Research studies

LE TOURISME DANS LA PROVINCE DE SAFI : ATOUTS ET HANDICAPS 

TOURISM IN THE PROVINCE OF SAFI: CAPABILITES AND HANDICAPS

Prepared by the researcher – Doctorant NAMLI adil et PR DR BENOUHOUD abdelouahed – Faculté des Lettres et des Sciences Humaines El Jadida

Democratic Arab Center

International Journal of Economic Studies : Issue XII – August 2020

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2569-7366
International Journal of Economic Studies
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Résumé :

Le tourisme au Maroc s’affirme de plus en plus comme une véritable priorité selon les plans de développement, compte tenu de son impact positif économique et social.il est devenue l’un des éléments principaux de l’organisation de l’espace et un facteur déterminant de modification des équilibres et des économies locales. Dans ce cadre, la province de Safi possède un patrimoine très riche sur le niveau naturel, historique et culturel qui peut servir de support pour des activités touristiques diversifiés, comme elle peut aussi avec sa richesse, à l’échelle nationale, contribuer à diversifier et élargir l’offre en termes de destinations touristiques. Cependant, le secteur du tourisme dans la province reste marginal, malgré la richesse et la diversité des paysages qu’offre cet espace. Cette situation s’explique par la vocation industrielle du territoire et qui place le tourisme en position secondaire, s’ajoutent aussi d’autres handicaps qui ne favorisent pas le lancement d’une activité touristique servant à exploiter les atouts de la province.

Introduction 

Le Maroc nourrit, aujourd’hui de grandes ambitions pour l’avenir du secteur du tourisme, avec à la base les fondations de la vision 2010, et les perspectives d’une vision à l’horizon 2020, qui compte beaucoup sur la diversité des territoires et des paysages, pour élargir l’offre nationale afin d’atteindre les objectifs fixés.

 La province de Safi dispose d’un potentiel touristique riche et diversifié. Mais au contraire de cette diversité de potentiel, l’activité touristique dans la province reste modeste et ne reflète pas la richesse de la province à ce niveau. Le développement du tourisme pourra ainsi offrir un nouveau souffle pour l’économie locale et proposer de nouveaux postes de travail, et un nouveau secteur pour l’investissement, dans un espace qui vit aujourd’hui sur le recul de certaines activités économiques :

  • L’agriculture reste très dépendante d’une pluviométrie moyenne qui est à l’ordre de 300 mm par an, avec seulement 1,5 % de terre irriguée, ce secteur est handicapé par les aléas climatiques[1].
  • Le secteur de la pêche maritime, Néanmoins, après une période prospère pendant la décennie 1960-1970 on a noté une décroissance presque constante dans les prises de pêche.
  • Diminution du nombre des conserveries, on compte aujourd’hui 13 en activités, après qu’il était 80 assurant l’emploi à 15 000 personnes[2].

Problématique

Cette réalité provinciale, caractérisée par un grand potentiel touristique, et le déclin d’importants secteurs économiques, nous a poussé à se demander : pourquoi pas le développement du tourisme dans la province de Safi ?  Comme solution pour mieux exploiter cette richesse naturelle et culturelle, et aussi profiter des avantages de ce secteur qui impacte pratiquement tous les domaines de l’activité économique et exerce ainsi une grande influence sur les autres secteurs de l’économie, ce qui peut aider la province à diversifier son économie et de créer plus de poste de travail.

Hypothèses

  • La province de Safi possède un potentiel touristique qui peut servir de support pour le développement local.
  • De nombreux facteurs limitent l’activité touristique dans la province.
  • Le choix du tourisme peut être bénéfique pour l’économie locale.

Méthodologie

Pour développer le sujet, et essayer de vérifier nos hypothèses, on a opté pour une méthodologie descriptive analytique ; ainsi un fil conducteur a été constitué, aussi le présent travail a donné lieu à un certain nombre de lecture sur le tourisme en général et le tourisme au Maroc, et des lectures sur la province de Safi

Par ailleurs, le déroulement de cette recherche, nous a obligé à faire des sorties de terrain des sites naturels, des visites des lieux historiques et édifices culturels, des rencontres et des visites aux différent acteurs concernés par le thème, ce qui nous a permis d’avoir des information quantitatives et qualitatives que nous avons présenté dans cet article.

Afin de déterminer les différentes relation et interactions entre nos questions ; on peut les traiter selon une approche territoriale, comme une nouvelle stratégie qui parte des potentialités de la province pour affronter les défis de développement.

  1. Un territoire riche sur le plan naturel à vocation industriel
Figure 1 : carte de la région Marrakech-Safi

La province de Safi se situe à l’Ouest de la région de Marrakech-Safi (Figure 1), sur une superficie d’environ 3634 Km², soit 0,50 % de la superficie totale du Royaume. Elle est limitée au Nord par la province de Sidi Bennour, au Nord- Est par la province de Youssoufia, au Sud-Est par la province de Chichaoua, au Sud par la province d’Essaouira et à l’Ouest par l’océan atlantique avec une façade maritime s’étendant sur environ 120 Km, elle dispose de 3 communes urbaines et 22 communes rurales. Selon le recensement de 2014, la population de la province de Safi a atteint un effectif de 691983 habitants, contre 643405 habitants en 2004, la densité est de l’ordre de 190 habitants/ Km2. La population urbaine représente 50% de l’ensemble de la population de la province.

Cadre naturel très diversifié 

  1. Cadre naturel très diversifié
    • La topographie est influencée par deux unités morphologiques  

 La région d’Abda fait partie de la Méséta côtière marocaine. Du point de vue morphologique, la zone côtière (Sahel) est caractérisée par un système de dunes consolidées allongées parallèlement à la cote d’une direction générale NE-SW. (Ferré et Ruhard, 1975). La zone centrale : ou la plaine d’Abda est marquée par une topographie relativement plate ou légèrement ondulée, dont les points culminants ne dépassent pas 500m d’altitude.

  • Un climat semi-aride à pluviosité concentrée sur les mois froids
Figure 2 : diagramme pluviométrique de Safi

La situation latitudinale de la région lui attribue des propriétés zonales au niveau de la circulation atmosphérique et des courants marins. Les vents naissent des différences entre les champs de pressions, c’est-à-dire entre les anti-cyclones et les dépressions. Ainsi, des cellules de circulation se mettent en place, influencées par la force de Coriolis, permettant une circulation atmosphérique générale (Vigneau, 2000). Dans le secteur de Safi, les vents dominants sont en liaison avec le déplacement de l’anticyclone des Açores. En hiver, les hautes pressions sont accompagnées de vents de nord ou nord-est. La période humide est la saison froide.

 Les hivers sont doux et la moyenne mensuelle ne s’abaisse pas sous 10°C. La saison pluvieuse s’étale d’octobre à avril avec des maximas en novembre, décembre et janvier (Figure 2). Le total annuel des précipitations est très modeste, 325 mm à Safi (Ouadia 1998). En été, l’anticyclone remonte au nord jusqu’au 35° parallèle. Les basses pressions sahariennes peuvent alors s’avancer vers le nord-ouest, déversant un vent brûlant du sud-est, et des vagues de chaleur (Mathieu, R. 1986).

  • Les caractéristiques géologiques de la province influencent l’hydrographie

L’hydrogéologie possède une part importante dans l’explication des réseaux hydrographiques de la province, en effet Les roches calcaires sont des roches poreuses. Elles laissent facilement l’eau s’infiltrer et un réseau d’écoulement souterrain se met aisément en place. Au niveau de la province, le Crétacé est important car il s’agit des niveaux calcaires renfermant les aquifères de cette région. Il se compose notamment du calcaire de Dridrat dont le rôle en hydrogéologie est essentiel, c’est l’aquifère principale (Ruhard et F 1975). Cette couche de 10 à 50 m conditionne tout le réseau d’écoulement des eaux souterraines dans le Sahel autour de Safi, un réseau de type karstique s’y est formé. Ainsi on note dans la province l’absence d’écoulement superficiel sauf : l’oued Tensift au sud de la province, et oued Chaaba et oued El bacha au niveau de la vile de Safi.

Ainsi on note dans la province l’absence d’écoulement superficiel sauf :

  • l’oued Tensift avec un bassin versant qui s’étend sur une superficie de 18.210 Km2 (figure 3), couvrant totalement  la wilaya  de Marrakech, et partiellement les provinces d’Essaouira, d’El Kelaâ des Sraghna et de Safi[3], et qui traverse la partie sud-ouest de la province et trouve  son  embouchure près du centre de Souira Lkdima, il est parmi les grand axes hydrographiques qui descendent des versants Nord du haut atlas et sa longueur   est d’à peu près  260 Km.
Figure 3 
  • Oued Ch’aba, il se trouve au niveau de la ville de Safi (Figure 4), il a une langueur et de 8 Km à partir du barrage de Safi, sa direction et du Nord-est vers le Sud-ouest, il atteint 55 m de profondeur près du quartier Biada, ses deux versants sont convexes.
  • Oued Lbacha il se trouve à 1Km au Nord d’oued Ch’aba au niveau de la ville de Safi (Figure 4) avec une longueur de 2 Km à partir de la marge sud des collines de takabrot, avec une direction générale de l’est vers l’ouest, les versants Sud plats tandis que les versants nord sont convexes.
Figure 4
  1. Une économie basée sur l’industrie et les ressources marines
    • L’industrie agro-alimentaire et chimique vient en tête du secteur

Au niveau de la province de Safi, l’industrie a été retenue comme secteur moteur de l’économie. L’édification d’une industrie chimique fortement intégrée, la concentration de petites et moyennes entreprises opérant dans divers secteurs d’activité industrielle, ont largement contribué à confirmer la vocation industrielle de Safi.

  • La pêche maritime, secteur clé dans l’économie locale

Le secteur de la pêche, occupe une place primordiale dans l’économie provinciale, demeure confronté depuis plusieurs années à de nombreuses difficultés : régression continue des captures. Le redressement de ce secteur, qui assure 32.000 emplois, de même, l’expansion de l’activité de la construction navale, déjà installée à la province peut servir comme créneau porteur pour cette activité qui avait placé la ville de Safi au rang de 1ère capitale mondiale de la Sardine par excellence[4].

  • Le commerce et la distribution emploient plus du quart de la population active

Le secteur du commerce et de la distribution représente 29% de la population active de la province de Safi[5]. Son importance découle du fait qu’elle permet de commercialiser les produits fabriqués localement et ceux importés de l’extérieur de la province. L’importance du commerce à Safi est imputée d’une part à la présence d’une infrastructure qui permet de faciliter les transactions et l’animation commerciale, et d’autre part à l’existence des unités industrielles qui offrent une multitude de produits pour le marché local et spécialement les produits agro-alimentaires.

  • L’agriculture, activité importante dans la province

 Au niveau de la province de Safi, la prépondérance des terres bours fait que la production est en fonction des aléas climatiques. Les cultures essentiellement bours comprennent des céréales d’automne, les légumineuses alimentaires, le maïs, les cultures fourragères et du maraîchage sur le littoral. La production arboricole vient principalement de l’olivier et le câprier qui sont en tête des superficies plantées. L’élevage est pratiqué par presque toutes les exploitations, il joue un rôle économique essentiel dans la vie des agriculteurs, mais il est aussi tributaire des aléas climatiques. La répartition des effectifs est caractérisée par une forte concentration des Ovins.

  • Le gypse, principale ressource minière

 Il ressort des investigations géologiques récentes que la province de Safi dispose d’un important gisement et d’excellente qualité se localisant le long des plateaux situés à l’Ouest d’Youssoufia et à l’Est de Safi, sa réserve est évaluée à 5 milliards de tonnes. Les quantités annuellement extraites sont exportées en grande partie à l’état brut, le reste est traité localement et écoulé sur le marché national[6].

  1. Atouts touristiques divers à receler
  2. Situation géographique au cœur du vivier touristique

La province de Safi se situe au cœur du vivier touristique du Maroc (Figure 5). La situation géographique est très bonne. Son centre qui est la ville de Safi se situe à 157 kilomètres à l’ouest de Marrakech, à mi-distance entre les villes touristiques d’El Jadida et d’Essaouira. Casablanca, capitale économique du pays, qui compte environ 4 millions d’habitants, se trouve à 256 km au nord. La distance est presque la même vers Agadir, un autre pôle touristique du sud marocain. La distance avec les bassins touristiques importants est donc relativement faible.

Figure 5 
  1. Héritage naturel, source de paysage unique sur le littoral marocain

La façade Atlantique du Maroc s’étend sur environ 2 934 km depuis le cap Spartel, au nord, jusqu’à Laguira au sud. Grandes plages, estuaires, falaises de divers types constituent cette côte très variée. L’étude de la morphologie littorale marocaine permet de souligner la valeur du paysage littoral de la province. Il convient de faire remarquer la singularité de ce littoral, en particulier les hautes falaises qui le composent. Les travaux de Guilcher et Joly (1954) sur la morphologie de la côte atlantique marocaine ont permis de dégager les grands traits de ce littoral, d’après la figure on peut constater la diversité du paysage littorale de la province avec les falaises les plus hautes du Maroc.

Figure 6 

Un cas unique au Maroc qui trouve son explication dans la paléogéographie du littoral de la province nous aide à comprendre la diversité de paysage long de 120 km (Figure 7), ce qui nous a donné des plages très originales, avec des caractéristiques unique (plage de Sidi Keram dayf, Beddouza, Lalla fatna, plage de la ville de Safi, souira lakdima) (Figure 10).

Figure 7 : évolution du paysage littoral de la province de Safi
  1. La spéléologie, un autre atout de la province
Figure 8 : intérieur de la Grotte Goràani                                                                                                                    NAMLI

Pour les amateurs de découvertes spéléologiques, la province recèle de nombreux sites, le plus connu reste la grotte Goràani, qui se trouve à 27km au nord de Safi près du centre cap Beddouza, son entrée est à 600m à droite de la route côtière entre Safi et El Jadida. Cette grotte s’est formée dans une couche de dunes solidifiées du plio-quaternaire et de grés calcaires qui se caractérise par des fissures, en effet Les roches calcaires sont des roches poreuses. Elles laissent facilement l’eau s’infiltrer et un réseau d’écoulement souterrain se met aisément en place, ce qui implique l’érosion hydrochimique et hydraulique de toutes roches solubles, principalement les roches carbonatées dont essentiellement des calcaires, ce qui nous a donné des formes splendides à l’intérieure de la grotte. (Figure 8).

  1. La vague de Safi, une des dix meilleurs au monde

Non loin de la plage de Safi, juste au nord se trouve une station mondiale de surf « la station de ras lafàa » reconnue par les professionnels de ce sport par sa vague Classée parmi les « World Class Waves », cette station est devenue une attraction incontournable des champions du monde de surf. C’est une des 10 meilleurs vagues du monde. Dans le langage technique du Surf, la vague de Safi est classée parmi les 10 meilleures droites au monde (figure 9). La particularité de cette vague est sa capacité de former un tube sur une longueur très importante qui varie entre 800 et 1000 mètres. Les professionnels du surf la comparent à celle d’Afrique du Sud et celle d’Australie. La vague de Safi est capricieuse, elle ne fonctionne que par de grosses houles. C’est à partir de 2 mètres qu’elle devient vraiment intéressante et qu’elle prend toute sa dimension.

Figure 9 : la vague de Safi                                                                                                                            surfsafi.com
  1. Le Câpre et la truffe blanche, une richesse de la province

Le câpre et la truffe blanche du littorale, sont les produits de terroir phares de la province de Safi, s’étendant dans plusieurs communes rurales. Elles constituent une source de revenu importantes pour la population locale, vu leur demande croissante sur le marché, et leur utilisation culinaire et médicinale :

  • Le câpre : le câprier appartient à la famille des capparidacées et au genre Capparis qui contient plus de 350 espèces utilisées pour des différents fins (Alimentation, Médecine, Cosmétique…). C’est une plante vivace arbustive très répondue dans les pays du bassin méditerranéen. Il est cultivé pour ses boutons floraux appelés câpres. Au Maroc les trois principales régions où le câprier est cultivé de façon traditionnelle sont : Taounate, Safi et taroudant. Le Maroc est actuellement le premier producteur et exportateur de câpres dans le monde. La culture du câprier a connu une extension spectaculaire dans plusieurs zones de la province de Safi. Le condiment a même été labellisé « produit du terroir » pendant le SIAM Actuellement, la superficie totale cultivée dans la région s’élève à 7 000 ha pour une production de 14 000 tonnes dont 90% sont destinés à l’exportation. La province contribue à hauteur de 38 % de la production nationale. Les câpres sont cultivées en grande partie au niveau des communes rurales de N’Ga, Ouled Selman, Khatazakane, Lamrassla, Laâmamra. L’adaptation du câprier aux conditions édapho-climatiques de la région et l’engouement des exportateurs, a poussé les producteurs locaux à s’orienter vers la culture du câprier au niveau de parcelles destinées auparavant aux parcours ou aux céréales[7].
  • La truffe blanche du littoral : La truffe blanche du littorale est printanière ; c’est la fructification comestible d’un champignon ascomycète qui se présente sous forme de boule et c’est aussi, par extension, le nom donné à tout le champignon. La truffe est une espèce concentrée dans les zones de faible altitude (0-300 m) sur sol calcaire et sous climat semi-aride. Elle évolue au niveau de sols faibles à végétation spontanée herbacée. Les conditions pédoclimatiques de cette zone ne permettent de pratiquer quasiment aucune culture. On trouve la truffe dans quatre communes rurales de la province : Moul El Bergui, Ayir, Hrara, EL Beddouza. La récolte des truffes dans la région est une pratique très ancienne. Il existe d’ailleurs des spécialités culinaires spéciales à la région à base de truffes. La cueillette des truffes constitue pour certaines familles un revenu saisonnier principal. La zone du littorale et de la plaine de Abda est l’une des trois zones trufficoles du Maroc[8].
  1. Histoire riche et ancienne

La province de Safi possède un héritage historique remarquable, son chef-lieu est cité dans de nombreuses sources d’éminents historiens tel Ibn Khaldoun, aussi des textes phéniciens carthaginois l’ont mentionné comme un port antique très prospère.

Au XVème siècle, la région de Safi avait échappé au pouvoir des Ouattassides et des Mérinides, elle était une sorte de forteresse autonome du pouvoir central, ce qui explique qu’un protectorat portugais s’y soit installé sans grande difficulté en 1504, ils y sont restés jusqu’au 1541 la date où Safi sera reprise par la résistance marocaine qu’a suivi la dynastie Ssaadiyine[9]. Au début de l’ère des chérifs Saâdiens, le port de Safi resta ouvert au commerce européen. Ainsi des navires européens sillonnaient le large, et en exportaient des draps, des poteries et des céréales vers l’Espagne musulmane. Au XVIIème siècle, le port de Safi redevient encore une fois le plus important du Maroc méridionale, avec l’avènement des chérifs alaouites, surtout à l’ère de Moulay Ismail qui noua des relations d’amitié et de commerce avec l’Europe à partir des ports de Safi et de Salé.

 L’histoire de la province été très riche en étape marquantes qui ont influencé l’image et la position de la région au sein de l’histoire commune du Maroc, c’est ce que le visiteur peut lire et revivre en visitant les différents monuments historiques (Tableau 1), qui reste à nos jours des témoins du passé de cet espace.

Tableau 1 : Monuments Historiques de la province de Safi
NOM DU MONUMENT SITUATION SITUATION
JURIDIQUE
1 Remparts Portugais Médina de Safi Classé
2 Château de mer Ville de Safi Classé
3 Cathédrale Portugaise Médina de Safi Classé
4 Forteresse d’Agouz Souiria Classé
5 Dar Sultan Médina de Safi Classé
6 Borj Nador Sidi Bouzid Non classé
7 Dar Caid Si Issa Commune Dar Si Issa Classé
8 Forteresse d’Ayir Commune Ayir Classé
9 Kasbah Ben Hamidouch Mâachate Classé
10 La grande Mosquée Médina de Safi Non classé
11 Quartier Des potiers Médina de Safi Classé
12 Dar el-Qayed El-Hajji Mâachate Non classé
13 Le Mauselée Ouled Ben Zmirou Ville de Safi Non classé
14 Mosquée et Marabout du Chaikh Abou Mohammed Salih
Source : délégation provinciale de la culture de Safi

Ville de Safi

Non classé
  1. Héritage culturel et artisanat ancestrale

La richesse de la province de Safi sur le niveau naturel et historique, s’est aussi répercutée sur sa culture et son artisanat, riche et diversifié elle complète l’identité et l’image de cette région. Poterie, musique, musée, une mosaïque culturelle qui propose au visiteur de la province des expériences unique nourries par un patrimoine et un savoir- faire local approuvé au niveau national et international :

  • Safi, capitale de la poterie Marocaine: l’activité de la poterie à Safi remonte à des périodes lointaines. Elle est liée au site de la ville puisque le port se situe sur l’embouchure de l’oued chaàba qui laisse sur ses rives des dépôts de limon et de marne. Les pécheurs du petit port, lors de la saison morte fabriquent des récipients à usage domestique ou pour le travail.

Ces pêcheurs potiers utilisaient vraisemblablement des techniques rudimentaires. A travers le temps cette poterie a évolué. Le secteur de la poterie représente l’activité artisanale la plus importante et constitue un patrimoine culturel et touristique de la ville de Safi.

Elle emploie près de 2 000 personnes de façon permanente et un grand nombre de saisonniers. Les principaux sites de production de poterie sont : la Colline des potiers, la vallée Chaâba, le village de Sidi Abderrahmane, la commune Saâdla, et la route Marrakech. A Safi, la poterie se localise principalement dans deux quartiers de la cité (la Colline des potiers et la vallée Chaâba) et un dans un village proche de la ville de Safi (le village de Sidi Abderrahmane).

  • Musée Nationale de la céramique : Conçue pour faire approcher le grand public à la céramique marocaine, à sa diversité et à son authenticité, cette nouvelle exposition répond également à un souci didactique. C’est ainsi que le circuit de la visite, élaboré sous le signe de l’équilibre entre l’architecture et les collections, offre un voyage à travers les temps et les lieux de la céramique, les sections de cette exposition sont :
  • La céramique archéologique: Présente des pièces archéologiques représentatives des grandes civilisations qui ont marqué l’histoire marocaine pendant les temps néolithique, antiques et médiéval.
  • La poterie rurale: La céramique est présentée sous sa forme locale, utilitaire mais belle. L’absence de l’émail laisse apprécier la couleur de la beauté des formes.
  • La céramique de Fès et Meknès: Des pièces citadines y sont exposées. Le visiteur découvre les formes authentiques et les techniques ancestrales de la monochromie et de la polychromie.
  • La céramique de Safi: Joyau de l’exposition, cette section raconte l’histoire du savoir-faire locale avant et après l’artisan Al-Amali.
  • La céramique contemporaine: Est représentée par les ouvres modernes de Fès et de Safi. Le visiteur est invité à apprécier la touche innovatrice des maitres-artisans contemporains.
  • Province de Safi capitale de l’art de l’Aîta: L’Aîta est un genre de musique très ancien et qui est aussi reconnu comme patrimoine culturel de notre pays.  Et bien qu’elle soit considérée comme une couleur musicale des plaines marocaines, chaque région en possède son propre style. Mais la région d’Abda est considérée, à ce titre, comme la capitale de l’Art de l’Aîta par excellence. L’Aîta se définit comme un appel destiné à attirer l’attention de quelqu’un sur un sujet ou un événement donné, elle est considérée comme un moyen d’expression de la classe la plus marginalisée de la société et la plus opprimée par les autorités.
  • La cité des arts de Safi: est une œuvre qui permettra de valoriser et de promouvoir la vie culturelle locale, elle se veut à la fois la vitrine et le pôle actif de toute la culture régionale. L’emplacement choisi permet de valoriser le centre-ville, près de la colline des potiers. L’occupation du sol et l’architecture sont aussi étudiées selon des normes environnementales.
  • Le plus grand Tajine du monde: il a été présenté le samedi 10 juillet 1999 à Safi sur la place Mohamed V, à l’initiative de l’Association des opérateurs économiques de la capitale d’Abda. Cet exploit est inscrit dans le livre Guinness des records. Le tajine mesure 6,30 m de diamètre et de 4,5 m de hauteur. Il a été décoré par les meilleurs artistes potiers de la ville, muni de son Barbecue. Deux Cents Femmes ont participé à la préparation de ce tajine gigantesque.
  • L’expédition Râa, un lien contemporain d’un contact historique: Un explorateur norvégien qu’on nommait Thor Heyerdahl entreprit en 1969 une expédition à bord d’une embarcation en jonc qu’il avait baptisé Raa, (nom du dieu égyptien du soleil) afin de soumettre à l’expérimentation un ensemble de déductions relatives à la navigation maritime. A bord d’un radeau en papyrus construit et importé des pays du Nil, fut un sucés total. Une équipe de 8 hommes quitta le port de Safi le 17 mai 1970 (Jour de la fête national norvégienne) pour traverser l’océan. Après deux mois en mer, sur une distance de 6.100 Km, Râa 2 atteignit la Barbade (Indes occidentales), prouvant ainsi que théoriquement des bateaux tels que RAA 2 pouvaient traverser l’Atlantique en utilisant le courant des canaries.
Figure 10 : carte des lieux touristique dans la province de Safi

 

  • Le secteur du tourisme souffre d’handicaps limitant son développement
  1. Un rôle secondaire pour le secteur du tourisme

Le moteur de l’économie de la province de Safi est son activité industrielle et portuaire. Située à 150 kilomètres à l’ouest de Marrakech, Safi en a longtemps été le débouché maritime. Son économie repose toujours sur son port, le 3ème national pour la pêche, mais aussi et surtout sur l’activité industrielle. Safi est en effet un centre très important de traitement chimique des produits miniers. Le port minier se place au second rang pour les exportations de minerais. L’industrie est une voie choisie par les pouvoirs publics pour le développement de la province. Il s’agit en effet d’un site idéal de transformation des matières premières en raison de la proximité de la ressource, que ce soit pour l’industrie agro-alimentaire ou chimique, et la capacité d’exportation via le port. Ainsi, les projets industriels d’enjeux nationaux suivent cette dynamique industrielle. L’implantation d’une centrale à charbon va ainsi voir le jour non-loin de l’OCP[10].

  1. La pollution nuit à l’image de la province

L’industrie étant une voie choisie pour le développement de la province, elle pose un grand défi environnemental, à cause de la pollution qui se dessine sure plusieurs facettes, et qui constitue un vrai obstacle devant tout développement du secteur touristique. En effet, ce sont les rejets industriels qui sont la principale source de polluants.

 En premier lieu, le complexe chimique de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) est pointé du doigt. L’OCP traite les produits phosphatés et les transforme en acide sulfurique, chlorhydrique et autres engrais.

Son implantation au sud de la ville, aux abords de la côte, lui permet d’évacuer ses rejets liquides sans traitement préalable (Figure11).

Figure 11 : échappements gazeux & exutoire de l’OCP

 

La qualité de l’air est elle aussi touchée, par les poussières et les émissions atmosphériques émanant des industries chimiques qui constituent une grande source de pollution (Figure 11) avec les rejets gazeux des conserveries de poissons (fuel pour la production de l’énergie et odeurs dégagées par la cuisson du poisson).

La richesse du sous-sols  de l’arrière- pays  cause elle aussi des problèmes de qualité d l’air  à cause des poussières dégagées par les   exploitations des carrières,  notamment  les exploitations à  un niveau industriel non encore moderne de gypse dans la commune de Sidi Tiji à l’Est de la province, est les usines de traitement de cette matière  qui suivent dans les  communes de Bougedra et de Khat Azakan, et aussi l’usne de ciment du Maroc au niveau de la commune de Hrara, qui exploite les calcaire de la région depuis1993, et les carrières de matériaux de construction  dans la commune de Touabet  au sud.

Au sud de la province aussi et précisément dans la commune de Lamaàchat, en trouve presque plus de 30 carrières de Sable de dune autorisées[11], Les exploitants laissent toujours derrière eux de grands trous. Cette exploitation cause la transformation du paysage et la parution de reliefs entaillés ou des rechanges qui représentent complètement la défiguration du paysage naturel plus l’effet négatif sur le bilan sédimentaire des plages.

  1. Le positionnement de certaines infrastructures défavorise le tourisme

L’infrastructure portuaire se situe en fond de baie, au cœur de la ville de Safi (Figure 12). Le port s’étale sur une superficie d’environ 42 Ha de terre pleine. Il s’agit d’un port essentiellement tourné vers l’export, à hauteur des 2/3 de son trafic, soit 6 millions de tonnes de marchandises par an. L’implantation du port s’est faite au niveau du seul point de contact entre la ville et l’océan.

Le complexe chimique de Safi se trouve lui aussi sur la route côtière régionale N 301, qui mène à Essaouira, c’est le premier contact du visiteur de la ville venant du sud. Sur l’autre entrée sud. Au niveau de la route provincial N 2307 on trouve une décharge publique destinée à collecter les ordures ménagères en provenance de la commune urbaine de Safi, qui cause outre l’impact visuel, une émanation de mauvaises odeurs à la porte de la ville.

Colline des potiers
Plage de Safi
Port de Safi
Décharge publique  
OCP
Figure 12 : Position de quelques infrastructures dans la ville de Safi
Ancienne Medina
  1. Infrastructure touristique peu développée

L’infrastructure touristique demeure très peu développée et de ce fait attire très peu d’étrangers. C’est un phénomène contraire à celui des autres villes côtières du Maroc, notamment ses voisines Essaouira et El Jadida (Tableau 2). Ainsi, la province accuse un grand retard sur le niveau des établissements touristiques ce qui influence le secteur vue le rôle important que joue l’infrastructure d’accueil dans le développement du tourisme.

Ville Etablissements Chambres Lits
Safi 13 560 1 093
El Jadida 40 1 504 3 088
Essaouira* 125 2 464 5 053
Tableau 2 : Nombres des établissements touristiques classés au 31/12/2013 dans les villes de : Safi, El Jadida et Essaouira
Source : HCP/ annuaire statistique région Marrakech-Safi / Doukkala-Abda 2014

 

*situation à la date du 31/12/2012

  1. Safi, une destination méconnue par les touristes

Safi se trouve excentrée par rapport aux deux itinéraires intérieurs principaux que sont les axes Marrakech-Casablanca et Agadir-Casablanca, via Safi. C’est Tlet Bouguedra, en retrait de Safi, qui est devenu le grand carrefour routier de ce dernier axe. L’ouverture récente de l’autoroute casablanca- safi nourrit les espoirs de la ville pour améliorer son accessibilité. La voie ferrée, une autre voie d’accès à la ville, reste-t-elle aussi peu développée est survie sur l’héritage coloniale, avec une correspondance à Bengurir, il n’y a pas de ligne directe de ou vers Safi, et seulement deux départs et deux arrivées sont au programme, avec des horaires inappropriés au visiteur de la ville. Safi ne profite pas de   sa situation au cœur du vivier touristique du Maroc, La concurrence semble trop importante avec les villes voisines d’El Jadida, patrimoine mondial de l’UNESCO, et Essaouira. En effet, ces villes sont de réelles stations touristiques. Les équipements d’accueil sont déjà développés et en passe d’évoluer encore davantage. De plus, elles bénéficient des faveurs des organisateurs de voyages qui proposent des excursions au départ de Marrakech, principal pôle touristique et de résidence.

  1. L’état des sites entrave le développement du tourisme

Les monuments historiques de la province sont en mauvaise état et la plupart d’entre eux sont fermés et interdites au public, il reste sans entretien ni la moindre sensibilisation de leur importance, leur histoire et leur place dans le patrimoine local et national.

Le château de mer à vue une de ces tours détruites depuis 2010. Dar- Essoltan souffre de fissures au niveau de ses murs pour lesquelles elle est fermée, les murailles qui entourent la Médina sont polluées par des déchets solides, et les autres forteresses de l’arrière-pays sont presque toutes en ruine (Figure 13). Une réalité frappante d’un patrimoine qui se voie en train de se dégrader, ce qui prive la province d’une source très importante pour développer le secteur du tourisme.

Muraille Nord 
Château de Mer
Figure 13 : états de quelques monuments historiques dans la province
Dar lcaid Aissa     Ben Omar

Résultats

La province de Safi possède de nombreux atouts touristiques, une richesse diversifiée et à la fois unique au niveau du pays (falaises, plages, formations karstiques, monuments, culture, artisanat…) qui constituent une base pour le tourisme nationale et internationale.

Cependant, le secteur dans la province reste insignifiant, vue le potentiel et la diversité des paysages qu’offre cet espace et la position stratégique près des grands bassins touristiques du Maroc (Marrakech, Agadir, Essaouira, El Jadida). Cette situation s’explique par la vocation industrielle du territoire qui pose le tourisme dans une position secondaire, s’ajoutant aussi d’autres handicaps (pollution, état des routes, absence de médiatisation de la destination, état des monuments …) qui ne favorisent pas le lancement d’une activité touristique servant à exploiter les atouts de la région.

Recommandations

Le tourisme, alors reste un choix à prendre pour la consolidation et la diversification de l’économie locale, dans un temps où la province vit sur le déclin d’importants secteurs économiques. Aussi pour essayer de limiter les dégâts constatés sur l’environnement, et donner une alternative économique pour la protection et la préservation de la qualité de vie de la population locale.

La mise en place d’un plan de développement du tourisme, et la coordination et la coopération entre les parties prenantes du tourisme, sont aujourd’hui nécessaire pour lancer le tourisme : pourvoyeur d’emploi, stimulant de l’économie, moyen essentiel pour la préservation de l’environnement, et voie de préservation et de transmission du patrimoine.

Conclusion

La province de Safi dispose d’un potentiel touristique riche et diversifié, mais la réalité du tourisme ne suit pas cette richesse, la province a un grand retard au niveau de ce secteur économique émergeant, qui se trouve aujourd’hui dans une situation modeste. Pas mal de problèmes contribuent, directement ou indirectement à cette situation, qu’il faut surmonter, pour permettre à la province d’exploiter sa richesse et de mieux s’intégrer dans une vision nationale ambitieuse et aussi de consolider et diversifier son tissu économique.

Bibliographie

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  • Office Cherifien de Phosphate. 2001.étude d’impact sur l’environnement de Safi.
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[1] Délégation provinciale d’agriculture à Safi

[2] www.safi-ville.com

[3] Les Bassins Hydrauliques du Maroc : Bassin Hydraulique de Tensift P : 1 8 4

[4] Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de SAFI

[5] Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de SAFI

[6] Monographie Régionale Doukala-Abda 2011

[7] Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime. Produits du terroir du Maroc. Catalogue national Edition Avril 2011

[8] Méme source

[9] Ragoug, A. Safi histoire et mémoire. Contribution à l’étude d’une histoire régionale, IMP Rabat net, 2013.

[10] Office Chérifien des Phosphates

[11] Ministère de l’équipement et du transport direction des affaires administratives et juridiques inventaire des carrières, octobre 2012

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