaire à travers une approche à la fois historique et analytique, pour  dévoiler ensuite l’influence des acteurs internationaux sur la stabilité interne des Etats de l’Afrique aussi bien que leurs interventions dans la restauration de la paix et la sécurité régionale. Des recommandations liées aux modèles de coopération politique et sécuritaire intra – africaine et autres en rapport avec les conduites des Etats victimes de putschs seraient présentées en conclusion.

Evolution historiques des coups d’Etat en Afrique

   Le continent africain a connu une augmentation significative des coups d’Etat ces dernières années. Il est alors temps de dresser une radiographie des putschs en Afrique (Titre1) pour ensuite traiter leurs évolutions historiques (Titre 2).

Radiographie des coups  d’Etat en Afrique

   Un coup d’État est un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale, de tel acte pourrait être considéré comme une  lorsuqe celle-ci est d’origine populaire. Le putsch est donc  un coup d’État réalisé par la force des armes.

   D’un point de vue historique, et y compris dans l’époque contemporaine, le coup d’État a été l’un des moyens les plus fréquemment utilisés pour accéder au pouvoir. En 1980, plus de la moitié des gouvernements dans le monde étaient issus d’un coup d’État.

   Une version alternative présente le coup d’État comme un acte d’autorité consistant dans une atteinte réfléchie, illégale et brusque, aux règles d’organisation, de fonctionnement ou de compétence des autorités constituées. Cette atteinte dirigée, selon un plan préconçu et pour des raisons diverses, par une personne ou par un groupe de personnes réunis en un parti ou un corps, pourrait être réalisée dans le but soit de s’emparer du pouvoir, soit d’y défendre ou d’y renforcer sa position, soit d’entraîner une simple modification de l’orientation politique du pays .

   Dans le monde, sept coups d’Etat sur dix ont lieu en Afrique. Sur les 146 coups d’Etats, 37 ont échoué, soit un taux de réussite de 75 pourcent, c’est le cas du Niger, aussi bien que  du Burkina Faso (deux en 2022), de la Guinée (2021) et du Mali (2020 et 2021).

   Depuis le vaste mouvement de décolonisation, amorcée dés les années 1960, 41 pays de l’Afrique ont connu au moins une tentative sérieuse de renversement du pouvoir. La tentative de coup d’État qui s’est déroulée dernièrement au Gabon le 30 aout 2023 est en effet la 146e du nom depuis 1945 au monde.

   L’Égypte[1] inaugure cette longue série de coup d’Etat  lorsque, dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952.  Le deuxième coup d’État du continent a lieu au Soudan[2] en 1958. Celui-ci [3], depuis, détient le record des putschs avec 10 renversements ou tentatives. Il précède deux autres pays particuliers éruptifs à savoir  le Burundi qui a connu  8 coups d’État ou tentatives, depuis son indépendance le 1er juillet 1962 à égalité avec le Burkina Faso (ancienne Haute-Volta), indépendant depuis août 1960. Soit environ une moyenne d’un coup d’État ou tentative tous les sept à huit ans.

   Parmi les pays les plus instables figurent également le Nigeria  avec 7 coups d’État ;  le Congo, le Bénin, la République centrafricaine, le Tchad  et le Niger[4] avec 6 coups d’Etat ;  les Comores, le Ghana, le Mali et  la Guinée-Bissau avec 5 coups d’Etat ;  Enfin, l’Éthiopie et  l’Ouganda avec 4 cous d’Etat. En revanche,  deux pays,  l’Afrique du Sud (où la transition vers la fin de l’apartheid s’est faite en douceur), aussi bien que  le Malawi[5] n’ont  pas connu de coup d’État sur le plan africain

  Si l’on découpe les périodes par décades, la palme revient aux seventies, avec 34 coups d’État ou tentatives, sous l’effet de la guerre froide. Les années 1960 et 1980 culminent à 25 putschs ou tentatives. Après la décennie 1980,  une décrue est constatée avec  19 coup d’Etat  dans la décennie 1990 et 17 dans les années 2000, et 15 dans les années 2010. Depuis 2020, en seulement trois ans et demi, les coups portés au pouvoir s’élèvent déjà à 10. Tout annonce une nouvelle phase d’instabilité en Afrique.

   Les coups d’État en Afrique se caractérisent par trois dynamiques majeures. Premièrement, leur fréquence est très variable, avec des vagues ponctuelles liées à la gouvernance. Deuxièmement, leurs causes, de même que les éléments qui les déclenchent, leurs protagonistes et leurs conséquences éventuelles, varient considérablement d’un pays à l’autre. Il en résulte une diversité de dynamiques transitoires nationales et une multiplicité d’approches en matière de gestion de l’impact des coups d’État.[6] Les mesures[7] prises aux niveaux régional et continental pour y faire face varient considérablement. Enfin, chaque nouvelle recrudescence donne généralement lieu à un durcissement des réponses régionales et continentales, ce qui permet souvent de juguler la tendance jusqu’à ce qu’une nouvelle vague émerge.

   Les trois dynamiques[8] évoquées ci-dessus  incitent à réfléchir sur l’évolution de la nature et les formes des coups d’État depuis  1952.

Chronologie  des coups d’Etat en Afrique

  Depuis 2020, les pays du continent africain ont été  proie à des troubles dus à des coups d’État militaires. Au 30 août 2023, un total de six pays a connu des coups d’État par des juntes militaires et un septième s’est dessiné le long des frontières du Gabon. Ces six pays sont le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Tchad, le Soudan et le Niger.

   Ces coups d’État s’inscrivent dans le contexte d’une lutte d’influence plus large entre l’Occident et la Russie en Afrique, où la montée du “sentiment anti-français” a laissé la porte ouverte au Kremlin. Par ordre chronologique, il est temps de présenter les grandes lignes des sept derniers coups d’Etat en Afrique.

Le cas du Gabon

   Le Gabon[9], pays avec 2,3 millions d’habitants, a connu un coup d’Etat le 30 août 2023. Successeur de son père Omar Bongo, mort en 2009, Ali Bongo Ondimba est destitué par un coup d’Etat militaire[10] et placé en résidence surveillée le jour de la présidentielle qui le donne gagnant avec 64,27 % des suffrages. Cette « révolution de palais » met fin à cinquante-cinq ans de pouvoir dynastique de la famille Bongo, marqués par des irrégularités lors des élections présidentielles.
Le commandant en chef de la garde républicaine gabonaise, Brice Oligui Nguema, cousin éloigné du président déchu, est désigné président de transition. Ce dernier s’engagerait à organiser des élections libres, transparentes et crédibles 
afin de « rendre le pouvoir aux civils .

   L’absence d’observateurs internationaux, la suspension de certaines émissions étrangères, la désactivation des services Internet et l’imposition d’un couvre-feu nocturne dans tout le pays après le scrutin ont suscité des inquiétudes quant à la transparence du processus électoral.

Le cas du Niger

   Le Niger[11], un pays à 25.3 millions d’habitants a connu un coup d’Etat le 26 juillet 2023. Mohamed Bazoum, arrivé au pouvoir légitimement en 2021 dans la continuité de son mentor, Mahamadou Issoufou, semble avoir mis un frein à l’enrichissement du général Abdourahamane Tiani en lui demandant des comptes sur les dépenses de la garde républicaine dont il a la charge, ce dernier avait été nommé par le précédent président, M. Issoufou.

   Après avoir éloigné de Niamey les militaires les plus loyaux au pouvoir, le général Tiani prend le président en otage le 26 juillet 2023 et décrête la fin du régime, parvenant à rallier à lui le reste de l’armée. Depuis, le chef de la junte militaire a déclaré une période de transition de trois ans à l’issue de laquelle il promet de rendre le pouvoir aux civils. Il demandait  aussi aux forces françaises présentes au Niger de quitter le pays.

   La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé  le 10 août son intention de déployer une force régionale pour rétablir l’ordre constitutionnel, tout en continuant de privilégier la voie diplomatique.

Le cas du Burkina Faso 

   Le Burkina Faso[12], un pays avec 22.1 millions d’habitant,   a connu deux putschs en 8 mois. Le 24 janvier 2022, plusieurs militaires pénètrent dans la résidence du chef de l’Etat et arrêtent le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Au pouvoir depuis 2015 et réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte antidjihadiste sa priorité, M. Kaboré était de plus en plus contesté par une population excédée par les violences et son impuissance à y faire face. Auteur du putsch, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’empare du pouvoir.

   Alors que le président Kaboré avait été renversé en janvier 2022 sous prétexte qu’il ne parvenait pas à contenir l’insurrection djihadiste, la junte dirigée par Paul-Henri Sandaogo Damiba semble aussi dépassée. Huit mois après le précédent putsch, un coup d’Etat est dirigé le 30 septembre 2022 par le capitaine Ibrahim Traoré, menant à l’arrestation puis à la démission du lieutenant-colonel Damiba, qui s’exile au Togo. Officiellement désigné président du Burkina Faso en octobre, Ibrahim Traoré, 34 ans, devient le plus jeune chef d’Etat au monde, un poste qu’il n’est censé occuper que jusqu’aux élections prévues en juillet 2024. A son arrivée au pouvoir, le leader de la junte rompt toute coopération avec la France, préférant se tourner vers la Turquie et la Russie.

Le cas du Soudan

   Le Soudan[13], un pays à 45.7 millions d’habitants, a connu deux coups d’Etat respectivement le  11 avril 2019 et le 25 octobre 2021. Après trente ans de pouvoir dictatorial, le président Omar Al-Bachir (qui avait avait lui-même accédé à la tête du pays par un coup d’Etat militaire en 1989) est renversé par l’armée soudanaise, alors que le pays est en proie à des manifestations consécutives au triplement du prix du pain. Le lendemain du putsch, le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane prend le contrôle de la junte. En août 2019, le haut-fonctionnaire Abdallah Hamdok était nommé premier ministre d’un gouvernement de transition censé amener civils et militaires à gouverner ensemble et réformer le pays afin d’organiser des élections générales en juillet 2023. Celles-ci n’ont jamais eu lieu.

   Deux ans et demi après la chute du dictateur Omar Al-Bachir, et un mois après une première tentative de putsch déjouée, le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane fait arrêter le premier ministre, Abdallah Hamdok. Le militaire, qui dirigeait le conseil de souveraineté depuis 2019, déclare l’état d’urgence, coupe l’accès à Internet et prononce la dissolution des instances de transition. Depuis, les oppositions ont été violemment réprimées, les promesses d’organiser des élections en juillet 2023 ont été oubliées et le pays s’enlise dans la crise. Le 15 avril 2023, le général Al-Bourhane entre en guerre contre les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), dirigées par le général Mohammed Hamdan Daglo, son ancien allié lors du putsch de 2021. La guerre a fait des milliers de morts estimés au moins à  cinq mille et 3,6 millions de déplacés dans le pays.

Le cas de la Guinée

   La Guinée[14], un pays à 13.5 millions d’habitants, a connu un coup d’Etat le  5 septembre 2021. Le Premier président guinéen librement élu en 2010, Alpha Condé paie son envie de s’accrocher au pouvoir. En 2020, le dirigeant de 83 ans fait modifier la Constitution de son pays, afin de se faire réélire pour un troisième mandat, malgré une vague de protestation, durement réprimée. L’année suivante, le 5 septembre 2021, il est arrêté par le commandant des forces spéciales guinéennes, Mamadi Doumbouya. Le président refuse de démissionner mais le colonel se fait investir comme président pour une période de transition à durée indéterminée. Si la junte s’engage à céder la place à des civils élus après une période où elle aura mené de profondes réformes, elle a interdit toute manifestation depuis 2022 et les grands partis du pays refusent le dialogue avec le pouvoir militaire. Mamadi Doumbouya a réaffirmé en février 2023 son ambition de quitter  le pouvoir à l’issue de la transition, fin 2024.

Le cas du Mali 

   Le Mali[15], un pays à  21.9 millions d’habitants a connu deux coups d’Etat en neuf moi, le  18 août 2020 aussi bien que le 24 mai 2021. Elu en 2013, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », est arrêté avec son premier ministre, Boubou Cissé, par des militaires, le 18 août 2020. Détenu par les putschistes, il annonce aussitôt sa démission dans une allocution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’opposition, qui tenait hébdomadairement des manifestations à Bamako, réclamait son départ, alors que les groupes djihadistes multipliaient les attaques mortelles contre les militaires. La junte au pouvoir annonce la création d’un comité militaire dirigé par le colonel Assimi Goïta. Un président de transition, Bah N’Daw, est nommé en septembre 2020, mais les soldats gardent une main sur le pouvoir. M. Goïta est ainsi nommé vice-président de la transition.

   Neuf mois à peine après le coup d’Etat qui a renversé IBK, le colonel et vice-président de transition Assimi Goïta mène un deuxième putsch. Le 24 mai, après un remaniement ministériel, mettant sur la touche deux ministres qui avaient participé au coup d’Etat à ses côtés, M. Goïta fait arrêter le président de transition[16] Bah N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane puis les pousse à démissionner. Quatre jours plus tard, le colonel Goïta est proclamé président de transition du Mali. En janvier 2023, le président déchu, IBK, meurt d’une crise cardiaque.

   La prise de pouvoir des militaires à Bamako détériore fortement les relations du pays avec la France, ancienne puissance coloniale engagée militairement au côté de l’armée malienne contre les djihadistes depuis 2013. La junte pousse les forces françaises vers la sortie en 2022 et se tourne politiquement et militairement vers la Russie.

Le cas du Tchad

   Le Tchad[17], un pays à 17.2 millions d’habitants, a  connu un coup d’Etat le  20 avril 2021. Militaire de carrière et combattant rebelle, Idriss Déby s’était emparé du pouvoir au Tchad après un coup d’Etat en 1990. Le 20 avril 2021, au lendemain de sa réélection pour un sixième mandat, l’armée annonce la mort au combat de celui qui dirigeait le pays sans partage depuis trente ans. S’il ne s’agit pas d’un coup d’Etat au sens strict, l’un de ses fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, s’empare aussitôt du pouvoir et dissout le gouvernement et l’Assemblée nationale. En octobre 2022, le général de 38 ans est investi président de transition du Tchad pour deux ans de plus, tout en s’accordant le droit de concourir à la prochaine élection, au moment où il aurait dû rendre le pouvoir et organiser des élections comme il s’y était engagé en avril 2021. Mahamat Idriss Déby n’en reste pas moins, comme son père, un allié stratégique pour la France et sa présence militaire au Sahel.

Les facteurs déclencheurs des coups d’Etat en Afrique

   L’Afrique a connu de multiples putschs avec des facteurs déclencheurs variés. De multiples causes politiques seront présentées (Titre1)  pour ensuite traiter les autres à caractères socio-économiques (Titres 2).

Les causes politiques et institutionnelles

   Le renversement du roi Farouk en 1952 par l’armée égyptienne se considère comme la première intervention militaire pour accéder au pouvoir en Afrique. Depuis lors, les ingérences militaires dans les affaires politiques sont devenues monnaie courante pour conquérir le pouvoir, avec quelque 100 coups d’État réussis dans 35 pays africains.

   Entre 1960 et 1970, le contexte politique qui a prévalu après les indépendances a donné lieu à la première vague de coups d’État. Plusieurs leaders des mouvements de libération postindépendance ont été renversés, leurs orientations politiques et idéologiques étant incompatibles avec les intérêts des principales puissances coloniales. Cette situation a été aggravée par l’incapacité des dirigeants à répondre aux aspirations des populations en matière d’économie et de développement. Compte tenu des vives rivalités entre les superpuissances pendant la guerre froide et de l’émergence de régimes à parti unique et de dictatures, il est à affirmer que certains officiers supérieurs ont été influencés par un ensemble de facteurs.

   Ces coups d’État se sont généralement accompagnés de massacres. Ainsi, pas moins de 12 dirigeants africains ont été tués, des exécutions extrajudiciaires ont été perpétuées et les droits humains ont été très largement violés, en particulier en Afrique de l’Ouest. Certains coups d’État ont été applaudis pour avoir mis fin à des régimes à parti unique et à des présidences à vie. Cette première vague a finalement abouti à la première réorganisation du paysage politique de l’Afrique post-indépendance.

   Au cours des années 1980, les dirigeants africains, principalement militaires, ont échoué à honorer leurs promesses, à instaurer la démocratie et à satisfaire les aspirations socio-économiques de leurs populations. C’est ainsi qu’une nouvelle vague de coups d’État a déferlé sur l’Afrique entre 1990 et 2001. Ils ont été menés cependant en grande partie par des officiers militaires de rang intermédiaire, aux motivations proches de celles de la première vague, au prétexte qu’il fallait remédier à la mauvaise gestion économique de leur pays.

   Au cours de cette vague, 14 % seulement des dirigeants ont été tués et il y a eu sensiblement moins de violations des droits humains. Néanmoins, elle a constitué une menace considérable pour de nombreux dirigeants africains et a mis en péril la démocratie qui s’implantait sur le continent.

   En conséquence, les normes régionales et continentales ont été renforcées à la fin de la décennie et ont abouti à l’adoption de la décision d’Alger[18] sur les changements anticonstitutionnels[19] de gouvernement puis, en 2000, à l’adoption de la déclaration de Lomé[20]. La décision d’Alger interdit aux auteurs de coups d’État d’assister aux sommets de l’Organisation de l’unité africaine, tandis que la déclaration de Lomé établit une politique de tolérance zéro à l’égard des coups d’État. Ces deux mesures, associées à l’expansion de la démocratie, ont permis de réduire considérablement le nombre de coups d’État et de mettre un terme à cette deuxième vague

   Depuis 2021, l’Afrique connaît une troisième vague de coups d’État (au Soudan, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon) dont les caractéristiques diffèrent dans l’ensemble de celles des décennies précédentes. Tout d’abord, les motivations de leurs auteurs ont changé. Certains sont préoccupés par les reculs démocratiques liés à la manipulation des constitutions en vue de prolonger les mandats, par les résultats électoraux frauduleux, par la détérioration de la sécurité et par la montée d’un sentiment anticolonialiste.

   La complexité de ces problèmes et leur manifestation varient d’un pays[21] à l’autre. Si certains coups d’État, notamment en Guinée et au Gabon, ont été présentés comme des tentatives de rétablissement de la démocratie, les moteurs et les résultats réels sont à la fois plus complexes et plus variés.

   Les récents coups d’État en Guinée, au Niger et au Gabon ont tous été dirigés par des membres de la garde présidentielle, c’est-à-dire par des unités d’élite de l’armée. Il s’agit là de la deuxième caractéristique des coups d’État modernes. Ils se sont en effet produits dans des pays africains francophones où la protection du président est souvent assurée par une garde présidentielle qui constitue une composante à part entière de l’armée. Les gardes présidentiels sont souvent mieux armés et mieux entraînés que les autres soldats.

   Il leur est plus facile de profiter de leur proximité avec la présidence pour prendre le pouvoir et faire ensuite pression pour que l’armée intervienne. Cette situation témoigne de tensions dangereuses et latentes qui trouvent leur origine dans la politisation de l’armée, imputée aux élites politiques, et le népotisme qui y sévit.

   Contrairement aux vagues précédentes, caractérisées par des bains de sang et des violations flagrantes des droits humains, les récents coups d’État ont été intelligents. Il n’y a eu aucune effusion de sang et peu d’atteintes aux droits humains. La tendance à la baisse du nombre de décès des dirigeants déchus, observée dans les années 1990, s’est poursuivie.

   Les coups d’État postérieurs aux années 1990 n’ont donné lieu à l’exécution d’aucun dirigeant, montrant qu’ils ont été réalisés dans un esprit de modération. Les dirigeants destitués ont souvent été détenus par la junte pendant des périodes variables avant d’être libérés, sous l’œil attentif de la communauté internationale et à la demande de celle-ci.

   Alors que, par le passé, la dimension internationale des coups d’État était principalement axée sur les jeux d’influence des puissances extérieures, la plus récente vague de coups d’État se distingue par un sentiment anti-impérialiste des populations, principalement à l’encontre de la France[22]. En revanche, le recours à des éléments militaires étrangers tels que le groupe Wagner pour sécuriser les territoires a augmenté, notamment au Mali et au Burkina Faso. Des réactions et des attentes similaires ont été exprimées au Niger.

   Les putschistes[23] ont également résisté à la mise en œuvre des normes régionales et continentales contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement (CAG). Concernant la situation au Niger, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali se sont engagés à soutenir la junte et ont menacé de prendre des mesures de rétorsion si la CEDEAO proposait une intervention militaire.

   Si ces dynamiques sont spécifiques aux coups d’État contemporains, les déficits de gouvernance et l’incapacité des élites politiques à répondre aux attentes des citoyens en constituent également les principaux moteurs. Ce qui met en évidence les similitudes entre les coups d’État passés et actuels. Même si les coups d’État ont évolué, les impératifs liés à la gouvernance sont toujours au cœur des préoccupations. Ainsi, bien que la troisième vague de coups d’État soit d’un type différent, il s’agit en fait d’une seule et même menace aux nuances différentes.

   Compte tenu de l’évolution des dynamiques des coups d’État en Afrique et des caractéristiques des récentes occurrences, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) devrait préconiser un réexamen[24] complet des cadres existants pour contrer les CAG. Un tel travail est essentiel pour adapter les réponses à l’évolution des dynamiques des coups d’État contemporains.

   Toutefois, pour faire face à cet enjeu, il est nécessaire d’adopter une approche multidimensionnelle qui s’attaque efficacement aux défis immédiats posés par les coups d’État et aux problèmes de gouvernance sous-jacents qui les favorisent. Les incohérences du CPS et son application sélective des normes continentales dans la gestion des coups d’État doivent être abordées, car elles sont susceptibles de miner l’autorité morale nécessaire pour y faire face.

   La mise en place du comité des sanctions du CPS devrait être une priorité, afin de démontrer de façon concrète la volonté politique de lutter contre les coups d’État sur le continent. Elle renforcera également les efforts de l’Union africaine pour surveiller les pays qui font l’objet d’une suspension.

Les facteurs socio – économiques

   L’Afrique subit des vagues de déstabilisation politique et sociale dues aux effets de la mondialisation. Déjà fragiles, les jeunes Etats connaissent une forte domination des multinationales et la dislocation des sociétés sous l’effet des politiques d’ajustement structurels, ce qui affaiblit la puissance publique et rendrait par conséquent le coup d’Etat comme un mode naturel de conquête du pouvoir.

   Les crises actuelles apparaissent d’une tout autre nature que celles qui affectaient les Etats africains dans les années qui ont suivi les indépendances. Aux luttes idéologiques de la guerre froide ont succédé une double déstabilisation en raison de l’insertion à marche forcée dans la mondialisation économique, d’une part, et, d’autre part, de la démocratisation improvisée d’Etats sans moyens. Ces deux phénomènes ont abouti à délégitimer les constructions nationales naissantes et à rendre purement fictive la souveraineté de ces pays.

   Plusieurs phénomènes de nature très différente ont conjugué leurs effets déstabilisateurs tel que  la fin de l’affrontement Est-Ouest, qui structurait la géopolitique africaine ; l’improvisation par les bailleurs de fonds d’une injonction démocratique mal maîtrisée ; le nouveau cadre macroéconomique ultralibéral avec des privatisations sauvages, programmes d’ajustement structurel incohérents et drastiques, plans sociaux déguisés, exploitation abusive de la main-d’œuvre, prix dérisoires des matières premières et fraudes, mesures commerciales désavantageuses, etc.  ; les interventions féroces des multinationales occidentales et de puissantes banques orientales ; l’explosion de la dette; la corruption des petits et des grands fonctionnaires ; le trafic d’armes ; etc. Autant de maux qui ont fini par faire s’effondrer un continent déjà bien fragilisé.

   Sur le plan développement, tous les indicateurs macroéconomiques, sociaux et sanitaires se sont dégradés depuis les années 1980, éradiquant les classes moyennes et suscitant de profondes tensions sociales. L’Afrique de l’Ouest s’est appauvrie[25] ; tous les produits intérieurs bruts[26] se sont détériorés. 

   Le chômage[27] ne cesse de croître. Les pathologies (sida, maladies tropicales, etc.) se propagent et affectent gravement l’espérance de vie des populations. Les réfugiés se dénombrent par milliers. Paupérisées, les armées[28] sont devenues une menace constante pour les régimes de nombreux pays,

   L’existence et le fonctionnement de chaque Etat d’Afrique de l’Ouest sont directement dépendants des calculs[29] des Etats voisins, surtout en rapport avec l’ immigration massives de travailleurs, ingérences politiques. Le droit public interne – la Constitution – est désormais déterminé par le droit public international, c’est-à-dire par la qualité de la relation avec les autres Etats. Or, si celle-ci peut contribuer à un règlement de paix positif[30], elle est parfois jugée négative et portée par l’hostilité[31].

   La forte interdépendance des Etats africains dépend elle-même, et pour beaucoup, des intérêts des multinationales. Ces dernières, qu’elles soient européennes ou orientales, ont soumis et dompté les appareils d’Etat. Elles ont de facto aboli les frontières héritées de la colonisation et ont profondément modifié la nature des Etats du continent, en en faisant des annexes ou des bureaux de contrôle.

   Les conflits ethniques[32]  ne sont souvent que le paravent des calculs d’intérêt effectués par les pouvoirs en place ou des multinationales. Ces derniers instrumentent des conflits régionaux ou locaux pour obtenir ou conserver des marchés et des concessions.

   Cette immixtion des multinationales[33] — comme des règles de la mondialisation économique — dans la sphère publique africaine a provoqué un amalgame entre droit public et droit privé. En effet, la chose publique n’est pas gérée conformément aux règles universelles de l’administration publique, mais selon les règles juridiques du droit privé. La plupart des chefs d’Etat africains ne se pensent pas comme des présidents de la République, garants de l’intérêt général, mais agissent plutôt comme des présidents de conseil d’administration.

   Les peuples sont évidemment les grands perdants de ce partage du pouvoir au sommet. Dans un tel contexte, le coup d’Etat devient un mode normal de dévolution de la puissance publique.

   Depuis la fin de l’affrontement Est-Ouest, les multinationales[34] agissent de plus en plus sans contrepoids politiques. Liées, à l’origine, aux intérêts gouvernementaux, elles acquièrent une certaine autonomie.  En Afrique[35], où les Etats sont faibles, elles ont littéralement fait de la politique étrangère en mettant à profit le désengagement rapide – dicté par le refus d’ingérence dans les affaires intérieures – des pays européens. Sur ce continent, jamais il n’y a eu autant de batailles, de pathologies, de pillage de l’économie et du sous-sol. Les profits accumulés ces quinze dernières années sont considérables, voire inégalés. La réduction de l’aide publique au développement livre les Etats à l’appétit des grandes firmes. De sorte que, dans bien des cas de déstabilisation des régimes, les Etats européens se trouvent en complet décalage, par rapport à l’évolution des événements. Et c’est donc toujours après coup qu’ils tentent de reprendre la main, notamment par l’exercice d’une méthode éprouvée : la mise en place des réconciliations nationales.

Conclusion

   L’occurrence de coups d’État en Afrique au cours des sept dernières décennies est directement liée à la nature et à l’évolution de la politique et des réactions citoyennes. Elle s’explique par la primauté de la politique dans l’émergence et la perpétuation des facteurs à l’origine des revendications des populations. De même l’opposition aux gouvernements discrédités en place et “l’envoi d’un message à la France et à ses alliés occidentaux”, ont été les principaux facteurs avancés par les juntes militaires pour justifier ces coups d’État. Ainsi, les trois principales vagues de coups d’État qui ont touché le continent depuis les indépendances diffèrent par leurs motivations, leurs conséquences et le profil de leurs protagonistes.

   L’Afrique subit avec une acuité particulière les déstabilisations politiques et sociales dues à la mondialisation. Les Etats africains se trouvent de plus en plus fragilisés – par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, d’un côté, et par les multinationales, de l’autre. La déstabilisation des Etats africains s’inscrit ainsi dans la logique d’un ordre mondial inégalitaire, qui discrédite par lui-même la chose publique. En effet, déjà fragiles, les jeunes Etats indépendants n’ont que la domination des multinationales et la dislocation des sociétés sous l’effet des politiques d’ajustement structurel. Ainsi, la puissance publique perdrait sensiblement sa force et le coup d’Etat deviendrait un mode naturel de conquête du pouvoir.

   Pour la première fois sans doute apparaît, à travers les crises politiques actuelles, le besoin réel de bâtir une nouvelle unité politique et économique de l’Afrique. Celle-ci devrait dépasser les structures traditionnelles comme  l’Union africaine aussi bien que  les formes anciennes d’union économique telles la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), ou encore le Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (Nepad).

   C’est l’éventualité d’une unité réelle du continent qui pourrait s’amorcer à partir de la défaite historique des Etats africains. Et, dans ce désastre continu depuis cinq siècles, les Africains n’ont pas la plus petite part de responsabilité.

   Il faudrait donc rechercher les voies et moyens par lesquels les multinationales impliquées dans des tentatives de déstabilisation pourraient être traduites devant la Cour pénale internationale (CPI). Pour ce faire, il conviendrait de mettre en place un corps judiciaire international composé de juges africains rompus aux mécanismes financiers et économiques, et spécialisés dans la traçabilité des mouvements de capitaux finançant les coups d’Etat et les rébellions. Il faudrait aussi accroître les contrôles sur la dévolution des marchés publics africains.

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[1] Nasser a renversé la monarchie du roi Farouk Ier, le 22 juillet 1952.

[2] Le 17 novembre 1958.  quand l’armée empêche le Parlement de siéger et porte au pouvoir le général Ibrahim Abboud. La République du Soudan avait obtenu son indépendance le 1er janvier 1958. Fait particulier : c’est le Premier ministre, Abdallah Khalil, un général à la retraite, qui a planifié ce coup d’État militaire contre son propre gouvernement de coalition.

[3] Le dernier en date remontant au 25 octobre 2021, lorsque l’armée soudanaise dépose le gouvernement de transition. Le Premier ministre Abdallah Hamdok est arrêté, puis réinstallé dans ses fonctions le 21 novembre, avant de se retirer le 2 janvier 2022.

[4] Le premier putsch a eu lieu le 15 avril 1974, lorsque Seyni Kountché prend le pouvoir par les armes avec le titre de « président du Conseil militaire suprême de la République du Niger ». Il exerce, de facto, la fonction de chef de l’État jusqu’à sa mort en novembre 1987.

[5] La mesure où la Constitution, en 1970, a été modifiée pour confier à Hastings Kamuzu Banda le titre de « président à vie ». Le régime est devenu une dictature, mais Banda a dû quitter le pouvoir en 1994 à l’âge vénérable de 98 ans, non sans avoir été battu lors d’élections libres.

[6] Par exemple, la gestion par l’Union africaine du coup d’État de 2014 qui a renversé le président Blaise Compaoré au Burkina Faso diffère sensiblement de la façon dont elle a appréhendé le coup d’État de 2013 en Égypte. De même, la toute récente vague de coups d’État est gérée au cas par ca

[8]https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/09/09/les-coups-d-etat-en-afrique-se-succedent-depuis-2019-mali-soudan-niger_6188565_4355770.html

[9] « Au Gabon, le chef des putschistes a été arrêté », Le Monde.fr, 7 janvier 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 16 décembre 2023)

[10] Un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise est apparu à la télévision nationale aux premières heures du mercredi 30 août et a déclaré qu’il avait pris le pouvoir après que l’organisme électoral de l’État a annoncé que le président Ali Bongo, âgé de 64 ans, avait remporté un troisième mandat. Les officiers ont déclaré qu’ils représentaient toutes les forces de sécurité et de défense du pays d’Afrique centrale, ajoutant que les résultats des élections étaient annulés. Ils ont ensuite annoncé que toutes les frontières resteraient fermées jusqu’à nouvel ordre et que les institutions de l’État seraient dissoutes.

[11] « Niger : une tentative de coup d’Etat déjouée deux jours avant l’investiture du nouveau président », Le Monde.fr, 31 mars 2021 (lire en ligne [archive], consulté le 27 juillet 2023)

[12] « Au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Damiba renversé par un nouveau coup d’Etat », Le Monde.fr, 1er octobre 2022 (lire en ligne [archive], consulté le 16 mai 2023) ; Coia aussi « Guinée-Bissau : le président Embalo dénonce «une tentative de coup d’État» [archive] », sur Le Figaro, 2 décembre 2023 (consulté le 16 décembre 2023)

[13]  « Au Soudan, l’armée provoque la chute d’Omar El Béchir », La Croix, 11 avril 2019 (ISSN 0242-6056lire en ligne [archive], consulté le 16 décembre 2023)

[14]  « Guinée-Bissau : confusion après l’arrestation du premier ministre par des militaires », Le Monde.fr, 1er avril 2010 (lire en ligne [archive], consulté le 16 décembre 2023 ; Voir aussi « Guinée-Bissau : le président Embalo dénonce «une tentative de coup d’État» [archive] », sur Le Figaro, 2 décembre 2023 (consulté le 16 décembre 2023)

[15]  « Mali : pourquoi Bah N’Daw et Moctar Ouane sont toujours retenus à Kati – Jeune Afrique [archive] », sur JeuneAfrique.com, 24 mai 2021 (consulté le 16 mai 2023)

[16] En juin 2023, un projet de nouvelle Constitution est approuvé à la quasi-unanimité par les électeurs maliens, mais avec une faible participation et sur fond d’irrégularités. Ses détracteurs décrivent ce texte comme taillé sur mesure pour permettre aux colonels de se maintenir au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections.

[17] « Tchad: ‘Un coup d’État institutionnel’ dénoncé par les principaux partis d’opposition | TV5MONDE – Informations [archive] », sur information.tv5monde.com, 21 avril 2021 (consulté le 31 août 2023)

[18] chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.peaceau.org/uploads/ahg-decl-5-xxxvi-f.pdf

[19] Les changements inconstitutionnels de gouvernement sont définis comme suit : les coups d’État militaires contre un gouvernement démocratiquement élu ; les interventions de mercenaires pour remplacer un gouvernement démocratiquement élu ; les remplacements de gouvernements démocratiquement élus par des groupes armés dissidents et des mouvements rebelles ; et le refus d’un gouvernement sortant d’abandonner le pouvoir suite à une défaite lors d’élections libres, justes et régulières. https://issafrica.org/fr/iss-today/coups-detat-causes-ou-symptomes-de-la-mauvaise-gouvernance

[20] https://diplomatie.gouv.tg/declaration-de-la-premiere-edition-de-lome-peace-and-security-forum/

[21] Les auteurs du coup d’État au Niger, par exemple, affirment qu’ils ont été motivés par la détérioration continue de la situation sécuritaire et la mauvaise gestion sociale et économique  du pays. En Guinée, la junte a reproché à Alpha Condé  la mauvaise gestion, la corruption et la mauvaise gouvernance .

[22] Il s’est traduit par l’expulsion des troupes françaises basées au Mali.

[23] Au Niger, ils ont refusé toute interaction avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il convient également de mentionner l’ alliance » passée entre le Gabon, le Niger et le Burkina Faso, fondée sur une solidarité et une loyauté réciproques.

[24] La Déclaration de Lomé et la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance pourraient être les premiers instruments à faire l’objet d’une telle révision

[25] Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) fait état d’une dégradation sans précédent  des indicateurs de développement humain.

[26] La croissance  est même passée de 3,5 % en moyenne en 1975 à 2 % en 2000.

[27] Presque partout les salaires de la fonction publique sont versées avec difficulté. En Centrafrique, au printemps 2003, l’une des premières mesures du gouvernement putschiste du général François Bozizé était d’annoncer le paiement des traitements en retard.

[28] Comme le montrent le putsch en Centrafrique, la tentative de coup d’Etat au Burkina Faso et la rébellion de Côte d’Ivoire 

[29] Répercussion régionale de l’instabilité de la Côte d’Ivoire, notamment pour les pays enclavés (Mali, Burkina…).

[30] Par exemple au Congo-Kinshasa, où les Nations unies et l’Afrique du Sud ont parrainé des accords. 

[31] La crise ivoirienne en est une illustration significative. En effet, la Constitution nationale (présidentielle) est contredite par les accords de Linas-Marcoussis du 24 janvier 2003 (qui organisent un partage du pouvoir avec les factions rebelles, au détriment de la présidence et au profit du gouvernement). Ces accords, aussi légitimes et nécessaires soient-ils, marquent le point culminant du processus historique d’affaiblissement de l’institution présidentielle depuis 1990, et la fin du régime de Félix Houphouët-Boigny. Or, en Côte d’Ivoire, l’institution présidentielle ne peut être remplacée par une primature aux pleins pouvoirs, le pays n’ayant pas encore un régime parlementaire comme en a, par exemple, le Cap-Vert. Pour les Ivoiriens, un droit public externe excellent vaut moins qu’un droit public interne défectueux. Evidemment, ces contradictions expliquent sans les justifier les changements de position du président Laurent Gbagbo.

[32] Le rôle des industriels du bois dans la décomposition du Liberia et du Congo-Kinshasa a ainsi été dénoncé par des organisations non gouvernementales et un rapport des Nations unies. La presse ivoirienne ne manque jamais une occasion de rappeler que la crise du pays est née lorsque le président Gbagbo a annoncé la renégociation de certains marchés publics.

[33] La gestion du pétrole, de l’or ou du diamant, la vente des produits agricoles et des ressources naturelles (minerais, bois) donnent lieu à des comportements claniques, voire d’allégeance féodale, de la signature des contrats d’exploitation des matières premières (commissions) jusqu’à la répartition des fortes valeurs ajoutées dégagées lors des ventes sur le marché mondial.

[34] Au Forum social africain d’Addis- Abeba en février 2003, un délégué du Congo-Brazzaville a pu estimer ironiquement que deux légitimités s’affrontaient dans son pays : la  légitimité démocratique  et la  légitimité pétrolière . La notion de recolonisation  civile  par le monde économique international sied à cette situation. Et elle souligne clairement l’impuissance de l’autorité publique en Afrique.

[35] Le procès des dirigeants de la société Elf a révélé les négociations organisées par M. Loïk Le Floch-Prigent avec la rébellion angolaise (Union pour l’indépendance totale de l’Angola — Unita) de Jonas Savimbi, tandis qu’il finançait officiellement le pouvoir en place (Mouvement populaire de libération de l’Angola — MPLA) .

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